Dossier d’œuvre architecture IA53004577 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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Martineau Jocelyn (Contributeur)
Martineau Jocelyn

Conservateur au Service Régional de l'Archéologie, DRAC Pays de la Loire

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Château de Lassay, 2 place du Boële
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Lassay-les-Châteaux
  • Adresse 2 place du Boële
  • Cadastre 2023 AB 369-372
  • Précisions
  • Dénominations
    château fort

L'étude du château de Lassay s'est inscrite dans un programme de recherche pluriannuel, porté par le Service Patrimoine de la Région Pays de la Loire et le Service Régional de l'Archéologie de la Drac Pays de la Loire. Elle a permis de croiser différentes approches tant historique, architecturale qu'archéologique dans un même but de connaissance d'une des fortifications médiévales les plus emblématiques de la région des Pays de la Loire. L'étude documentaire, le renouvellement complet de la base graphique et numérique du château, la prospection géophysique du site, les datations dendrochronologiques de certaines tours et la surveillance de travaux de restauration ont principalement suivi un objectif scientifique précis. Le premier a consisté à se questionner sur la chronologie relative, le programme défensif et les chantiers de construction du château daté des années 1450-1460, d'une part, et de son boulevard d'artillerie des années 1470-1480, d'autre part.

Historique des interventions

Les différentes interventions se sont déroulées sur quatre ans, de 2018 à 2021, à raison de quelques semaines par an disséminées tout au long de l'année pour le volet archéologique. La première prospection thématique autorisée en juin 2018, a permis de remettre à plat toute la documentation scientifique disponible, bibliographie, sources écrites, sources iconographiques, relevés architecturaux et données archéologiques, afin de nourrir trois projets différents mais complémentaires : l'inventaire du patrimoine de l'ancien canton de Lassay, mené par Marion Seure, l'étude historique, architecturale et patrimoniale de l'architecte en chef des Monuments Historiques, Christophe Amiot, chargé du diagnostic sanitaire puis de la restauration, et enfin l'étude des défenses du château, s'inscrivant dans le cadre des recherches de Jocelyn Martineau sur l'archéologie de l'attaque et de la défense dans l'Ouest de la France. De trois projets distincts au départ, nous sommes donc arrivés à une seule et même réflexion d'ensemble.

Les premières acquisitions numériques avec photogrammétrie des extérieurs du château ont été réalisées par Yann Bernard (Virtual Archéo) en plusieurs phases étalées dans le courant de l'année 2018, sur des financements de la Conservation Régionale des Monuments Historiques. Les premiers relevés topographiques de ses caves, des canonnières et de ses deux espaces de cours internes ont quant à eux été réalisés en juin 2018 par Virginie Desvigne, graphiste et topographe à l'Inventaire de la Région des Pays de la Loire. À cela s'est ajoutée, également en juin 2018, l'analyse avant travaux et hors échafaudage des élévations des deux tours des Étrangers et de l'Atelier par Jocelyn Martineau et Marion Seure.

Nuage de points, réalisé à partir du scanner 3D du château.Nuage de points, réalisé à partir du scanner 3D du château.

Une nouvelle demande de prospection thématique a été effectuée pour l'année 2020. Les interventions ont consisté à compléter les acquisitions numériques des parties du château non relevées (Yann Bernard, Virtual Archéo), à mener une première prospection géophysique des différents espaces du château (Analyse Géophysique Conseil), à effectuer un relevé topographique des abords du château (Université Rennes 2 / Ville de Laval) et à réaliser des prélèvements dendrochronologiques d'échantillons des bois des charpentes des tours du Bûcher et de l'Atelier (Dendrotech). La surveillance des travaux de restauration de la tour des Étrangers, sur échafaudage cette fois-ci, a été menée en parallèle pendant toute l'année 2020.

Enfin, l'année 2021 et le début de l'année 2022 ont été mis à profit pour poursuivre l'exploitation des données primaires en post-fouille. Le plan de feu du château a notamment pu être étudié tant en plan qu'en 3D, grâce à la restitution numérique du château et de la ville de Lassay au XVe siècle, l'ensemble ayant été replacé dans son environnement topographique initial. La phase finale de recherche et de rédaction du rapport a été achevée pendant le second semestre 2021.

Ces recherches ne faisant pas l'objet d'une autorisation de fouille programmée, aucune fouille verticale des élévations du château n'a été menée. S'agissant bien d'une prospection, il n'y a pas eu de relevé ni d'enregistrement systématique des élévations ni des charpentes en unités stratigraphiques construites. Il n'y a pas eu non plus de prélèvement ni d'analyse microscopique de mortier associé à une étude pétrographique en lame mince, et donc, pas de diagramme stratigraphique. Cette prospection s'est limitée à une observation des élévations sur échafaudage pour la tour des Étrangers, et hors échafaudage pour le reste, sans autre analyse que la dendrochronologie des charpentes. La fouille tant horizontale que verticale du château reste à faire.

Dénomination des tours

Dans le présent dossier, les tours du château seront nommées soit par des numéros, de 1 à 8, placés dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du châtelet, soit par leur appellation courante correspondant à leur usage dans les années 1980 – voir plan ci-dessous.

Plan du château de Lassay, dénomination des tours.Plan du château de Lassay, dénomination des tours.

Contexte de fondation et premier site castral (XIe-XIVe siècle)

a) Les sources écrites

Les premières mentions textuelles de Lassay ont pour objet la chapelle Notre-Dame-du-Rocher située rue du château : "capella de Laciaco", vers 1100 (cartulaire de Marmoutier), "capella quæ infra castrum est de Laceio", "castellum de Laceio", "capellanus de Laceio", vers 1120 (ibid.). Lassay et son château dépendent alors des seigneurs de Mayenne. En effet, en 1120, Juhel II, seigneur de Mayenne, fait pour la chapelle de son château de Mayenne une série de dons à l'abbé Guillaume de Marmoutier, parmi lesquels se trouve la chapelle de Lassay et ses appartenances (Beauchêne 1876, p. 11, p. 94-96). En 1128, le château est explicitement mentionné pour la première fois ("ecclesiam Sancti-Frambaldi de Laceio cum capella ejusdem castri") dans la cession par Guy d'Etampes, évêque du Mans, aux moines de Marmoutier de l'église de Saint-Fraimbault et de la chapelle du château (Beauchêne, 1876, p. 97). Cette cession est réalisée avec les accords de Payen de Mezhoudin, bénéficiaire de l'église, de l'archidiacre du pays de Payen et de Juhel II de Mayenne, qui semble donc toujours avoir un contrôle fort sur le territoire. Mais du château primitif, on ne conserve aucune description. Ces premières mentions textuelles du château ne révèlent rien des circonstances de sa fondation, mis à part qu'elle ne peut être postérieure au premier quart du XIIe siècle.

L'arrière-plan historique permet toutefois de mieux comprendre le contexte de fondation. Tout au long de la période médiévale, le Maine a souvent été associé à l'un de ses voisins : tantôt lié à la Bretagne, tantôt à la Normandie, tantôt à l'Anjou. Ce n'est qu'entre la fin du Xe siècle et le début du XIe siècle que les comtes du Maine Hugues II (qui meurt vers 1014-1015) et Herbert Eveille-Chien (vers 1015-vers 1036) réussissent un temps à s'autonomiser des puissances voisines, avant que Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, n'étende son influence à cette région. Le Maine est ensuite réuni à l'Anjou par l'union en 1109 de Foulques V Plantagenêt, fils de Foulques IV comte d'Anjou, et d'Erembourg du Maine, fille d'Elie de la Flèche, comte du Maine (1193-1110), et intègre ainsi les terres de l'empire Plantagenêt. Cette instabilité de l'échelon comtal favorise l'implantation au Nord de la Mayenne d'un pouvoir local fort. A la fin du Xe siècle, le comte Hugues II, qui a besoin dans cette région d'un relais fiable et efficace, installe à Mayenne l'un de ses proches, Hamon. C'est surtout la figure de son fils, Geoffroi (vers 1040-1098), que l'histoire a retenue. Au pouvoir pendant près de soixante ans, il est décrit dès le XIIe siècle comme l'un des hommes les plus puissants du Maine, capable de mobiliser auprès de lui mille chevaliers (Renoux 2004, p. 61). Si l'exactitude de ce dernier chiffre peut être sujette à caution, il est en revanche avéré que la châtellenie de Mayenne joue un rôle structurant pour le territoire dès le milieu du XIe siècle, dans un contexte de poussée de la puissance normande et de grands seigneurs féodaux. Dans son étude sur le pouvoir châtelain à Mayenne, Annie Renoux établit que sous le règne de Geoffroi la seigneurie s'organise plus fermement et que les limites de ce qui deviendra plus tard la baronnie se précisent alors. De fait, le "territorium castri Meduanense", comprenant un ensemble de droits, apparaît à la fin du XIe siècle en préfigurant la "castellaria" mentionnée dans le premier quart du XIIe siècle (Renoux 2004, p. 83).

