Dossier collectif IA44004455 | Réalisé par
  • inventaire topographique
La demeure urbaine de Guérande
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, hôtel, manoir
  • Aires d'études
    Guérande
  • Adresse
    • Commune : Guérande
  • Période(s)
    • Principale : 15e siècle
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

L'implantation de l'habitat

Le secteur étudié comporte peu de logements collectifs antérieurs au XXe siècle. Les quelques exemples se situent dans la ville intra-muros. L'essentiel de ces logements date de la deuxième moitié du XXe siècle. Ils se situent dans la ville intra-muros (rue Château Gaillard, place Sainte-Anne) et surtout dans le faubourg Sainte-Anne récemment urbanisé. La majorité des demeures antérieures au XXe est donc uni-familiale.

Le parcellaire diffère en fonction des secteurs et des époques de construction. On observe un parcellaire en lanière dans les faubourgs Bizienne et Saint-Michel. Dans le faubourg Sainte-Anne les maisons construites au XIXe siècle développent leur façade parallèlement à la rue et s'alignent sur la voie publique. Dans ce même secteur, au XXe siècle, les maisons s'implantent en retrait de la rue, entre cour et jardin. Le faubourg Saint-Armel présente de larges parcelles et les maisons sont au bord de la rue. Les demeures bourgeoises et hôtels particuliers associés à de vastes parcs paysagers sont plutôt rares. On les rencontre essentiellement dans la ville intra-muros (15 rue Bizienne, 5 rue Vannetaise, 1 rue des Capucins, 8 rue du Tricot). Quelques exemples ont été étudiés ou simplement repérés dans les faubourgs 3 et 58 rue du Faubourg Saint-Armel, 19 rue du Faubourg Saint-Michel).

À l'exception des maisons bourgeoises de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, les maisons des faubourgs ne possèdent pas de cave. Dans l'intra-muros, les caves sont rares (1, 3, 6 et 8 rue du Tricot, 5-6 place Saint-Aubin, 7 place de la Psalette). Elles sont associées à un bâti antérieur au XIXe siècle. Nous n'avons rencontré aucune cave voûtée. Selon la tradition le n°12 rue de Saillé (XVe et XVIIe siècle) en possédait une. Elle aurait été comblée dans la seconde moitié du XXe siècle.

Les matériaux de construction

Les matériaux de construction sont homogènes. Le granite est employé de la période médiévale au début du XXe siècle. Le moellon est utilisé pour le gros œuvre dans la quasi totalité des cas. Lorsqu'il était possible de distinguer le mode de construction, on s'est aperçu que systématiquement le moellon est hourdé à la terre parfois mélangée à la chaux. Au début du XXe siècle, le ciment s'y substitue. Les façades enduites présentent des encadrements et des chaînages d'angles taillés en moyen appareil. La pierre taillée est également employée pour la mise en œuvre des lucarnes sous frontons, des pignons découverts et des épaulements.

Quelques maisons appareillées en pierre taillée se distinguent au XVIe, XVIIe et XIXe siècle (1 rue du Vieux Marché, 4 place de la Psalette, 29 rue de Saillé, 8-11 rue Saint-Michel)

Le tuffeau est également utilisé. Il caractérise l'habitat cossu de l'intra-muros au XVIIe siècle. Employé ponctuellement, il souligne les lignes de l'architecture et met en valeur les éléments du décor. Sur les façades, le calcaire est employé pour la mise en œuvre des corniches (12 rue de Saillé), des lucarnes (place Sainte Anne). Dans les intérieurs le calcaire est parfois utilisé pour réaliser les corniches des hottes des cheminées monumentales (12 rue de Saillé, hôtel Saint-Clair dans le faubourg Ste Armel). On ignore le lieu d'extraction de cette pierre pour les périodes anciennes.

Au XIXe siècle, le tuffeau est employé dans certaines constructions bourgeoises (34 rue du Faubourg Saint-Armel, 5 rue des Lauriers). Il est employé pour les encadrements, les chaînages d'angles, lucarnes et corniches).

La brique rouge industrielle apparaît dans les demeures du dernier tiers du XIXe siècle et perdure jusqu'aux années 1930. On la rencontre intra-muros sur quelques maisons seulement. L'essentiel des bâtiments (maison, dépendance, atelier) construit en brique se situe dans les faubourgs (en particulier le faubourg Sainte-Anne). La brique souligne les encadrements, les chaînages et forme les génoises. Elle n'est pas utilisée pour le gros œuvre. Au XIXe siècle, elle caractérise un habitat plutôt cossu (boulevard du Midi) tandis que dans les années 1930 on l'utilise dans les petits pavillons individuels (rue Aristide Briand).

