Dossier d’œuvre architecture IA85002381 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Canal du Sablon
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Vix
  • Cadastre 1836 K  ; 2019 ZB

Le canal du Sablon fait partie des ouvrages réalisés sous la Restauration et la monarchie de Juillet pour redresser les vieux méandres de la Sèvre Niortaise et ainsi faciliter l'écoulement de l'eau et la navigation. Son creusement fait partie des travaux déjà proposés par l'ingénieur Mesnager en 1818, entérinés par décision ministérielle du 15 juillet 1822, et repris par l'ordonnance royale du 24 août 1833. Le chantier, retardé par les réclamations de propriétaires de terrains expropriés au sujet du montant des indemnités, commence après l'adjudication des travaux, le 27 mai 1835, à Jean-Antoine Genet, entrepreneur rue de la Glacière, à La Rochelle, pour 13 406,59 francs. L'opération commence à l'été suivante et est achevée en 1837.

Comme le montre le plan du projet de canal, établi par l'ingénieur ordinaire A. Garnier le 6 mars 1835, puis le plan cadastral de Vix établi en 1836, le canal vient transpercer les anciens marais mouillés et leurs petites parcelles, interrompre des cours d'eau (comme le canal de la Thou, qui serpentait sur sa rive gauche), et créer une nouvelle île, Charouin, comprise entre lui et la Vieille Sèvre qui continue à s'écouler au sud. Initialement, le canal présente une largeur de 8 mètres. Il est encadré de banquettes d'1,50 mètre de haut au-dessus du niveau du terrain environnant, formées à l'aide de la terre excavée du canal, et destinées à recevoir des chemins de halage.

Ainsi bien plus étroit qu'aujourd'hui, le canal a été élargi à plusieurs reprises au cours des 19e et 20e siècles, prenant de l'espace sur sa rive droite. Le premier élargissement, accompagné d'un approfondissement, intervient dès 1854 lorsque la diminution générale du niveau des eaux dans les marais, permise par tous les travaux effectués depuis une vingtaine d'années, devient trop importante et ravive des conflits d'intérêts entre bateliers et agriculteurs. Les violentes inondations de 1859 poussent à de nouveaux travaux dans les marais. Menés par l'ingénieur en chef Evrard, ils concernent en 1861 le canal du Sablon, de nouveau élargi sur sa rive droite. On en profite pour construire à la tête amont du canal un barrage destiné à former en amont une retenue d'eau pour permettre le dévasement de la Vieille Sèvre à l'aide de bacs à râteaux. Large de 14 mètres, ce barrage est composé de trois pertuis : dont celui du milieu est utilisé pour le passage des bateaux. Mais ce passage est souvent délicat, surtout en période de crue et, dès 1870, ce sont les trois pertuis qui sont ouverts aux bateaux. Le barrage est finalement supprimé en 1886.

Autre sujet de discussion entre bateliers et autorités : la continuité du chemin de halage qui, depuis la Croix des Maries, contrairement à aujourd'hui, emprunte non pas la rive droite mais la rive gauche de la Sèvre et qui, par conséquent, doit franchir la Vieille Sèvre en amont comme en aval du canal du Sablon. Des bateaux va-et-vient à chaîne permettent aux haleurs d'effectuer la traversée mais celle-ci est plus complexe pour les chevaux de halage. En 1892, on projette donc de construire deux passerelles, une en amont du canal, l'autre en aval, à l'image de celles qui existent déjà de part et d'autre du canal de Pomère (passerelles de la Choletière et de Rouillebouc). Le coût de l'opération, estimé à 26 000 francs, étant trop élevé, le projet est abandonné. De nouveau évoqué en 1909, on y renonce tant pour des questions de coût que parce que le halage par chevaux est alors en déclin. Jusque dans l'entre-deux-guerres, les haleurs continueront à emprunter les bateaux va-et-vient (la rampe d'accès au bateau d'aval est encore visible de nos jours sur la rive gauche de la Vieille Sèvre, face à Drapelle).

Un troisième élargissement du canal a lieu en 1902-1904 dans le cadre d'un énième programme d'amélioration de la Sèvre Niortaise, présenté dès 1894 mais approuvé en 1901 seulement. Ce chantier est l'occasion pour Jean Guéret, huttier à Vix, d'ouvrir un débit de boisson dans sa hutte sur la Grande levée de Vix, où il loge des ouvriers employés au canal. Un nouvel élargissement a lieu en 1923. Les derniers vestiges des culées de l'ancien barrage de tête amont du canal sont alors démolis.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1836, daté par source

Long de 1424 mètres et large de 15, le canal du Sablon prend naissance à la pointe qu'il forme avec la Vieille Sèvre, appelée "pointe à Chabot" (du nom de la famille qui habitait là au 20e siècle), à l'extrémité nord-est de l'île de Charouin, et rejoint la Vieille Sèvre à l'ouest à la pointe des Marais Mion, près de Drapelle. Il est longé sur sa rive droite par un chemin de halage. Un autre chemin se trouvait sur sa rive gauche ; disparu, son souvenir demeure par une ancienne passerelle. Pour accéder à l'île de Charouin, un pont franchit le canal un peu après la moitié de sa longueur.

  • Murs
    • terre
  • Couvrements
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives Nationales. F14 6780. 1854, 25 novembre : projet d'approfondissement et d'élargissement du canal de la Toue, dit de Sablon, sur une longueur de 1403,50, par l'ingénieur en chef Maire.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 S 54. 1859-1860 : élargissement du canal du Sablon, approfondissement de la Sèvre Niortaise entre Bazouin et Marans.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 S 331. 1835-1838 : ouverture du canal de redressement du Sablon, à Vix.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 S 517. 1894-1909 : projet de construction de deux passerelles de halage aux extrémités du canal du Sablon.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 S 673. 1854 : construction de quatre chalands dits ba-et-vient destinés aux quatre bras de la Sèvre Niortaise, au Sablon et à Pomère.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 S 774. 1892-1938 : projet de construction de deux passerelles de halage aux extrémités du canal du Sablon, ; creusement d'un fossé de dessèchement dans le contour de Charrouin.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres, 3 S 1154. 1923 : élargissement du canal du Sablon, à Vix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 3392 à 3401, 3725 (complétés par les registres conservés en mairie). 1837-1971 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Vix.

Bibliographie

  • PETTIT et MARTIN, Marais du bassin de la Sèvre Niortaise. Améliorations agricoles obtenus dans le siècle dans la vallée de la Sèvre entre Niort et Marans, 1900.

    p. 17
  • SUIRE, Yannis. L'histoire de l'environnement dans le Marais poitevin, seconde moitié du XVIe siècle - début du XXe siècle. Thèse d'Ecole nationale des Chartes, 2002.

    p. 888, 894-895, 898, 1084

Documents figurés

  • Archives Nationales. F14 4838. 1900, 20 mars : plans du projet d'amélioration du régime de la Sèvre Niortaise entre Coulon et Marans, dressé par l'ingénieur ordinaire Martin.

  • Plan cadastral de Vix, 1836. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 303).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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