Durant la première moitié du XIe siècle, un conflit important oppose dans ce secteur de marches entre Maine et Normandie les seigneurs de Mayenne et de Bellême, qui détenaient alors, entre autres possessions, Domfront et Alençon. En 1054, le duc de Normandie Guillaume le Bâtard, devenu maître de Domfront et du Passais aux dépens des seigneurs de Bellême, fait bâtir le château d'Ambrières puis ceux de Mortain, de Gorron et Châtillon. Pour contrecarrer les ambitions normandes, Geoffroi aurait fait construire une ligne de places fortes : Montaigu, puis Couptrain, Ernée, Villaines et Lassay. Certaines de ces forteresses, telles Gorron et Ambrières, changent de mains à plusieurs reprises entre leur création et le début du XIIIe siècle. Dans ce contexte de fondations châtelaines en frontière normande, mais aussi de structuration du territoire de Mayenne, l'hypothèse que des châtelains aient pu être installés à Lassay avant le premier quart du XIIe siècle est plausible. Cette proposition de datation est en tous les cas, cohérente avec la morphologie d'un castrum à fortifications emboitées.

b) Les vestiges archéologiques

En l'absence de source écrite, l’hypothèse d’une fondation châtelaine à Lassay antérieure au XIIe siècle est corroborée par les techniques de construction des deux murs gouttereaux de la chapelle castrale Notre-Dame-du-Rocher. Ses élévations en petit appareil de granit assez irrégulier mais disposé en assises réglées, associée à une petite fenêtre à linteau échancré au nord, ont permis à Alain Valais de proposer une datation antérieure de la première moitié du XIe siècle (Valais, 2021).

c) Le château dans son environnement

Le château est construit en tête d'un éperon rocheux à l'ouest du bourg actuel, au croisement de deux cours d'eau, le Lassay et un ruisseau de taille plus réduite. Cet environnement naturel détermine l'emplacement de la forteresse. En effet, chacun de ces cours a été endigué aux abords immédiats du château, pour former deux plans d'eau situés à deux hauteurs différentes, l'étang Barbot à l'ouest et le Grand Etang au sud – seul le second subsiste. Les deux digues qui barrent chaque retenue sont parfaitement alignées. La route qui vient de Domfront contourne l'étang Barbot à l'ouest pour redescendre vers le sud en direction de la digue du Grand Étang, laquelle constitue le seul franchissement de la vallée. Par leur position, le château, le moulin et les étangs contrôlent donc la circulation sur une frontière importante entre Normandie et Maine.

La configuration ancienne de l'étang Barbot, aujourd'hui comblé n'est ni facile à appréhender ni à dater. Celui-ci existait toutefois déjà en 1404 (Archives Nationales, P/345/2, f. 82. Aveux de 1404) - il est encore en eaux en 1663, mais comblé à la fin du XVIIIe siècle. Les données fournies par la prospection géophysique permettent de proposer quelques pistes d'interprétation nouvelles, en montrant une chronologie bien plus complexe et étendue qu'il n'y paraît de prime abord. En surface, le cours d'eau actuel, dont la source est située tout au nord de Lassay, serpente dans des remblais de comblement modernes, selon un axe sinueux qui n'a aucun lien avec sa morphologie ancienne. Les données géophysiques laissent apparaître le toit rocheux au pied du château, à 30 cm de profondeur environ. Il y est clairement découpé selon le même plan de base que l'enceinte polygonale flanquée. Cette morphologie qui n'a rien de naturelle tendrait à indiquer que le substrat a été légèrement entaillé ici, soit pendant le chantier de construction du front ouest du château dans les années 1450, soit après. Mais pas avant.

Le substrat s'abaisse ensuite brutalement jusqu'à une profondeur estimée de 3 m, en présentant un profil en V sans doute naturel qui pourrait caractériser la présence d'un paléochenal ancien au centre de la parcelle. Ses différentes strates de comblement, qui apparaissent nettement sur les différentes coupes issues de la prospection géophysique, montrent un pendage vers le sud-ouest, en direction d'une importante structure linéaire orientée nord/sud. Cette dernière barre l'étang Barbot de part en part, entre la tour des Morts au sud et la rive opposée au nord. Sa largeur d'1,80 m environ, sa grande longueur et sa profondeur ne laissent guère de doute sur le fait qu'il s'agisse d'une digue avec chaussée, telle qu'elle existe plus au sud. Sa simple présence axée sur la digue du Grand Etang permet ainsi de redéfinir complètement la géométrie du plan d'eau, et plus globalement du front sud-ouest du château qui se dessine plus clairement.

Reconstitution du château et de ses basses-cours, entourés du Grand Etang et de l'étang Barbot, vers 1500.Reconstitution du château et de ses basses-cours, entourés du Grand Etang et de l'étang Barbot, vers 1500.

d) Les données de la prospection géophysique

La prospection géophysique des différents espaces du château, de la place du Boële et de l'étang Barbot, n'a malheureusement rien révélé sur l'origine de la fortification. Deux structures ont été repérées dans la cour du château, mais leur interprétation reste douteuse. La première est apparue en coupe devant le porche d'entrée du châtelet. Une possible excavation de 5 m de large et de 2,50 m de profondeur taillée en V pourrait être un fossé primitif ou une grande fosse antérieure au château actuel. Mais les limites ou bords extérieurs de cette structure n'apparaissent pas clairement en plan, quelles qu'en soient les cotes de profondeur. Deux structures parallèles sont également de l'autre côté de la cour, au sud, à moins d'1 m de profondeur, face à l'entrée de la tour Lavoisier. Leur épaisseur possiblement supérieure à 1 m, leur profondeur et surtout leur axe divergeant par rapport à la courtine sud actuel, pourraient correspondre à des fondations. Rien ne prouve évidemment que l'excavation nord et les fondations au sud soient contemporaines ou antérieures au château actuel. Mais le doute est permis et l'hypothèse de fondations et de structures excavées liées à une motte castrale primitive ne peut être levée de facto.

e) Synthèse

Bien que les premières mentions du château de Lassay datent de 1128, c'est dans le contexte mouvementé du siècle précédent qu'il convient de situer son origine. La physionomie du castrum primitif demeure sujette à questionnements. Celui-ci recoupe sans doute peu ou prou la surface du château actuel, sans qu'il soit possible d'en dessiner les limites précises. La chapelle Notre-Dame du Rocher, située dans l'ancienne basse-cour dont la trace parcellaire est encore lisible, présente une baie à linteau échancré et des vestiges de maçonnerie de petit appareil irrégulier, qui permettent de la dater de la première moitié du XIe siècle et de l'associer à la fondation castrale. L'identité du lignage propriétaire du castrum est incertaine. La forteresse a pu rester, un temps, sous la coupe du baron de Mayenne, avant d'échoir au XIIIe siècle aux puissants seigneurs de Vendôme, grâce au mariage entre Jeanne, fille cadette de Juhel II, et Pierre de Vendôme, cadet de famille.

Le château pendant la guerre de Cent Ans (XIVe-XVe siècle)

En 1387, un procès oppose Robert de Vendôme, seigneur de Lassay, et Jean de Logé, seigneur du Bois-Thibault, au sujet du paiement de "reparations du chastel de Lessay", ce qui laisse penser que celui-ci a connu des dégâts dans les années précédentes (AN, X 1A 1473). Jehan de Logé, seigneur du Bois-Thibault, se défend de devoir la contribution financière aux réparations du château de Lassay que Robert de Vendôme lui demande. Il fait valoir que le château "n'est que une petite tour ou il ne pourroit [tenir] que 6 personnes". Au contraire Robert de Vendôme dépeint l'édifice comme une "ancienne forteresse et chastel" pour laquelle il a dépensé 1500 f. en réparations. Selon la coutume, en raison de sa qualité de vassal et du fait que le fils du seigneur de Lassay est fait chevalier, Jean de Logé est tenu de participer aux travaux.

Il semblerait que pendant la première phase de cette guerre, le château de Lassay constitue un refuge sûr, alors même qu'à quelques kilomètres le château du Bois-de-Maine (Rennes-en-Grenouilles) est occupé vers 1360 par une garnison anglaise commandée par Pierre d'Aigremont, comme l'est celui de Domfront entre 1356 et 1363 environ. En effet, un document de justice de 1400, dans lequel sont réunis divers témoignages au sujet d'un différend entre seigneurs locaux, rapporte la parole d'un dénommé Gervaise le Roux de Charchigné, laboureur, qui dit avoir passé dans sa jeunesse huit ans au château de Lassay "pour occasion et doubte des guerres et Englois qui estoient sur le pays" (Beauchêne, op-cit, 1894, p. 127).

L'aveu rendu par Charles de Vendôme en 1404 enrichit la connaissance de l'édifice mais aussi de son environnement immédiat en listant "Premierement, les domaines de madite chastellenie, le chastel, basse court, dangeon, baile et foussez d'environ, ainsi comme ils se portent, avecques deux estangs sis aupres dudit chastel, dont l'ung est appellé le grant estang dudit lieu, et l'autre Barbot" (AN, P/345/2, f. 82). Alors que ces deux documents semblent décrire un château en forme de donjon, une plaidoirie postérieure (1463) nuance cette assertion. Au cours du procès, la forteresse précédente est décrite comme "forte, située entre deux roux, et environnée de deux estangs, laquelle avoit à son entrée deux gros portaux et six autres grosses tours" (AN, X 2 32, 8 mars 1463 [n. st.]). Mais quelle fiabilité apporter à ce témoignage livré par quelqu'un qui n'a peut-être pas connu le château avant sa destruction ou est un clerc parisien qui ne s'est jamais rendu à Lassay et a pu confondre les éléments qui lui ont été rapportés ? Cette description de 1463 pourrait en effet aussi bien décrire le château actuel, en cours de reconstruction à cette date. On peut également envisager l'hypothèse qu'un château polygonal ait été reconstruit entre 1387 et sa destruction pendant la guerre de Cent Ans, ou que l'enceinte polygonale ait été perçue comme une seule "tour".