Le pan de bois s'observe dans la ville intra-muros, rue de la Psalette et de Saillé. Peu d'exemples sont conservés. Ce matériau correspond à des campagnes de construction au XVe et XVIIe siècle. L'unique pan de bois conservé dans les faubourgs date du deuxième quart du XXe siècle (n°54 rue du Faubourg Saint-Michel).

La couverture d'ardoise est systématiquement employée, quelle que soit l'époque et le type de maison. L'utilisation de l'ardoise est confirmée par les documents d'archive. Toutefois, ce matériau remplace parfois le chaume (place Saint-Jean AK 138 du cadastre de 1989). Les documents d'archives évoquent la couverture végétale : de ros dans le faubourg Bizienne en 1535, de glé en 1460 et de ros en 1469 dans le faubourg Saint-Armel. Une photographie sur plaque de verre de la fin du XIXe siècle illustrant les maisons proches du carrefour de la rue du Faubourg Bizienne et du chemin Thobie figure une petite maison traditionnelle couverte de chaume.

Les toitures à deux longs pans s'observent sur la quasi totalité des bâtiments. La croupe est parfois mise en œuvre sur les maisons perpendiculaires à la rue au XVIIe, XVIIIe siècle et XIXe siècle. La toiture à pignon débordant se rencontre sur de nombreux bâtiments, quelle que soit le type de maison et l'époque : manoirs, petites maisons traditionnelles. Elle perdure jusqu'aux années 1970.

La forme et l'emplacement de l'escalier sont liés à l'époque de construction. Un constat s'impose : les escaliers en pierre sont rares. La grande majorité des escaliers conservés date du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. Il sont en bois et se situent surtout dans la ville intra-muros.

Essai de typologie des demeures en fonction de leur répartition géographique

Il existe une réelle différence entre les demeures des faubourgs et de l'intra-muros. L'intra-muros est loti de maisons plutôt cossues avec rez-de-chaussée, 1 voire 2 étages carrés et un comble. L'élévation des maisons des faubourgs est généralement à rez-de-chaussée surmonté d'un grenier. Dans les faubourgs, les maisons avec un étage carré sont plutôt rares et datent essentiellement du XIXe et du XXe siècle.

À l'Ouest de la ville intra-muros, entre la porte Bizienne et l'ancien monastère Saint-Yves, le faubourg Bizienne est traversé par une longue rue de 600m. de long environ flanquée de part et d'autre de parcelles en lanière. Elles accueillent un habitat traditionnel de petites maisons à rez-de-chaussée surmonté d'un grenier. La largeur de façade varie de 5 à 7 m. La porte d'entrée flanquée d'une fenêtre est soit centrée soit décalée sur l'un des côté. La lucarne donnant dans le comble est placée soit dans l'axe de la porte soit entre la porte et la fenêtre. Ce type de maison est beaucoup moins représenté dans les faubourgs Saint-Armel et Saint-Michel. L'absence d'élément stylistique identifiable, la simplicité de construction, les modifications et restaurations rendent parfois difficile la datation de ces maisons. Le gros œuvre est exécuté en moellon de granite. La toiture à deux pans à chevrons débordants est couverte d'ardoise. Quelques corniches en quart de rond soulignent les pentes de toiture des maisons construites ou reprises au XIXe siècle (n°44-46 et 50 rue du Faubourg Bizienne). Le rez-de-chaussée de ces bâtiments consiste en une salle unique sur terre battue à l'origine, avec une cheminée sur le mur pignon. Au fil du temps il est agrandi avec l'ajout contre la façade postérieure de pièces supplémentaires. Le comble souvent réhabilité en pièce habitable au XXe siècle était autrefois accessible depuis la lucarne grâce à une échelle. Il s'agissait à l'origine d'une pièce réservée au stockage.

