Dossier d’œuvre architecture IA85002239 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Demeure puis mairie, 71 rue Georges-Clemenceau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Conseil départemental de la Vendée
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Vix
  • Lieu-dit Bourg
  • Adresse 71 rue Georges-Clemenceau
  • Cadastre 1836 C 830 bis, 830 ter, 831, 831 bis, 832, 832 bis  ; 2019 AK 171
  • Dénominations
    demeure, mairie
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, jardin, parc, logement, communs

La demeure Prouzeau

La mairie de Vix est établie dans une ancienne demeure de notables, celle de la famille Prouzeau qui dominait la vie économique, sociale et politique à Vix au 19e siècle. Né au Gué-de-Velluire en 1781, fils de cultivateurs-propriétaires, Nicolas-Augustin Prouzeau épouse en 1805 Anne-Louise Guérin. Fille de l'ancien notaire royal Pierre Guérin, maire de Vix en 1801-1802, et de Marie Gaudineau, elle est liée aux familles Lièvre, Mingueneau, Mion et Sensenbrenner, autres notables de la commune. Nicolas-Augustin Prouzeau et son épouse demeurent d'abord, en tant que fermiers, à la cabane du Petit Sablon, près du Pont aux chèvres, ou à celle du Grand Sablon. C'est là que naissent leurs deux fils, Augustin en 1815 et Armand en 1817. Entre 1820 et 1828, ils achètent un terrain dans la partie est du bourg, et ils s'y font construire une nouvelle demeure, davantage à la mesure de leur réussite sociale et économique. Anne-Louise Guérin y décède le 7 mai 1828 ; un inventaire après de ses biens est dressé le 23 juillet.

Veuf, Nicolas-Augustin Prouzeau se remarie en novembre 1829 avec la veuve de son cousin, Jean Prouzeau, Marie-Véronique Renoux (1795-1869). Ils vont avoir deux autres fils, tous deux décédés jeunes adultes et sans postérité. Nicolas-Augustin Prouzeau père s'éteint le 5 avril 1836 dans sa demeure. Ses biens sont inventoriés à partir du 10 mai, et sa succession est réglée le 25 mars 1837. La demeure familiale est ainsi décrite : un corps principal de bâtiment comprenant deux chambres au rez-de-chaussée de part et d'autre d'un corridor, trois chambres à l'étage, des greniers au-dessus ; à l'ouest, une aile constituée de deux chambres avec greniers, une cave sous l'une d'entre elles, un four et une buanderie avec ses accessoires (ponnes, chaudière, tuyaux), un petit appartement appelé "loutterie", et un grand hangar ; à l'est, une autre aile comprenant une écurie et deux toits à cochons. Une cour s'étend entre ces différents bâtiments, avec un puits.

Au cours du partage, Marie-Véronique Renoux veuve Prouzeau reçoit la jouissance de la moitié de la demeure, mais lorsqu'elle se marie pour la troisième fois, en 1839, avec André Guérin, elle y renonce et va vivre avec son époux dans sa propre demeure, construite en 1841 à côté (75 rue Georges Clemenceau). Dès lors, la propriété paternelle devient la demeure de son beau-fils, Armand Prouzeau, directeur des postes, marié à Louise Molé. En 1847, il hérite aussi des biens de son frère aîné, Augustin, notaire, décédé sans enfants.

De la demeure Prouzeau à la mairie

Armand Prouzeau se retrouve lui-même sans descendants directs et tous ses frères sont morts avant lui, également sans postérité. Il décide alors de léguer sa demeure à la municipalité de Vix pour en faire la mairie. La municipalité est à cette époque établie dans un bâtiment qui occupe la partie ouest de la place de l'église. Armand Prouzeau exprime son souhait dans son testament en date du 24 juin 1892, avant de mourir le 9 mai 1893. Son legs, accepté par le conseil municipal le 18 juin suivant, concerne les bâtiments, le jardin pour en faire un parc public, une somme de 10 000 francs pour l'entretien de la nouvelle mairie et de son parc, et une autre de 3000 francs pour construire une maison de garde du cimetière, récemment ouvert. Armand Prouzeau fixe comme autre condition la pose d'une plaque commémorant son geste, ainsi que la démolition de l'ancienne mairie sur la place de l'église.

Avant d'emménager dans ses nouveaux locaux, la municipalité procède à quelques travaux d'aménagement. Le projet en est confié à l'architecte fontenaisien Abel Filuzeau, déjà connu à VIx pour avoir réalisé l'école publique des filles, l'ancienne mairie sur la place de l'église et le marché couvert. Il présente son dossier le 15 mai 1894. Le projet prévoit d'abord la démolition de l'ancienne mairie sur la place de l'église, dont on réutilisera les matériaux, et notamment la grille de clôture ainsi que la porte d'entrée, la fausse lucarne et le cartouche avec l'inscription "Mairie", à placer au sommet de la façade de la nouvelle mairie. Au rez-de-chaussée de l'ancienne demeure Prouzeau, on créée à droite du vestibule la salle du conseil (à la place d'une chambre, avec démolition de cloisons en plâtre, retrait du pavement en pierre de taille et d'une cheminée) et, à gauche, la salle des mariages (à la place d'un salon) ; à l'étage, où se trouvaient des chambres, prendront place le bureau du maire, au-dessus du vestibule, ainsi qu'une salle pour les archives et une autre pour la bibliothèque.