A partir de 1417, le Maine est plus durement touché par les conflits. Les Anglais y font des incursions régulières depuis la Normandie (Argentan et Alençon sont pris en 1417). En 1424, la défaite du dauphin à Verneuil-du-Perche leur ouvre la porte du territoire plus largement. Ils se saisissent en 1425 de Mayenne, qu'ils conservent jusqu'en 1448. C'est dans ce contexte agité de la première moitié du XVe siècle que le château de Lassay est détruit pour la première ou la seconde fois. Les circonstances de cette démolition demeurent néanmoins nébuleuses car elles sont rapportées par des documents postérieurs, qui ne la relatent pas tous de la même manière.

Il semblerait que le seigneur de Lassay, Charles de Vendôme, se soit allié aux Anglais. Il aurait été dessaisi de ses terres au profit de Jehan des Vaux, alors capitaine de Mayenne et son beau-frère. En effet, le 2 avril 1419, Charles de Vendôme est mentionné comme seigneur de Lassay (138 J 41). Le 22 décembre 1420 Jehan des Vaux, chevalier capitaine de Mayenne, est dit garde et gouverneur de la terre et châtellenie de Lassay (ibid.). Le 14 août 1423, Charles de Vendôme est mentionné comme seigneur de Lassay (ibid.). A-t-il entre-temps été complètement dessaisi de ses possessions ou son château de Lassay ou a-t-il seulement été confié à un capitaine en raison du caractère stratégique du lieu ? En 1422, Jehan des Vaux aurait démantelé le château sur ordre de Yolande d'Anjou se faisant le relais du dauphin, en raison de la faiblesse de la place et de sa proximité avec la frontière normande. Charles de Vendôme aurait continué à jouir de ses droits seigneuriaux sous l'autorité des Anglais représentés par Thomas de Scalles (Angot, 1900-1910, article Lassay).

D'autres sources imputent la destruction du château de Lassay non pas à une stratégie défensive française, mais aux Anglais eux-mêmes. Dans un procès opposant en 1463 Jean de Vendôme aux habitants de Lassay au sujet du devoir de guet, le défenseur du premier dit que : "la seigneurie et chastellenie de Lassay qui est belle et grant seigneurie, laquelle en l'an 1417 fut demolie et abatue par les Anglois qui y misrent le siege" (AN, X 2A 32). C'est également ce que rapporte en 1469 l'avocat de Jean de Vendôme dans un procès l'opposant à Jean du Bellay, seigneur du Bois-Thibault : "le lieu de Lassay où il a tout droit de chastellenie, ou il y avoit bel chastel que fut demoly par les Angloys" (AN, X 1A 8311, f. 15). Ces évènements auraient-ils été oubliés un siècle plus tard quand, en 1544, dans une ordonnance du roi pour la nomination d'un capitaine à Lassay, il est dit que : "jamais les Angloys, nos anciens ennemys, ne le peurent prandre, combien qu'ilz en soient voisin d'une journée et demye et se soient par plusieurs fois efforcez de ce faire pour entrer en notre royaulme" (AD 53, 138 J 23) ?

C'est encore aux Anglais que l'on attribue la destruction du château de Bois- Thibault, situé à environ 3 km de celui de Lassay (AN, X 1A 8311, f. 15). Si le fait que le château de Lassay ait été démoli par les Anglais est incertain, du moins peut-on affirmer que leur présence dans cette zone de frontière a été perçue comme destructrice par les habitants, bien qu'il faille nuancer la catastrophe en raison de l'intérêt que les différents seigneurs ont pu avoir à exagérer leurs pertes.

La reconstruction du château de Lassay au milieu du XVe siècle

a) La châtellenie de Lassay et ses revenus

L'aveu de 1452, rendu par le seigneur de Lassay au duc d'Anjou et reprenant mot pour mot celui de 1404, livre une image de la châtellenie au XVe siècle et permet d'en dresser une cartographie précise. Celle-ci comprend 32 paroisses et s'étend au nord jusqu'aux actuelles communes de Geneslay et de La Chapelle d'Andaine, du côté normand de la Mayenne, et au sud jusqu'aux communes de Champéon et du Ribay (AN, P 345/2, f. 61v-67v). Les aveux dévoilent une imbrication complexe de seigneuries : les seigneurs du Horps et de Bois-Thibault, vassaux de celui de Lassay, étendent leur pouvoir sur un nombre important de fiefs, le premier à l'ouest et au sud de Lassay, le second, au nord. En revanche, autour de la paroisse de Niort-la-Fontaine et de Melleray-la- Vallée, de plus petites seigneuries dépendent directement du seigneur de Lassay, comme celles du Bois-Froult, de Montfoucault ou encore de Commerson.

Par ailleurs, celui-ci bénéficie de tous les droits de chasse sur la forêt de Hardenges, au sud du territoire, et punit sévèrement le braconnage comme le montrent les quelques procès reportés dans les remembrances du chartrier. Quatre étangs dépendent directement de la châtellenie de Lassay : deux à proximité immédiate du château, le Grand Étang et l'étang Barbot décrits précédemment ; deux autres se situant un peu plus loin : celui d'Anglaine, sur le ruisseau du même nom, à l'emplacement de l'actuel hameau du Grand Anglaine dans la commune de Charchigné, et celui de Béhart, sur le ruisseau de la Foucaudière, dans la commune de Montreuil-Poulay. Chaque retenue mettait en mouvement au moins un moulin.

Des travaux d'entretien du système hydraulique sont entrepris entre 1485 et 1489, alors que Jacques de Vendôme devient seigneur de Lassay. La chaussée de l'étang Barbot ainsi que les portes de celle du Grand Etang sont réparées, la bonde de l'étang d'Anglaine est couverte (138 J 36). Les moulins situés sous le Grand Etang sont rénovés : on refait les pignons et les charpentes (ibid.). Des meules provenant de Caen y sont installées. Toutes ces réparations dénotent un véritable souci économique : les comptes prouvent que le revenu des moulins augmente après ces interventions. Outre la mécanisation des activités drapières (moulins à fouler et à tan) et de production de farine (moulins blairez) qu'ils permettent, les étangs sont une source vivrière de premier plan comme le montrent les lâchers de "peuple" qui y sont faits ainsi que les revenus de leur pêche (ibid.). Le seigneur de Lassay tire donc des revenus de ses moulins (42 livres par an à partir de 1489-90) comme du cens de la ville de Lassay et de ses hommes de foi, des droits de tabellionnages et de foire et marchés. Dans cette dernière catégorie, c'est la foire du Gast qui rapporte le plus (plus de 100 livres par an entre 1485 et 1498).

La gestion financière de la seigneurie a produit de nombreux documents au cours de la seconde moitié du XVe siècle, qui dépeignent l'image seigneurie strictement gérée. Le pic documentaire des années 1450 correspond aux réparations suivant la guerre et à la période de reconstruction du château, et la forte activité enregistrée à partir de 1485 à l'année où Jacques de Vendôme devient seigneur de Lassay et pour laquelle les premiers comptes sont conservés.

b) Les commanditaires

La famille de Vendôme, propriétaire du château de Lassay depuis le XIIIe siècle, connait une ascension sociale fulgurante après la guerre de Cent Ans. Jean II de Vendôme, seigneur de Lassay qui décide la reconstruction du château, participe aux combats de la première moitié du XVe siècle. Son rôle militaire exact demeure flou. Toutefois, à la suite de son enlèvement par le capitaine anglais Jean de Hongrefort, le paiement de sa rançon par Dunois, Jean de Bueil et Gilles de Rais en 1434 atteste qu'il compte parmi la clientèle d'importants capitaines de guerre. En 1435, Jean de Vendôme est aux côtés de Jean de Bueil dans la bataille de Sillé-le-Guillaume, où il dirige une des ailes des troupes. Il participe au siège de Pontoise en 1441, avant de recouvrer la seigneurie de Lassay après le départ des Anglais en 1448.

Son mariage en 1441 avec Catherine de Thouars, veuve de Gilles de Rais, conforte cette assise sociale et inaugure une série d'unions. La fille de son épouse, Marie de Rais, unique descendante de Gilles de Rais, épouse en 1444 Prigent de Coëtivy et en secondes noces en 1451 le maréchal André de Montfort-Laval. En 1459, Jean III de Vendôme, fils de Jean II et de Catherine de Thouars s'unit avec Jeanne de Brézé, fille de Pierre II de Brézé, grand sénéchal de Normandie (AD 28, E 161). Chacun de ces prestigieux mariages apporte des revenus conséquents aux seigneurs de Lassay, mais c'est sans doute le décès en 1457 de Marie de Rais, unique héritière de Gilles de Rais, qui constitue un tournant patrimonial. À défaut de descendance, son héritage est partagé entre son oncle René de Rais et sa mère Catherine de Thouars, l'épouse de Jean II de Vendôme. Si de multiples procédures sont encore en cours entre René de Rais et le couple Vendôme en 1458 (AD 28, E 161), l'autorisation de refortifier Lassay intervient dans une période faste pour le lignage. Catherine de Thouars apporte ainsi à la famille Vendôme, par mariage ou héritage, des terres s'étendant sur un large territoire de l'ouest de la France. En plus d'être seigneur de Lassay et de la Chartre-sur-le-Loir, Jean II de Vendôme devient seigneur de Tiffauges et de Pouzauges, prince de Chabanais et seigneur de Confolens. Il semble céder les deux derniers titres à son fils avant son décès. Au milieu du XVe siècle, les logis et fortifications des châteaux de Tiffauges et de Pouzauges font l'objet de travaux de rénovation dont l'attribution classique à Gilles de Rais pourrait être revue au profit de Catherine de Thouars et Jean II de Vendôme.