Cet habitat se décline sous la forme de maisons jumelles réunissant sous une même toiture deux habitations indépendantes séparées par un mur de refend. La largeur de façade varie entre 13 et 15 m. Les élévations sont généralement traitées avec symétrie : au centre deux portes flanquées l'une à droite, l'autre à gauche d'une fenêtre éclairant le rez-de-chaussée. Les lucarnes donnant dans le comble surmontent indifféremment les portes ou les fenêtres. Les matrices cadastrales et l'analyse stylistique (lorsqu'elle est possible) permettent de dater ces maisons entre le XVIIe et la fin du XIXe siècle. Ce module de maisons jumelles est également connu dans le faubourg Saint-Armel où les deux exemples repérés se distinguent par une largeur de façade importante (17 et 18 m). Les maisons jumelles se déclinent sous une forme plus cossue avec une élévation à rez-de-chaussée, étage carré et comble. On retient les n° 83-85 et 84-86 rue du Faubourg Bizienne, 61-63, 64-66 et 74-76 rue du Faubourg Saint-Michel.

Nous constatons que les maisons jumelles sont absentes de la ville intra-muros.

Au sud de la ville, entre la porte de Saillé et le lieu dit Moulin du bout de la rue, le faubourg Saint-Armel présente de larges parcelles construites aux XIXe et XXe siècle. Ce secteur peu loti sur le cadastre napoléonien est construit depuis les années 1970. L'habitat contemporain présente un intérêt limité.

On retient en particulier la maison d'un artisan mégissier au n°34 rue du Faubourg Saint-Armel. Alignée sur la rue, elle comporte quatre niveaux (étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage carré étage de comble). La façade s'organise en travées régulières avec une porte au centre. Elle ouvre sur un vestibule qui dessert plusieurs pièces de vie en rez-de-chaussée. Bien que située dans un parc, la maison n°58 rue du Faubourg Saint-Armel présente des caractéristiques comparables. Le gros œuvre de ces maisons est en moellon de granite enduit. Le calcaire est employé pour souligner les lignes de l'architecture. L'hôtel particulier dit de Saint-Clair formé de deux ailes, l'une du XVIIe, l'autre du XVIIIe siècle, est manifestement le bâtiment le plus intéressant de ce secteur.

À l'est de la ville, entre la porte Saint-Michel et le manoir de la porte Calon, le faubourg Saint-Michel est traversé par une longue rue. Elle est flanquée d'un habitat assez varié du XVe au début du XXe siècle. On y observe quelques maisons bourgeoises de la fin du XIXe siècle (n° 8-10, 16, 22 et 37 rue du Faubourg Saint-Michel). Construites sur un plan rectangulaire, elles comportent un étage carré et parfois un niveau de cave (8-10, 22 rue du faubourg Saint-Michel).

L'habitat traditionnel de petites maisons basses à rez-de-chaussée et comble est également présent. On retient en particulier les n° 31, 48 rue du Faubourg Saint-Michel, et 3 chemin du Rocadro.

Le faubourg Sainte-Anne se développe à la fin du XIXe siècle avec l'arrivée du chemin de fer. Les premières maisons se dressent le long de l'axe de 250 m. environ qui sépare la porte Vannetaise de la gare. En retrait de la rue, entourée d'un parc, les maisons accueillent une population aisée. Les autres maisons, alignées sur la rue emploient le vocabulaire architectural traditionnel parfois tintée d'influences néogothiques et néo-renaissances. Au début du XXe siècle un nouvel axe de développement voit le jour en direction de Mesquer. Le long de l'actuelle rue Aristide Briand, la loi Loucheur permet la construction de petits pavillons individuels entre cour et jardin. À partir des années 1960 le faubourg Sainte-Anne connaît une véritable explosion urbaine avec la construction de zones pavillonnaires et de logements collectifs.

La ville intra-muros, entourée d'une enceinte urbaine percée de quatre portes est traversée par deux axes principaux : l'un nord-sud constitué par les rues Vannetaise et de Saillé, l'autre est-ouest formé par les rues Saint-Michel et Bizienne. Ces rues se rejoignent au centre de la ville, formant une vaste place au sud de la collégiale Saint-Aubin. La grande variété d'habitat de ce secteur est liée aux différentes périodes de construction ainsi qu'à la forme des parcelles. Dans les rues du Pilori et de Saillé certaines parcelles sont séparées par de petites venelles non destinées à la circulation. Isolant les maisons les unes des autres, elles correspondent à un parcellaire issu de la période médiévale.

Le long des rues principales, les bâtiments s'alignent sur la voie publique. Notons que la ville a été frappée par un plan d'alignement qui à partir de 1863 a perturbé le secteur de la place du Pilori et la rue de Saillé.

