Dossier thématique IA72058771 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Patrimoine industriel du bourg de Connerré
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois

Avant la Révolution

Les premières industries du bourg de Connerré, ou plutôt proto-industries, sont très peu documentées. L'existence de moulins est attestée dès les années 1100. Aujourd'hui, le site du moulin Haut et du moulin Bas existent encore, bien que l'un et l'autre aient connu de multiples transformations. Ces moulins ont été alternativement à blé et à tan. L'activité de la tannerie remonte sans doute également aux Moyen Age. Selon une enquête de 1811, les tanneries de Connerré auraient été florissantes avant la Révolution : il y en aurait eu alors une quinzaine dans la commune, pour une activité comparable aux villes de La Ferté-Bernard et Bonnétable. Il s'agissait d'établissements de petite taille fonctionnant avec quelques ouvriers. Deux d'entre elles, reconstruites au XIXe siècle, subsistent encore partiellement dans le bourg sur les bords du Dué. L'activité se prolonge jusqu'au milieu du XXe siècle avec la tannerie Quatecous située rue Faidherbe, avec son moulin à tan rue de la Gare.

Le réseau hydrographique, principalement le Dué qui traverse le bourg de Connerré, joue un rôle primordial dans l'installation de ces activités et ce également durant tout le XIXe siècle. Bien entendu, il fournit l'eau nécessaire en grandes quantités, que ce soit pour mouvoir les roues des moulins ou pour les multiples traitements nécessaires à la confection des peaux. Mais la rivière sert également d’égout pour l'évacuation des eaux souillées. Au XIXe siècle encore, on ne se soucie guère de la toxicité de certains produits que l'on rejette dans la rivière (par exemple pour les fabrications de bougies). Le second facteur important est bien évidemment la situation très privilégiée de Connerré, sur la route royale puis nationale entre Nantes et Paris, à équidistance du Mans et de La Ferté-Bernard, ce qui fait de facto du bourg une place commerciale importante à l'échelle locale.

Le XIXe siècle, âge d'or de l'industrie connerréenne

Au XIXe siècle, Connerré s'affirme comme le pôle commercial de la région, au détriment d'autres petites cités comme Montfort-le-Rotrou. Le bourg devient également un véritable pôle industriel. L'activité du tissage du chanvre, que l'on cultive dans les chènevières au bord des rivières, y est très importante, et ce sans doute bien avant le XIXe siècle. Mais c'est à cette période qu'elle prend une grande ampleur, avec le développement d'un véritable quartier de tisserands, dans le faubourg de Couasnon (actuelles rues de Belfort et Ledru-Rollin) : la présence d'un grand nombre de tisserands à Connerré est vraisemblablement liée à de grandes familles de négociants, sans doute principalement les Cohin, qui donnent du travail à un grand nombre d'ouvriers, à domicile ou dans l'usine du Breil-sur-Mérize. Une fabrique de toiles, comptant trente métiers et une cinquantaine d'employés, est également fondée par Zacharie Vollet vers 1865 dans l'ancien Moulin Haut. Une autre forme de tissage se développe également dans la 2e moitié du XIXe siècle, le tissage de toile métallique, dont on comptera deux usines dans le bourg de Connerré. La première et principale est la fabrique Bienvenu puis Pelletier située rue Faidherbe.

L'autre grande industrie de Connerré, qui prend son essor dans la 2e moitié du XIXe siècle, est la poterie. La terre n'est pas disponible sur place (elle est prélevée dans la forêt de Bonnétable), mais c'est sans doute la présence d'un important marché et surtout le passage de la voie ferrée à partir de 1854, facilitant l'écoulement des marchandises, qui explique le développement de cette activité ici. Peu à peu, les petits ateliers sont rachetés par l'importante maison Guilmet qui possède pignon sur rue, ou plutôt sur la place de la République en plein cœur du bourg. Son activité se prolonge jusqu'aux années 1950. Outre ces deux grandes industries, une multitude de petites fabriques fleurissent au sein du bourg à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle : on compte ainsi plusieurs fabriques de chandelles, une cidrerie, une fabrique de beurre, des bonneteries, une scierie, une usine électrique, une corderie, une fabrique de lunettes de soudure...