Ce dernier, puis son fils Jean III de Vendôme, exercent également des fonctions importantes au service du roi. En 1466, le roi nomme Jean II capitaine du château et de la ville de Falaise (AD 28 , E 160). Jean III est qualifié de "conseiller et chambellan du roy" dans une quittance de 1470 pour la garde de Montargis et son fils Jacques de Vendôme, qui hérite de la seigneurie au décès de Jean III en 1481, s'unit en 1497 avec Louise Malet de Graville, fille de Louis Malet de Graville, amiral de France. Ce haut personnage assure la tutelle des trois enfants du couple après le décès de Jacques de Vendôme en 1507. D'alliance en alliance, la famille de Vendôme se rapproche des cercles les plus proches du pouvoir royal. Dès lors, au-delà des considérations d'ordre stratégique, le choix de reconstruire le château de Lassay sous la forme d'une forteresse médiévale austère peut se comprendre comme la représentation monumentale et symbolique d'une position sociale nouvellement acquise mais s'appuyant sur un système et des droits ancestraux.

c) La reconstruction du château (1458-vers 1480)

Les sources textuelles sur la reconstruction du château de Lassay à la suite des destructions de la guerre de Cent Ans sont maigres, aucun compte n'étant conservé pour cette période. Une autorisation de réédification émise par le roi de France est toutefois portée devant la cour de Lassay le 8 février 1458 (n. st.) (AD 53, 138 J 41). Soit celle-ci valide une entreprise déjà entamée, soit les travaux sont menés très rapidement après l'obtention de ces lettres royales.

En effet, la première étude dendrochronologique, effectuée lors de la restauration du châtelet en 2016, a permis de dater l'abattage de certains bois utilisés dans la charpente du corps de logis et dans celle de la tour nord-est des années 1458-1459, ce qui concorde avec l'autorisation royale de février 1458 et indique une certaine rapidité dans l'exécution du chantier. Des analyses complémentaires ont été effectuées en 2020 sur d'autres tours – tour des Étrangers, tour du Bucher, tour de l'Atelier –, dans le but d'affiner la chronologie de construction de l'édifice. Les prélèvements effectués dans la charpente de comble de la tour des Étrangers (faux-entraits de l'enrayure haute, poinçon de la ferme principale, coyers et entraits de l'enrayure basse) ont donné une fourchette d'abatage (et probablement de mise en œuvre primitive) allant de 1464 à 1474. Alors que les pièces de l'enrayure basse ont été conservées à leur emplacement initial, celles de l'enrayure haute appartiennent à la même phase de construction, mais ont été remployées et redébitées. Bien que peu précise, cette fourchette chronologique permet de confirmer que la tour a été construite après le châtelet. Les prélèvements effectués dans la tour du Bûcher ont montré l'emploi de deux séries de bois : l'une provenant d'arbres abattus entre 1456 et 1477 ; l'autre, au cours de l'automne-hiver 1618-1619. Ceux effectués dans la tour de l'Atelier ont livré des dates similaires : entre 1457 et 1472 ; puis automne-hiver 1618-1619. Dans les deux cas, les bois datés du XVe siècle sont des chevrons remployés, très probablement dans leur tour d'origine. Ces prélèvements tendent donc à confirmer ce que laissait pressentir une observation des maçonneries, soit que le châtelet serait la première partie à avoir été édifiée, suivie par les deux tours rondes de l'Atelier et du Bûcher, puis par les tours en fer à cheval parmi lesquelles se trouve la tour des Étrangers (avant 1474).

Tour 8 et châtelet d'entrée.Tour 8 et châtelet d'entrée.

En outre, un document concernant le devoir de guet que les habitants de la châtellenie devaient au seigneur de Lassay, laisse entendre qu'en 1463, au moins à en croire l'avocat du seigneur de Lassay, le château remplit une partie de ses fonctions (AN, X 2A 32). L'édifice serait en effet suffisamment achevé pour justifier un service de guet que les habitants contestent. L'avocat indique également que l'ensemble des travaux aurait coûté entre 9 000 et 10 000 livres – et non 20 000 livres comme avancé par le marquis de Beauchêne et Lefèvre-Pontalis (Beauchêne, Lefèvre-Pontalis, op-cit, 1905, p. 13).

Le boulevard d'artillerie, daté par Alain Salamagne de la décennie 1470-1480 (Salamagne, op. cit., p. 206-27), est mentionné dans la documentation écrite pour la première fois dans les comptes de 1492-1493, quand deux maçons sont payés 60 l.t. pour "faire les foussez du boullevert du chasteau de Lassay" (AD 53, 138 J 36). La même année, un canonnier nommé Jehan de Boullay est payé 4 l.t. sur un marché de 20 l. t. dont la nature n'est pas précisée. Il n'est peut-être pas inutile de mettre en regard cette proposition de datation et le fait qu'en juin 1470, plusieurs maçons travaillent au château ; la peine d'un condamné consiste alors à servir ces derniers pendant quinze jours (138 J 42). De plus, la première expertise dendrochronologique effectuée sur le châtelet d'entrée a montré que les chevrons mis en œuvre dans l'appentis du chemin de ronde, orienté vers le boulevard d'artillerie, étaient légèrement postérieurs aux bois utilisés dans la charpente de comble : la date d'abattage se situe en effet dans une fourchette allant de 1461 à 1483. Ce chemin de ronde a donc aussi bien pu être réalisé immédiatement après les travaux de gros-œuvre du châtelet que construit ou réparé quelques décennies plus tard, peut-être en raison de la construction du boulevard d'artillerie qu'il domine.

Le boulevard d'artillerie, vu depuis la place du Boële.Le boulevard d'artillerie, vu depuis la place du Boële.

Le château fait l'objet de divers travaux de réparation à la fin du XVe siècle : en 1485, une fenêtre est refaite à la tour située au-dessus du moulin et des grilles y sont installées (AD 53, 138 J 36). En 1497, la base des tours, minée par l'eau de l'étang Barbot, est rappareillée (ibid.).

d) Quelques éléments d’interprétation sur le programme architectural

Une citadelle

L'édification du château de Lassay répond aux nouvelles normes architecturales imposées par l'artillerie au milieu du XVe siècle et se développant dans les citadelles royales. L'architecture militaire royale du milieu du XVe siècle connaît en effet deux tournants majeurs. Côté attaque, l'amélioration de la puissance de feu des bombardes pour faire brèche accélère le déséquilibre des forces au profit des assiégeants et oblige les défenseurs à progressivement épaissir leurs murailles et à développer les défenses avancées pour éloigner le danger. A l'inverse, côté défense, l'emploi combiné et coordonné des veuglaires en tir rasant avec les tirs plongeants des couleuvrines pousse les assaillants à enterrer leurs cheminements et à remparer de terre et de bois leurs positions avancées.

C'est dans ce contexte que le château Lassay est rebâti à partir de la fin des années 1450. Les ouvertures adaptées aux armes à feu contemporaines sont combinées pour des tirs rasants et tirs plongeants selon un plan de feu centré et rayonnant, clairement orienté vers la chaussée de l'étang au sud. Les deux étangs sud et ouest forment par ailleurs la meilleure défense avancée qui soit, en éloignant les positions de tir des assiégeants sur les rives opposées situées à plus de 80 m de distance des courtines et des tours. Le bourg forme quant à lui un front bâti à l'est. Par ailleurs, il n'est pas impossible que le châtelet à deux tours au nord et les deux poternes de revers sud et ouest ait donné accès à des défenses avancées en bois ou en pierre, aujourd'hui détruites ou remplacées par des ouvrages plus récents tels que l'actuel boulevard d'artillerie ou sa caponnière de flanc gauche. Enfin, le choix d'un plan octogonal flanqué de hautes tours, même irrégulier et pour original qu'il soit, facilitait le guet et la garde depuis un chemin de ronde continu et traversant, tout en annulant les angles morts aux abords de la place par ses tirs plongeants.

Deux marqueurs de modernité restent absents malgré tout ici : l'épaississement des murailles et l'abaissement des tours et des courtines. Les hautes tours machicoulées commandant les courtines révèlent en effet une hésitation à suivre les évolutions de la fortification telle que mises en œuvre sur les grands chantiers royaux de Dijon, Bordeaux, Bayonne ou Caen, ou comme sur les chantiers bretons de Guingamp, Rennes ou Guérande. Jusqu'aux années 1460, la physionomie des logis fortifiés est encore très largement marquée par la présence d'au moins une sinon plusieurs grandes tours mixtes, et ce pour des raisons tout autant défensives, résidentielles qu'ostentatoires. Jean II de Vendôme ne se démarque par exemple pas de Guillaume d'Harcourt au château de Montreuil-Bellay (49), reconstruit au même moment.