Le secteur intra-muros présente de nombreux espaces non construits. Ils sont parfois associés à des manoirs ou hôtels particuliers (15 rue Bizienne, 1 rue des Capucins). On ne peut déterminer si ces jardins sont le fruit de destruction ou s'ils sont vierges de construction. On note toutefois que les jardins cadastrés en 1989 AK 5, 6 et 420 correspondent à l'emplacement d'un palais épiscopal détruit à l'époque moderne.

Plusieurs maisons à pignon sur rue ont été étudiées ou simplement repérées. Elles se situent rue Saint-Michel, rue du Pilori, autour de la place Saint-Jean.

L'étude des demeures de l'intra-muros atteste d'une importante campagne de reconstruction à l'époque moderne avec la reprise de bâtiments plus anciens. Les façades et les intérieurs sont adaptés au goût du moment.

Essai de typologie des demeures en fonction de leur époque

Période médiévale et début du XVIe siècle

Le territoire étudié ne semble pas conserver de vestige antérieur au XVe siècle.

Les éléments que le style attribue à la période médiévale datent de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Peu de bâtiments de cette époque sont conservés et aucun n'est maintenu dans son intégrité. Compte tenu du peu d'exemples et des remaniements, il est difficile de dégager les caractéristiques de ces demeures. On peut toutefois préciser qu'il s'agit de maisons à pignon sur rue isolée par de petites venelles non destinées à la circulation.

À ces petites maisons, on peut opposer des constructions plus grandes avec tour d'escalier en pierre. L'organe de distribution verticale se situe sur la façade postérieure (10 rue de Saillé, 11 rue Bizienne, 15 rue Saint-Michel) ou sur la façade principale (3 rue du Tricot, 6 impasse de la Prévôté). Les tours semi hors œuvre ou hors œuvre (6 impasse de la Prévôté) accueillent un escalier en vis en pierre tournant à gauche ou à droite. L'escalier du bâtiment 3 rue du Tricot associe une volée en pierre entre le rez-de-chaussée et la cave et un développement en bois entre le rez-de-chaussée et les niveaux supérieurs.

Ce type d'escalier en vis semi hors œuvre ou œuvre date de la fin du Moyen Âge.

On constate que les ouvertures ont été reprises au fil des siècles. Les appuis moulurés saillants sont rares (2 rue de la Psalette, 6 impasse de la Prévôté). Dans la ville intra-muros seule une fenêtre en demi croisée avec linteau délardé d'un arc en accolade à été observée (2 rue Saint-Michel : partie arrière). Notons qu'elle conserve un volet du XVIIe siècle.

Les portes en anse de panier, moulurées peuvent être attribuée au XVIe siècle.

Quelques cheminées monumentales en granite ont également été repérées. On peut les classer en trois groupes. Le premier, connu tout au long du XVe siècle, présente des piédroits taillés en biais surmontés de corbeaux taillés en quart de rond et chanfreinés. Ils portent un linteau monolithe ou en bois. Le deuxième type, de la fin du XVe siècle, est caractérisé par des consoles moulurées portant le linteau (carrefour chemin thobie et rue du Faubourg Bizienne parcelle AH 260 du cadastre de 1989, 14 rue de Saillé). Le troisième type, de la fin du XVe et du début du XVIe siècle présente des piédroits surmontés de consoles en pyramide renversée terminée par un tore à profil demi circulaire (6 rue de la Prévôté, 6-7 place du Vieux Marché, 10 rue de Saillé, 15 rue Saint-Michel).

Les charpentes de la fin du Moyen Âge et du début de l'époque moderne sont particulièrement rares sur le territoire étudié. Nous retenons 2 exemples intra-muros : 2-4 rue Saint-Michel et 2-4 rue des Capucins. Pour ces deux exemples, des poteaux de bois soutiennent la charpente. On note que les poteaux de la charpente 2-4 rue des Capucins ont été sciés.

Le XVIIe siècle

Dans les faubourgs Bizienne et Saint-Michel les millésimes portés sur les lucarnes des petites maisons basses et des maisons jumelles attestent d'une campagne de construction assez importante au XVIIe siècle. Nous ne reviendrons pas sur la forme de ces maisons décrite dans le chapitre précédant.

Dans la ville intra-muros, on observe la construction de grandes maisons « bourgeoises » et d'hôtels particuliers.

