Dossier d’œuvre architecture IA53004547 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Manoir de la Fortinière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Hydrographies
  • Commune Lassay-les-Châteaux
  • Lieu-dit la Fortinière
  • Cadastre 2023 149 / ZE 8, 89  ;  ;
  • Précisions anciennement commune de Melleray-la-Vallée
  • Dénominations
    manoir, grange
  • Parties constituantes non étudiées
    remise, maison, fournil

La Fortinière compte parmi les rares exemples d'architecture manoriale de la première moitié du XIVe siècle, conservés dans l'ouest de la France. La baie trilobée de son mur-pignon oriental évoque par exemple celle du manoir de l'Epinay de Cossé-le-Vivien, dont la charpente a été datée de la décennie 1340, ou celle du manoir de la Cour d'Asnières-sur-Vègre (72), dont la charpente est édifiée à la fin du XIIIe siècle. La grange sur poteaux qui lui est associée constitue le plus ancien exemple de cette typologie daté sur le territoire lasséen.

Si l'histoire de la Fortinière est mal connue, l'architecture de pierre soignée de son logis, partiellement conservée, ainsi que la vaste grange sur poteaux, située quelques dizaines de mètres au nord du logis, concourent à sa désignation comme manoir. Dans les sources anciennes, peu abondantes concernant Melleray-la-Vallée, aucune mention n'est faite d'un lieu seigneurial de la Fortinière. Toutefois, la proximité des landes de Malingre, situées entre le manoir et la rivière Mayenne, permettent d'envisager un glissement toponymique à une date indéterminée. En effet, le rôle des rentes de la seigneurie du Horps de l'année 1368 mentionne, entre les lieux de Melleray et de la Guilbardière, le fief noble de la Malindrière, qui appartenait à Robin Malindre. De plus, le fait qu'au XVe siècle la Rajellerie en dépendait et que Jean de Mellerai en était seigneur invite à situer ce fief davantage autour de la Fortinière, que sur la commune du Horps comme le fait Angot. Le manoir de la Fortinière a donc pu, un temps, accueillir la résidence du seigneur de la Malindrière et constituer le siège de la terre de Melleray, qui, en 1414, regroupait la Rajellerie et les landes de Malindre, distinctes de la seigneurie du bourg. L'absence de documentation postérieure à cette date laisse penser que ce domaine noble est tombé en déshérence relativement tôt.

L'analyse dendrochronologique de la charpente de comble permet de dater le logis de la décennie 1330. La baie trilobée du mur-pignon est, l'ouverture à arc brisé dans le mur gouttereau nord et les maçonneries de granit de moyen appareil assisées correspondent à cette datation. La partie orientale de son corps de logis est demeurée intacte. La cheminée, la porte en plein cintre, ainsi que la baie trilobée y demeurent à leur emplacement d'origine. En revanche, la disparition du mur-pignon occidental rend difficile toute restitution des dimensions et de la distribution originales. La charpente, aux aisseliers et jambettes courbes, possède un poinçon orné de deux bagues. Sa forme et l'enduit soulignant les joints de la partie supérieure du manteau de la cheminée permettent de restituer le volume de la salle principale montant sous charpente. Conçus pour être vus depuis la pièce basse, ces décors contribuaient à l'esthétique de la salle seigneuriale. Le plancher n'est posé que bien plus tard, au début du XVIe siècle, annulant cet effet visuel. Une porte et une fenêtre furent percées dans le mur-gouttereau sud à la fin du XIXe siècle.

Une grange seigneuriale sur poteaux est édifiée au nord du manoir, avec des bois datés de l'automne-hiver 1444-1445. Une maison est aménagée dans la partie orientale de la grange à la fin du XIXe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 14e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 1er quart 16e siècle , datation par dendrochronologie
    • Principale : 2e quart 15e siècle , datation par dendrochronologie
  • Dates
    • 1330, datation par dendrochronologie
    • 1444, datation par dendrochronologie

Le manoir de la Fortinière se situe à environ deux kilomètres au sud du bourg de Melleray, le long de la route qui relie ce dernier à Chantrigné, et non loin de la rivière Mayenne. Ses vestiges sont de plan rectangulaire. La partie occidentale de l'édifice est fondée sur une cave semi-enterrée, tandis que l'autre l'est directement sur le substrat granitique. Ses maçonneries sont faites de blocs de granit de moyen appareil assisés. La salle basse est éclairée d'une baie trilobée au profond ébrasement, ouverte dans le mur-pignon oriental, et d'une baie en tiers-point, ouverte, sur le mur-gouttereau nord. Elle est chauffée par une cheminée monumentale en pierre, incorporée dans le mur-pignon est. Son linteau est souligné d'une grosse moulure torique tandis que ses épais corbeaux forment deux ressauts convexes. Les jointures des pierres du manteau de la cheminée visible à l'étage de comble sont couvertes d'un enduit gris. Seule une ferme d'une charpente à fermes et à pannes demeure. Son poinçon est orné d'une moulure à sa base et d'une autre à son sommet. Les jambettes et liens courbes reliant entrait et arbalétrier, ainsi qu'arbalétrier et poinçon, sont arrondis, conférant un aspect voûté à la ferme de charpente, à l'origine conçue pour être visible depuis la salle seigneuriale.

La grange seigneuriale se trouve une vingtaine de mètres au nord du manoir. Elle mesure 5,1 m de de large et environ 11,5 m de long, divisés en trois travées d'inégale largeur - la travée centrale étant la plus longue. 5 poteaux, 2 fermes et 4 sablières demeuraient en 2021. La structure porteuse en bois est indépendante des maçonneries. L'absence d'encoches sous les sablières ne permet pas de connaître le mode de remplissage initial des murs, ce qui laisse ouverte la possibilité que la grange ait été fermée d'un mur de moellon extérieur dès l'origine. Un fragment de cloison basse, dont la sablière est insérée à mi-hauteur du poteau, demeure entre la travée occidentale et centrale.

  • Murs
    • granite
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvertures
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 128. Chartrier de Lassay, rôle des rentes de la baronnie du Horps, 1368.

Bibliographie

  • LE PAIGE, André-René. Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine. Le Mans : Toutain, 1777.

    p. 275-277
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
Seure Marion

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