Si le projet du château de Lassay est donc parfaitement d'actualité au démarrage du chantier, sinon innovant sur le plan régional, sa réalisation n'en demeure pas moins imparfaite. L'absence de pierres de taille tirées de carrière et le remploi, plus économique, de matériaux de constructions antérieures trahissent un souci d'économie. De plus, les canonnières rendues inutilisables par des erreurs d'implantation des courtines révèlent des hésitations, voire constituent de véritables malfaçons parfois corrigées pendant le chantier et laissent supposer l'emploi d'une main d'œuvre locale. S'il est possible que des dessins ou des patrons de tours à canon françaises ou bretonnes aient circulé notamment depuis les grands chantiers royaux ou ducaux en cours jusqu'à cette place-forte seigneuriale, l'absence de contrôle pendant le chantier ou lors de son achèvement semble en avoir compromis la bonne exécution.

Le château neuf reste toutefois exceptionnel, par l'originalité de son plan ou par la grande homogénéité et les proportions de l'ensemble architectural. Peut-on voir là l'indice d'un soutien de Charles VII, non seulement par son autorisation de fortification, mais également par un appui financier ou technique au seigneur de Lassay ? Le roi, qui investit la place-forte voisine de Domfront, devait être soucieux de renforcer les frontières entre Maine et Normandie par la reconstruction d'une place-forte capable de résister à un retour des armées anglaises ou à des incursions bretonnes. La création peu de temps auparavant, le 26 mai 1444, par le décret dit de Loupy le-Châtel, des compagnies d'ordonnance, première armée permanente à la disposition du roi de France, porte aussi avec elle des besoins importants de cantonnement. Des châteaux comme celui de Lassay pouvaient-ils constituer des cantonnements pour les légions en campagne ? Rien n'est moins sûr, même si Jean de Bueil, amiral de France sous Louis XI, envoie en 1465 à Lassay une compagnie d'ordonnance commandée par le capitaine Guérin le Groing en réponse à l'occupation de Domfront par les troupes bretonnes. La construction du boulevard dans les années 1470-1480 pourrait cependant, selon Alain Salamagne, être liée au cantonnement au château des troupes royales.

Un symbole de la coutume du Maine ?

Si le facteur militaire est sans doute majeur dans le choix du programme architectural, d'autres principes ont pu orienter la forme de l'ouvrage, à commencer par la volonté du commanditaire d'afficher son autorité suzeraine sur son territoire ; police, justice, guet et garde... De nombreuses pièces de procédure révèlent l'importance qu'attachait le seigneur à l'exercice du droit de guet et garde, qui semble avoir été à Lassay un des plus disputés des droits seigneuriaux issus de la coutume du Maine. Le projet architectural pourrait avoir été en partie conçu pour représenter et permettre l'exercice de ce droit, particulièrement lucratif. Cette hypothèse justifierait ainsi le nombre inédit de chambres à l'intérieur des huit tours, chaque tour et chaque chambre à l'intérieur des tours ayant pu être dévolue à des vassaux particuliers pour la garde, tandis que la population locale était cantonnée au simple guet sur les chemins de ronde. Ce principe de séparation des espaces de surveillance pourrait d'ailleurs expliquer l'absence de porte ou de liaison verticale entre les gaines du chemin de ronde et les chambres des tours, afin de bien respecter la hiérarchie sociale pendant l'exercice effectif de ce droit contraignant. La situation centrale du château, au cœur d'une châtellenie comptant 32 paroisses dont le seigneur de Lassay était haut justicier, est également un élément déterminant pour comprendre son plan centré.

Ecorché de la tour Lavoisier, à partir de la modélisation en 3D du château de Lassay.Ecorché de la tour Lavoisier, à partir de la modélisation en 3D du château de Lassay.

Le château de Lassay à la période moderne

Louis de Vendôme, petit-fils de Jean III, prince de Chabanais, chambellan du roi, cède les terres de Lassay et de la Chartre-sur-le-Loir à François de Ferrières, son beau-frère, seigneur de Maligny en Bourgogne, en règlement de la dot de sa sœur Louise. Jean de Ferrières, leur fils, vidame de Chartres et agent actif du parti protestant, voit ses biens confisqués par le roi en 1562. La pacification d'Amboise permet à sa sœur Béraude de se substituer à son frère à la tête de la seigneurie Lassay, en 1566. Durant les guerres de religions, le château subit plusieurs sièges, en 1569, 1571, 1574 et 1589. Le plus connu, celui de 1569, est rapporté par les historiens La Poplinière, Agrippa d'Aubigné, de Thou et Matignon. Après deux jours de canonnade, une brèche, traditionnellement localisée entre la tour des Mort et la tour du Grand Salon, est ouverte. En 1587, le château est tenu par une garnison dirigée pour le roi par Hurault de Villeluisant.

Peu de temps avant 1600, la terre saisie à Béraude de Ferrière est attribuée à Charlotte du Tillet, dame d'atours de Marie de Médicis et créancière de la dernière dame de Lassay. Elle est représentée à Lassay par un capitaine veillant à l'entretien du château. L'analyse dendrochronologique a montré que certaines pièces de bois du châtelet (chevrons et entraits de la tour occidentale) ainsi que des tours de l'Atelier et du Bûcher, ont été abattus en 1618 et 1619 et indique qu'on procède alors à d'importants travaux de réparation.

A la mort en janvier 1636 de Charlotte du Tillet, restée célibataire, la terre échoit aux enfants de sa sœur, Louis et Louise-Marie Séguier, sur lesquels elle est de nouveau saisie par un jugement d'avril 1636. Pour le règlement de dettes, elle est adjugée le 26 mars 1639 à Isaac de Madaillan, sieur de Montataire. Ce lignage, originaire de Guyenne, conserve Lassay jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Isaac de Madaillan obtient l'érection de la terre de Lassay en marquisat en août 1647, réunissant à celle-ci les terres voisines du Bois-Frou, qui lui venait de sa mère, du Horps, et de Lamboux.

Une enquête faite en 1644 au sujet du déplacement de la foire du Gast dans la ville de Lassay, offre une description du château (AD 53, 138 J 21) : "le chasteau de lad. ville, lequel est ceint et enfermé de grands fossés à fond de cuve, et aux deux costés sont deux étangs et marécaiges ; led. chasteau composé de huit grosses tours et un boullevert à l'entrée, où il y a double pont levis et double herse ; entre deux desquelles tours il y a un logement, et, estans entrée au dedans, l'on nous a fait voir les prisons bonnes et saines et aux ouvertures d'icelles y a des grisles, accompagnées de chambres noires et cachots, dans lesquelles prisons l'on a accoustumé de mettre les prisonniers par autorité de justice ; et avons remarqué au-devant dud.chasteau une terrasse plane, vide, assez spacieuse...".

Isaac de Madaillan décède vers 1651. Son fils Louis de Madaillan, connu sous le nom de marquis de Montataire, hérite de ses biens. Bien que ne résidant que rarement à Lassay, il entreprend l'extension du châtelet médiéval par la construction d'une aile en équerre, plaquée contre les deux tours vers l'est au-dessus des ponts levis, à la naissance du boulevard. La période de construction de cette extension est connue par un aveu de 1687 qui précise que la forteresse avait "à une de ses faces un corps de logis neuf faict construire de nouveau, la couverture d'icelui estant en ardoise garnie de plomberie, au devant duquel est une manière de fer à cheval faisant l'entrée de mond. chasteau avec pont-levis et autre pont-levis faict à l'entrée d'iceluy entouré desd. tours" (AD 53, 138 J 26). Un aveu plus tardif, rédigé en 1769 (ibid.), mentionne la présence contre l'une des faces du château ancien d'un corps de logis plus récent et fait construire "depuis environ cent ans" - soit vers le milieu du XVIIe siècle. Deux peintures antérieures à 1830 (?), conservées au château, présentant un point de vue l'une depuis le sud et l'autre depuis le nord, permettent de s'en figurer l'aspect. À cette époque, la façade sud du châtelet, donnant sur la cour, est transformée par le percement de baies importantes.

Représentation du château de Lassay, avec le logis XVIIe siècle construit sur le boulevard, aujourd'hui disparu, P. Guinerand, vers 1830.Représentation du château de Lassay, avec le logis XVIIe siècle construit sur le boulevard, aujourd'hui disparu, P. Guinerand, vers 1830.

Le fis d'Isaac de Madaillan, Armand, devient marquis de Lassay avant la mort de son père, par un arrangement, datant du 30 mars 1676. Louis de Madaillan lui succède, avant que la seigneurie n'échoie en 1750 à son beau-fils, Louis II de Brancas, duc de Lauragais. Vers 1749, le premier fait édifier à l'entrée du boulevard d'artillerie, vers le corps de logis neuf, un pont de pierre, pour remplacer un pont-levis (AD Mayenne, 138 J 26). Lassay passe ensuite au fils de Louis, Louis-Léon-Félicité de Brancas, comte de Lauraguais (1733-1824), en 1755.

L'inventaire des titres et déclaration des biens relevant du château dans la ville de Lassay, dressé en 1765 par René Richard, inspecteur général des chasses et garde des archives du marquisat de Lassay, livre une nouvelle description du château (AD Mayenne, 138 J 47) : "Ce château fut réédifié au haut et à un bout de la ville sur un roc, il consiste en huit grosses tours rondes et bien solides et élevées au même degrés d'environ 75 pieds de mur ayant à leur plus haute élévation environ 38 pieds de diamètre et estant toutes massicollisées, éloignées les unes des autres de quelques distances et jointes ensemble par des courtines aussy massicoullisées dont les murs ont à leur plus haute élévation environ 8 pieds d'épaisseur, le tout représentant une figure octogone irrégulière et ayant à leur face du costé du nord un corps de logis qui parait avoir été construit depuis 1639 par Messire Louis de Madaillant, seigneur de Montataire et marquis de Lassay, vu qu'il n'en est pas fait mention dans l'aveu rendu par demoiselle Charlotte du Tillet, dame dudict Lassay, le 1 décembre 1630. Au-devant de ce dernier édifice est une petite cour en forme de fer à cheval qui fait l'entrée dud chasteau, laquelle est entourée de remparts de neuf pieds de largeur, en lesquels au rez de cette cour il y a différentes canonnières et en leur fondement est un chemin avec plusieurs autres canonnières par lequel on circuloit autrefois tant autour de cette cour que sous partie des tours de ce chasteau. Le château était autrefois environné d'estangs excepté du coté de la ville à laquelle il est joint, en estant seulement séparé par des fossés très larges. Pour entrer en iceluy, il y avoit deux ponts levis, l'un à l'entrée de la petite cour et l'autre pour passer de cette petite cour à la grande. Ces ponts levis ont été détruits et pour faciliter l'entrée dans ce château, on y a construit depuis 30 ans un pont en pierre attendu que le pont levis étoit d'une trop grand entretien, l'autre pont levis a été comblé sans endommager les murs ou il étoit placé à l'entrée de la ladicte grande cour. Enfin ce château étoit autres fois une place très forte qu'il seroit facile de remettre dans la même force sans beaucoup de frais si les besoins de l'État l'exigeoient.

Jardin du chasteau : Ce jardin qui est auprès et au-dessous du chasteau n'a été mis en nature de jardin que depuis 1750 et a été composé des différentes partiere qui cy devant appartiennoient à plusieurs personnes. La première partie qui est celle autant qu'en emporte le chasteau, entre le chasteau et le vieil étang Barbot actuellement en nature de pré…"

Pendant la Révolution, de 1790 à 1797 le château est occupé par la troupe, hormis une pièce destinée au tribunal. Louis de Brancas, bien qu'ayant adopté les idées de la Révolution, est incarcéré comme suspect. Il est sauvé par le coup d'État du 9 thermidor (1793). En février 1792, une demande est faite par la municipalité à Monsieur de Lauraguais, pour fournir un logis provisoire au curé constitutionnel dans le château occupé par personne dans ce moment-ci. S'ensuit la liste des pièces qui pourraient être libérées (AD Mayenne, 138 J 66) : la salle d'entrée, la chambre au-dessus, un petit cabinet à côté, les deux chambres du cabinet proche du portail d'entrée du dit château, une cuisine proche ladite salle d'entrée, une chambre de la seconde tour avec un cabinet vide, lequel cabinet donne sur la cour, la cave dessous la salle, une autre proche l'ancienne chapelle, une écurie, un fenil, une autre petite écurie située sous la troisième tour, le bûcher qui est dans l'ancienne chapelle. Cette énumération, difficile à suivre dans la configuration actuelle, sans le logis XVIIe siècle et les cloisonnements du châtelet, ne renseigne guère sur la disposition des lieux à cette époque. Tout au plus peut-on relever la présence d'une écurie et d'un fenil, sans doute en appentis sur la courtine, d'une petite écurie occupant le rez-de-chaussée d'une des tours voisine du châtelet et la présence d'une chapelle transformée en bûcher.

Un état des lieux de 1797 indique que tout le local du château est de nulle valeur : "tout y a été brisé excepté dans la chambre occupée par le tribunal où il est resté une croisée, une porte et de la tapisserie" (AD Mayenne, 138 J 66.). Il semble toutefois que les saccages se soient limités au second œuvre, bien que l'entretien général, notamment celui des couvertures, dut être négligé durant ces années.

Le château de Lassay aux XIXe et XXe siècles

La prodigalité de Louis-Léon de Brancas le contraint à procéder à des ventes pour éponger ses dettes. En 1798 (le 27 brumaire an VI), il cède la terre de Lassay pour 100 000 francs, à Louis Pierlot, receveur général de l'Aube. L'acquéreur de Lassay, Louis Pierlot, présente un profil intéressant d'homme d'affaire, profiteur de la Révolution, durant laquelle il constitue une impressionnante fortune. Le domaine de Lassay laissé à l'abandon depuis le début de la Révolution nécessite alors une reprise en main. Pierlot fait dresser un atlas de la terre de Lassay (non daté, entre 1798 et 1808) par Billeray et Daréna. Il montre l'étendue du domaine qui couvre à l'époque 470 hectares et se compose du domaine de Bois-Frou et des Chaumesières à Niort, du château de Lassay et de ses 7 hectares dans la commune, des moulins d'Angeleine vers Charchigné, des métairies du Bourg, de la grande et la petite Vairie au Horps, et des métairies du Buffet et la Cour au Ribay. Autour du château le domaine est assez limité, avec simplement, au nord-est, le jardin, le moulin au sud, la place du Boile à l'ouest, bordée par le grenier à sel, et la chapelle ; de l'autre côté du ruisseau, l'étang et la prairie qui précède. Enfin s'ajoutent à cet ensemble, le champ de foire avec quelques parcelles et la halle au centre de la place.

Louis Pierlot, un an avant sa mort, le 15 juillet 1823 vend le domaine de Lassay, à Narcisse Guesdon, connu sous le nom de comte puis de marquis de Beauchêne. Il entreprend, avec son épouse, Victorine-Julie de Courtiolles, une première série de travaux : modification du portail d'entrée sud (arc en tiers point), installation d'une crypte dans la tour des Morts, modification des portails charretiers au rez-de-chaussée des tours. Il procède dans les années 1830 à l'abaissement à simple pente des toits à la Mansart du logis du XVIIe siècle construit contre le châtelet. Il fait exécuter par P. Guinerand, avant les années 1830, les toiles peintes représentant le château depuis le nord et le sud-ouest. Malheureusement, aucune pièce d'archives ne documente ces interventions ni toutes celles qui ont lieu au dans les années qui suivent, sinon de rares épaves. Les époux Guesdon de Beauchêne après avoir résidé au Mans, semblent avoir transféré leur résidence à Lassay. C'est ce qu'il ressort d'actes notariés passés avec les héritiers Pierlot et de la matrice cadastrale. Le château est donc habitable quelques années après leur achat en 1823.

Entre 1870 et 1935, René-Adelstan Guesdon de Beauchêne supprime le logis de Louis de Madaillan devant le châtelet et aménage l'intérieur du châtelet, de la tour des Morts et de la tour du Grand Salon pour les rendre plus habitables. La tour des Morts, notamment, conserve la trace de travaux de reprise et d'amaigrissement des murs concomitante à la modification des planchers, travaux qui sont laissés inachevés à la mort du marquis en 1935. Ces réaménagements, pourtant réalisés après le classement du château en 1862, n'ont malheureusement laissé aucune archive, que ce soit à la Médiathèque du Patrimoine à Charenton-le-Pont, aux archives départementales de la Mayenne ou chez les propriétaires actuels.

L'imaginaire médiéval qui se dégage du site est mis en scène à travers la création en juin 1978 d'un son et lumière, porté par les habitants de la ville, qui se tenait chaque été devant l'étang aval de la ville, aménagé à cette occasion. S'il illustre l'attachement des Lasséens à leur patrimoine, il a également procuré au site une grande renommée en attirant chaque année des dizaines de milliers de visiteurs.

Carte postale du son et lumière de Lassay, 1977.Carte postale du son et lumière de Lassay, 1977.

A partir des années 2000, le château fait l'objet de nombreuses restauration de fond, permettant son accès à la visite et sa conservation dans le temps.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 15e siècle , daté par source, datation par dendrochronologie
    • Principale : 4e quart 15e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 1er quart 17e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 2e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1458, daté par source, datation par dendrochronologie
    • 1618, datation par dendrochronologie

Le château de Lassay se trouve à l'ouest du bourg, sur un éperon granitique dominant deux cours d'eau, au croisement desquels il se situe, et le Grand Étang. Le front ouest du château est occupé par une prairie de 100 m de long sur 70 m de large, orientée nord-est/sud-ouest, et placée à environ 8 m d'altitude au-dessus du Grand Etang. Le centre de la parcelle est entaillé par un affluent du Lassay, canalisé ou comblé plus au nord, côté ville. Il se jette dans la vallée au sud par une chute d'eau

Le château est formé de deux grands ensembles architecturaux occupant une surface totale de 2800 m² ; au sud-est, côté vallée, l'enceinte polygonale d'une dizaine de mètres de haut et de 2,20 m à 2,50 m d'épaisseur, est flanquée de huit tours d'une dizaine de diamètre et de 15 à 18 m de hauteur en moyenne. Cette enceinte est globalement inscrite dans un cercle d'un diamètre moyen de 44 m intra-muros. Au nord-est, côté village, un boulevard d'artillerie forme une puissante défense avancée en forme d'éperon de 10 m de hauteur.

