Dossier collectif IA72059000 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maisons et fermes du bourg de Semur-en-Vallon
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Semur-en-Vallon

Un bâti ancien transformé

Les vestiges d’habitat antérieur à la Révolution dans le bourg de Semur-en-Vallon sont nombreux, mais souvent isolés, hors contexte, ou difficilement lisibles suite aux remaniements des XIXe et XXe siècles. On se réfère souvent à la forme pentue du toit pour caractériser une maison du XVe ou du XVIe siècle. Dans le bourg de Semur, seules quelques rares maisons ont conservé cette toiture pentue, principalement situées autour de l’église et dans la rue des Sablons (par exemple au n°19 rue des Sablons ou au n°1 rue du Pont). Beaucoup de ces maisons anciennes ont été détruites, comme en témoignent des cartes postales anciennes, ou ont été surélevées d’un étage. A ce titre, la maison au n°4 rue de l’Église est un exemple très intéressant, car cette surélévation est encore parfaitement lisible à l’intérieur (ancienne ferme de charpente du XVe ou du XVIe siècle), mais invisible à l’extérieur. Cette maison semble avoir été doublée, sans doute au XVIe siècle, d’un bâtiment à chambre haute de type pavillon, forme architecturale témoignant d’un certain rang social du propriétaire. Un autre pavillon est encore clairement lisible au n°10 rue des Sablons (actuelle boulangerie), malgré les remaniements. Hélas, l’histoire de ces deux maisons nous échappe totalement, faute d’archives.

Autre indice d’ancienneté, certains types d’ouvertures ont pu être conservés, quoique parfois remaniés ou agrandis, voire déplacés. C’est le cas des portes ou fenêtres chanfreinées (taillées en biseau), datables du XVe au XVIIe siècle ou, plus rares à Semur, des baies à linteau en arc segmentaire délardé (taillé obliquement), attribuables au XVIIIe siècle voire au début du XIXe siècle. Par exemple, les maisons aux n°1 et 2 place Sainte-Barbe présentent ces deux types d’ouverture. Les dates portées relevées lors de l’inventaire sont trop rares pour aider à la lecture historique du bâti. En revanche, on notera le très intéressant exemple d’inscription dédicatoire "LA PAIS LAMOURE LA GRACE DE N[OT]RE DIEU A IAMAIS SOIT EN SE LIEU 1578" conservé au n°11 rue des Sablons, aujourd’hui hors de son contexte d’origine. L’apparente vitalité constructive du bourg de Semur aux XVe et XVIe siècles, qui semble s’ensuivre d’un ralentissement aux XVIIe et XVIIIe siècles, est probablement à mettre en parallèle avec les heurs et malheurs de la châtellenie de Semur, stable et prospère sous les Le Cirier, puis passant de mains en mains à la fin de l’Ancien Régime.

L’empreinte des XIXe et XXe siècles

Comme en témoignent le plan cadastral napoléonien de 1830 et les plans d’alignement de 1873-1874, le bourg de Semur-en-Vallon s’étend peu durant le XIXe siècle, malgré une hausse significative de la population communale : celle-ci voisine avec le millier d’habitants tout au long du XIXe siècle alors qu’on en compte qu’environ 700 vers 1800. Si quelques maisons apparaissent sur les chemins en périphérie, rue Haute, rue du Gué Hubert ou rue des Châteliers, Semur est donc encore un bourg qui se reconstruit essentiellement sur lui-même, autour de l’église, de la place Sainte-Barbe et dans la rue des Sablons. Ceci peut s’expliquer par la présence de terres relevant du château tout autour du bourg, l’enserrant comme dans un étau. L’empreinte du XIXe siècle est donc très forte : des maisons à étage remplacent des maisons en rez-de-chaussée, les ouvertures sont agrandies et régularisées, les décors en brique sont systématisés. L’urbanisme est une préoccupation tardive comme l’indiquent la date des plans d’alignement. A ce sujet, l’agent-voyer écrit en 1873 : "Jusqu’à présent aucun plan des alignements pour construction n’a été dressé. Les propriétaires riverains ont donc pu au préjudice de l’élégance et de la régularité de la dite traverse […] réparer ou édifier leurs constructions à leur guise". Ceci explique l’irrégularité du front bâti le long des places et de la rue des Sablons, à laquelle les plans d’alignement ont finalement peu remédié. Néanmoins, de nombreux pans coupés ont été aménagés sur des maisons d’angle pour faciliter la circulation, certains ont créés suite à ces plans, d'autres existant déjà avant, à l’initiative seule des propriétaires.

