La carrière de la Maumenière (ou Monmenière) n'a laissé que peu de traces dans la documentation archivistique, mais semble avoir été exploitée dès le Moyen Âge, sans que l'on puisse donner plus de précision. Les textes des historiens et érudits qui ont abordé l'histoire de la commune de Montsoreau y voient, notamment du fait de l'ampleur des excavations, une carrière en usage depuis le Moyen Âge central, et répètent, comme le font aussi les textes produits au XIXe siècle par l'administration communale, que c'est assurément ici qu'ont été extraits les blocs qui ont servi à l'édification du premier château de Montsoreau, aux Xe-XIe siècles. Si l'on ne peut ni confirmer cette datation ancienne, ni l'infirmer, on peut noter la présence de divers éléments architecturaux probablement du XVe siècle encore visibles qui permettent de penser qu'à cette date le site est donc déjà exploité.
Le tuffeau qui en est extrait est très apprécié et sa réputation lui vaut d'être cité comme qualité de référence dans des marchés de construction et d'approvisionnement de pierre de taille. Des recherches historiques ont ainsi montré que la carrière la plus mentionnée dans les marchés de construction de retables des maîtres lavallois des XVIIe et XVIIIe siècles est celle de la Maumenière : en 1632, par exemple, on stipule que pour le maître-autel de Piré-sur-Seiches (Ille-et-Vilaine), Pierre Corbineau doit prendre son tuffeau « à la pierière de la Maumonnière, près Montsoreau, en Aniou ». Au-delà de la demande locale, on voit que ce tuffeau est ainsi commercialisé à une large échelle, notamment par le biais de la marine de Loire. On trouve ainsi mention de pierres de cette carrière dans les marchés de construction du château de Serrant (1671), de l'église Saint-Vincent du Mans (1686), de Notre-Dame des Ardilliers (1690), etc. L'expansion urbaine des XVIIIe et XIXe siècles fut aussi un vaste débouché pour ces blocs de tuffeau extraits à Montsoreau. En 1801, dans une pétition aux services préfectoraux en charge de la navigation de Loire, les carriers dénoncent le mauvais entretien des abord du port de Montsoreau, préjudiciable au chargement sur bateaux de leur tuffeau, et estiment d'ailleurs de la Maumenière que « c'est une manufacture que ces carrières puisqu'elle fournit Saumur, Angers, Nantes, mesme les collonies françaises et autres endroits, par la beauté de ses pierres ».
Les amples effondrements ou fondis que l'on trouve en tête de carrière figurent déjà sur le cadastre de 1813 et il semble qu'une partie importante de la carrière ait déjà été exploitée avant la fin de l'Ancien Régime. Le volume de pierre extrait de cette carrière tout au long de son activité fut considérable, au point qu'en 1896 elle apparut à l'ingénieur du service des Mines qui en fit la visite comme l'une des plus grandes du Maine-et-Loire.
L'exploitation est mieux connue pour le XIXe siècle. La carrière apparaît alors comme relevant d'un statut communal, à la manière de ce que sont les communaux dans le registre des pratiques rurales collectives : elle ne relève pas d'une propriété privée, mais peut être exploitée par tout Montsorélien. Un tel statut est rare en ce qui concerne les carrières et semble plaider pour une origine très ancienne de l'extraction du tuffeau en ces lieux. Du fait de ce statut, de nombreuses familles travaillaient donc à l'extraction du tuffeau de la Maumenière au XIXe siècle, période mieux documentée, soit comme activité principale, soit pour en tirer des revenus complémentaires.