Le front sud tourné vers le Grand Étang a en réalité un tracé quasiment rectiligne de 40 m de long. Il est flanqué d'une tour circulaire à chaque angle (tour du Bûcher au sud-est et tour de l'Atelier au sud-ouest). Une grande tour en fer à cheval est implantée en son centre (tour Lavoisier), face à la vallée, à la digue, à sa chaussée et au Grand Etang. Les deux courtines est et ouest, mesurant respectivement 31 et 19 m de long, se retournent à angle droit en direction du châtelet au nord. Une seule tour en fer à cheval flanque le front est côté bourg (tour des Étrangers), tandis que deux autres tours en fer à cheval flanquent le front ouest du côté de l'étang Barbot (tour des Morts et tour du Grand Salon). Seules les deux tours rondes présentent une gorge circulaire côté cour, tandis que les autres tours en fer à cheval ont une gorge droite inscrite dans le prolongement du mur de courtine. Le châtelet occupe tout le pan nord du château sur une longueur de 25 m. Il est composé de deux tours en fer à cheval de 17 m de haut, encadrant un passage charretier et un couloir piéton avec pont-levis à flèches. L'axe de cette porterie à deux tours est orienté au nord-est, la porte du boulevard formant un coude à angle droit vers le bourg. Un fossé de 15 m de large creusé dans la roche sépare le front est de la forteresse, de la place du Boële.

Six tours sur huit présentent un plan externe en fer à cheval avec une gorge alignée sur le parement interne de l'enceinte polygonale, tandis que les deux tours sud (Bûcher et Atelier) présentent un plan circulaire avec une gorge débordante côté cour. Les plans des salles internes reprennent le même tracé qu'à l'extérieur, à l'exception de la tour nord du châtelet, dont la salle carrée du rez-de-chaussée et les étages ont été repris tardivement. On retrouve le même diamètre moyen de 10,40 m pour six d'entre elles, quel que soit leur plan de base (châtelet, tour des Étrangers, tour du Bûcher, tour de l'Atelier et tour des Morts). La tour du Grand Salon au nord-ouest, côté étang Barbot, présente une circonférence légèrement écrasée sur l'extérieur, anomalie qui pose des questions sur sa conception, sa chronologie et la nature de ses fondations par rapport aux autres édifices. La tour Lavoisier sort légèrement du lot avec un diamètre de 11,70 m, ce qui peut s'expliquer par son implantation privilégiée au sud, face à la vallée, au Grand Etang et à sa digue. Les dimensions des tours, au niveau du rez-de-chaussée, présentent également de grandes similitudes. L'épaisseur des murs est comprise entre 2,50 m et 2,70 m, y compris pour la tour Lavoisier dont les murs ont une épaisseur de 2,60 m. Les deux tours du châtelet ayant été reprises à l'intérieur, notamment au nord, il est ici difficile de déterminer leur épaisseur d'origine. Les talus de base en pied de tour, côté externe, sont tous fondés sur de la roche dure probablement taillée ou préparée pour recevoir les fondations. Les hauteurs de talus vont de 1,20 m pour la tour Lavoisier jusqu'à 4 m pour la tour de l'Atelier. Le contact entre le talus maçonné et la roche est fortement irrégulier, ce qui s'explique par la volonté des bâtisseurs de s'adapter à l'inclinaison de la pente naturelle vers le sud.

Les fûts offrent des hauteurs variables d'une tour à l'autre. La tour du Grand Salon au nord-ouest, mesure 18 m de hauteur sous la toiture, là où la tour du Bûcher au sud-est, n'en mesure que 15. La tour Lavoisier mesure quant à elle 16 m de hauteur jusqu'à l'arase de son parapet. Le réglage général des tours « en chandelles » se fait au niveau des mâchicoulis, situés à la même hauteur partout. Les parapets des chemins de ronde sont en effet portés en encorbellement sur des consoles droites de granit de trois assises, posées en ressaut l'une sur l'autre, parfaitement identiques d'une tour à l'autre et situées à la même hauteur.

Les huit tours du château de Lassay présentent toutes le même programme résidentiel et défensif dit « mixte », associant des pièces basses à canonnières faisant aussi fonction de communs, aux étages habitables ayant fonction de salles ou de chambres. Les espaces d'habitat sont agrémentés des trois éléments d'architecture habituels dans ce contexte, fenêtre/cheminée/latrines. La répartition des fenêtres et des latrines reste néanmoins très variable d'une tour à l'autre, ce qui pose la question de la manière d'habiter ces espaces au XVe siècle. L'étage haut, en retrait du chemin de ronde, devait être quant à lui dédié à des usages à la fois défensifs et résidentiels. Seules les tours des Étrangers, du Bûcher et de l'Atelier n'ont pas de sous-sol. Cette différence ne s'explique pas vraiment par la topographie du site, dans la mesure où la répartition des caves ne suit pas l'inclinaison du socle rocheux vers le sud. L'explication pourrait être fonctionnelle ou chronologique. L'absence de cave dans les deux tours rondes au sud pourrait en effet être la conséquence d'une chronologie de chantier. Par ailleurs, des reprises en sous-œuvre restent possibles. Les restaurations successives et l'encombrement des espaces n'ont pas permis de trancher la question. Les sous-sols des tours Lavoisier, des Morts et du Grand Salon ne sont aérés que par les canonnières. Les deux sous-sols du châtelet sont totalement aveugles. Tous ces espaces utilitaires ne possèdent ni cheminée, ni latrines et encore moins de soupiraux. Il ne s'agit là que d'espaces de stockage pouvant servir occasionnellement d'espaces défensifs.

Seuls la tour Lavoisier et le châtelet possèdent au rez-de-chaussée une grande cheminée adossée contre le mur de gorge et des latrines dégagées sur le côté est. Les autres tours, fortement reprises aux périodes modernes et contemporaines, restent difficiles à analyser.

La tour du Bûcher conserve un espace à peu près authentique, faiblement éclairé par ses deux canonnières latérales. Elle ne possède ni cheminée, ni latrines et semble avoir eu une fonction de cellier. La structure des étages, un enchevêtrement d'escaliers, de gaines, de conduits, de fenêtres et de salles, est assez complexe à appréhender de prime abord. Trois types d'escaliers, la rampe droite, la rampe hélicoïdale et l'escalier en vis, ont été employés différemment selon les tours, parfois de manière combinée au sein d'un seul et même axe vertical, parfois de manière détachée. Ces variations s'observent d'un étage à l'autre, sans logique apparente sinon peut-être défensive ou structurelle. Accessible depuis le couloir d'entrée du rez-de-chaussée côté cour, l'escalier en vis de la tour du Bûcher permet ainsi d'accéder au premier étage en deux révolutions de 6 m de haut et de 0,75 m de rayon. Puis la vis se décale extra-muros sur le flanc gauche, par l'intermédiaire d'une rampe hélicoïdale qui passe sous la gaine infra-murale du chemin de ronde, avant d'aboutir à la porte du deuxième étage. Elle donne ensuite accès à une seconde vis de même diamètre et de même hauteur, qui s'ouvre sur la salle du troisième étage. Il faut ensuite traverser cette chambre pour accéder au chemin de ronde par un petit emmarchement percé dans le mur. Ce système qui obéit au principe de contrôle de la circulation intérieure se retrouve dans l'autre tour ronde de l'Atelier, mais avec une variante importante. Une rampe hélicoïdale y contourne la salle du troisième étage dans l'épaisseur du mur pour aboutir directement au chemin de ronde sans traverser l'espace résidentiel. La tour Lavoisier adopte quant à elle un tout autre système. Toutes les gaines de circulation verticale sont inscrites dans l'épaisseur du mur, sur le flanc droit du fer à cheval, côté ouest. Il n'y a pas de connexion entre le rez-de-chaussée et le premier étage, l'accès au premier étage s'effectuant depuis une porte haute ouverte dans le vide, côté cour. L'hypothèse que cette porte ouvrait initialement sur une grande salle adossée contre le front sud de l'enceinte reste envisageable, même si la prospection géophysique de la cour n'a pas permis de la valider.

Enfin, l'originalité du château de Lassay tient dans l'ouverture de gaines de circulation horizontales dans l'épaisseur du mur de gorge des tours des Étrangers, du Bûcher, Lavoisier et Atelier, à mi-hauteur des premiers et deuxièmes étages, assurant ainsi une circulation continue de la garde le long du chemin de ronde des courtines depuis le front est côté bourg, jusqu'au sud côté vallée. Aucune communication n'était possible entre le chemin de ronde et les espaces de vie internes côté tour, les portes ouvertes aux deuxièmes étages des tours des Étrangers, Lavoisier et du châtelet étant toutes percées a posteriori. Seule la tour de l'Atelier conserve une porte d'accès, soit bouchée d'origine, soit prévue mais jamais réalisée, entre l'escalier en vis et la gaine infra-murale. Par ailleurs, deux trous de barre, conservés au débouché de la gaine de cette même tour, semblent indiquer une porte ou une barrière escamotable à l'entrée du passage. Mais l'examen plus attentif du bâti ne permet pas de savoir si ces orifices sont bien d'origine ou au contraire percés par la suite.

Les tours sont défendues, en parties basses, de seize canonnières en tout, principalement réparties sur deux niveaux, l'un en sous-sol, le second au rez-de-chaussée. Elles ont toutes été conçues sur un même modèle de casemate triangulaire voûtée, débouchant sur une fenêtre de tir en point d'exclamation à ébrasement interne droit sans ébrasement extérieur. L'orifice de tir circulaire est systématiquement surmonté d'un cran de mire, lui-même surmonté d'une archère détachée. Si le modèle reste le même, toutes les casemates n'offrent pas les mêmes dimensions ni les mêmes dispositions générales. Par exemple, la tour des Étrangers comprend au rez-de-chaussée deux canonnières latérales disposées à même hauteur. La première, au nord, flanque le châtelet et tire vers la gorge ouverte du boulevard d'artillerie. La seconde, au sud, flanque la tour du Bûcher et tire en direction de la rive nord du Grand Etang. La tour du Bûcher est défendue au rez-de-chaussée de trois canonnières disposées en rayons, une en front et deux à la jonction de la tour et des deux murs de courtines latéraux. Les casemates ont ici des dimensions inférieures à celle de la tour Lavoisier. Les canonnières semblent systématiquement orientées en fonction d'un objectif prédéfini au moment de la construction, plus ou moins restitué par l'axe de sa fenêtre de tir.

La première poterne est ouverte au pied de la courtine nord-ouest, sur le flanc gauche du châtelet. Accessible intérieurement depuis une rampe aménagée contre la gorge de la tour du Grand Salon (fig.71), elle relie la cour à la gaine nord du boulevard d'artillerie par l'intermédiaire d'une caponnière, découverte au début du XXe siècle par Beauchêne et Lefèvre-Pontalis, et dont il ne subsiste que les fondations restaurées. La chronologie entre la courtine, la poterne et cette caponnière n'est pas clairement établie. La seconde poterne est aménagée au pied de la courtine sud-ouest, sur le flanc droit de la tour Lavoisier, donne accès à une fausse-braie de plan barlong de 2,60 m de long et de 1 m de large fermé à ses deux extrémités par deux vantaux barrés de l'intérieur.

Le boulevard d'artillerie, situé au nord du château et construit selon un plan en éperon orienté vers le nord, est composé de trois niveaux. Une gaine aménagée en sous-sol du côté nord, de 1 m de large, de 2,10 m de haut et de 40 m de long, distribue neuf canonnières à ébrasement simple. L'embrasure interne mesure 1,70 m de long et la fenêtre de tir environ 50 cm de large sur 1,50 m de haut. Les dix canonnières disposées en éventail au niveau de la cour intérieure du boulevard, et dont le tir était réglé à hauteur de la contrescarpe du fossé, côté ville, ont les mêmes caractéristiques. La seule différence, notable, est la place disponible. Les ouvertures de tir peuvent atteindre ici jusqu'à 2,60 m de largeur, 2,18 m de hauteur et 2,13 m de profondeur. Elles sont munies de coussièges de 30 cm de large qui se retournent en allège sous la fenêtre de tir, jusqu'à atteindre une largeur de 40 cm pour certains sièges. Ces deux niveaux étaient couronnés d'un chemin de ronde.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    classé MH, 1862
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Documents d'archives

  • Archives nationales ; X 1A 1473. Procès entre le seigneur de Lassay et celui de Bois-Thibault au sujet du rappareillage du château de Lassay, 1387, f. 359 et suiv.

  • Archives nationales ; P 345/2. Aveux rendus par les seigneurs de Lassay aux ducs d'Anjou, 1404, 1452, f.61v-f.67v ; f.92-f.97.

  • Archives nationales ; X 2A 32. Procès entre Jean II de Vendôme, seigneur de Lassay, et les habitants de la ville, au sujet du gué et de la garde, 8 mars 1463 [n. st.].

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 41. Remembrances de la châtellenie de Lassay, 1448-1466.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 42. Chartrier de Lassay, remembrances, 1467-1482.

  • Archives nationales ; X 1A 8311. Procès entre Jean du Bellay, seigneur du Bois-Thibault, et Jean de Vendôme, seigneur de Lassay, 18 avril 1469 [n. st.], f. 14.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 36. Chartrier de Lassay. Comptes de la seigneurie, 1485-1498.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 21. Chartrier de Lassay, procès au sujet de la translation de la foire du Gast à Lassay, 1644.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 26. Chartrier de Lassay. Aveux rendus par les seigneurs de Lassay.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 47. Chartrier de Lassay. Inventaire des titres de la ville de Lassay, 1765.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 66. Chartrier de Lassay, régie du château de Lassay (1747 – an V), papiers du régisseur, correspondance de Guesdon de Beauchêne avec ses enfants.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse, GAUGAIN, Ferdinand. Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne.

  • GUESDON de BEAUCHÊNE, René-Adelstan. Essai historique sur le château de Lassay depuis son origine jusqu'à nos jours, 1876, Paris, réed. 1998.

  • MARTINEAU, Jocelyn, SEURE, Marion. Le château de Lassay, architecture savante ou pragmatisme militaire ?. In MESQUI, Jean ; BOUILLEBOUCHE, Hervé [dir.] Fortifications savantes, fortifications de savants, actes du 8e colloque international de Bellecroix, Ciry-le-Noble : Centre de castellologie de Bourgogne, 2022.

    p. 220-253
  • RENOUX, Annie. Le vocabulaire du pouvoir à Mayenne et ses implications politiques et architecturales (VIIe-XIIIe siècle). In Aux marches du palais. Qu’est-ce qu’un palais médiéval ? Données historiques et archéologiques, Actes du VIIe Congrès international d’Archéologie médiévale, Le Mans-Mayenne, 1999, Publications du LHAM, Université du Maine, 2001.

    p. 247-272
  • RENOUX, Annie. Aux sources du pouvoir châtelain de Geoffroy, "seigneur de Mayenne, le fort homme du Maine" (1040-1098). In BARTHELEMY D., BRUAND O., Les pouvoirs locaux dans la France du centre et de l'ouest (VIIIe-XIe siècle), Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2004.

  • SEURE, Marion, BUREAU, Arnaud. Lassay aux confins du Maine. De châteaux en pressoirs. Nantes : Région Pays de la Loire / éd. 303, coll. Images du patrimoine en Région, 2022.

Périodiques

  • FOISNEAU, David. Lassay, une forteresse de la fin du Moyen Âge. La Mayenne, archéologie, histoire. Dossier : les châteaux du Moyen Âge de la Mayenne, 2004.

    t. 27, p. 204-213
  • GUESDON de BEAUCHÊNE, René-Adelstan. Le château de Lassay à travers les siècles, Bulletin historique de la Mayenne, 1890.

    t. 2, p. 110-146
  • GUESDON de BEAUCHÊNE, René-Adelstan. La vie au Bas-Maine au XIVe siècle (d'après un document inédit). Bulletin historique de la Mayenne, 1894.

    t. 8, p. 107-140
  • GUESDON de BEAUCHÊNE, René-Adelstan ; LEFEVRE-PONTALIS, Eugène. Le château de Lassay (Mayenne). Étude historique et archéologique. Bulletin monumental, vol. 69, 1905.

    p. 3-40
  • SALAMAGNE, Alain. Un exemple rare dans l'architecture défensive du XVe siècle : le boulevard du château de Lassay. La Mayenne, archéologie, histoire, 1993.

    t. 16, p. 165-210

Documents figurés

  • Maison Victor Hugo, Hauteville House, Guernesey (Paris Musées), Château de Lassay, dessin sur carnet, 1836.

  • Le château de Lassay et le Grand Etang, lithographie de Tirpenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 Fi 51).

  • Carte postale, Le châtelet du château de Lassay, vers 1900. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/2).

  • Carte postale. Le château de Lassay du depuis le parc, vers 1900. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 F Fi 118/9).

  • Carte postale, La cour du château de Lassay, vers 1900. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/10).

  • Carte postale, Le châtelet d'entrée du château de Lassay, vers 1900. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/14).

  • Carte postale, Château et moulin de Lassay. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/34).

  • Carte postale, Château et moulin de Lassay. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/39).

  • Carte postale, Château et moulin de Lassay. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/55).

  • Carte postale, Château et moulin de Lassay. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/74).

  • Lithographie, le château de Lassay, extraite de l'ouvrage Le Maine et l'Anjou, d'Olivier de Wismes. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 118/123).

  • Cartes postales du son et lumière de Lassay, 1977. (Collection particulière).

Annexes

  • Archives nationales ; X 1A 1473. Procès entre le seigneur de Lassay et celui de Bois-Thibault au sujet du rappareillage du château de Lassay, 1387, f. 359 et suiv.
  • Archives nationales ; X 2A 32. Procès entre Jean II de Vendôme, seigneur de Lassay, et les habitants de la ville, au sujet du gué et de la garde, 8 mars 1463 [n. st.].
  • AD Mayenne ; 138 J 42. Remembrances de la châtellenie de Lassay, 1467-1482.
  • Archives Nationales ; P 345/2. Aveux rendus à Charles d'Anjou, 1454, f.61v-f.67v.
  • AD Mayenne ; 138 J 36. Comptes de la seigneurie de Lassay, 1485-1498.
  • AD Mayenne ; 138 J 26. Brouillons d'aveux rendus par le seigneur de Lassay.
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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Martineau Jocelyn
Martineau Jocelyn

Conservateur au Service Régional de l'Archéologie, DRAC Pays de la Loire

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