Dossier d’œuvre architecture IA53004408 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Église paroissiale Saint-Pierre de Changé
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Saint-Berthevin
  • Commune Changé
  • Adresse place Christian-d'Elva
  • Cadastre 1814 D3 119  ; 2021 AB 320

L'ancienne église de Changé, attenante au presbytère, occupait approximativement le même emplacement, mais était environ deux fois plus petite que l'actuelle. Elle voisinait avec l'église prieurale, aujourd'hui disparue. Les origines de la paroisse sont très anciennes, bien que sa fondation attribuée à saint Thuribe, deuxième évêque présumé du Mans, reste douteuse. On sait de l'église était pour partie romane, si ce n'est antérieure, comme le prouverait la présence d'un cordon de briques au bas des murs de la nef signalée par plusieurs auteurs. Elle fut largement réparée et agrandie, sans doute à l'économie, à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle. Un rapport rédigé préalablement à la reconstruction indique qu'elle possédait une nef rectangulaire et un chœur étroit "surmonté d'une voûte d'arête avec nervures diagonales". A l'appui de ce rapport, un croquis et un plan donnent une idée de son apparence et de ses volumes. L'abbé Angot précise : "La tour carrée, construite en façade au XVIIe ou au XVIIIe s. était sans ornements, accostée de deux chapelles, celle des fonts à droite, celle de gauche bâtie en 1771". En 1899, l'instituteur Rossignol indique que le seul élément conservé est le confessionnal daté de 1767.

L'église étant beaucoup trop petite en comparaison du nombre de paroissiens, et présentant d'inquiétantes lézardes, des plans et devis sont fournis en 1868 par l'architecte départemental Pierre-Aimé Renous pour une construction nouvelle. En parallèle, une souscription est lancée, tandis que les travaux sont mis en adjudication en 1869, au profit de Pierre Lecomte et Charles Guichet, entrepreneurs. La première pierre est posée le 23 septembre. Au fur et à mesure que l'église s'élève, des problèmes structurels apparaissent : alors que les murs de la nef se tassent, Pierre Lecomte demande l'autorisation de substituer aux voûtes en briques projetées des voûtes en charpente pour alléger l'édifice. Interrompu par la guerre de 1870, le chantier s'achève en 1872 après la pose de la charpente. Différée, la construction des voûtes en maçonnerie est reprise en 1879. L'église, encore dépourvue d'un clocher qu'on n'a pas osé réaliser, est définitivement réceptionnée en 1880. La consolidation de la tour par des tirants et l'édification du clocher, qui restera sans la flèche imaginée par Renous, sont menées par l'architecte Louis Garnier et l'entrepreneur Henri Blot en 1893-1894.

L'abbé Angot s'enthousiasme dans son dictionnaire pour l'église de Changé : "la décoration architecturale, la richesse de l'ameublement, le coloris des verrières, font de cet édifice si éclairé, si élégant, une des églises les plus dignes de leur destination". Cette description rejoint celle de l'instituteur Rossignol, qui parle de l' "une des plus belles églises construites dans nos campagnes mayennaises". Celui-ci indique que les verrières du transept et du chœur (il ne subsiste que celles du transept), posées en 1874, ont été produites par les ateliers Maréchal et Champigneulles de Bar-le-Duc. Les autels sont l'œuvre d'un artiste manceau dont le nom n'est pas précisé. Le maître-autel est posé en 1879.

L'église est orientée et implantée au débouché du pont sur la Mayenne, tournant le dos à la rivière. Elle possède un plan régulier en croix latine.

La façade occidentale, inspirée du style gothique rayonnant, est entièrement en pierre de taille et reçoit l'essentiel du décor sculpté. La composition est tripartite. Le portail central, inscrit dans une voussure à trois rouleaux, est encadrée par deux arcs aveugles plus étroits, dans des voussures à deux rouleaux. Les colonnettes sont coiffées de chapiteaux à motifs végétaux, tandis que les arcs brisés moulurés sont surmontés de gables fleuronnés. Les tympans sont nus. Deux motifs polylobés prennent place dans les écoinçons. Le niveau supérieur est séparé par une arcature formant parapet, composée de colonnettes jumelés, d'arcs et de jours trilobés. Les voussures de la grande baie centrale et des deux baies aveugles de part et d'autre, à deux lancettes chacune, reprennent les motifs de celles du niveau inférieur. Colonnettes et trilobes ornent également les contreforts placés entre les baies, coiffés de pinacles à crochets. Une petite arcature aveugle assure la transition avec la tour carrée, dépourvue de flèche. Celle-ci possède deux niveaux, le premier percé d'étroites ouvertures éclairant la pièce du mécanisme de l'horloge, le second, avec ses grandes baies cintrées géminées, abritant le beffroi. La tour est ornée de frises de motifs végétaux et de dents-de-scie, d'une tête humaine, d'un polylobe, de pinacles, d'un fronton à choux frisés. Les angles sont ponctués de gargouilles figurant des créatures ailées monstrueuses, inspirées du bestiaire médiéval.

