Dossier d’œuvre architecture IA72058774 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Usine de charcuterie industrielle Prunier (ancienne), rue Michel Beaufils, Connerré
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Savigné-l'Evêque
  • Commune Connerré
  • Adresse rue Michel Beaufils
  • Cadastre 1836 C2 312 à 321  ; 2018 AC 358 360 361 462 592 à 594
  • Dénominations
    usine
  • Précision dénomination
    usine de charcuterie industrielle
  • Appellations
    usine Prunier
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, atelier de fabrication, atelier de conditionnement, bureau, abattoir

Située en plein cœur du bourg, tout près de l'église, l'ancienne usine Prunier occupe probablement l'emplacement de certaines des plus anciennes maisons de Connerré. Il n'en reste aujourd'hui plus rien, à l'exception peut-être des caves, qui n'ont pas pu être visitées mais sont assurément antérieures au XVIIIe siècle. Le parcellaire qui existe encore aujourd'hui, long et étroit, est d'origine médiévale. Sur le plan terrier de 1787 et sur le plan cadastral de 1836, les maisons donnent sur la rue Haute (actuelle rue Michel Beaufils), tandis que les jardins et les dépendances, autrefois bordés par le rempart (aujourd'hui la rue du Sergent Louis Mantien) sont placés à l'arrière : si cela est aujourd'hui moins lisible, c'est en fait toujours le cas. La façade de la maison au centre des bâtiments (volets rouges) date de la 2e moitié du XIXe siècle, comme celle visible dans la cour. D'autres maisons, à l'emplacement actuel de l'usine, avaient été reconstruites à la même période (1858, 1867) d'après les matrices cadastrales.

C'est en 1931 que Maurice Prunier reprend la charcuterie de détail Renard, située rue Nationale à Connerré, actuelle rue Michel Beaufils. Il est le neveu d'Albert Lhuissier, l'homme à l'origine de la renommée des rillettes de Connerré, lequel possède alors une charcuterie au carrefour des rues de Paris et Faidherbe et une usine d'expédition en haut de la place de la République (détruite). Maurice Prunier a travaillé chez son oncle dès l'âge de 11 ans, avant de reprendre une charcuterie à Saint-Calais en 1927 pour ensuite revenir à Connerré en 1931. Devenue héritière du savoir-faire Lhuissier, la famille Prunier développe une affaire florissante qui connaît un grand succès et exporte dans toute la France. En 1948 est créée la société en Nom Collectif Prunier, entre Maurice et ses deux fils, Maurice et Albert (transformée en SARL Prunier père et fils en 1968).

La production se diversifie et est démultipliée : de 250 tonnes de charcuterie en 1954, on passe à 1030 tonnes en 1968. Très vite, la petite charcuterie de la rue Nationale est donc insuffisante : on procède alors au rachat des maisons et commerces voisins pour s'agrandir. En 1962, Maurice Prunier fait construire un grand bâtiment en béton à trois niveaux avec notamment une vaste salle de cuisson pour les rillettes, comprenant 22 marmites de 100kg chacune. En plus des ateliers de confection, l'usine comprend un quai de réception, un abattoir, des chambres froides, un atelier d'expédition, un monte-charge, un vestiaire avec douche, des bureaux pour l'administration... Dans cet établissement industriel en plein centre-bourg, on compte environ 150 employés.

En 1972, l'entreprise achète l'ancienne usine de toiles métalliques Gantois (rue de la Jatterie) abandonnée après faillite pour y transférer une partie de son activité. La desserte des nouveaux bâtiments, en dehors du centre-bourg, est bien plus aisée, de même que leur mise aux normes. En 1981, Christian Prunier prend la direction de l'entreprise et resserre la gamme de production autour des rillettes, pâtés et ballotines. Le magasin de la rue Michel Beaufils est fermé en 1988 et les ateliers de fabrication de pâtés et ballotines transférés dans la nouvelle usine la même année. L'atelier rillettes déménage à son tour en 1997 et l'usine du centre-bourg est entièrement désaffectée. L'usine actuelle, aujourd'hui entre les mains d'une quatrième génération Prunier, est un grand pourvoyeur d'emploi pour Connerré et sa région. L'ancienne usine, dont il fut un temps envisagé de faire un musée, accueille ponctuellement des manifestations internes à l'entreprise.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle, 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1962, daté par travaux historiques

L'ancienne usine Prunier, qui s'est implantée en plein centre-bourg dans un espace fortement contraint, offre une imbrication de bâtiments complexe qui en font un petit dédale. On trouve à la fois les grandes constructions en béton armé des années 1960 aux façades austères, l'ancienne boutique où est encore visible l'enseigne Prunier, ainsi que des maisons rachetées successivement pour agrandir les locaux.

Le bâtiment principal de l'usine s'étire entre les rues du Sergent Louis Mantien, où se faisait l'entrée des employés et des porcs, et la rue Michel Beaufils (sur laquelle donne la boutique). Dans la première pièce se trouvait une soue et une bascule pour la pesée des animaux : aujourd'hui y est exposée une Salmson achetée en 1934 et utilisée pour le voyage de noces de Maurice Prunier. La seconde pièce correspond à abattoir des porcs : environ 60 porcs et 20 truies y étaient abattus chaque jour. Ceux-ci étaient ensuite montés sur rails et vidés, puis acheminés via une rampe vers la salle de découpe et les chambres froides situées en contrebas. De là, un escalier descend vers les fumoirs et les salaisons et une porte ouvre sur l'espace de confection des rillettes et pâtés, dont une partie des marmites de cuisson en fonte est toujours en place. Depuis la cour (autrefois couverte comme l'indique la structure métallique), on accède aux bureaux, à la lingerie, à l'atelier de maintenance et au vestiaire situés à l'étage, ainsi qu'à la salle d'expédition située au sous-sol. De nombreux ustensiles pour la confection des rillettes sont exposés.

Deux anciennes maisons intégrées à l'usine ont conservé leur façade primitive. L'une, donnant sur la rue Michel Beaufils, possède trois travées, une ancienne vitrine, un passage charretier, des fenêtres en arc segmentaire délardé à appuis moulurés et une corniche. Un autre maison dans la cour, envahie par la végétation, possède trois travées sur trois niveaux.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture, matériau synthétique en couverture (incertitude)
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne morale

Bibliographie

  • BRETON, Olivier. Rilles, rillons, rillettes, l'aventure de la véritable rillette du Mans. Boulogne-Billancourt : Du May éditions, 1994.

  • COURCELLE, André, PELLETIER, Alphonse. Connerré, monographie de notre cité. Connerré : mairie de Connerré, 1982.

    p. 121-124
  • EZQUERRA, Denys. Rillettes, histoire gourmande d'hier à aujourd'hui. Le Mans : Libra Diffusio, 2013.

  • JALINIER, Suzanne. Connerré au fil du XXe siècle. Mulsanne : ITF imprimeurs, 2009.

    p. 88-89
  • PRUNIER, Christian et alii. Savourons avec la Maison Prunier. Paris : éditions Comaral, 2008.

    p. 140-219

Documents figurés

  • Collections particulières de cartes postales et de photographies anciennes, Connerré. (Collection particulière).

Annexes

  • "Connerré, capitale des rillettes", extraits de COURCELLE, André. PELLETIER, Alphonse. Connerré, monographie de notre cité. Connerré : mairie de Connerré, 1982, p. 121-123.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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