Dossier d’œuvre architecture IA85002486 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Grand port de Maillé
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Maillé
  • Lieu-dit Bourg (le)
  • Adresse place du Port
  • Cadastre 1835 B  ; 2020 B
  • Dénominations
    port
  • Parties constituantes non étudiées
    cale, quai, place, barrage, écluse

Un port médiéval, de premiers aménagements au milieu du XIXe siècle

Le port de Maillé est mentionné pour la première fois dès 1156 environ, dans un accord passé entre Gaudin, abbé de Maillezais, et Guillaume de Clairvaux au sujet de droits sur ledit port. Celui-ci est alors pour l'abbaye de Maillezais un des points d'accès privilégiés à la Sèvre Niortaise, axe de commerce et de navigation majeur entre Niort et l'océan. En mai 1250, une maison située sur le port de Maillé est citée dans une vente de rentes par Aimeri Blanchard, prieur de Saint-Georges-de-Rex, à Rainaud, abbé de Maillezais. Le port de Maillé apparaît ensuite le 30 septembre 1279 dans un acte de vente d'un fief par Sebrand de Chassenon et son fils Jean à l'abbaye de Maillezais. En 1377, le port de Maillé compte parmi qui, sur la Sèvre Niortaise, sont concernés par la taxation décidée par le duc Jean de Berry pour financer les travaux de construction du nouveau port de Niort.

Sur sa carte de la région en 1720, Claude Masse précise qu'en ce lieu, "il s'embarque beaucoup de bled pour descendre à Maran". C'est probablement sur le port où à proximité, au passage de la Sèvre Niortaise, que se percevait le péage ou coutume de Maillé, prélevé au profit de l'évêque de Maillezais puis La Rochelle, seigneur de Maillé. Le tarif de ce péage était affiché sur une plaque de cuivre. Il semble même qu'il existait sur ou près du port une "maison de la Coutume" (peut-être 8 place du Port ?) où devait s'exercer ce péage. Celui-ci a cependant été supprimé dès 1735-1736.

Sur la carte du bassin de la Sèvre par Mesnager en 1818, comme sur le plan cadastral de 1835 ou encore sur la carte du Marais poitevin par Maire en 1851, le port apparaît à peine constitué. Tout juste est-il matérialisé sur le cadastre par une ligne de pointillés reliant la maison qui est au nord-ouest (4 place du Port) à l'embouchure du bief de Bourneau. On remarque alors que l'eau est susceptible d'envahir la totalité de la place du port, jusqu'à l'entrée de la Grand rue, et qu'à l'ouest, un bras de la Jeune Autise ou "fossé de Maillé" vient se jeter dans le port (entre les actuels 4 et 6 place du Port). Au sud, un autre cours d'eau appelé fossé du Corps de garde relie directement le port à la ferme du Corps de garde (commune de Taugon) située de l'autre côté de la Vieille Sèvre, au sud-ouest (fossé en partie comblé, le long du terrain de camping actuel, au sud). A l'ouest et au sud du port, l'eau circule dans un enchevêtrement de fossés.

De premiers aménagements, timides, sont réalisés dans la première moitié du XIXe siècle. En 1820 puis à nouveau en 1833, le conseil municipal décide de faire curer le port et les deux bras de rivière qui le relient à la Sèvre (soit son chenal et le fossé du Corps de garde). Le conseil réuni le 7 septembre 1820 explique que le port est "le seul endroit où plus de quinze communes sont obligées de conduire leurs grains qu'elles fournissent soit pour Marans, La Rochelle, Rochefort, les îles de ré et Oléron, qui ne peuvent en sortir de ce bourg sans être transportées que par eau, ainsi que toute autre marchandises telle que bois de construction, vin, chanvre, etc."

D'autres travaux sont menés au début des années 1850 à la faveur du creusement du canal ou rigole de Bourneau qui vient aboutir dans le port. Présenté le 27 mai 1847 par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Ritter, le projet prévoit la construction d'un barrage mobile, long de 12 mètres et haut de 2,5, formé d'une cloison de bois qui s'élèvera à volonté. Dans un premier temps on envisage de l'établir sur le chenal entre le port de Maillé et la Sèvre Niortaise, juste en aval de la confluence avec la Jeune Autise ; ce positionnement étant gênant pour le trafic du port, le barrage est finalement rejeté juste en amont du port, au débouché du futur canal de Bourneau. Les travaux sont menés entre 1852 et 1856.

Création et modifications du barrage éclusé en amont du port (1861-1899)

Ce barrage mobile en bois est remplacé dès octobre 1861 par un barrage en pierre, à l'occasion de l'élargissement de la rigole de Bourneau. Le nouveau barrage comprend deux pertuis, entre deux culées en pierre et une pile centrale également en maçonnerie. La culée située sur la rive gauche (au sud) est financée par le Syndicat des marais mouillés de la Vendée, celle située sur la rive droite (au nord) par la commune de Maillé (!) Le pertuis gauche sera fermé par des aiguilles (poteaux assemblés verticalement), celui de droite par des poutrelles horizontales qui ne seront levées qu'en cas de crue. Le barrage est surmonté et franchi à la fois par une passerelle piétonne en bois dont une partie, au-dessus du pertuis gauche, est mobile, tandis que l'autre, au-dessus du pertuis droit, est fixe, avec un passe-bateau au-dessous. Le barrage vient diviser le port en deux : la partie en amont (rigole de Bourneau et route d'eau du bourg) sera réservée aux petits bateaux et aux usages domestiques ; la partie en aval servira au commerce plus important, avec une place spacieuse remblayée à l'aide de la terre issue du curage du port, puis empierrée. Le 8 janvier 1862, le conseil municipal de Maillé constate toutefois que le port est en très mauvais état et il demande encore son empierrement. Le 7 février 1864, il constate enfin que ces travaux de terrassements, menés par Charles Vernier, terrassier à Maillé, sont achevés.

Des aménagements complémentaires sont apportés en 1888 : construction d'un lavoir public sur la rive gauche du canal de Bourneau en amont du barrage, d'un quai vertical sur la rive droite du port, réparations de la cale d'abordage. Quant au barrage et à sa passerelle, ils constituent souvent un obstacle pour le passage des bateaux d'un côté à l'autre, et donc la communication entre le port d'une part, la rigole de Bourneau et la route d'eau au sud du bourg d'autre part. En 1893, il est donc proposé de modifier l'ouvrage : les piles et les culées seront remontées de manière à surélever la passerelle qui sera entièrement fixe et dont le tablier sera construit en chêne. Sur la rive droite, la passerelle sera désormais accessible par une rampe sous laquelle sera déplacé le passe-bateau. Ces travaux sont réceptionnés le 16 mars 1896, mais ils ne solutionnent qu'en partie le problème initial de passage d'un côté à l'autre du barrage.

Le 8 avril 1899, le conducteur des Ponts et Chaussées Texier propose l'établissement d'une écluse à sas sur le pertuis gauche, à la place du barrage à aiguilles. L'ouvrage (dont le modèle sera repris en 1910, par le même Texier, pour le barrage éclusé de l'aqueduc de Maillé) sera construit en pierre de taille des Charentes. Sa construction est mise en adjudication le 6 août 1899, en mairie de Maillé. Abel Simonneau, entrepreneur, est déclaré adjudicataire, et les travaux ont lieu en novembre-décembre : les portes d'aval de l'écluse sont posées le 27 novembre, celles d'amont le 29. Le grand port est de nouveau curé en 1925 et, le 14 juillet 1926, le conseil municipal décide de transformer la passerelle en pont charretier, en élargissant son tablier. Le 7 avril 1935, le conseil approuve un nouveau projet d'allongement du pont, dont la longueur sera portée de 5,20 mètres à 8 mètres entre les piles. Le tablier sera plus tard reconstruit en béton. Le pont porte le nom de Laurent Joyeux (1947-2007), maire de Maillé de 1995 à 2007.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle, 1er quart 20e siècle

Coeur économique du bourg de Maillé pendant des siècles, le port se situe à son extrémité ouest. Un bras d'eau alimenté d'une part par le canal de Bourneau, au sud-est, d'autre part par la Jeune Autise, à l'ouest, le relie à la Vieille Sèvre Niortaise qui contourne ici l'île de la Chatte. Au nord et à l'est, le port est prolongé par une vaste place bordée de maisons alignées. Le port est matérialisé, au nord-ouest, par un quai vertical puis, vers l'est, par une cale inclinée et maçonnée. Puis vient, au sud-est, le pont qui franchit l'embouchure du canal de Bourneau et le barrage éclusé qui s'y trouve. Ce pont permet de rallier la rive gauche du port et les marais qui s'étendent au-delà.

