Dossier d’œuvre objet IM44008405 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Ensemble de 8 chapiteaux sur le pilier nord n° 3
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Guérande - Guérande
  • Commune Guérande
  • Adresse place Saint-Aubin
  • Emplacement dans l'édifice troisième support en partant de l'ouest de la file de supports nord de la nef centrale
  • Dénominations
    chapiteau
  • Titres
    • Ensemble de 8 chapiteaux sur le pilier nord n° 3
  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle

La file nord de supports de la nef centrale de la collégiale Saint-Aubin de Guérande présente une alternance de colonnes et de piliers. Le pilier fasciculé ouest, troisième support de la file en partant de l'ouest, comporte quatre colonnes, disposées sur les axes cardinaux, et quatre colonnettes placées sur les diagonales.

Colonne ouest, scène 3A : Lapidation de saint Étienne (26 décembre)

Tirée du récit des Actes des apôtres [VII, 60], cette scène voit Étienne fléchir les genoux et dire : Seigneur, ne leur impute pas ce péché. La longue cotte d'Étienne développe de longues manches serrées depuis le coude. Retroussées sur le poignet et incisées comme celles du bourreau de droite, elles dégagent ses imposantes mains jointes en prière. Son visage s'avère l'un des plus réussis de l'ensemble de la collégiale. Avec les cheveux courts et l'œil simplement ciselé en amande, sa moustache et sa barbe dissimulent les traits épais des larges lèvres sous un nez conséquent. Le saint apparaît suspendu en l'air, comme dans une gloire formée par les pierres qui lui sont jetées. Les deux lapidateurs, symétriques et vêtus d'une cotte courte épousent la courbe latérale du chapiteau. Dans un mouvement appuyé par un déhanchement très dynamique, un bras en arrière, ils tendent ostensiblement une main tenant une pierre vers la tête d'Étienne.

Colonnette sud-ouest, scène 3B : Travaux agricoles

Deux personnages travaillent aux champs. Celui de droite, glabre avec les cheveux courts, brandit de sa main droite une faucille avec laquelle il coupe une gerbe de céréales qu'il rassemble et maintient devant lui. A gauche, son compagnon, vêtu d'un bliaud au-dessus d'une cotte, semble plus âgé du fait de sa barbe et de ses cheveux longs. Dans un geste improbable, la jambe arrière pliée et celle de devant allongée, il utilise, bras tendus, un fléau dont un seul manche apparaît ; les deux courroies souples en plein mouvement battent violemment ce qui devait vraisemblablement être le blé récolté. Dans l'habituelle figuration des mois, la moisson symbolise le mois de juillet et le fléau représente le mois d'août. Le numéro 14 inscrit en blanc au cœur de la scène doit certainement son origine aux campagnes de démontage et remontage de la seconde moitié du 19ème siècle.

Colonne sud, scène 3C : Martyre de l'apôtre Simon (18 février)

Deux scieurs de long, l'un tirant, l'autre poussant, tous deux vêtus d'une longue cotte fendue, actionnent avec un dynamisme accentué par la courbe du chapiteau une longue scie sur le ventre d'un homme supplicié ; le corps de ce dernier, attaché aux pieds, à l'abdomen et aux mains, épouse parfaitement le contour de la roue verticale à laquelle il est lié. Une réalisation très similaire apparaît dans l'église de Merlévénez (Morbihan). D'après les textes du pseudo Abdias ou de Jacques de Voragine, il s'agirait du supplice de Simon intervenu en Perse. Un jeu de mots rapproche l'instrument de son martyre et la première syllabe de son nom. Découpé en long ou en travers, cet épisode permet également d'évoquer la double nature de l'homme. Notons que cette scène figure dans l'église ainsi que sur le portail sud-est (montant ouest) de l'église de Merlévénez (Morbihan).

Colonnette sud-est, scène 3D : Monstre grimaçant, tête androphage

Les deux mains disparues du petit monstre diabolique, assis et grimaçant, écartaient certainement sa bouche pour accentuer sa mimique. A droite, comme à Perros-Guirec ou plus particulièrement à Merlévénez [Morbihan], une grosse tête hirsute ou couronnée dévore ou vomit un humain dont on n'aperçoit que les deux jambes.