Ces bâtiments présentent un rez-de-chaussée, un étage carré et un comble. Certains possèdent un niveau de cave non voûté (16 rue de Saillé, 6 rue du Tricot, 6 place du Vieux Marché, 3 rue des Laurier). Exceptionnellement ils comptent deux étages carrés (12 rue de Saillé, 3 rue Saint-Michel, place du Pilori AK 169 du cadastre de 1989).

Les façades ordonnancées à deux ou trois travées s'ouvrent de fenêtres rectangulaires sans feuillure avec parfois des appuis légèrement remontants. Elles sont généralement surmontées d'arc de décharge en moellon et exceptionnellement en pierre de taille (7 rue Sainte Catherine, 1 place de la Psalette). Les portes sous arc en plein cintre sont installées sur le côté de la façade (16 rue de Saillé, 25 rue de Saillé, 15 rue Saint-Michel). Les pignons donnant sur la rue étaient autrefois percés d'une porte en plein cintre (3 et 6 rue du Tricot, 16 et 29 rue de Saillé). Un emmarchement aujourd'hui disparu devait y donner accès car elles sont surélevées parfois à une cinquantaine de centimètres du sol.

Les combles non habités à l'origine sont éclairés de fenêtres de lucarne en granite sous fronton segmentaire décorées de volutes et de feuilles de lauriers. Datées par inscription, leur utilisation couvre le XVIIe siècle (1626 : 6 place du Vieux Marché ; 1636 : 25 rue de Saillé ; 163 ? : 12 rue de Saillé ; 1675 : 30 rue de Saillé ; 16 ? ? : rue du Saint-Esprit. Ces lucarnes sont également connues dans les faubourgs (1641 : 84-86 rue du faubourg Bizienne ; 16 ? ? : 83-85 rue du faubourg Bizienne). D'autres lucarnes similaires non datées sont également visibles rue du Saint-Esprit, place de la Psalette, 48 rue du Faubourg Saint-Michel. On les rencontre en milieu rural et de façon générale dans tout le pays guérandais. Ces lucarnes sont identitaires du territoire.

Les toitures d'ardoise reposent sur des pignons découverts appareillés en granite taillé. Les épaulements sont taillés en console et des boules sommitales coiffent chaque pignon. Une corniche en granite à denticule ou en doucine souligne la pente de la toiture. Plus rarement ces éléments sont exécutés en calcaire (3 rue Saint-Michel, 16 rue de Saillé).

Aux maisons décorées de motifs identitaires du pays Guérandais, s'opposent quelques grandes maisons ou hôtels particuliers avec un décor plus largement répandu sur le territoire national (7 rue Sainte-Catherine, 2 rue Honoré de Balzac, 2-3 rue des Lauriers, 3 rue du Faubourg Saint-Armel). Le bâtiment 2-3 rue des Lauriers possède une grosse tour d'escalier quadrangulaire contre la façade postérieure. Elle reçoit un décor que le style attribue à la première moitié du XVIIe siècle : porte cintrée encadrée de pilastres portant entablement bombé surmonté d'un fronton triangulaire. L'entablement bombé rappelle le traitement des lucarnes en tuffeau de la maison 2 rue Balzac, le pignon de l'hôpital Saint-Jean (place saint-Jean), la porte de l'aile XVIIe siècle de l'hôtel Saint-Clair (3 rue du Faubourg Saint-Armel), la travée centrale de l'hôtel particulier 7 rue Sainte-Catherine.

La forme et l'emplacement de l'escalier est assez variable. On note deux types d'escalier Le premier est placé dans une très grosse tour quadrangulaire indifféremment construite sur la rue (1 et 7 place de la Psalette) ou sur la façade arrière (12 et 16 rue de Saillé, 2-3 rue des Lauriers, 1 rue du Tricot), au centre ou sur un côté. Lorsqu'il est conservé, l'escalier est une vis en bois faite de marches et de contremarches en planche. Le noyau circulaire est d'un seul tenant de fond en comble.

Le deuxième type d'escalier, toujours en bois, est un modèle rampe sur rampe à balustres tournées. Un seul exemple est connu à l'extérieur de la ville intra-muros, dans le faubourg Saint-Michel à l'ancien couvent des Ursulines. Les exemples connus intra-muros se situent 1 et 4 place de la Psalette, 2 rue Honoré de Balzac).

