Dossier d’œuvre architecture IA72058943 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Auberge de l'Écu de Bretagne, puis maison de charité, école libre de filles, 10 Grande-Rue
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - La Ferté-Bernard
  • Commune Tuffé Val de la Chéronne
  • Adresse 10 Grande-Rue
  • Cadastre 1831 D2 260  ; 2019 AD 16
  • Dénominations
    auberge, école
  • Genre
    de filles
  • Précision dénomination
    école libre
  • Appellations
    l'Écu de Bretagne
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, portail, logement, buanderie, bûcher, mur de clôture

Cette demeure, parmi les plus anciennes du bourg de Tuffé, remonte à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, comme en attestent la charpente à chevrons formant fermes et les piédroits d’une ancienne cheminée à l’étage, avec consoles pyramidales moulurées. La porte principale date du XVIIIe siècle, comme en témoignent les moulures chantournées. C’est peut-être également le cas de l’escalier. Le bâtiment principal figure sur le plan terrier du prieuré de Tuffé, dressé entre 1757 et 1759, sous l’appellation l’Écu de Bretagne (ou le Plat, rayé), propriété de la veuve Couronne. Il s’agit donc d’une ancienne auberge. Le plan et les déclarations qui l’accompagnent mentionnent déjà un porche sur la droite, ainsi que divers édicules dans la cour, chambres servant de cellier et de grange, écurie, toit à porcs, puits, four et fournil, aujourd’hui disparus. En 1793, la famille Couronne vend la demeure à un certain Bigot. Un changement d’enseigne est opéré puisque l’auberge prend temporairement le nom, au début du XIXe siècle, de Plat d’Étain.

En 1839, le marquis de Razilly, châtelain de Chéronne, achète le Plat d’Étain à Jacques Bigot. L’acte de vente précise : "un principal corps de bâtiment construit en gros murs à chaux et sable […] distribué au rez-de-chaussée de deux principales chambres à feu, d’un corridor, au fond duquel se trouve un escalier pour desservir le premier, et à l’étage de trois appartements dont deux à feu, plancher et plafond en terrasse sur le tout, comble en tuile et bardeau et le tout sous le même faîte, cour et issue au derrière de ce corps de bâtiment, et à l’un des bouts vers nord, portail d’entrée". Les bâtiments dans la cour, principalement en pan-de-bois et bardeau, correspondent à deux chambres à feu, un four, un toit à porcs, bûcher, "boutique à faire toile" et cave voûtée. Il semble donc que peu de transformations aient été réalisées depuis le XVIIIe siècle, ce que confirme le cadastre napoléonien de 1831 dont les dispositions sont similaires à celles du plan terrier. Mourant, le comte de Razilly a décidé de léguer l’ensemble à la commune par testament, "à la charge pour elle d’en faire un établissement de sœurs de Charité d’Évron, condition essentielle". Le legs est accompagné d’une somme de 2000 F pour l’achat de meubles et d’une rente semestrielle de 1000 F, pour lesquelles le marquis hypothèque sa terre de Razilly près de Chinon.

En 1842, la municipalité est autorisée par ordonnance royale à accepter la maison pour en faire un établissement de charité et procède à une remise en état complète, suite aux devis proposés par l’agent voyer cantonal de Bonnétable, Levillain. Les travaux, réalisés par les entrepreneurs Louis Pognant et Julien Rousseau, comprennent le remplacement des portes, fenêtres, placards et cheminées, la création d’un four et d’un potager à carreaux de faïence, éléments encore visibles aujourd’hui. La couverture (l’ardoise remplace la tuile et le bardeau), les enduits et le porche sont également refaits et un clocheton vient coiffer la toiture. Les sœurs de la Charité d’Évron tenant une école libre communale pour les filles en plus de secourir les pauvres et les malades, deux classes sont aménagées dans un bâtiment en fond de cour. Devenu insalubre, il est remplacé par une construction neuve en 1892, grâce à une donation de la supérieure Gautier, comme le rappelle la plaque en marbre placée au-dessus de la porte. A une date inconnue, peut-être dans les années 1860, la maison actuellement 12 Grande est annexée à l'école pour l'agrandir.

En 1907, suite à la séparation de l’Église et de l’État, la municipalité fonde une école communale de filles près de la gare, tandis que les sœurs quittent Tuffé et que l’école libre est fermée. L’année suivante, le tribunal de Mamers prononce la révocation du legs de 1839 suite à la demande des héritiers Razilly, les conditions n’étant plus respectées. Un peu plus tard, les sœurs d’Évron reviennent s’y installer. Au cours du XXe siècle, elles tiennent un hospice au n°10 et l'école privée au n°12, laquelle sera agrandie dans les années 1980 puis fermée vers 2000. Une petite salle de théâtre dite salle Jeanne d'Arc est construite dans la cour, puis détruite vers 1970. Redevenue communale, l’ancienne maison de charité connaît diverses affectations. La façade arrière du bâtiment principal et les dépendances sont très remaniées et un garage est construit au cours de la 2e moitié du XXe siècle.

Le bâtiment principal, aligné sur la rue et orienté à l’est, présente trois travées, des fenêtres à encadrement en bois à l’étage, ainsi qu’une corniche simple en bois. La porte, au centre, présente des moulurations chantournées, un judas et une grande imposte. La haute toiture d’ardoise est sommée d’un petit toit conique abritant une cloche, surmonté d’une croix. La façade arrière a été très remaniée, mais présente toujours un linteau de porte en arc segmentaire délardé. L’intérieur est divisé par un couloir central desservant un escalier rustique en bois rampe-sur-rampe, sans décor. Le rez-de-chaussée a conservé ses portes de placard, son potager avec décor de carreaux de faïence, ses petites cheminées simples : ces dernières ont pris la place d'autres beaucoup plus imposantes, comme en témoignent les grandes trémies du plafond. A l’étage se trouvent les vestiges d’une de ces cheminées médiévales, à piédroits très fins et à corbeaux en forme de pyramide renversée aplatie surmontée d’une moulure. Le comble, qui était coupé en deux par une cloison en pan-de-bois dont il ne reste que l’armature, présente une charpente à chevrons formant fermes.

La cour, accessible par un portail couvert, est bordée de petites constructions (anciens communs, buanderie, bûcher, remise) et d’un grand bâtiment correspondant aux anciennes classes. Couvert d’un toit à longs pans et à croupes sommé d’épis de faîtage, il présente des ouvertures en arc segmentaire à encadrement en pierre de taille, une porte centrale pourvue d’une agrafe et une corniche simple. Un escalier donne accès à une cave voûtée située sous ce bâtiment.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours en charpente
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; non classé. 1793-1915 : délibérations du conseil municipal de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 E 35/246. 1839 : vente du Plat d’Étain de Tuffé au marquis de Razilly.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H 209. 1757-1759 : domaines du prieuré de Tuffé, rénovation du terrier de la baronnie.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 607. Collection Paul Cordonnier, commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 O 372/9. 1839-1888 : maison de charité et école libre de filles de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 O 435. 1840-1909 : dons et legs à la commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 370. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Tuffé.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîtes 1497 à 1500. Papiers concernant la paroisse de Tuffé.

Bibliographie

  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1629

Documents figurés

  • 1945 : photographie de la maison de charité de Tuffé. (Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 607).

  • 1840 : plans de l'école libre de filles de Tuffé. (Archives départementales de la Sarthe ; 4 O 435).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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