Le fonds actuel de Launay réunit l'ancien fonds du même nom et celui de la ferme de La Bouilleterie.
Du 3e quart du XVe siècle, au plus tôt, jusqu'au dernier quart du XVIe siècle, la terre, fief et seigneurie de Launay appartenait à la famille Verdier, originaire de La Ferté-Bernard. Claude Verdier était sieur de Laulnay en 1586.
Au milieu du XVIIe siècle, le lieu, métairie, fief et seigneurie de Launay, propriété de la famille Danguy relevant de la seigneurie de Rosay, était composé d'un logis flanqué d'un côté d'une galerie menant à une boulangerie et de l'autre d'étables, d'une grange-étable, d'un toit à porcs, d'une grande aistrage avec puits, de deux jardins, l'un jouxtant la cour et l'autre derrière le logis, de trois vergers, d'un étang et d'un bois de haute futaie. Jardins et vergers étaient clos de haies épineuses. Le logis, la galerie et la boulangerie étaient en murs et couverts de tuiles, les deux dernières étaient voûtés. Les autres bâtiments étaient en charpente et couverts de bardeaux. Le logis était composé de deux corps de bâtiments s'exploitant par une mesme entrée, distribués au sous-sol en caves voûtées, au rez-de-chaussée en deux chambres à cheminée séparées par l'escalier, l'une pour le maître ouvrant sur la galerie, l'autre pour le fermier, et à l'étage en deux chambres à cheminées avec boiseries dessus.
En 1768, Louis Durand, négociant de Bonnétable, acquit le lieu de Launay déjà diminuée d'une partie des bois et de quelques terres, et y aurait mené des travaux vers 1770. Le même bailla en 1780 une chambre basse à feu faisant partie de la maison de maître, grenier et cave de la dite maison dont le surplus demeure réservé, avec le jardin et la pépinière derrière, le tout dénommé métairie des Aulnaies.
En 1835, le fonds de Launay, était composé d'une douzaine de parcelles circonscrites par un réseau de chemin, dont au sud l'ancienne route de Bonnétable à La Ferté-Bernard. La cour, desservie par une allée, était bordée par la mare et cinq bâtiments dont le logis, placé entre la cour et un jardin clos de douves. Plusieurs jardins entourent la cour, dont un jardin neuf et un récemment abandonné. En 1842, une nouvelle maison fut construite dans la cour pour Théodore Durand, maire de Bonnétable, puis désaffectée en 1876.
Le lieu et bordage de La Bouilleterie était composé en 1616 d'un logis et d'une grange-étable sous même faîte dans une cour jouxtant celle de Launay, d'un jardin, de deux closeaux et d'une mare, le tout relevant censivement de la seigneurie de Launay. Le logis était distribué en maison manable en laquelle y a demy pignon de muraille four et cheminée et en bouge de chambre. Réuni au fonds de Launay après cette date, le lieu et métairie de La Boutterie en fut distrait vers 1667 puis y fut réuni une dernière fois vers 1849 pour Pierre Gallois, propriétaire à Bonnétable. Le lieu, enkysté à l'est de la cour de Launay, comprenait alors un bâtiment divisé en maison et bâtiment rural, une cour et deux jardins.
Synthèse
La demeure est inscrite dans une ellipse bocagère limitée par des chemins et de fossés, remontant au plus tôt au Moyen-Age. Les croix de chemin dites Croix de Launay élevées à proximité de l’ellipse auraient porté la date 1200.
Le logis, le fournil et sans doute le jardin clos de douves ont été construits dans le 4e quart du XVIe siècle (date portée 1580 sur la voûte du fournil) probablement pour la famille Verdier, appartenant à la bourgeoisie fertoise.
Des élévations extérieures du logis, formé alors de deux corps de bâtiment sans doute suffisamment dissemblables pour que le fait ait été noté au milieu du XVIIe siècle, ne subsistent qu'un piédroit de porte d'entrée dans l'axe de la première volée de l'escalier et la trace d'une baie (?) près de la fenêtre du rez-de-chaussée de la travée droite. Des aménagements intérieurs subsistent les deux caves voûtées, accessibles chacune par un escalier droit sous les deux murs-pignons, l'escalier rampe-sur-rampe montant jusqu'au comble et, de part et d'autre de l'escalier, les deux pièces du rez-de-chaussée, ornées chacune d'une corniche de plafond portée sur des modillons. La pièce de droite était l'ancien logement de fermier et celle de gauche, avec cheminée à consoles à volutes, l'ancienne salle de maître avec accès à la galerie voûtée, détruite après 1835, qui menait au fournil. Ce dernier, peut-être amputé d'un étage (départ d'escalier droit bouché), et fortifié (meurtrières battant l'ancienne douve et le jardin), est remarquable par son couvrement (voûte en berceau plein cintre ornée d'une armoirie) et par ses baies intérieure couvertes en plein cintre. Qualifiée de boulangerie dès le milieu du XVIIe siècle, sa fonction d'origine n'est pas connue.
Dans la 2e moitié du XVIIIe siècle (vers 1770 ?), le logis fut remanié pour Louis Durand, négociant à Bonnétable. Les deux corps furent réunis en un seul, couvert d'un toit à croupes et percé de baies disposées en travées (3 sur la cour et 4 sur le jardin, avec deux fausses baies à l'emplacement de l'escalier). A l'intérieur, la cheminée du logement de fermier fut remplacée par l'actuelle, à piédroits galbés, et l'étage entièrement redistribué : création d'un couloir longitudinal desservant deux chambres, munies chacune d'une garde-robe et d'une cheminée à manteau chantourné et trumeau garni d'une glace d'un tableau (tableau subsistant étudié).
Le corps de bâtiment en pan-de-bois chemisé en maçonnerie flanquant la droite du logis abritait peut-être les étables mentionnées au milieu du XVIIe siècle et remaniées par la suite. Le corps gauche a remplacé au XXe siècle un corps de bâtiment construit après 1835 à l'emplacement de la galerie. Les deux petites fenêtres de part et d'autre de la porte d'entrée du corps principal et la lucarne de droite datent du 1er quart du XXIe siècle.
La grange est formée de deux bâtiments en pans-de-bois, augmentés vers la cour, chemisés en maçonnerie et réunis par un même toit avant 1835 pour créer une vaste grange desservie par le porche, seul exemple de ce type repéré dans le canton.
La remise et le logement ont été construits vers 1842 pour Théodore Durand, maire de Bonnétable, en prolongement des étables aujourd'hui disparues. La charpente à la Philibert Delorme qui couvre le bâtiment est peut-être plus ancienne et semble avoir été remontée : les numéros des fermes ne se suivent pas.
La porcherie peut dater de la seconde moitié du XIXe siècle ou de la limite des XIXe et XXe siècles.
L'ancien logis de la ferme de La Bouilleterie, en ruines, a été construit avant 1835 en deux campagnes successives et partiellement repris après cette date (chambranles des baies en pierre de taille de la partie droite).
Les autres parties agricoles sont été détruites dans le 1er quart du XXIe siècle.
Photographe, Service Patrimoine, Région Pays de la Loire.