Trois maisons, alors propriété d'un certain Joseph Bouju, figurent à cet emplacement sur le plan cadastral napoléonien de 1834 : il n'en subsiste plus rien actuellement. La maison actuelle, dont le commanditaire demeure incertain, est convertie en mairie et école communale de garçons dès 1868, comme le rappellent les matrices cadastrales (enregistrement en 1870), probablement très rapidement après sa construction. La commune de Coudrecieux avait été autorisée dès 1841 à acquérir et approprier une première maison d'école pour les garçons et les filles avec mairie, située au carrefour de la Croix Rouge à la sortie ouest du bourg. Pendant quelques années, trop petite, la maison n'accueille plus que les garçons tandis que les filles sont reçues dans une maison en location peu convenable. La municipalité décide donc alors de faire revenir les filles dans la première école et d'en aménager une seconde pour y installer les garçons et la mairie.

Pour cet objet, la commune achète en 1868 cette grande maison située sur la place de l'Église à un certain Pierre Bois, ancien cuisinier à la verrerie de la Pierre devenu rentier, et à la veuve Marie Gianet. Vaste, "de construction récente [et] fort soignée", elle ne nécessite que des travaux d'appropriation mineurs (suppression de deux cloisons, aménagement de portes, construction de sanitaires dans la cour) menés à bien en 1869 par Auguste Gougeon maçon et Armand Foueré menuisier, selon le projet établi par l'architecte d'arrondissement Émile Vigneau. Attestés par des cartes postales anciennes, l'horloge publique (remplacée en 1875) et le lanternon abritant la cloche sont sans doute réalisés à la même période, bien que non mentionnés. En 1875, la municipalité acquiert une pompe à incendie pour laquelle un local est construit dans un coin de la cour l'année suivante. En 1883, suite à l'augmentation des effectifs (95 élèves) et la création d'un poste d'instituteur adjoint, une chambre du rez-de-chaussée est transformée en seconde classe. Le préau aurait été édifié l'année suivante (?).

Rendue nécessaire par la vétusté de l'école de filles, la construction d'un nouveau groupe scolaire avec mairie en 1908 entraîne l'abandon des anciens bâtiments scolaires. Ceux-ci sont adjugés en 1910 à des particuliers : l'école de filles est vendue au maçon Alphonse Bourdin qui semble avoir procédé à sa transformation complète (maisons n°60 et 62 rue Principale), tandis que l'école de garçons est vendue à Émilien Pollet, directeur de la verrerie de la Pierre. La maison est alors ainsi décrite : "Au rez-de-chaussée, un corridor dans lequel arrive l'escalier conduisant au premier étage, un appartement à feu autrefois à usage de mairie et un autre appartement servant de classe d'un côté ; un autre grand appartement aussi à usage de classe d'autre côté. Au premier étage, quatre chambres à feu, un cabinet froid et une décharge de cuisine, avec évier, corridor. Deux greniers sur ce bâtiment et un petit appartement mansardé entre ces greniers dans lequel se trouvait l'horloge communale. Trois caves voûtées sous ces mêmes bâtiments, dont la principale, indépendamment de l'escalier allant au rez-de-chaussée, possède une entrée sur la place". L'ensemble inclut également un bâtiment disparu placé en retour, une vaste cour avec buanderie, préau, bûcher, puits.

Les ouvertures de la façade arrière sont remaniées en briques vraisemblablement dans la 1ère moitié du XXe siècle. Des petites baies sont percées sur le mur-pignon dans la 2e moitié du XXe siècle.