Le reste de l'édifice est en moellons enduits (la brique est également utilisée pour le clocher) et régulièrement épaulé de contreforts en pierre de taille : la nef à quatre travées (celle du massif occidental exceptée), les bras du transept à deux travées chacun, le chœur à deux travées pourvu d'une abside à cinq pans. De grandes baies en arc brisé éclairent largement l'intérieur de l'église. Les portes secondaires, dont une murée, demeurent inachevées avec des chapiteaux seulement épannelés. La sacristie est placée dans l'angle entre le chœur et le bras sud du transept.

Les croisées d'ogives des voûtes reposent sur des faisceaux de colonnettes engagées dans les murs. Le chœur est orné d'une arcature aveugle composé de lancettes trilobées géminées surmontées de quadrilobes, placées sous des arcs brisés. Des arcatures ornent également le revers du narthex et la tribune, pourvue d'un garde-corps en fonte.

La plupart des vitraux de l'église sont simplement losangés. Ceux des murs-pignons des bras du transept figurent des saints personnages en pied (la Vierge et l'Enfant, la Vierge de Pontmain, saint Pierre et saint Jean-Baptiste) ; celui de la chapelle des fonts baptismaux représente le Baptême du Christ et est signé M. Rocher.

L'église conserve parmi son mobilier un confessionnal de 1767, un maître-autel avec une riche garniture et deux autels secondaires en pierre, six toiles du comte Jules d'Évry représentant des scènes des Évangiles. Sont inscrits Monuments historiques : un Christ en croix de facture grossière daté du XVIe siècle (?), un tableau de la Vierge à l'Enfant de la 1ère moitié du XIXe siècle signé L. P. Bernard et un tableau du songe de saint Joseph de 1875 signé Charles Landelle. Une des trois cloches, datée de 1754, a été classée Monument historique en 1910. Parmi la statuaire se distingue un saint Sébastien du XIXe siècle inspiré de l'antique.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe polygonale
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
  • Représentations
    • ornement géométrique, dent de scie, fleuron
    • ornement végétal, feuillage, chou
    • ornement figuré, tête humaine, animal fantastique, Vierge, saint Pierre, saint Jean-Baptiste, Baptême du Christ
    • ornement architectural, pinacle
  • Précision représentations

    Colonnes et colonnettes de décor ou de structure pourvues de chapiteaux feuillagés. Décor récurrent d'arcatures et de quadrilobes.

    Portail et faux portails à gables fleuronnés.

    En façade et au sommet du clocher, décor de pinacles, fronton à croix et choux frisés, tête humaine, gargouilles en forme d'animaux fantastiques.

    Vitraux figurant la Vierge et l'Enfant, la Vierge de Pontmain, saint Pierre, saint Jean-Baptiste et le Baptême du Christ.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 1174 et 1178. Pièces concernant la remise en état de l'église et du presbytère de Changé, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 168 G 3 et 4. Pièces concernant l'église et le presbytère de Changé, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 183 J 123. Fonds Louis Garnier architecte, achèvement et consolidation de la façade de l'église de Changé, 1890-1892.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/5-2. Monographie communale de Changé, par l'instituteur Rossignol, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; O 257/1. Église de Changé, 1863-1893.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • DAVELU, Pierre-François. Répertoire topographique et historique du Maine. [Ouvrage manuscrit]. 1766-1774

  • GUEDON, Isidore. Laval et ses environs, guide de l'étranger, 1897.

    p. 182
  • GUILLER, Louis. Recherches sur Changé-les-Laval. Laval : S. Chailland, 1882, 1883, 1885.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Dessins d'un contrefort et d'une baie du clocher de l'église de Changé, par l'architecte Louis Garnier, vers 1893. (Archives départementales de la Mayenne ; 183 J 123).

  • Plans de l'ancienne et de la nouvelle église de Changé, par l'architecte Pierre-Aimé Renous, 1868. (Archives départementales de la Mayenne ; 2 O 257/1).

  • Plans de consolidation de la tour et de construction du clocher de l'église de Changé, par l'architecte Louis Garnier, 1890. (Archives départementales de la Mayenne ; 2 O 257/1).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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