Dossier d’œuvre architecture IA49009607 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau
Édifice non identifié, ruines, 8 rue de la Fontaine, Montsoreau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Commune Montsoreau
  • Adresse 8 rue de la Fontaine
  • Cadastre 1813 B1 175  ; 2011 B 132
  • Dénominations
    édifice non identifié
  • Précision dénomination
    probablement grange

Ce bâtiment sans doute du début du XIIIe siècle, longtemps compris comme étant une église, n'en fut clairement pas une : il s'agit bien plutôt d'un très beau bâtiment de dépendances, probablement associé au logis qui le flanque au nord-ouest, et pour lequel l'hypothèse la plus vraisemblable le rattache à des possessions montsoréliennes de l'abbaye de Turpenay.

Les caractéristiques de ce bâtiment correspondent à celles de l'ample grange de l'abbaye de Fontevraud, sans doute médiévale également et aujourd'hui disparue au profit d'une autre érigée à la fin du XVIIIe siècle, mais que l'on connaît par des plans et une vue de la collection de Gaignières : mesurant près de 20x40 mètres, ce grand bâtiment disposait lui aussi d'un étage-carré et offrait rez-de-chaussée une structure comparable en trois vaisseaux longitudinaux séparés par deux files de poteau ou de colonnes portant un plancher et couverte d'un toit à longs pans.

Ce bâtiment n'est pas clairement identifié.

Célestin Port (récemment suivi par Julien Noblet) y reconnaît l'église Sainte-Croix, collégiale fondée au début du XVIe siècle par les seigneurs de Montsoreau et qui fut brûlée par les troupes protestantes lors des Guerres de religion. La collégiale Sainte-Croix dès lors abandonnée, les chanoines s'installèrent dans l'ancienne église castrale Notre-Dame du Boile placée par la suite sous le vocable de Saint-Michel.

La confusion entre cet édifice et la collégiale vient sans doute de la morphologie de ce bâtiment, qui à première vue peut aisément être confondu avec un lieu de culte, et de son état d'abandon, qui rappelle celui qu'a connu Sainte-Croix.

Par conséquent, les récits formulés depuis le XIXe siècle font se télescoper des informations relatives à cet édifice, à la collégiale Sainte-Croix (voir notice spécifique) et à l'église castrale Notre-Dame du Boile, devenue Saint-Michel (voir notice spécifique). Il convient aujourd'hui de rejeter ces attributions, ces deux derniers édifices étant désormais clairement identifiés et la qualité de lieu de culte ne pouvant vraisemblablement pas s'appliquer à ce bâtiment.

Au vu de sa structure et de sa mise en œuvre architecturale, en effet, il s'agit très certainement à l'origine d'un grand bâtiment de dépendances (stockage, voire activités de transformation) d'un domaine seigneurial ou ecclésiastique. Cet édifice dut être construit à la fin du XIIe ou plutôt dans la première moitié du XIIIe siècle. Il est à noter qu'il y a des liens organiques entre cet édifice et la maison qui le flanque au nord-ouest, logis médiéval de grande qualité et qui relève de commanditaires de haut rang.

Ce bâtiment fut en partie détruit antérieurement au XVIIe siècle, date à laquelle remonte la construction de la maison qui occupe aujourd'hui l'angle sud-est de l'ancien espace intérieur (une seconde, au nord-ouest, semble postérieure et remonte au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle). Ni les causes, ni la date de cette destruction ne sont connues, mais, parmi d'autres hypothèses (accident, vétusté, etc.) il est vraisemblable qu'il y ait un lien avec les tragiques épisodes des Guerres de religion au cours desquelles ce bâtiment aurait pu connaître un sort identique à celui de la collégiale incendiée. On peut ainsi proposer, notamment, la date de décembre 1568, lorsque brûle cette dernière ou celle de septembre 1587, où sont attestées de Montsoreau à Dampierre une série d'exactions et de destructions par les troupes protestantes conduites par Henri de Navarre (futur Henri IV) alors lui-même établi temporairement au château de Montsoreau.

Une fois abandonnées les désignations jusqu'ici utilisées pour cet édifice, il est tentant d'y voir d'anciennes dépendances liées :

- soit aux seigneurs de Montsoreau ou à une famille vassale ; - soit à une maison templière, attestée à Montsoreau au début du XIIIe siècle. Célestin Port, qui convient de la nette antériorité du bâtiment sur la fondation de la collégiale des Chambes évoque, d'ailleurs, la possibilité que cet édifice ait été dans un premier temps une chapelle de cette commanderie de l'Ordre du Temple. Toutefois, la destination originelle du bâtiment comme lieu de culte, templier ou autre, est ici rejetée et ce ne pourrait alors correspondre qu'à un bâtiment annexe. Par ailleurs, il semble, au vu de la transmission des archives de cette maison templière montsorélienne passées à l'ordre de Fontevraud, qu'il faille plutôt suivre l'hypothèse, quant à sa localisation, d'une implantation en partie ouest du bourg, sans doute sur le site où fut établi, par la suite, la Grande maison de l'abbaye de Fontevraud ; - soit à l'abbaye de Turpenay, dont on connaît, par diverses sources, l'existence de plusieurs possessions à Montsoreau, documentées du XIIe au XVIIIe siècle et notamment situées dans le secteur oriental de Montsoreau. Implantée au nord de Chinon, l'abbaye bénédictine de Turpenay reçut en effet très tôt le soutien des seigneurs de Montsoreau qui lui concédèrent plusieurs maisons dans leur bourg, mais aussi des terres (le Clos des Pères) et des dépendances agricoles à proximité.