Le XXe siècle et le développement de l'industrie agro-alimentaire

Avec le XXe siècle, et corrélativement à l'essor du marché aux bestiaux de Connerré, notamment aux porcs, apparaît l'industrie qui fait jusqu'à aujourd'hui la renommée de la commune : la charcuterie industrielle, avec pour fleuron les fameuses rillettes de Connerré. C'est en effet ici qu'Albert Lhuissier développe la première fabrique industrielle de rillettes sarthoises, suivi quelques années plus tard par son neveu Maurice Prunier. Pendant une grande partie du XXe siècle, on compte ainsi deux importantes usines de charcuterie industrielle situées en plein cœur du bourg. Si l'usine Lhuissier a été démolie et transférée à Champagné, l'usine Prunier existe toujours et emploie environ 150 personnes. A partir de 1950, une nouvelle entreprise agro-alimentaire s'installe à Connerré, la conserverie Christ (plats cuisinés), qui va marquer durablement le paysage du bourg notamment avenue de Paris et compte aujourd'hui environ 80 salariés. Cédée en 2011 à la société suisse Reitzel, deux de ses trois établissements sont rachetés en 2016 par la famille Christ. Le troisième fabrique aujourd'hui toujours des condiments pour Reitzel.

La 2eme moitié du XXe siècle voit la disparition de certaines grandes industries de Connerré, comme la poterie Guilmet ou la fabrique de toiles métalliques Gantois, face à des difficultés conjoncturelles. La répartition spatiale des usines évolue : les grandes usines du centre-bourg sont déplacées en périphérie, en dehors des zones d'habitation, à l'exemple de la fabrique Hamot-Gantois qui avait précédé le mouvement dès le début du XXe siècle en s'installant rue de la Jatterie. Des usines-relais sont construites par la municipalité pour faciliter l'implantation des entreprises. Aujourd'hui, les principales industries de Connerré se situent dans les zones industrielles et commerciales aménagées aux abords du bourg comme celle de la Herse. Elles ont pour nom Prunier, Christ, Reitzel ou encore Epidaure (maroquinerie de luxe).

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 20e siècle

Le bourg de Connerré compte plusieurs établissements industriels désaffectés d'un certain intérêt patrimonial. Les principaux, qui ont joué un rôle dans le développement du bourg, font l'objet d'un dossier d'inventaire : la tannerie Dady rue de la Rochelle, la tannerie Dady puis Quatecous rue Faidherbe, l'usine de toiles puis centrale électrique rue des Vieux Ponts, l'usine Prunier rue Michel Beaufils. L'ancienne usine de toiles métalliques Hamot-Gantois, aujourd'hui usine Prunier, a également été étudiée. D'autres établissements désaffectés, de moindre ampleur et plus ou moins transformés, ont également été identifiés et maillent le centre-bourg et les anciens faubourgs : la fabrique de chandelles Royau rue Ledru-Rollin, la scierie Launay quartier du Groisiller, la fabrique de beurre Jalinier et la cidrerie Lebec rue de Belfort, la poterie Amelot rue Michel Beaufils, l'usine de toiles métalliques impasse Jean Mermoz, la fabrique de lunettes Launay rue de Paris... D'autres ont aujourd'hui entièrement disparu, la principale "grande absente" étant l'ancienne usine Lhuissier démolie à la fin du XXe siècle.