De nombreuses cheminées du XVIIe siècle ont été observées dans les faubourgs et intra-muros. La typologie permet d'établir trois groupes. Le premier correspond à des cheminées monumentales avec piédroits taillés en biais surmontés de consoles en doucine droite. Elles portent toujours un linteau monolithe en granite. La hotte droite est appareillée en moellon. On remarque l'emploi exceptionnel du tuffeau pour l'exécution de corniches et de hottes en moyen appareil (hôtel de Kerhué 3 rue du faubourg Saint-Armel, 12 et 16 rue de Saillé).

Le deuxième groupe avec un foyer plus petit se caractérise par des piédroits droits, légèrement en saillie du mur. Ils portent des consoles taillées en quart de rond terminées par une baguette. Ce type de cheminée connu dans les faubourgs et l'intra-muros perdure également au début du XVIIIe siècle.

Le troisième type de cheminée est peu présent sur le territoire. Le foyer engagé, de grandes dimensions, présente des piédroits obliques avec partie supérieure en volute.

Le XVIIIe siècle

Comme au siècle précédant, le XVIIIe siècle est une intense période de construction ou de réédification dans les faubourgs Bizienne, Saint-Michel et intra-muros.

À cette période correspond la construction de nombreuses maisons basses dans les faubourgs. Certains frontons triangulaires portent la date des travaux.

Plusieurs hôtels particuliers sont modifiés ou construits. L'hôtel de Saint-Clair (rue du Faubourg Saint-Armel et l'hôtel de la Grillère (15 rue Bizienne) sont des exemples à signaler. Ils conservent la distribution d'origine et leurs éléments de confort. Il s'agit de bâtiments de plan rectangulaire avec un étage carré et un étage de comble. La porte d'entrée ouvre sur un vestibule avec l'escalier tournant à jour avec garde corps en fer forgé. Un second vestibule dessert les salles du rez-de-chaussée et ouvre sur le jardin. Tandis que les pièces du rez-de-chaussée sont distribuées par une enfilade, celles de l'étage carré, sont distribuées par un couloir éclairé par la façade principale. L'étage de comble isolé avec un torchis sur lattis est aménagé de chambres de bonnes. Ces hôtels conservent des cheminées en marbre et des boiseries. Celles de l'hôtel Saint-Clair associées à des toiles peintes sont presque toutes conservées.

À côté de ces bâtiments d'exception, de nombreuses maisons sont construites intra-muros. Les formes variées présentent des caractéristiques stylistiques récurrentes : organisation en travées régulières, fenêtre cintrées à feuillure (3 rue du Vieux marché aux Grains, 5 rue du Beau Soleil), bandeau de niveau, quadrillage de la façade par un jeu de lignes soulignant travées et niveaux (15 rue Saint-Michel). La mise en œuvre est en moellon de granite. Une façade en pierre de taille se distingue au n° 22 rue de Saillé.

Les lucarnes en granite sont de formes variées : sous fronton segmentaire (114 rue du faubourg Bizienne) parfois porté par des pilastres plats (12 rue Saint-Michel), sous fronton triangulaire (manoir de la Gaudinais, 40 rue du Faubourg Bizienne) avec parfois boule sommitale et épaulements sculptés.

Quelques balconnets conservent des gardes corps en fer forgé soudés à bille. On constate que ceux des n°22 rue de Saillé et 11 rue Bizienne sont identiques. D'autres sont visibles au n°28 rue Saint-Michel.

Plusieurs petits escaliers en vis en bois ont été étudiés sur le territoire. Installés en œuvre, il se compose d'un noyau central d'un seul tenant portant marches et contremarches (10 rue de Saillé, 5 rue du beau Soleil (détruit), 9 rue Bizienne). Ce type d'escalier est également connu au XVIIe siècle. D'autres escalier à retours en bois avec balustres droites sont conservés dans les faubourgs (12 et 51-53 rue du Faubourg Saint-Michel). On observe également plusieurs escalier en bois dont les balustres chantournées sont sciées dans des planches (11 rue du Tricot, 10 rue Vannetaise, 7-9 place du Vieux Marché, 23 rue du Faubourg Bizienne). Ce type d'escalier apparaît dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Aucun escalier en pierre n'a été observé.

Les cheminées en marbre chantournées ou droites se généralisent dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Certaines sont décorées d'un motif de coquille, d'autres de glyphes ornant les piédroits (7 place de la Psalette, hôtel Saint-Clair 3 rue du Faubourg Bizienne).

