Cet ancien café est placé au bord de ce qui constituait jusqu'en 1978 la route départementale D 938 ter, avant qu'elle ne soit détournée par le nord et l'est. Jusqu'au 19e siècle, le chemin de Fontenay, venant de Velluire, arrivait à Vix par la chaussée du Bot, "fort mauvaise l'hiver", selon Claude Masse en 1720, puis montait la butte de la Chaignée par l'actuelle rue de la Chaignée, avant de poursuivre vers le bourg par Cassinelle. Le nouvel itinéraire, contournant la butte de la Chaignée par le nord (actuelle rue des Diligences), a dû être créé lorsque la route départementale a été construite, en 1835.
A cette époque, comme le montre le plan cadastral de 1836, il n'existe ici aucune construction mais, en contrebas, une mare qui dépend de la métairie de la Chaignée, située au sommet de la butte. En 1840, selon le cadastre, son propriétaire, Marie Joseph Brunetière, avocat à Fontenay-le-Comte, fait construire là un premier bâtiment.
Le recensement de 1906 est le premier à mentionner à la Chaignée un café tenu par Emile Proteau et son épouse, Anne-Marie Burlot (lorsqu'ils se sont mariés, en 1883, Emile Proteau était maçon). La partie droite des bâtiments actuels, au sud, pourrait remonter à cette période. Emile Proteau meurt peu après et, au recensement de 1911, c'est désormais Louis Raison (1884-1954), né à Saint-Hilaire-la-Palud, qui tient le café avec son épouse, Joséphine Fabarez (1886-1956), originaire de L'Île-d'Elle.
L'établissement est reconstruit en 1912, selon le cadastre (tout en conservant sans doute la partie sud, qui semble plus ancienne), pour le compte de la veuve Proteau qui en transmet la propriété à Louis Raison en 1921. Le café Raison est tenu pendant l'entre-deux-guerres par ce dernier avec son fils Marcel, tous deux qualifiés de limonadiers aux recensements de 1931 et 1936. En 1926, Louis Raison est autorisé à installer une pompe à essence devant son café, pour servir les automobiles qui, de plus en plus nombreuses, passent sur ce qui est encore la route départementale. Marcel Raison meurt prématurément, quelques semaines avant son père, en 1954. Le café continue ses activités jusqu'en juillet 1985, date à laquelle il est détruit par un incendie.