Si la dernière paraît plus probable, aucune de ces hypothèses ne peut, pour l'heure, être plus solidement étayée et il est impossible de trancher définitivement quant à la nature et à l'identité du commanditaire de cet édifice.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle , (incertitude)
    • Principale : 13e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 17e siècle
    • Secondaire : 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : 20e siècle

Cet édifice est un long bâtiment de près de 17x31 mètres qui comptait un rez-de-chaussée et très probablement un seul étage-carré ; il n'est cependant pas possible de savoir s'il était aussi doté d'un comble ou si l'étage-carré était directement sous charpente. À l'état de vestiges, en effet, ce bâtiment n'est plus constitué aujourd'hui que d'épais murs qui entourent un espace intérieur devenu une cour et où ont été bâtis deux maisons.

Il était situé à faible distance, mais hors les murs de l'enceinte principale du bourg Montsoreau, à l'est, près de la route menant vers Candes-Saint-Martin.

L'espace au sol de cet édifice résulte largement d'une excavation du relief naturel : les pans ouest (en totalité) et sud (partiellement) sont des murs de soutènement qui habillent les parois rocheuses ainsi dégagées. Seuls le gouttereau nord, la partie haute du gouttereau sud et le pignon est sont entièrement maçonnés. L'ensemble du gros-œuvre est en moyen appareil de tuffeau. La tête des blocs présente de fines hachures obliques, qui, avec la disposition des assises et le type de mortier utilisé pour les joints, caractérisent une mise en œuvre qui doit remonter à la fin du XIIe ou aux premières décennies du XIIIe siècle.

Un assez large ressaut de la maçonnerie traduit l'existence d'un niveau de plancher, disparu, qui séparait le rez-de-chaussée de l'étage et était porté, intérieurement, par deux files d'arcades longitudinales dont demeurent des traces d'arrachement. Une seule de ces arcades est encore visible, couverte d'un arc brisé et incluse dans un appentis, à l'ouest.

Une telle structure, qui peut être lue comme une nef et des collatéraux séparés par des arcades, ressemble à un vaisseau d'église, ce qui explique les confusions qui ont pu exister sur la nature de cet édifice.

Toutefois, la présence d'un plancher entre les niveaux, le très faible éclairage des parties basses du bâtiment (aveugles à l'ouest et au nord, à peine ajourées au nord), l'absence d'une logique de travées entre les baies hautes et basses, la faible hauteur des arcades pour un tel volume et, dans une moindre mesure, le fait qu'il ne soit pas orienté tendent à prouver qu'il ne s'agit en rien d'un édifice de culte. Par ailleurs, on ne connaît pas d'édifices de culte qui présenteraient, dans la région, une façade dotée d'une telle composition : grande porte brisée à deux rouleaux encadrée de fenêtres basses plein-cintre, à barreaudage dense et surmontées de baies vraisemblablement de même type.

Le gouttereau nord présente un plus grand nombre d'ouvertures : petites et étroites baies couvertes d'un linteau de pierre et à forte embrasure au rez-de-chaussée (destinées à empêcher tout accès, mais à octroyer une certaine clarté), plus grandes fenêtres en plein-cintre avec arc de décharge à l'étage-carré (assurant un meilleur éclairage aux parties hautes de l'édifice. Le rez-de-chaussée comportait aussi, semble-t-il une porte (murée), au centre de ce gouttereau, qui donnait sur l'espace libre (cour ?) qui séparait ce bâtiment de la rue principale (aujourd'hui occupé par des maisons en appentis qui flanquent cet édifice).

Aujourd'hui visible dans le comble de l'appentis de l'angle nord-ouest, une porte (obturée) établie à l'étage-carré à une date non déterminée donnait dans le logis médiéval qui forme un flanquement en retour d'équerre au nord-ouest de cet édifice. Là, elle se situe à un niveau intermédiaire entre l'étage-carré et le comble, ce qui pourrait correspondre à un état antérieur du logis qui devait disposer d'une salle haute sous charpente.

La couverture de cet édifice n'est pas connue : il devait s'agir d'un ample toit à longs pans.

Ce grand bâtiment devait abriter des espaces de stockage de productions agricoles, voire des espaces de transformation (pressoir, etc.).

Vide de toute substructure intérieure, à la suite d'un abandon ou d'un incendie (volontaire ou accidentel), ce bâtiment forma une sorte de cour intérieure où de nouvelles activités et de nouveaux bâtiments prirent place. La maison située dans l'angle sud-est fut très remaniée et agrandie au XXe siècle, mais elle conserve une allure et des éléments (notamment une charpente à fermes et à pannes) qui permettent de la dater du XVIIe siècle. Plus tardif, l'appentis situé dans l'angle nord-est, outre l'arc précédemment évoqué, abrite une quinzaine de boulins d'un ancien pigeonnier. Des hangars (entrepôts ou remises) ont été établis au sud de ce qui est devenu une cour intérieure ; ils sont peut-être associés à l'activité de tonnelier qui fut celle de plusieurs propriétaires qui se succédèrent ici entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. De même, la présence de plusieurs fours le long de cette paroi sud du bâtiment et dans les cavités qui y furent pratiquées est peut-être à associer à une activité de fournier de fruits séchés (prunes ?), pratiquée là à une époque indéterminée (entre le XVIIe et le XIXe siècle).

  • Murs
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    3 vaisseaux, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers