Dossier d’œuvre architecture IA53004507 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure dite château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Daon
  • Lieu-dit Bréon
  • Cadastre 1811 A1 53, 55-56  ; 2022 A 552
  • Dénominations
    demeure
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    parc, mur de clôture, cour, communs, écurie, remise, sellerie, dépendance, puits, portail, réservoir, terrasse en terre-plein, ferme

"Bréon", qu'on trouve sous diverses formes telles que Brayon, Breillon, Brion…, dérive sans doute du terme "breil" qui est sa forme la plus ancienne : cette étymologie courante peut renvoyer à un petit bois clos près duquel on a établi le château. L'adjectif couramment employé "Subert" (ou encore Sebert, Sibert, Surbert…) est quant à lui une déformation de "sur Béron", du nom du ruisseau affluent de la Mayenne qui enserre le site, anciennement nommé Bert (carte de Jaillot, 1706). La carte de Cassini du XVIIIe siècle mentionne une petite seigneurie nommée Brion-sur-Berne.

Le prieuré disparu

Sans doute avant même la construction d'une résidence seigneuriale, Bréon avait été choisi pour l'implantation, par l'abbaye Notre-Dame de la Roë, suite à une donation des seigneurs de Daon, d'un modeste prieuré sous le vocable de Saint-Blaise. L'historien André Joubert, repris par l'abbé Angot, signale une rente donnée par un certain Guillaume de Cens à l'établissement en 1239 : "capella de Bosco de Breil en Sebert", la chapelle du Bois de Bréon-sur-Bert (cartulaire de l'abbaye de la Roë). En 1445, le seigneur de Daon priait les religieux de reconstruire la chapelle du Pont-à-l'Abbé "qu'on croit estre celle de Saint-Blaise de Bréon-sur-Bert", laquelle avait sans doute été détruite pendant la guerre de Cent ans. Il sera écrit au début du XVIIIe siècle que "la chapelle du prieuré simple et régulier de Saint Blaise de Brion-sur-Bert [était] située au-dedans de l'enclose de la maison seigneurialle de Brion en la paroisse de Daon".

Les titres et aveux du prieuré simple de Bréon-Subert sont conservés depuis le XVe siècle ; en 1499 par exemple, l'abbé de la Roë le confère à un frère nommé Jean Le Royer. Plusieurs nominations de prieurs sont conservées dans les archives de l'abbaye jusqu'au XVIIIe siècle. La métairie de la Touche-Belin, près du bourg de Daon, dépendait du prieuré et lui assurait des revenus. Celui-ci possédait également quelques pièces de terre et de vigne ainsi qu'un droit de dîme. En 1533, d'après l'abbé Angot, le seigneur de Bréon-Subert, Mathurin de Montalais, s'engageait à construire un logis pour le prieur. Néanmoins, le prieuré apparait comme peu ou pas entretenu à l'époque moderne : en 1666, la chapelle est dite en ruine. A la rénovation des titres de la châtellenie de Bréon en 1769, l'abbé de la Roë déclare ses devoirs envers ladite seigneurie ; il y est fait état d'un logis, terre et prés "situés près la maison seigneuriale de Brion" et de trois messes à dire chaque semaine en la chapelle du château, à laquelle il doit fournir vin, lumière et ornements.

Le prieuré est déclaré bien national à la Révolution puis vendu le 5 novembre 1792 à un certain Thomas Rongère. L'acte d'adjudication précise : "Le petit prieuré de Bréon composé de maison, jardin, deux hommées de pré et un journal de terre labourable […] dépendant de la chapelle Saint-Blaise de Bréon, tenu à ferme avec autre héritages par le citoyen Jolly". La chapelle semble avoir été rasée peu après : le cadastre napoléonien de 1811 n'en fait pas état. Aucune documentation ne permet d'en connaître l'aspect, ni même l'emplacement exact.

L'émergence d’une seigneurie importante

Les documents les plus anciens relatifs à l'existence d'une demeure seigneuriale à Bréon ne remontent qu'au XVe siècle, ce qui semble tardif au regard de la plupart des sites féodaux identifiés le long de la rivière Mayenne. Pour l'heure, rien ne permet d'attester de l'existence d'une forteresse plus ancienne, comme se plaisent à l'imaginer l'instituteur communal en 1899 et le curé Fouché lorsqu'il annote le censif de la châtellenie ; le site, sur une éminence protégée par la Mayenne et le Béron, semble toutefois propice à une mise en défense précoce. Le chartrier de la seigneurie de Bréon a disparu et il ne reste que quelques documents épars et tardifs. L'abbé Angot fournit un aveu (non retrouvé), le plus ancien connu, rendu au château d'Angers en 1406 par un certain Pierre Souvain pour son lieu de Bréon-Subert, lequel évoque un "hébergement avec les jardins et courtils d'environ, qui sont encloux et comprins au-dedans de la clouaison dudit hébergement".

