Dossier d’œuvre architecture IA85003010 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Moulin de la Petite Bernegoue, puis minoterie dite le Moulin Maret, actuellement site artisanal, route de Maillé, 9 Bois-Charrie
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Damvix
  • Lieu-dit le Moulin Maret
  • Adresse route de Maillé , 9 Bois-Charrie
  • Cadastre 1835 A 993, 994  ; 2022 ZD 121, 125, 126, 128, 130, 131, 342
  • Dénominations
    moulin, minoterie
  • Parties constituantes non étudiées
    logement patronal

Du moulin de la Bernegoue au moulin Maret

Il est probable que le moulin dépendait sous l'Ancien Régime de la petite seigneurie de la Bernegoue, mentionnée au XVIIe siècle et appartenant alors à la famille Picoron, avant d'être partagée entre la Grande et la Petite Bernegoue. Le "moulin de la Bernegoux" apparaît en 1720 sur la carte de la région dressée par l'ingénieur du roi Claude Masse. Sans doute était-il lié à la métairie de la Petite Bernegoue. Ce qui reste aujourd'hui du moulin a dû être construit en ce XVIIIe siècle, comme le laisse penser notamment la forme de la porte, à encadrement chanfreiné. Appelé "moulin de la Petite Bernegoue", le moulin figure ensuite sur le plan cadastral de 1835, avec son logement, le tout appartenant alors à Simon Boismoreau (1787-1852), meunier. Originaire de Saint-Jean-de-Liversay où son père était lui-même meunier, il s'est installé à Damvix lors de son mariage, en 1816, avec Marie-Anne Moineau (1788-1855). Issue d'une famille de notables de Damvix au XVIIIe siècle (elle est la fille d'Antoine Moineau, propriétaire, décédé en 1790, et de Marie-Anne Cardineau, remariée à Antoine Duvergier, chirurgien), c'est elle la propriétaire du moulin, comme en atteste sa déclaration de succession établie à sa mort, le 10 juillet 1855.

Le moulin passe ensuite à sa fille, Agathe Boismoreau qui épouse René Martin en 1856. Veuve, elle se remarie en 1860 avec un ancien employé de son père, Pierre Maret (1829-1885), originaire de Sainte-Christine (Benet) où son père est meunier, au moulin de Mouron. Ses trois frères sont également meuniers, à Sainte-Christine et dans les environs. Conservée à l'intérieur du moulin de la Petite Bernegoue, une plaque (du XXe siècle) porte l'inscription : "MOULIN-MARET / 1856". C'est à cette époque qu'est construit le premier bâtiment de la minoterie, dans le prolongement est du moulin.

Du moulin à la minoterie (1ère moitié du 20e siècle)

Après la mort en 1885 de Pierre Maret, qui fut un temps maire de Damvix, le moulin passe à son fils Diomène, marié en 1888 avec Félicie Mathé, institutrice à Damvix. Diomène fait surélever le moulin d'un étage pour installer une machine à nettoyer le blé, une nouvelle meule et une bluterie. Devenu asthmatique à cause de la poussière, Diomène fait appel en 1899, pour l'aider, à son cousin germain, Honoré Maret (1864-1937), jusque là scieur de long à Sainte-Christine. Finalement, le fils unique de Diomène, Mandé, étant mort à la guerre de 1914-1918, c'est Honoré qui reprend la minoterie. Le cadastre mentionne l'installation d'une machine à vapeur dès 1915.

Fils d'Honoré Maret, Ernest Maret (1901-1993), époux de Blanche Larrignon, lui succède en 1926 à la direction de l'entreprise familiale. Collectant le blé dans les fermes des environs, il perfectionne la minoterie en ajoutant à la transmission mécanique un moteur à gaz pauvre, permettant de palier le manque de vent lorsqu'il survient. L'objectif est d'approvisionner les boulangeries individuelles ou coopératives qui se multiplient dans les environs. Le bâtiment qui prolonge le moulin à l'est est agrandi vers 1925-1926, et équipé de deux paires de meules mécanisées, commandées par un moteur diesel. Le vieux moulin, conservé un temps pour broyer l'orge et fabriquer de la farine pour animaux, est désaffecté en 1928 : après avoir perdu ses ailes, la tour ne sert plus que comme silo. Le premier bâtiment est surélevé, équipé en 1937-1938 de machines plus modernes que les anciennes meules (appareils à cylindres, plansichters, machines de nettoyage...), et équipé d'un quai de chargement.

Sous l'Occupation, et malgré la concurrence de la minoterie de la Porte de l'Ile, à Saint-Pierre-le-Vieux, l'établissement Maret maintient son activité grâce à la proximité de la Sèvre Niortaise, voie fluviale de nouveau utilisée pour le transport. En 1942, un incendie détruit le logement patronal, qui avait été construit à côté de l'ancien logis du moulin, mentionné à l'ouest sur le plan cadastral de 1835. Le logement est reconstruit en 1943 : la date est inscrite dans un cartouche pourtant placé sur l'élévation ouest de l'aile nord, laquelle ne sera été édifiée qu'en 1978. Après-guerre, la machinerie est encore modernisée et augmentée, et le cadastre enregistre des agrandissements en 1953 et 1957. Le site s'équipe de bâtiments de production et de stockage toujours plus grands. Une usine de fabrication d'aliments pour le bétail, notamment les veaux, est par ailleurs créée sous la marque Sanders.