En 1840, à la suite d'un affaissement de terrain, des pétitionnaires, pour l'essentiel issus de communes voisines, mais propriétaires de parcelles situées sur le coteau, se plaignirent d'une extraction qu'ils estimaient être devenue irresponsable à la Maumenière. Cette plainte est portée par le conseiller général Allain-Targé jusqu'à la Préfecture. Une correspondance s'ensuivit entre les autorités préfectorales, le Maire de Montsoreau et les auteurs de la plainte. Ces textes permettent de mieux connaître le fonctionnement de la carrière. Sous la plume des plaignants, l'exploitation de la carrière semble très anarchique : le dédale des galeries n'est pas cartographié, les carriers ne savent pas où se trouvent les fronts de taille par rapport à la surface. Pire, il semblerait que certains Montsoréliens, carriers occasionnels, ne se rendraient pas au fond des veines pour leurs extractions ponctuelles, mais, par commodité, resteraient au plus près de l'entrée de la carrière, entaillant des piliers laissés comme supports des voûtes de tuffeau au risque de les voir s'effondrer. Le maire de Montsoreau, qui refuse toute interdiction d'exploitation à la Maumenière, dont il craint les répercussions sociales, rejette ces accusations, mais son argumentaire trahit cependant l'absence de tout contrôle sur l'extraction. Le fonctionnement de cette carrière est également détaillé puisqu'il est dit qu'en l'absence d'un propriétaire de la carrière, l'exploitation en est assurée par huit charretiers, qui achètent leur production aux ouvriers carriers. Ils récupèrent ainsi les blocs extraits dans les entrailles mêmes de la carrière pour les transporter vers leurs aires de stockage. Les documents figurés, plans et vues anciennes, montrent ainsi les bords de Loire rmontsoréliens envahis de ces dépôts lapidaires. Ces charretiers sont également marchands de pierre et ils en assurent la diffusion par le biais des mariniers de Loire avec lesquels ils organisent la commercialisation de la production. Les « maîtres-carriers » du tuffeau à la Maumenière sont donc des familles de transporteurs, comme les David, Vaucelle, Desveaux, etc., qui purent aussi, par ailleurs, exploiter en propre d'autres sites.
On note, également, que la carrière de la Maumenière est, en 1840, le plus important pourvoyeur d'emplois à l'échelle de la commune. Elle nourrirait en effet directement entre le tiers et la moitié de la population à travers l'activité de 70 à 80 carriers, que le maire présente comme formant la catégorie sociale la plus défavorisée de Montsoreau.
Une injonction préfectorale ordonne pourtant l'arrêt de l'exploitation et les carriers font appel de cette décision auprès du Ministre des Travaux publics au printemps 1841.
C'est peut-être à la suite du non règlement de cette plainte que la Maumenière est omise dans l'enquête préfectorale de 1843 sur les carrières de l'arrondissement de Saumur. Toutefois, l'exploitation est de nouveau autorisée et la Maumenière figure toujours dans l'enquête de 1896. À cette date cependant, un rapport du service départemental des Mines, témoigne de ce qu'au fil de la seconde moitié du XIXe siècle, l'extraction de tuffeau y a connu un net déclin. La carrière semble dès lors en fin d'activité et il ne reste plus à la Maumenière qu'un seul exploitant, M. Prieur, qui travaille avec 3 ouvriers sur 4 à 5 chantiers concentrés dans un même secteur. Le dédale des galeries est alors tel que « [...] faute de plan et vu la grande longueur de la carrière, le sieur Prieur ne peut même pas savoir sous quelles parcelles du terrain situé au-dessus il se trouve [...] ». Dans ce même rapport, l'extension des surfaces excavées est estimée à 1,8km voire 2km de large par autant de long sous le coteau, ce qui semble exagéré. La documentation cartographique fait en effet totalement défaut pour cette carrière, le coût d'un relevé d'une telle ampleur ayant toujours empêché sa réalisation.
C'est d'ailleurs ce gigantisme plus que l'épuisement de la roche qui dut conduire à la fin de son exploitation, au début du XXe siècle : difficile à surveiller pour l'administration et nécessitant pour les carriers un charroi de pierre sur de très longues distances souterraines, dans des conditions de sécurité aléatoires, l'extraction devient plus pénible que réellement rentable à une époque où brique et béton s'imposent dans l'architecture et réduisent la demande de tuffeau.
Par mesure de sécurité, les départs de galerie furent progressivement obturés à la suite de cet arrêt d'exploitation.
À mesure de l'enfoncement de l'exploitation souterraine furent aménagés, en tête de carrière, voire un peu plus avant dans les galeries lorsque des gouffres d'effondrement ou fontis procurent de la lumière, des abris troglodytiques ou des maisons sous roche, demeures et dépendances dont les plus anciennes identifiées pourraient être médiévales.
Avec le déclin de l'activité d'extraction, les galeries plus profondes furent aussi investies, en particulier dès le début du XXe siècle pour l'activité de champignonnistes, que deux entreprises pratiquent encore au Saut-aux-Loups. Plus récemment, des formes de mise en valeur commerciale de ces carrières sont apparues : restauration et accueil touristique, sur le site de la champignonnière du Saut-aux-Loups, mais aussi un négoce de vin, chemin dit des Caves.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.