  • Couvrements
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales des Deux-Sèvres ; E dépôt 23/1713 à 1715. 1285-1789 : création et entretien du port de Niort.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 760. 1899 : construction d'une écluse à sas dans le pertuis de rive gauche du barrage du grand port de Maillé.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 906. 1825-1858 : ouverture du canal du Nouveau Béjou et de la rigole de Bourneau, à Damvix et Maillé.

  • Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 907. 1838-1890 : construction d'un pont en charpente sur l'Autise entre les deux Bernegoues de Maillé et Damvix (1838-1842) ; restauration du pont des Bernegoues sur l'Autise (1853-1856) ; prolongement de la rigole de Bourneau (1858) ; prolongement du canal de Reth et construction d'un pont en maçonnerie (1858-1860) ; exhaussement du pont de la Mare sur la rigole de Bourneau (1858) ; curage de la Grande Naide de Maillé (1859-1861) ; élargissement de la rigole de Bourneau (1861-1862) ; curage et rectification du plafond de la rigole de Bourneau entre le pont de la Pichonnière et le barrage de Maillé (1890).

  • Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 1126. 1893-1914 : transformation de la passerelle à piétons du barrage du port de Maillé sur la rigole de Bourneau, et construction du barrage éclusé de l'aqueduc de Maillé.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 411. 1817-1932 : finances de la commune de Maillé, travaux aux bâtiments communaux, dessèchement des marais de Cibule et Civray, contentieux, indemnités de terrains pour la construction des routes de Vix-Lesson et Rochefort-Faymoreau.

  • Médiathèque François-Mitterrand de Poitiers ; Ms 544. Mémoires ou Recueil de diplômes, chartes, notices et autres actes authentiques pour servir à l'histoire du Poitou et des provinces voisines, accompagnés de notes critiques, historiques, chronologiques, topographiques, généalogiques, etc., par D. Fonteneau, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, tome XXXVIII, 46. 1250, mai : vente par Aimeri Blanchard, prieur de Saint-Georges-de-Rex, et ses religieux à Rainaud, abbé de Maillezais, de quelques rentes sur une maison située au port de Maillé.

  • Médiathèque Michel-Crépeau, La Rochelle ; Ms 147, fol. 130 v. 1279, 30 septembre : vente par Sebrand de Chassenon et Jean, son fils, à l'abbaye de Maillezais d'un fief situé entre la route de Puy-Letard à la Roche-aux-Moines et celle de Puy-Letard au port de Maillé.

  • Archives municipales de Maillé ; 1 D 1 à 15. Registres des délibérations du conseil municipal depuis 1821.

  • Archives municipales de Maillé ; 10 M 1. 1888-1986 : aménagements du port de Maillé, construction d'un quai, d'une cale et d'un lavoir communal en 1888, d'un bâtiment d'accueil et d'un bloc sanitaire en 1986.

Bibliographie

  • AILLERY, E., abbé. Chroniques paroissiales, tome 5, 1903-1904, p. 441-553 (Maillé).

    p. 460-462
  • ANTOINE, Michel. Inventaire des arrêts du Conseil du roi : règne de Louis XV, arrêts en commandement, inventaire analytique, t. 3 et 4, 1724-1736 ; 1735-1736 : arrêts supprimant les droits de péage exercés par l'évêque de La Rochelle sur la Sèvre à Maillé.

  • LACURIE, Joseph-Louis-Auguste, abbé. Histoire de l'abbaye de Maillezais depuis sa fondation jusqu'à nos jours, suivie de pièces justificatives la plupart inédites. Fontenay-le-Comte : E. Fillon, Saintes : R. Scheffer, 1852, XI-593 p.

    p. 258-261
  • MARCHEGAY, Paul. "Recherches historiques sur le département de la Vendée (ancien Bas-Poitou) : un document par canton. Le péage de Maillé, vers 1740", Annuaire départemental de la Société d'émulation de la Vendée, 1858, 1ère s., vol. 5.

    p. 152-155

Documents figurés

  • 1720, 29 octobre : Carte du 46e quarré de la generalle des costes du Bas Poitou, païs d'Aunis, Saintonge et partie de la Basse Guienne..., par Claude Masse. (Service Historique de la Défense de Vincennes ; J10C 1293, pièce 17).

  • 1818, 30 septembre : carte itinéraire de la Sèvre Niortaise pour l'intelligence du projet général qui a pour but le perfectionnement de la navigation, la conservation des marais desséchés et le dessèchement des marais mouillés, par l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées François-Philippe Mesnager. (Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 17).

  • Plan cadastral de Maillé, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 132 ; complété par l'exemplaire conservé en mairie).

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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