Grandeur et déclin (1962-1993)

En 1962, la minoterie est reprise par le fils d'Ernest Maret, Jean-Pierre. En 1967 sont créées d'une part la SA Minoterie Maret et fils pour l'exploitation du moulin ; d'autre part la SA Aliments du bétail Maret-Poitou pour l'alimentation animale, tenue par Pierre Poitou, beau-frère de Jean-Pierre Maret. La minoterie Maret absorbe les clientèles de minoteries voisines fermées, à Maillezais et Vix, et reprend aussi en 1972 l'activité de la minoterie Durand, de La Roche-sur-Yon. A partir de 1968, la minoterie Maret doit en partie sa prospérité à un système novateur et original d'expédition de la farine en vrac, à l'aide de camions-citernes qui livrent les boulangeries et biscuiteries de la région, dans un rayon de 300 kilomètres. L'entreprise se tourne aussi vers l'exportation à l'international. Entre 1976 et 1989, Jean-Pierre Maret préside le Syndicat de la meunerie de Vendée puis celui des Pays de la Loire. La minoterie Maret est alors l'une des plus importantes de Vendée.

Dès les années 1960, la machinerie est modernisée, désormais actionnée par un système pneumatique. Les processus de réception, de triage, de nettoyage, de lavage des blés et d'expédition des farines, sont perfectionnés. De nouvelles extensions d'importance sont réalisées dans les années 1960-1970 (leur chronologie peut être suivie sur les vues aériennes de l'IGN, en plus notamment des archives familiales et des permis de construire). Un bâtiment de broyage de la farine est accolé en arrière de l'ancienne minoterie et du moulin en 1963, en faisant appel à l'entreprise Grimaud, de Bouillé-Courdault, suivant les plans conçus par Schneider-Jacquet et Cie, à Paris. Ce bâtiment est construit avec ossature en béton armé et remplage en panneaux agglomérés de ciment. Les grands silos en retour d'équerre au sud et les bâtiments de déchargement à l'est suivent en 1974-1975, réalisés notamment par l'entreprise de maçonnerie Jean-Claude Roy, de Maillezais. Un laboratoire permettant le contrôle de la qualité des farines, est créé en 1975. A la même époque, le logement patronal est prolongé d'un second logement au sud, avant la construction de son aile nord en 1978.

Une crise autour de l'alimentation du bétail secoue l'élevage industriel des veaux au début des années 1980. De nombreux éleveurs font faillite, et la SA Maret-Poitou, perdant autant de clients, doit déposer le bilan en 1981. Elle aussi fragilisée, la SA Maret et fils fait de même en 1983, et une Société Nouvelle du Moulin Maret est constituée pour poursuivre l'activité minotière. Jean-Pierre Maret est désormais assisté de son fils, Jean-Luc. La machinerie est renouvelée et perfectionnée, un nouveau magasin est construit, notamment pour accroître la capacité d'exportation. Mais le marché des farines à l'exportation décline, la plupart des pays importateurs se dotant de leurs propres minoterie, et la liquidation de la minoterie Maret est prononcée en janvier 1993. Une partie du site (anciens bâtiments de stockage et de déchargement) est alors réaffectée en location à des entreprises artisanales.

Le site de l'ancienne minoterie se trouve au nord-ouest du bourg de Damvix, sur la route départementale entre Maillé et Le Mazeau. Il regroupe un ancien moulin à vent, les bâtiments industriels de la minoterie, et le logement patronal.

Le moulin, englobé dans la minoterie au milieu du XIXe sècle, puis dans les bâtiments industriels dans les années 1960, est situé dans l'angle nord de ceux-ci. Il s'agit d'une tour ronde en moellons, coiffée d'un toit conique. Des cercles de fer ont été posées lors de sa transformation en silo, pour assurer sa solidité. Elle est percée de plusieurs baies, certaines murées, dont une porte à encadrement chanfreiné, à l'ouest.

Le moulin est prolongé à l'est par le premier bâtiment de la minoterie, construit au milieu du XIXe siècle. Haut d'un étage, il présente trois travées d'ouvertures en façade. Comme le moulin, il est désormais englobé dans les bâtiments industriels construits dans les années 1960-1970, qui sont venus le coiffer : juste en arrière, un atelier de broyage de la farine, puis au sud, en retour d'équerre, de grands silos à farine, le tout à quatre étages et cinq travées d'ouvertures en façade ; et à l'est un bâtiment de stockage et de chargement. Au sud-est prenait place un garage à camions.

Le logement patronal se trouve à l'ouest. Il comprend un corps principal et une aile en retour d'équerre au nord, le tout en rez-de-chaussée surélevé, un étage, un étage de comble, sous des toits en ardoise et à débordement. La façade du corps principal présente trois travées d'ouvertures. Une partie du rez-de-chaussée forme un retrait. Les linteaux des baies et leurs appuis sont saillants. Quant au second logement placé dans le prolongement sud du premier, il présente un plan en T.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • béton
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    4 étages carrés
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 873, 874, 875, 876, 878 et 3522. 1836-1950 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 29 W 563. 1963 : dossier de permis de construire pour la minoterie Maret, à Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 29 W 713. 1974 : dossier de permis de construire de silos de stockage de la farine pour la minoterie Maret à Damvix.

  • Collection particulière. Informations et documentation fournies par M. Jean-Pierre Maret, Damvix.

Documents figurés

  • 1720, 29 octobre : Carte du 46e quarré de la generalle des costes du Bas Poitou, païs d'Aunis, Saintonge et partie de la Basse Guienne..., par Claude Masse. (Service Historique de la Défense de Vincennes ; J10C 1293, pièce 17).

  • Vues aériennes depuis 1945 sur le site internet de l'IGN www.geoportail.gouv.fr.

  • Plan cadastral de Damvix, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 78).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers