Dossier d’œuvre architecture IA72058897 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Église paroissiale Saint-Maurice de Conflans-sur-Anille
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Saint-Calais
  • Commune Conflans-sur-Anille
  • Adresse place de l' Église
  • Cadastre 1836 C4 533  ; 2019 AE 31
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Maurice
  • Parties constituantes non étudiées
    sacristie

L’ancienne église et l’incendie de 1720

Sans doute d’origine romane, mais seulement mentionnée à partir du XIIIe siècle, l’église Saint-Maurice de Conflans aurait été reconstruite dans les années 1550, à l'initiative du curé Claude de Baillel, ce que ne dément pas le style du portail et des fenêtres de l’édifice actuel. Les documents faisant état de ces travaux n’ont pas été retrouvés, mais l’inscription peinte au-dessus de l’entrée y ferait référence (première ligne aujourd’hui masquée). En revanche, les archives de la Barre attestent que Marin de Vanssay fit édifier un nouveau chœur à l’église en 1613, l’agrandissant considérablement. Il s’ensuivit un litige sur la préséance dans l’église, celle-ci se trouvant bâtie sur le fief de la Cour-du-Bois pour la nef et l’ancien chœur, et sur le fief de la Barre pour le nouveau chœur. A la suite de ces travaux, les de Vanssay, seulement bas justiciers, s’arrogèrent la moyenne puis la haute justice sur leur seigneurie. En 1642, ils furent contraints par une sentence à rétablir les armoiries des seigneurs de la Cour-du-Bois qu’ils avaient fait supprimer dans l’église.

Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1720, l’église est ravagée par un incendie. Selon le témoignage du curé et des habitants, le feu est parti de la forge voisine d’un certain Poictou maréchal. "Il n’est resté que les murs de ladite église, lesquels ont esté même un peu endommagés et calcinés par le feu ; […] le surplus a esté entièrement réduit et consumé en cendres et charbons". Malgré des suppliques à l’évêque et à l’intendant, aucuns travaux de remise en état ne sont réalisés dans les années qui suivent. On s’accommode alors de la petite chapelle Sainte-Marie-Madeleine, qui occupait une portion du cimetière actuel, pour la célébration du culte, bien qu’elle soit beaucoup trop étroite pour le nombre de paroissiens. Précisons que cette chapelle, contrairement à une tradition très ancrée, ne fut de toute évidence jamais consacrée comme église, même si elle en tint le rôle pendant plus d’un demi-siècle. C’est probablement son état de vétusté et d’inquiétantes lézardes dans la maçonnerie qui poussèrent les autorités locales et les paroissiens, vers 1776, à relancer le projet de reconstruction de l’église Saint-Maurice, abandonnée à l’état de ruine depuis plusieurs décennies. Des travaux de consolidation aux parties subsistantes avaient peut-être été réalisés auparavant, comme en témoignerait la date 1769 portée au-dessus de la fenêtre du pignon ouest.

Une église reconstruite ?

Dès 1778, on procède à l’expertise et devis réalisés par Louis Gautier, géomètre arpenteur à la maîtrise des Eaux et Forêts de Tours, et à la répartition des frais de reconstruction entre le curé, gros décimateur, les seigneurs de la paroisse et les habitants et bien-tenants. Des plans détaillés, malheureusement perdus, sont alors dressés. On sait néanmoins par le devis que l’ancienne église de Conflans faisait 21 toises de long, soit environ un quart de plus que l’édifice actuel (sacristie exclue), qu’il se composait déjà d’une nef unique et d’un chœur en abside, avec pour seul décor sculpté le portail du pignon ouest, orné de l’ordre d’architecture ionique. Le coût des travaux, jugé trop élevé par l’intendant, donne lieu à un second devis qui prévoit de réduire d’un tiers la longueur de la nef, supprimant une travée et deux fenêtres, et de déplacer ainsi l’abside vers l’ouest. Les travaux sont adjugés le 25 octobre 1779, après plusieurs enchères infructueuses, à l’entrepreneur Étienne Jamin (ou Jamain) pour 17 950 livres. Les travaux s’achèvent en 1783 par une cérémonie de bénédiction donnée par François-Jean-Baptiste Courte, curé de Saint-Jean-de-la-Chevrie du Mans et frère du curé de Conflans. La date 1783 est portée sur une pièce de la charpente du clocher.

Les devis laissent entendre que l’église n’a pas été entièrement reconstruite, loin s’en faut : il semble qu’une bonne partie des murs de la nef du XVIe siècle, "d’une très bonne et solide construction", aient été conservés et simplement repris en partie haute. En revanche, les contreforts ont été refaits, de même que les fenêtres, en conservant peut-être toutefois le style des baies précédentes, propre à la 2e moitié du XVIe siècle (que l’on retrouve notamment à la cathédrale de Blois). Le pignon ouest est également conservé, avec son portail de style ionique, seuls les éléments calcinés ayant été remplacés et l'entablement ou fronton aujourd'hui manquant, sans doute trop abîmé, n'est pas restitué. La porte sud est conservée et rouverte. La charpente et le clocher, les vantaux des portes et les vitraux, totalement détruits, sont entièrement refaits. Un nouveau mobilier, incluant le maître-autel, les retables et les stalles, est placé dans l’église, à l’exception de quelques éléments, comme la chaire et l’arc d’entrée dans le chœur, récupérés dans la chapelle Sainte-Marie-Madeleine (rasée juste après les travaux). Des litres (bandes) en plâtre sont placées à l’intérieur et à l’extérieur de l’église, "disposées pour recevoir les armes quand le seigneur le jugera à propos". Seule la litre extérieure est conservée, mais la Révolution ayant éclaté peu après, elle ne fut semble-t-il jamais peinte.

L’église au début du XIXe siècle

A la Révolution, l’église est saisie comme bien national. Elle est rachetée en 1796 par un certain Jacques Coudray dans l’intention de la restituer à la paroisse, en la revendant à tous les habitants de Conflans pour éviter une nouvelle saisie. Ceux-ci en font ensuite l’abandon gratuit à la commune pour qu’y soit célébré le culte catholique. Cette procédure détournée sera plus tard contestée mais la commune sera néanmoins confortée dans la propriété et jouissance de l’église. En 1804, alors que l’administration propose la fusion de Conflans avec Saint-Calais, l’église constitue un argument du conseil municipal pour conserver l’indépendance de la commune : "Ladite commune possède un édifice bâty tout à neuf il n’y a qu’environ 23 ans que tous les propriétaires et biens tenants ont étés sommés par un arrêt du cidevant conseil de Paris, de la rebastir à leurs frais, telle quel existe. Elle est grande et vaste et bien décorée, elle a 90 pieds de longueur sur 36 pieds de largeur, le tout de dans en dans. Plus depuis la révolution les habitants de la ditte commune l’ont acheptée et payée. La preuve de sa grandeur se justifie par les habitants des communes qui nous avoizine, toutes les fêtes et dimanches ils viennent assister au saint sacrifice qui se fait dans l’église sans qu’aucun se trouve gênés. Tous les édifices des communes voizine ne font chacune que moitié de la nôtre, pourquoi nous [...] prions instamment […] de nous laisser à notre encienne existance".

En 1855, alors que l’on démolit un petit local servant de mairie accolé à l’église, il est décidé de faire construire une sacristie. Celle-ci était jusqu’alors aménagée dans un espace réservé de l’abside. Les travaux sont confiés à l’architecte d’arrondissement Eugène Landron qui conçoit un édifice octogonal de style néomédiéval. Celui-ci se trouve à l’emplacement du grand chœur de l’ancienne église construit en 1613. Les travaux, un temps suspendus par manque de ressources, sont achevés en 1858.

La réalisation du décor intérieur

Depuis sa reconstruction, l’église est restée sans décor si bien qu’on la compare à une vaste salle voire à une grange. Emmanuel Paty la donne en 1847 pour l’église « la plus insignifiante du canton de Saint-Calais ». En 1863, le conseil de fabrique décide de remédier à cette « nudité désolante » par la réalisation d’un vaste décor peint couvrant l’intégralité des murs, de la charpente et du lambris. Les peintures sont exécutées entre 1863 et 1865 par Dubois pour les scènes et les figures et par Goislard pour le décor ornemental, sous la direction de Louis Bodin, comte de Galambert (voir sous-dossiers). A la suite des travaux, l’église est consacrée par Monseigneur Fillion, évêque du Mans, le 5 septembre 1865. Une procession est organisée entre la chapelle du château de la Barre et l’église, pour y transférer des reliques de sainte Blandine. La dédicace portée au-dessus de l’entrée rappelle cet événement.

Probablement peu de temps après, une infiltration détruit une portion du décor à droite du chœur qui n’a pas été restituée depuis. Des travaux à la toiture mentionnés en 1877 pourraient concerner la réparation de l’infiltration et peut-être le remplacement des tuiles par de l’ardoise au-dessus de la nef (attesté dès les années 1900). De nouveaux vitraux signés du Carmel du Mans et Küchelbecker-Jacquier sont posés respectivement en 1873 et en 1887. Diverses réparations mineures sont citées dans les archives de fabrique ou les délibérations du conseil municipal. Le clocher fait l’objet de travaux en 1927, et la façade occidentale est reprise en 1950 par Barbero, maçon à Saint-Calais. Aucune restauration d’ensemble n’a toutefois été réalisée au cours du XXe siècle et un projet de protection des peintures murales au titre des Monuments Historiques est resté sans suite, bien que l’intérêt de ce décor et sa nécessaire préservation soient indiscutables.

L’église est orientée, c’est-à-dire que le chœur est construit à l’est. Elle présente un plan très simple, une nef unique rectangulaire complétée par une abside semi-circulaire. La toiture à longs pans terminée par une croupe arrondie est couverte pour partie de tuile plate, pour partie d’ardoise. Placé près du pignon occidental, le clocher carré est coiffé d’une petite flèche à huit pans et entièrement couvert d’ardoise. Deux croix en métal prennent place au sommet du clocher et au-dessus du chœur (cette dernière aurait remplacé une autre abattue à la Révolution et replacée au calvaire de la Pitié-Dieu en 1966).

La façade occidentale, bien que très sobre, présente seule un appareillage en pierre de taille calcaire et un décor sculpté. Placé entre deux contreforts, le portail en plein cintre mouluré est flanqué de pilastres de style ionique, qui supportaient peut-être un fronton ("entablement") calciné dans l'incendie. Il est surmonté d’un arc de décharge et d’une grande baie en plein cintre au remplage en éventail flanquée de deux niches à dais architecturés de style Renaissance. Les murs de la nef et de l’abside sont en moellons recouverts d’enduits de teintes différentes (rougeâtre près du sol, orangée au-dessus), sommés d’une corniche en bois et présentent encore la bande de plâtre dévolue à la litre seigneuriale. Placés régulièrement contre les murs, les contreforts sont en grès roussard à l’exception des deux plus à l’ouest, en calcaire. Les fenêtres en plein cintre à encadrement en calcaire présentent un remplage en éventail. Le mur sud est percé d’une porte en anse de panier à encadrement mouluré, qui donnait sur le cimetière disparu. Le mur nord présente dans l’enduit la signature « Michel Beauchamp », qui pourrait se référer à un entrepreneur de travaux.

La sacristie octogonale se greffe à l’abside par un court couloir percé d’une porte en arc déprimé à larmier. L’édifice de plan centré, voûté en ogive, est couvert d’ardoise et présente des murs en moellons et en briques enduits. Il est orné d’un solin, de pilastres d’angles et d’une corniche moulurée. Les baies sont en plein cintre à appuis et larmiers. Les murs portent de nombreux graffiti.

