Les sources archivistiques, et notamment les sources planimétriques nous renseignent sur les dispositions du bourg et l'implantation des maisons depuis le milieu du XVIIIe siècle. L'inventaire des biens de François Lunel, seigneur de Mondragon et propriétaire de la majorité des maisons du bourg de La Bosse daté de 1743 est la première source exploitée. Elle est complétée par le plan terrier de 1788 et le cadastre dit napoléonien de 1831 ainsi que par l'analyse des mouvements de la matrice aux XIXe et XXe siècles.
Le plan Terrier de la châtellenie de Le Bosse, dressé en 1788, est le document planimétrique le plus ancien connu. Document fiscal des seigneuries par excellence, il dresse un aperçu, plus ou moins précis, des propriétés bâties du bourg et de son organisation. Le plan présente un bourg organisé autour d'une place dont le centre est l'église paroissiale et son cimetière. De cette place partent des axes de circulation d'importances différentes, généralement mentionnés sous le nom de chemin. On relève ainsi le chemin de Mondragon à La Bosse au nord, le chemin de Saint-Georges du Rosay à la Bosse au nord-ouest, le chemin de La Bosse à Tuffé au sud et le chemin de La Bosse à La Ferté-Bernard à l'est. Le bourg est également desservi par tout un réseau de chemin creux. L'habitat se concentre majoritairement au sud du bourg, autour de la place et le long du chemin sud menant à Tuffé. Cette implantation peut s'expliquer par la présence de la motte castrale au nord (qui induit une topographie complexe et contraignante du terrain) et par l'implantation de l'église au centre du bourg qui joue le rôle de pôle attractif. La majeure partie des constructions se concentre dans l'enceinte du bourg castral, délimité par des douves en eau. Seules trois constructions au sud, que l'on peut rattacher au bourg du fait de leur proximité, sont situées hors de cette enceinte. Hors du bourg, les constructions (généralement des fermes ou ateliers) sont implantées en cour de manière très éparse. Le plan Terrier fait mention de 24 lieux-dits sur la commune.
Le cadastre napoléonien levé en 1831 relève de nouveau les dispositions du bourg, ce dernier semble avoir peu changé. À l'exception de quelques constructions nouvelles, liées à des agrandissements, le bourg conserve donc ses dispositions anciennes, structuré par les axes de circulation avec en son centre l'église et son cimetière.
C'est dans la seconde moitié du XIXe siècle que le bourg connaît une restructuration liée aux aménagements urbains et sous l'impulsion de la famille de Mailly. Certains bâtiments sont détruits, notamment pour permettre le passage de la route départementale n° 14 reliant La Ferté-Bernard à Bonnétable, d'autres connaissent des réaménagements en raison de leur mauvais état. L'analyse des mouvements de la matrice cadastrale indique que pour la section du bourg, dix-huit maisons ont été construites entre 1832 et 1908 dont dix par la famille de Mailly qui détient la propriété de la majorité des constructions et des terres sur La Bosse.
La confrontation des sources et de l'étude des formes a permis d'esquisser une typo-chronologie de la construction. Quelques maisons conservent sous le même fait plusieurs unités de logement composés de trois travées, pierre calcaire aux encadrements (3 et 5 rue de la mairie) ou reprise en brique (4 rue de la Lotie) avec une toiture à deux pans couverte de tuiles plates. Ces maisons sont généralement ante cadastre et se réfèrent donc à une typologie de maisons de bourg telle que l'on en perçoit plusieurs dans la Sarthe, construite à la fin du XVIIIe siècle.
Le gabarit précédent se poursuit dans la première moitié du XIXe siècle, notamment par la persistance du développement en rez-de-chaussée (6 place de l'Eglise, 4 rue de la Mairie) avec une généralisation marquée de l'usage de la brique aux encadrements des ouvertures.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'ajout d'un étage aux constructions nouvelles se généralise. Ces maisons présentent des formes communes et portées par la famille de Mailly : fronton triangulaire, corniche à modillons, tables rentrantes, pilastres... (1 rue de la Mairie, 2 et 4 rue de Mailly). Ces maisons, de plus grande ampleur sont surmontées d'une toiture à deux pans et croupes couverte de tuiles plates.
Photographe, Service Patrimoine, Région Pays de la Loire.