Cette maison a certainement été bâtie durant la deuxième moitié du XVIIe siècle, comme semble l'indiquer la largeur de ses baies, le coyau au niveau de sa toiture, sa corniche en talon et le motif de cuir enroulé sur sa porte d'entrée. En 1836, date du cadastre napoléonien, il s'agit d'une grande propriété composée de trois corps de bâtiment aux volumes imposants se développant au sein d'un vaste terrain. Les matrices cadastrales n'indiquent pas à qui elle appartient à cette époque et quelle est la fonction de ses différents bâtiments. Toutefois, en février 1863, lors de son achat pas l'abbé Lochet, son propriétaire est M. Letessier et elle est toujours composée de trois corps de bâtiment : un logis, des communs et un cabinet donnant sur la rue, implantés aux mêmes emplacements que ceux présents sur le cadastre napoléonien. Ceux-ci sont complétés d'un jardin clos de murs, un second jardin non clos appelé « jardin bas », d'un puits et de lieux d'aisance.

A cette époque, le presbytère, situé dans la maison 7 rue Notre-Dame, est considéré comme trop éloigné de l'église et trop petit pour accueillir les pèlerins, par le curé de la paroisse. Ainsi, il est rapidement envisagé d'acheter une maison dans le but de la transformer en presbytère. La maison Letessier intéresse la fabrique, dès 1862, mais c'est l'abbé Lochet qui se porte acquéreur en premier. La commune projette de la racheter mais il semble que les dépenses liées à cet achat ajoutées à celles nécessaires aux travaux d'appropriation de la maison en presbytère sont trop conséquentes et ce projet est vraisemblablement abandonné. Finalement, un accord est trouvé entre les différentes parties puisque le 8 novembre 1863, le conseil municipal prend la décision de contribuer à hauteur de 2 700 francs, sur un devis de 4 900 francs, aux travaux de conversion de la maison en presbytère. Le devis et le plan, dressés par l'architecte d'arrondissement B. Nourry et daté du 30 juillet 1863, mentionnent notamment la destruction de l'escalier en très mauvais état et son déplacement dans le vestibule afin d'agrandir le salon. A cette occasion, une porte percée au rez-de-chaussée et permettant l'accès à l'arrière du bâtiment depuis le vestibule, a vraisemblablement été bouchée. Il semble qu'une boulangerie soit également ajoutée dans le prolongement de l'aile en retour mais celle-ci a aujourd'hui disparu. En 1868, le presbytère est agrandi, puis en 1876, des dépendances sont construites. Il pourrait s'agir du petit bâtiment situé au sud du logis. A son décès, le 31 octobre 1881, l'abbé Lochet fait don de son presbytère à la fabrique de l'église de Torcé. Cette fonction se poursuit jusqu'à ce que les biens de l'établissement soient mis sous séquestre par arrêté du 13 décembre 1906. Le desservant de la paroisse est obligé de quitter les lieux après avoir refusé de louer le bâtiment. En 1909, la propriété est louée à Louis Durand, musicien au 5e régiment d'infanterie à Paris. Il semble que ce soit seulement en 1920, que le curé réintègre le presbytère et que ce dernier conserve sa fonction jusqu'en 1962.

Les écuries, le bucher et la remise sont très certainement détruits au début du XXe siècle puisqu'ils se trouvaient à l'emplacement de la mairie, bâtie en 1926. Sur sa façade postérieure, la porte de la travée est était autrefois une fenêtre comme le montre le plan dressé par l'architecte Nourry de 1863. Les intérieurs ont été modifiés à plusieurs reprises. En ce qui concerne les cheminées, seule celle du salon pourrait dater de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. Elle présente des jambages cannelés et son linteau est orné de glyphes. Aujourd'hui, le presbytère est utilisé comme salle associative.