Dans la 1ere moitié du XXe siècle, la commune est touchée par une très importante baisse de la population (on ne compte plus que 500 habitants vers 1950) liée à l’extinction des activités économiques et à l’exode rural. Ceci explique le net recul, pour ne pas dire la quasi-disparition de la construction sur cette période. Il faut attendre la 2e moitié du XXe siècle, et notamment l’implantation de l’usine Guilloux (actuellement Metaseval) rue du Gué Hubert pour voir la construction relancée avec un nouveau type d’habitat : la maison pavillonnaire édifiée en milieu de parcelle. De nombreuses maisons de ce type viennent ainsi garnir le sud du bourg (rue du Gué Hubert, rue des Châteliers) dans les années 1960 et 1970. L’habitat ancien est souvent remanié pour satisfaire aux exigences du confort moderne. Néanmoins, et malgré la construction de lotissements communaux concertés entre les années 1970 et 1990 (lotissement du Champ de la Forge, hameaux de la Creuserie et du Closeau), la population demeure voisine de 450 habitants jusqu’à nos jours.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Du bourg-rue au bourg-carrefour

La morphologie initiale du bourg de Semur-en-Vallon est à rapprocher du bourg rue : en effet, le bâti se développe d'abord de manière dense autour du noyau qu’est l’église, puis de la place Sainte-Barbe, puis le long de la seule rue des Sablons, vers le sud. Au nord, en direction de Lavaré, le château empêche toute extension. Au-delà, la rue Haute sera considérée, encore au XIXe siècle, comme un hameau plus que comme une partie du bourg : le bâti y demeure d’ailleurs très lâche. On trouve des terres relevant du château vers l’est (où l’emplacement du cimetière sera cédé à la commune) et vers l’ouest (où se trouve l’ancienne avenue du château) : le bâti est donc également moins dense en direction de Conflans-sur-Anille et de Coudrecieux. Aujourd’hui, l’inclusion dans le bourg de ces espaces périphériques lui donne une configuration en carrefour, principalement matérialisée dans la place Sainte-Barbe, et dans une moindre mesure à la Croix-Rouge (ancien nom du carrefour des rues des Châteliers et du Gué Hubert), avec leurs maisons à pan coupé.

Dans le noyau ancien du bourg, les parcelles sont généralement longues et étroites. Ceci s’explique notamment par la pression foncière au sein du bourg, mais aussi pour permettre à un maximum de terrains de rejoindre les ruisseaux à proximité (Longuève à l’ouest et ruisseau de la Cour-des-Bois au nord et à l’ouest). En effet, la majorité des habitants possédaient leur propre prise d’eau alimentant un bassin faisant office de lavoir, d’où la construction très tardive d’un lavoir public. Le plus souvent, la maison donne directement sur la rue et les dépendances sont rejetées à l’arrière. Parmi ces demeures, les mieux placées (sur les carrefours) ont servi d’hôtels, de cafés ou autres commerces, d’autres, celles bénéficiant de plus d’espace, ont pu abriter de petites exploitations agricoles. Néanmoins, la majorité des habitations, de petit gabarit, étaient celles d’artisans, tisserands, sabotiers, menuisiers, charpentiers etc. ou encore parfois verriers travaillant à la verrerie de la Pierre à Coudrecieux.

Matériaux, formes et décors

L’essentiel du bâti est aujourd’hui en pierre, principalement moellons de grès ou de silex, calcaire parfois pour les encadrements d’ouvertures principalement. On trouve ça et là quelques éléments en roussard ou en grison. La proximité immédiate de la forêt doit rappeler l’importance que le bois a du avoir dans la construction des maisons de Semur, bien que le pan-de-bois soit devenu très difficile à déceler. Toutefois, de nombreux bâtiments de dépendance sont encore en bois, parfois même hourdi et enduit de torchis, mais le plus souvent sous la forme de bardage. Au XIXe siècle, l’emploi de la brique se généralise pour l’ornementation des maisons (corniches, encadrement des baies) et pour la construction des dépendances. Une tuilerie est d’ailleurs implantée non loin du bourg par la comtesse de Seuil en 1863, d’après les matrices cadastrales. Le bardeau, qui devait être employé pour la plupart des couvertures jusqu’au XIXe siècle, a été progressivement remplacé par la tuile plate puis l’ardoise.

Les décors des façades, généralement discrets, sont systématiquement en brique. Ils visent à mettre en valeur les ouvertures, la base des murs ou leur sommet, et parfois les angles. Ces ornements jouent sur les volumes (mise en léger relief d’une baie, corniches à rangs superposés ou à modillons) et les couleurs (teintes plus ou moins foncées, briques flammées). Parfois, la brique est peinte et les joints soulignés d’un trait blanc. L’exemple le plus abouti dans la recherche des décors en brique est sans doute la maison au n°1 rue des Sablons, du début du XXe siècle. Certaines demeures se démarquent par une certaine originalité, comme le n°12 rue du Château avec ses ouvertures cintrées, construite en 1862 d'après les matrices cadastrales.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repéré 50
    • étudié 11

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 370. 1844-1926 : chemin d'intérêt commun n°30 de Bouloire à Vibraye, alignements et travaux, commune de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 396. 1850-1894 : chemin d’intérêt commun n°42 de Dollon à Mondoubleau, commune de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 423. 1844-1926 : chemin d'intérêt commun n°58 de La Ferté-Bernard à Saint-Calais, alignements et travaux, commune de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 340. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Semur-en-Vallon.

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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