La confrérie des sœurs de la Charité des pauvres malades et des écoles chrétiennes et charitables du Saint Enfant Jésus fut établie en 1685 et autorisée l'année suivante par l'évêque du Mans. En 1689, le curé André de Jonchères lui fit don, à la condition qu'une partie des sœurs soient issues des écoles charitables de l'Institut de R.P. Barré, de deux maisons jouxtant la rue de l'Herminière et l'hôtel du Lion d'Or achetées et appropriées à cet usage (réemploi de moellons et pierre de taille, de la charpente et des bardeaux d'une maison voisine achetée et démolie, ajout d'une cheminée dans une chambre, couverture en ardoise des esguilles de la maison).
L'édifice, désormais dénommée maison de l'Enfant Jésus ou de La Providence, consistait alors en un enclos renfermant un premier bâtiment à étage le long de la rue de l'Herminière, servant au logement des sœurs et distribué en quatre chambres basses et sept chambres hautes desservies par un degré extérieur, caves et greniers, un second bâtiment distribué en trois classes, oratoire et grenier, une chapelle de 18 pieds de long sur 12 de large, construite cette même année en pan-de-bois et couverte d'un appentis et de bardeaux. L'enclos ou jardin communiquait avec la grande rue par la cour commune dite de La Providence, dans laquelle l'établissement possédait plusieurs maisons.
En 1698, l'édifice fut augmenté d'une chambre haute sur cellier, et le fonds augmenté de celui du cimetière qui servit autrefois a enterrer messieurs de la Religion Prétenduement Réformée. L'année suivante, la chapelle fut reconstruite sur les plans et par Edme Nico, charpentier de la ville du Mans, aidé d'un maître-maçon de la même ville. La nouvelle chapelle, de 22 pieds de long, pris sur la classe qui la joint et de 15 pieds de large, à laquelle était accotée une tour-clocher, était construite en murs avec chaînes d'angles, éclairée par au moins deux croisées vitrées à chambranles de briques et couverte d'une charpente à la mansarde et d'ardoises. Le vaisseau était couvert d'un lambry en forme de vouste afin de donner une plus grande élévation et une plus grande clarté. Le rez-de-chaussée de la tour, à usage de sacristie, était couvert d'un plafond en torchis, et le clocher d'un dosme en charpente peint. outre les moellons récupérés des murs de clôture du cimetière protestant, la pierre fut tirée localement ou achetée à des particuliers. Le bois fut pris dans la forêt de Clossay, la brique et le pavé à Saint-Aignan. Le maçon Jean Bellanger dit La Perrière, le charpentier Marin Bontemps, le vitrier La Chambre participèrent au chantier.
En 1750-1754, l'établissement était distribué en cave et caveaux, chambre à cheminée donnant sur la cuisine, office, boulangerie, réfectoire, vestibule nommé sallon, dortoir ensuitte du vestibulle, chambre du travail à côté, plusieurs chambres dont une au-dessus de la cuisine, cabinet neuf, grande classe, sacristie, cour à volailles, jardin avec cadran solaire. Entre 1758 et 1760, les maçonneries, la charpente et la couverture en bardeaux des classes et du bûcher furent refaites.
Probablement désaffecté temporairement pendant la Révolution, l'établissement de bienfaisance, qualifié d'hospice civil ou de maison des pauvres, fut rétabli après 1804. En 1829, le fonds, dont la propriété était disputée entre la commune et la duchesse de Montmorency, comprenait un bâtiment en L constitué du bâtiment dit de la Providence le long de la rue de l'Herminière et du bâtiment des classes en retour d'équerre dans le jardin, flanqué au bout de la chapelle. La même année, la duchesse fit surélever le bâtiment des classes d'un étage à usage de dortoir et ajouter à gauche, en retour d'équerre sur la chapelle, un nouveau bâtiment à étage servant d'hospice. L'ensemble fut donné l'année suivante à la commune comme établissement particulier de charité géré par la Congrégation des sœurs d'Evron. Dans la seconde moitié du XXe siècle, après la construction du nouvel hôpital rue de Twistingen, l'édifice fut réaffecté en immeubles à logements et la chapelle détruite.
Synthèse
L'édifice, très remanié dans le dernier quart du XXe siècle, comprend en fond de cour le bâtiment des classes de la Maison de l'Enfant Jésus, probablement construit ou remanié vers 1689 pour le curé André de Jonchères (baies couvertes de linteaux délardés) puis surélevé d'un étage en 1829, et en retour d'équerre à droite, le bâtiment de l'hospice construit cette même année. Le bâtiment des sœurs de la maison de l'Enfant-Jésus, le long de la rue Saint-André-de-Gelly (ancienne rue de l'Herminière), est en grande partie dérasé. Il ne subsiste de la chapelle construite en 1699 que les parties basses, très remaniées. Une vue aérienne du 3e quart du XXe siècle, montre les deux fenêtres couvertes en plein-cintre du chœur, le toit brisé et la tour-clocher couverte d'un toit en pavillon portant un campanile qui pourrait être le dosme mentionné dans les sources.
Charpentier et entrepreneur du Mans dans la 2e moitié du XVIIe siècle.