Colonne est, scène 3E : Combat entre un chevalier et un centaure

Un chevalier, cheveux et bliaud au vent, pied à l'étrier, monte un cheval parfaitement harnaché. Le visage vers l'arrière, il présente des mains très développées : l'une appuie sur le pommeau de son épée accrochée à sa taille, et l'autre montre de l'index, le bras tendu devant lui, le chemin à suivre. Il poursuit un centaure ou sagittaire qui, se retournant vers son adversaire, bande son arc et s'apprête à lui décocher une flèche.

Cette scène revêt plusieurs oppositions. Outre le dualisme esthétique entre la tête horrible du centaure et l'élégance et la jeunesse du cavalier, il faut noter la différence de genre entre un homme qui dompte un cheval et un être hybride mi-homme mi-équidé. Le centaure est l'image frappante de la double nature de l'homme, bestiale et divine ; symbolisant la concupiscence charnelle et l'instinct sauvage, il pervertit l'homme qui doit combattre cette corruption par l'esprit et le contrôle de soi. Le doigt tendu du jeune homme indique cette quête, met en scène cette spiritualisation du combat inspiré par une cause morale supérieure. Par son épée et son cheval, l'homme incarne la caste des chevaliers et le combat noble par excellence, codifié dans l'honneur, alors que l'adversaire évite l'affrontement et décoche sournoisement une flèche, arme de trait réservée à la piétaille. Ayant valeur d'exemple, modèle qu'il expose à des spectateurs invisibles tout en cherchant à les rallier à lui, il lutte contre le vice et va, vertueux et l'épée dans son fourreau, jusqu'au sacrifice de sa personne pour la justesse de sa cause. Le parallèle avec une scène de l'église de Merlevenez [Morbihan] semble pertinent : un sagittaire tire une flèche (disparue) vers un pélican, image parfois utilisée pour représenter le Christ rédempteur, qui se détourne.

Colonnette nord-est, scène 3F : Deux sphinx affrontés et tête animale centrale

Deux sphinx, sur les côtés de la scène, développent un long cou portant une tête placée à l'angle supérieur de la composition, soit l'habituel emplacement de la volute des chapiteaux ioniques. Ces deux mêmes corps générent deux autres cous qui portent au centre une tête souriante d'un animal à oreilles pointues sur le sommet du crâne. Deux attaches, à moins qu'il ne s'agisse des mains de l'animal central, comme dans la scène 3H, lient les cous des sphinx avec celui de l'animal central.

Colonne nord, scène 3G : Monstre et deux animaux

La grosse tête de monstre, au milieu de la composition, présente une rangée de dents menaçantes ainsi que d'énormes yeux globuleux. Sous son couvre-chef, deux grandes oreilles laissent sortir deux mains qui tiennent, dans les angles supérieurs de la composition, deux têtes animales plus petites, la langue pendante, dont les corps sont avalés ou vomis par la gueule centrale.

Colonnette nord-ouest, scène 3H : Animal entre pélicans. Sur les côtés, deux pélicans, le bec fiché dans leur aile, se détournent d'un petit animal à oreilles pointues, assis sur un siège, les pattes avant reposant sur ses genoux. Au-dessus de sa tête, deux mains, qu'il n'est pas plus logique d'attribuer aux pélicans ailés qu'à l'animal dont on voit les membres supérieurs, soutiennent un bâton horizontal traversant par les oreilles la tête de l'animal central. Ce type de scène, qui figurait dans l'ancienne église de Saillé, reste difficile d'interprétation ; notons que le pélican se perçant le flanc est une des images parfois utilisée du Christ rédempteur. L'opposition avec l'animal central est ici manifeste. Une scène proche apparaît sur un chapiteau du côté sud de l'église de La Chaize-le-Vicomte en Vendée où figure un petit animal très semblable suspendu à un bâton entre deux musiciens.

  • Catégories
    sculpture
  • Matériaux
    • granite
  • Précision dimensions

    Dimensions non prises.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    liste de 1840 : classé au titre immeuble
  • Référence MH

Documents figurés

  • Développement d'un Chapiteau de Granit à St Aubin de Guérande. Signé : Stéphen Martin lith 1845 ; Lith : de Thierry Frères ; Gaucherel del. (TAYLOR, J., NODIER, Ch., DE CAILLEUX, A. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Paris, Firmin Didot frères impr., vol. 1, 1845, sans page).

    s.p.
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005
(c) Conseil général de Loire-Atlantique
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Articulation des dossiers