Le corps de logis sera séparé des deux ailes de communs en détruisant leurs extrémités, de manière à faciliter l'accès au jardin en passant de chaque côté du bâtiment. L'aile ouest notamment est raccourcie, perdant une ancienne cuisine et salle à manger ; des toits et un hangar prolongeant l'aile orientale sont également démolis. A l'extrémité sud de l'aile ouest, dans une ancienne grange, on aménagera un garage pour la pompe à incendie, ouvrant sur la rue. Cette même aile comprendra aussi un logement de concierge avec deux pièces, une souillarde et une buanderie conservée. L'aile orientale, qui pourra être louée à un particulier, sera quant à elle constituée comme avant, du sud au nord, d'un logement pour fermier, avec une pièce au rez-de-chaussée et deux à l'étage, puis une écurie et un abri pour le corbillard. Pour fermer la cour au sud, le long de la rue, on construira un muret en pierre de taille des Charentes, surmonté de la grille en ferronnerie remployée de l'ancienne mairie, avec un portail et une porte piétonne. Enfin, Abel Filuzeau se penche sur l'aménagement du parc, également concerné par le legs Prouzeau. Il présente plusieurs propositions : à un parc à la française avec allées rectilignes et kiosque à musique, on préfère un jardin à l'anglaise, traversé d'allées sinueuses. Tous ces travaux sont adjugés le 9 juin 1895 (en même temps que les travaux d'agrandissement du marché couvert) à Célestin Largeteau, entrepreneur à Fontenay-le-Comte.

Les locaux sont réaménagés dans les années 1960. A l'étage, on aménage une bibliothèque municipale à partir du don de la bibliothèque de Clémentine Feillet, effectué par sa soeur, Emilie Feillet, veuve d'Oscar Mallard, et approuvé par le conseil municipal du 31 octobre 1964. Cette bibliothèque sera ensuite transférée au rez-de-chaussée, dans la salle à gauche du vestibule (ancienne salle des mariages). En 1998, le secrétariat de mairie est également déplacé au rez-de-chaussée (à droite du vestibule), et une nouvelle salle de réunions est créée dans l'aile est. L'ancien logement à l'extrémité sud de l'aile orientale, est réaménagé en cabinet médical en 2011. Un projet de restauration et de réaménagement de la mairie est en cours en 2020-2021, mené par le cabinet d'architecture Frênesis, de Maillezais.

La mairie est située dans la partie sud-est du bourg, un peu à l'écart du reste du centre administratif et économique du bourg. Etablie dans les murs d'une ancienne demeure, elle en a réutilisé les différentes composantes (un logis et des communs), réparties sur les trois côtés d'une grande cour végétalisée. Celle-ci est délimitée sur la rue par un muret avec grille, interrompu par un portail à piliers maçonnés et, à gauche, par une porte piétonne. Derrière la mairie s'étend un grand parc arboré.

Les services de la mairie eux-mêmes se trouvent dans l'ancien logis, en fond de cour. Couvert d'un toit à croupes, que souligne une corniche, le bâtiment comprend un étage et un grenier. Il présente en façade, côté cour comme côté parc, trois travées d'ouvertures, réparties symétriquement autour de la porte centrale. Côté cour, chaque travée se termine par une fenêtre passante avec linteau en arc segmentaire avec clé saillante, sous un fronton triangulaire. La baie passante centrale, aveugle, présente un arc en plein cintre au-dessus d'un cartouche sur lequel est inscrit "Mairie". A l'intérieur, la porte centrale ouvre sur un vestibule avec cage d'escalier, de part et d'autre duquel se situent les pièces (une de chaque côté à chaque niveau). Au-dessus de la porte centrale, une plaque en marbre noir rappel le "Don fait par Monsieur Armand Prouzeau décédé à Vix le 9 mai 1893".

L'aile nord-ouest des communs est un bâtiment en simple rez-de-chaussée au plus près de la rue (ancien logement du garde-champêtre et garage), avec grenier en s'approchant du logis. Le toit est souligné par une corniche. Le mur pignon sud ouvre sur la rue par une baie, un oculus dont l'encadrement est en brique et en pierre, et une large porte charretière de garage (ancien garage du corbillard). A l'extrémité nord de cette aile, une pièce abrite encore une cheminée dont le linteau est orné de glyphes, ainsi qu'un potager en pierre de taille. L'aile sud-est des communs comprend une partie en rez-de-chaussée, transformée en salle de réunions, et une partie à un étage, ancien logement de fonction. Corniche du toit et appuis saillants des baies sont là aussi les seuls éléments de décor.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée, 3 E 38/H. 1836, 10 au 24 mai : inventaire après décès des biens mobiliers de Nicolas Prouzeau ; 1837, 16 mars : partage des biens de Nicolas-Augustin Prouzeau, à Vix, devant Baudry, notaire à Fontenay-le-Comte.

  • Archives départementales de la Vendée, 3 E 63/67. 1828, 23 juillet : inventaire après décès des biens de Louise-Anne Guérin épouse Prouzeau, à Vix.

  • Archives départementales de la Vendée, 1 O 812. 1833-1897 : édifices religieux et publics de Vix (église, presbytère, mairie, cimetière, écoles), aménagements et travaux.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 3392 à 3401, 3725 (complétés par les registres conservés en mairie). 1837-1971 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Vix.

  • Archives municipales de Vix. 1 M 3 à 8. 1894-2011 : aménagement de la mairie de Vix, travaux d'entretien et de réaménagement.

  • Archives municipales, Vix. 1 N 2 à 10. 1803-1990 : actes notariés concernant des biens communaux à Vix.

  • Collection particulière. Commune de Vix, six années d'administration, 1965-1971, 28 p.

    p. 10, 12

Documents figurés

  • Plan cadastral de Vix, 1836. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 303).

Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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