Le XIXe siècle

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'étude des matrices cadastrales témoigne d'une importante campagne de reconstruction à l'emplacement même de parcelles précédemment loties (5-6 place Saint-Aubin, 4 place du Pilori, 31 et 34 rue Saint-Michel) ou d'agrandissement (1 rue du Vieux Marché, 25-27 rue de Saillé, 2 rue du Tricot). Cette observation est également valable dans les faubourgs Bizienne et Saint-Michel.

L'étude de terrain atteste de la reprise plus ou moins profonde des façades et des aménagements intérieurs : distribution, remplacement des cheminées, des escaliers, modification des charpentes de très nombreuses maisons intra-muros (3 rue de Saillé, 8 rue du Tricot).

La qualité de certains programmes retient l'attention. On constate que le style directoire influe l'aspect de certaines maisons bourgeoises (5 rue des lauriers, 29 rue de Saillé, 1 rue du Vieux Marché). Les façades sont traitées en travées régulières. Au centre, la porte ouvre sur un vestibule ou un couloir séparant les salons. Les boiseries, parquets et autres éléments de revêtement sont rarement conservés dans leur intégrité. Le n°5 rue des lauriers conserve plusieurs cheminées à trumeau décorées de motifs néo-antiques sculptés en bas relief.

L'influence néogothique est également perceptible dans le traitement de certaines façades dans les faubourgs (16 rue Saint-Michel, 2, 4 et 6 boulevard Émile Pourieux). Le style néo-renaissance est plus rare (7 boulevard Émile Pourieux, 15 boulevard du Midi). Ces influences historisantes se révèlent dans le traitement des ouvertures ou par l'emploi de motifs décoratifs sculptés.

Dans le faubourg Sainte-Anne en plein développement et les boulevards qui ceinturent la ville, les maisons à un et deux étages carrés alignent leur niveaux les uns par rapport aux autres. Les maisons sont construites à l'avant de la parcelle et bordent la voie publique. A contrario, des pavillons implantés en cœur de parcelle prennent l'allure de villas bourgeoises (rue Émile Pourieux).

À côté des grands ensembles et des maisons bourgeoises, un habitat plus modeste à rez-de-chaussée ou avec un étage carré remplace d'anciennes maisons dans les faubourgs.

Ces demeures utilisent un vocabulaire architectural commun : hauteur d'assise réglée, effort de symétrie, lucarnes à fronton triangulaire simple, lucarnes à croupe ou rampante.

Le XXe siècle

Au début du XXe siècle, les constructions nouvelles s'inscrivent dans la tradition des maisons du siècle précédent. On note toutefois la diffusion de la brique rouge industrielle. Jamais utilisée pour le gros œuvre, elle souligne les lignes de l'architecture (ouvertures, chaînages, génoises). Vers les années 1930, le béton remplace la pierre de taille des encadrements et forme les éléments de décor : faux appareil, faux pan de bois (6 et 10 rue de Mesquer). Il constitue parfois les souches de cheminée (25 rue Aristide Briand) et plus exceptionnellement les gardes corps de balcon (impasse Aristide Briand).

Dans le premier tiers du XXe siècle, les directeurs d'entreprise Léon Guillouzeau, Auguste Chelet, Charles Chelet fond construire dans les faubourgs des maisons bourgeoises (4 boulevard du Midi, 6 et 12 rue du Faubourg Bizienne). Ces exemples étudiés conservent leurs aménagements (distribution, boiseries, cheminées, escaliers, parquets, carreaux de ciments).

En 1928, la loi Loucheur encourage la construction de nouvelles maisons et l'accession à la propriété de nombreuses familles. À Guérande, c'est le faubourg Saint-Anne qui voit de nouvelles demeures s'implanter le long de l'axe conduisant à Mesquer (actuelles rue Aristide Briand et route de Mesquer). Les pavillons avec rez-de-chaussée parfois surmonté d'un comble en partie habitable sont en retrait de la rue, entre cour et jardin. Ils disposent de deux ou trois chambres avec cheminées d'angles. Les intérieurs ont très souvent été remaniés à la fin du XXe siècle (distribution, sols, suppression des cheminées). Le n°25 rue Aristide Briand est un pavillon bien préservé.

D'autres pavillons plus grands, retiennent également l'attention (6 et 10 rue de Mesquer).

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les pavillons individuels des faubourgs relient avec les caractères de l'architecture traditionnelle : haute toiture, pignons découverts, porte sous arc en plein cintre. La mise en œuvre en parpaing de béton est associée au granite pour le traitement des encadrements. Un bossage en granite est parfois plaqué sur certaines façades. Les murs couverts d'un enduit clair peuvent être peint de blanc. Le logement collectif est également présent. Il se développe à partir des années 1960-70 entre la gare et Bois Rochefort.

Dans le 4e quart du XXe siècle, la ville connaît une nouvelle mutation avec l'extension de la zone urbaine au delà des faubourgs historiques. Les maisons en cœur de parcelle se multiplient tandis que la mitoyenneté reste l'exception. De nouveaux immeubles voient le jour en particulier à l'est de la ville, route de Kerbiniou.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 7 625
    • repérées 207
    • étudiées 83

Documents d'archives

  • Archives communales de Guérande. Tableau du fief des régaires de l´évêché de Nantes. 1778.

  • Archives communales de Guérande. Matrice cadastrale, état des parcelles et mutations.

Bibliographie

  • AUCLAIR, Georges. Les vieux logis guérandais. Cahier des Amis de Guérande, n° 13, 1966.

  • GALLICÉ, Alain. Guérande au Moyen Âge, Guérande, le Croisic, le pays guérandais du milieu du XIVe au milieu du XVIe siècle. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2005.

  • GALLICÉ, Alain. Les régaires de l´évêque de Nantes à Guérande au début du XVIeme siècle (1500-1506) : étude de compte. Bulletin de la société archéologique et historique de Nantes et de Loire Inférieure, t. 129, 1993.

  • GALLICÉ, Alain, GANCHE Michel. Guérande. La ville close. Pornichet, imprimerie J.-M. Pierre, 1990.

  • GAUDOL, Gaëlle. 22 ans de travaux dans le secteur sauvegardé de Guérande : rue Saint-Michel, rue de Saillé, manoirs et maisons de caractère, septembre 1998.

  • LANCIEN, Josick. Maisons de Guérande intra muros. Les cahiers du Pays de Guérande, n° 46, 2007.

  • LANCIEN, Josick. De l'occupation du sol dans la ville close de Guérande de la fin du XVIIIe siècle à nos jours. Les cahiers du pays de Guérande, n° 45, 2005-2006.

  • LANCIEN, Josick. Recensement de 100 éléments du patrimoine de Guérande. Éditions Flohic, 1997-1998.

  • LANCIEN, Josick. Inventaire des manoirs de Guérande (25 manoirs), 1990-1991.

  • QUILGARS, Henri. A travers la ville de Guérande : guide historique et archéologique contenant un plan de la ville. Nantes, Librairie Durance, 1913.

Documents figurés

  • Cadastre de 1819. Sections, G (7P2492F024), M (7P2492F033), N (7P2492F035), Y (7P2492F051), Z (7P292F053) (Archives départementales de Loire-Atlantique).

  • Plan d´alignement de la ville de Guérande, feuille d´ensemble, août 1862, échelle 1/20 000e [9 feuilles dont : « Tableau indicatif » des alignements prévus, avec, par rue concernée, le numéro des propriétés, les noms des propriétaires et la nature des propriétés (Archives départementales de Loire-Atlantique ; 1 Fi Guérande 1/1).

  • Plan d´alignement, ville de Guérande, feuille de détail n° 1, par F. Pinson, agent voyer, août 1862 [dont rue Bizienne et quart nord-ouest de l´intra-muros] (Archives départementales de Loire-Atlantique ; 1 Fi Guérande 1/2).

  • Plan d´alignement, ville de Guérande, feuille de détail n° 2, par F. Pinson, agent voyer, août 1862 [dont rue Saint-Armel et quart sud-ouest de l´intra-muros] (Archives départementales de Loire-Atlantique ; 1 Fi Guérande 1/3).

  • Plan d´alignement, ville de Guérande, feuille de détail n° 3, par F. Pinson, agent voyer, août 1862 [dont moitié orientale de la ville, et le mail et le début extra-muros] (Archives départementales de Loire-Atlantique ; 1 Fi Guérande 1/4).

  • Plan d´alignement, ville de Guérande, feuille de détail n° 4, par F. Pinson, agent voyer, août 1862, [le faubourg Saint-Michel] (Archives départementales de Loire-Atlantique ; 1 Fi Guérande 1/5).

  • Inventaire du domaine bâti (photos, plans) : intra-muros, tours des remparts, faubourgs, Charles Dorian, 1978.

Date d'enquête 2005 ; Date(s) de rédaction 2007
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville de Guérande