Il existe quelques exemples de logements sériels ouvriers à Connerré. Il semblerait, d'après plusieurs sources orales, que les grands industriels achetaient de préférence des maisons existantes au sein du bourg pour y loger leurs employés. Toutefois, on remarque rue du Luart trois maisons identiques et une quatrième assez semblable mais plus grande, du n°16 au n°22 : s'agit-il d'un ancien lotissement ouvrier de la 2e moitié du XIXe siècle ? C'est peut-être également le cas de la série de petits logements accolés sur l'avenue Carnot (du n°25 au n°41), des années 1900-1910. Deux maisons identiques aux n°46 et 50 rue Ledru-Rollin pourraient être la seule concrétisation d'une autorisation donnée aux établissements Gantois en 1927 d'établir une cité ouvrière près de la voie ferrée Mamers-Saint-Calais. La même usine est probablement aussi à l'origine de plusieurs maisonnettes construites sur un même modèle très basique que l'on retrouve avenue Pasteur et rue de la Jatterie.

Documents d'archives

  • 1920-1940 : cidrerie industrielle Lebec, Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 M 137
  • 1932 : atelier cuirs et peaux, Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 M 163
  • 1863-1902 : fonderies de suif, Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 M 181
  • 1861 : poterie Amelot, Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 M 217
  • Archives départementales de la Sarthe ; 5 M 227. 1869 : blanchisserie de fils au chlorure, Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 6 M 775. 1811-1812 : statistique sur les tanneries du département de la Sarthe.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 7 S 153. 1843-1929 : moulins Haut et Bas, commune de Connerré.

  • 1967-1970 : aménagement de la zone industrielle de la Herse, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 83 W 24

Bibliographie

  • ASSOCIATION LES AMIS DE LOUIS SIMON. Le chanvre en Sarthe. Saint-Avertin : Editions Alan Sutton, 2012.

  • COMBES-MESIERE, Lucette, GALBRUN-CHOUTEAU, Gil. Potiers et faïenciers de la Sarthe. Le Mans : éditions de la Reinette, 2002.

    p. 169-175
  • COURCELLE, André, PELLETIER, Alphonse. Connerré, monographie de notre cité. Connerré : mairie de Connerré, 1982.

    p. 117-136
  • JALINIER, Suzanne. Connerré au fil du XXe siècle. Mulsanne : ITF imprimeurs, 2009.

    p. 79-94
  • PAYSAN, Catherine. Pour le plaisir. Paris : éditions Denoël, 1976.

  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    t. 2, p. 88
  • PRUNIER, Christian et alii. Savourons avec la Maison Prunier. Paris : éditions Comaral, 2008.

    p. 140-219

Périodiques

  • CORDONNIER, Paul. "Les derniers potiers de Prévelles et de la région de Tuffé et Bonnétable". Revue Historique et Archéologique du Maine, t. 34, 1954.

    p. 12-15
  • DELAPERELLE, Jean-Pierre. "La faïencerie Guilmet, de Connerré au Mans". La Vie mancelle et sarthoise, n° 441, juin 2015.

    p. 7-10
  • DORNIC, François. "L'évolution de l'industrie textile aux XVIIIe et XIXe siècles : l'activité de la famille Cohin". Revue d'histoire moderne et contemportaine, t. 3, n° 1, janvier-mars 1956.

    p. 38-66
  • LANDAIS, Philippe. Les toiles métalliques Gantois à Connerré. La Vie Mancelle, n° 456, juin 2018.

    p. 37-39

Documents figurés

  • 1854 à nos jours : délibérations du conseil municipal de la commune de Connerré. (Archives municipales de Connerré).

  • Cartes postales anciennes, commune de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 Fi).

  • Collection de cartes postales et photographies anciennes, Connerré. (Archives municipales de Connerré).

Annexes

  • L'activité des tanneries à Connerré.
  • L'histoire du tissage du chanvre et des tisserands à Connerré.
  • La fabrication de toiles métalliques tissées à Connerré (d'après des documents et souvenirs de Mme Herbelin, ancienne secrétaire de direction de l'usine Gantois de Connerré).
  • L'industrie de la poterie à Connerré, d'après COMBES-MESIERE, Lucette. Galbrun-Chouteau, Gil. Potiers et faïenciers de la Sarthe. Le Mans : éditions de la Reinette, 2002. p. 169-175.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.