La chapelle Saint-Trèche située sur un coteau, dominant l'Ernée, aurait été construite à l'emplacement d'un monastère fondé au VIIe siècle par le saint. Le lieu de culte reconstruit au Moyen Age et à l'époque moderne fut entièrement restauré à la fin du XIXe siècle. Il deviendra par la volonté d'un homme, Benjamin Helbert, curé de Saint-Jean-sur-Mayenne de 1906 à 1934, un sanctuaire dédié aux "héros de la guerre". Ses murs sont toujours couverts de cent cinquante plaques en leur mémoire.
Au début du XXe siècle, la chapelle dominait une réplique de la grotte de Lourdes surmontée d'une basilique en miniature, avec autel et chaire pour la prédication. La fréquentation de ce lieu de pèlerinage progressa pendant de la Grande Guerre. Les dons y affluèrent et le prêtre conçut alors de le transformer en chapelle commémorative. Les plaques et les ex-voto apportés par les soldats, les familles, les pèlerins mais aussi par les militaires qui étaient en cantonnement à Saint-Jean où à l'ambulance furent d'abord mis dans la grotte aux pieds de la Vierge. A partir de l'année 1916, ils commencèrent à être fixés sur les murs de la chapelle. Le 14 mai 1916 : " une vieille statue de la Vierge est placée à la chapelle Saint-Trèche". Cette Vierge installée dans une niche au-dessus de l'autel deviendra Notre-Dame de Consolation, vocable que prendra alors la chapelle. La volonté de faire du sanctuaire marial un mémorial de la guerre prit alors forme, le curé y mit beaucoup d'énergie et de zèle. D'ailleurs à partir de cette date, le pèlerinage à la grotte se poursuivit avec une halte à la chapelle Notre-Dame de Consolation. Une messe fut dite chaque mois pour les soldats défunts. Des dons pour des plaques en mémoire de soldats morts arrivèrent régulièrement. En août 1917, ce sont celles de" A. Cordier de Paris, E. Hériau et A. Bignon de la Chapelle au Riboul, Gabriel Acqueberge, de la paroisse, Georges Bigot de Louverné et son ami Emile Bibron".
En juin 1917, un nouvel autel fut érigé dans la chapelle appelée désormais "chapelle commémorative des glorieuses victimes de la Grande Guerre" et ses murs "les pages du livre d'or". Les pèlerins y vinrent de Laval et des environs, mais aussi de plus loin comme Craon ou Le Mans. Le curé arriva même à faire stopper suffisamment longtemps les trains qui se rendaient à Pontmain pour que les pèlerins puissent aller à la grotte et à la chapelle.Dans la chapelle, les plaques furent d'abord posées sur les murs latéraux, puis dans le chœur et en dernier lieu sur le mur occidental, au revers de la façade. Le 3 février 1918, le curé rapporte : Des travaux d'ornementation viennent d'être exécutés à la chapelle. Le dernier rang de marbre touche à sa fin, bientôt on pourra placer la frise à la naissance de la voûte. Dans le chœur de grands panneaux achèvent la décoration, ils sont ornés celui-ci de la croix d'honneur et de la palme, celui là de la croix de guerre et de l'épée. Là c'est le nom de Dieu d'un commandant ici celui d'un colonel d'un lieutenant, à côté c'est un petit soldat plus humble mais qui n'en est pas moins un héros Félix Jauvrin, Jules Mousset, [..] notre livre d'or se continue hélas trop vite. Le 24 du même mois : Désireux de garder le souvenir de ses héros dans ce lieu où vécurent autrefois les premiers moines du pays le Révérendissime Père abbé de la Trappe offre à notre sanctuaire un panneau de marbre. Il sera placé dans le chœur de la chapelle en face de celui des religieux de l'Assomption que le TR Père Abbé reçoive nos remerciements pour l'honneur qu'il daigne nous faire. Le chemin de croix dont chaque station est en forme de croix de guerre fut débuté en septembre 1917 et là encore ce sont des soldats ou leurs familles qui firent des dons pour son acquisition. Les premières stations furent offertes par des officiers en souvenir des leurs camarades disparus. Ainsi en septembre 1917, le bulletin paroissial se fit l'écho d'un capitaine qui envoya du front l'offrande d'une station du chemin de croix. Le curé ne manqua pas de comparer ce chemin de croix à celui qu'est la guerre pour tous les soldats sur le front.
En mars 1919, il ne resta que le mur occidental à couvrir. Une fois le mémorial achevé, l'afflux de pèlerins continua à la chapelle pour des prières et des offrandes : bracelets, vases, croix de guerre, légion d'honneur et médailles militaires, mais aussi casques, épées, douilles d'obus, y furent apportés. Le pèlerinage perdura, avec plus ou moins de fréquentation, jusqu'au départ de l'abbé Helbert en 1934 (voir annexe 1). Les plaques collectives sont consacrées à la mémoire des dix-huit séminaristes mayennais tués pendant la guerre, aux cinq religieux cisterciens de la Trappe du port du salut d'Entrammes, aux seize prêtres mayennais, aux officiers du 122e régiment d'infanterie, aux francs archers de la Bonne Lorraine, aux directeurs et membres du patronage Saint-Vincent-de-Paul, aux religieux de la congrégation des Augustins de l'Assomption. La plupart de ces plaques sont placées au plus près de l'autel comme celles des militaires haut gradés. Les plaques individuelles, de plus petites dimensions, sont elles placées dans la courte nef. Elles rendent hommage à des soldats mayennais pour la majorité d'entre elles, mais aussi à des militaires originaires de toute la France : Nice, Paris, Quimper, Laon, etc. Après plusieurs restaurations au XXe siècle et une dernière en 2001, l'édifice est désormais peu entretenu. Les inscriptions sur les plaques tendent à s'effacer. Dans la partie inférieure des murs, la peinture a complément disparu et les inscriptions gravées sont devenues illisibles.
Photographe, Service Patrimoine, Région Pays de la Loire.