L’intérieur de l’église et de la sacristie est intégralement peint, y compris la charpente apparente et la voûte lambrissée à sept pans (voir sous-dossiers). Le mobilier inclut un maître-autel en tombeau flanqué de deux statues d’anges en adoration, deux autels secondaires avec retables dédiés à la Vierge et à saint Sébastien, une chaire en bois, un confessionnal, une bancelerie complète et homogène, un banc seigneurial et des stalles délimitant le chœur. L’entrée de celui-ci est matérialisée par une arche en métal à décor de volutes surmontée d’un Christ en croix. Les vitraux ne sont pas figurés, à l’exception de celui de la baie axiale représentant l’apparition du Sacré-cœur à sainte Marguerite-Marie. La statuaire semble dater essentiellement du XIXe siècle et peut-être du XVIIIe siècle (?). Les cloches ont été placées en 1848 et 1868.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire moellon enduit
    • grès moellon enduit
  • Toits
    ardoise, tuile plate
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • lambris de couvrement
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe ronde
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier en vis en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
    • ferronnerie
    • peinture
  • Représentations
    • ornement architectural, pilastre, ordre ionique
    • ornement géométrique, volute, croix
    • ornement animal, coq
    • ornement figuré, scène chrétienne
  • Précision représentations

    Porte principale flanquée de pilastres d'ordre ionique, fenêtre encadrée de niches à dais architecturés.

    Toitures sommées de croix et d'un coq.

    Arc à volutes en ferronnerie délimitant l'entrée du chœur.

    Vitrail de la baie axiale représentant l'apparition du Sacré-Cœur.

    Voir sous-dossiers pour les peintures murales.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1792-1917 : registres des délibérations du conseil municipal de Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; C 8. 1782 : nomination de répartiteurs pour prélever la somme nécessaire aux réparations de l’église de Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 6 F 34. Collection Esnault, notes concernant Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 13 F 110. Collection Calendini, liasse consacré à l'abbé Lochet Jacques. L'église de Conflans, extrait de La semaine du fidèle, numéro du 7 octobre 1865, Le Mans, 1865

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 593. Collection Paul Cordonnier, commune de Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Mi 3. Archives du château de la Barre, famille de Vanssay, Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 O 87/7. 1841-1927 : église de Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 O 134. 1805-1886 : legs et donations à la fabrique de Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Q 69. 1801, 11 mai : biens nationaux non vendus, église et presbytère de Conflans-sur-Anille.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Q 135. 1796, juillet : estimation et vente de l’église de Conflans-sur-Anille, estimation du cimetière.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 V 1. 1846 : renseignements statistiques sur les églises et presbytères de la Sarthe.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 5 V 126. 1816-1906 : comptes de fabrique de Conflans-sur-Anille.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîte 754. Papiers concernant la paroisse de Conflans-sur-Anille.

  • Archives municipales de Conflans-sur-Anille. 1917 à nos jours : registres des délibérations du conseil municipal.

Bibliographie

  • CHERON, Louis. "Conflans-sur-Anille" (Monographie éditée à partir des articles parus dans la revue Province du Maine de 1973 à 1975), 1976.

    p. 30, 51-59
  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1375-1376
  • PATY, Emmanuel. Statistique monumentale de l’arrondissement de Saint-Calais. Saint-Calais : Peltier-Voisin, 1847.

    p. 58
  • PAYS DU PERCHE SARTHOIS. Monument du Mois, Conflans-sur-Anille, 2003.

    p. 5-9
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    t. 2, p. 66
  • VASSEUR, Marinette et Marc. Saint-Calais et son canton. Saint-Cyr-sur-Loire : éditions Alan Sutton, 2003.

    p. 122

Documents figurés

  • 1925, 1966 : fonds Paul Cordonnier, photographies de Conflans-sur-Anille. (Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 593).

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Conflans-sur-Anille. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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