Au milieu du XVe siècle, Bréon passe à la famille de Montalais, seigneurs de Chambellay. En 1526, Mathurin de Montalais rend aveu au duché d'Anjou, comme relevant du château d'Angers, pour sa "chastellenye terre et seigneurie de Daon tant en fief comme en dommaine", et en premier lieu son "chastel, cour, yssues et dommaine de Bréon Subert avecques les jardrins, encloux et pourpris en dedans de la cloaison dudit chastel comme les foussez l'enlièvent (?) alentour le tout contenant tant en maisons jardrins et yssues deux septiers de terre ou environ". S'ensuivent la chapelle du château (à ne pas confondre avec celle du prieuré), les bois, les terres, les métairies dont celle de Bréon, ainsi que les moulins à blé et la chaussée de Formusson sis en la rivière de Mayenne, avec les "portaiges et pescheries que j'ay en madite chaussée". Il est également signalé un moulin à draps sur une chaussée "appelée de Battereau". L'aveu se poursuit sur les plesses et garennes à connils (lapins) situées autour du château et sur la paroisse de Daon, les quartiers de vigne et les trois étangs de Daon, "ung grant et deux petiz sis au dessoubz l'un de l'autre entre le chemin allant de Marrigné à Chasteaugontier". L'étang de Villeneuve en est un vestige, mais le grand étang, bien plus vaste, a été asséché au XIXe siècle.

La déclaration, tronquée de plusieurs pages, s'achève par les biens relevant de la châtellenie situés au bourg de Daon, à savoir le port et passage sur la Mayenne avec la maison du pontonnier, le pressoir et le four à ban, qu'il faut compléter par la prison ainsi que "la place et cohue où se tiennent les marchés", cités dans les aveux ultérieurs. La seigneurie était également assortie du droit de patronage sur l'église de Daon. Ce précieux document témoigne donc de l'absorption de la châtellenie de Daon par la seigneurie de Bréon et, par extension, de l'accaparement du titre de châtelain par les titulaires de Bréon. Ils jouissaient à ce titre d'un domaine étendu et de nombreux privilèges sur la paroisse de Daon et les paroisses voisines de Saint-Michel-de-Feins et d'Argenton-Notre-Dame.

La galerie Renaissance disparue

Il est possible que le logis médiéval figure encore, au moins pour partie, sur le plan cadastral de 1811, dans les bâtiments nommés la Cour et la Basse-Cour, une terminologie renvoyant très fréquemment à l'espace clos seigneurial. Il est probable que la Cour désignait encore l'ancien logis manorial, lequel présente en 1811 un plan en T. En 1667, Françoise-Charlotte de Montalais, veuve de Jean VIII de Bueil, vend la seigneurie de Bréon à Louis Le Clerc, chevalier et seigneur des Aulnais en Challain-la-Potherie, où il réside, pour 52 000 livres : "scavoir la chastelenye, chasteau, terre, fief et seigneurie de Brion Suber au pied duquel est un gros bourg appelé le bourg de Daon". L'acte fait état de "la maison principalle, gallerye, granges, escuryes, logements, courtz en l'une desquelles y a une chapelle, jardins, vergers, forêtz, bois de haulte fustaye, taillis, préz, terres labourables et non labourables, pastures et pastis, avecq les vignes qui en deppendent, la mestairye appellée la mestairye de Bréon Suber qui est proche ledit chasteau, la closerye du domainne, les moullins à eau appeléz Fremusson". Il semble que Louis Le Clerc fasse de Bréon sa principale résidence, car il est inhumé en l'église de Daon en 1670.

L'existence d'une galerie, qui n'apparait pas dans l'aveu de 1526 et semble donc postérieure, est attestée pour la première fois dans ce document. L'acte de 1667 précise que "ledit chasteau, gallerye, logements, granges, moullins et chaussées sont en grand ruisne" suite sans doute à une longue période d'inoccupation. Un procès-verbal d'état des bâtiments doit être dressé, afin que le nouveau propriétaire puisse faire abattre les arbres nécessaires aux réparations, mais celui-ci n'a pas été retrouvé. Si la construction de la galerie n'est pas documentée, on peut supposer, si elle est déjà en ruine en 1667, qu'il s'agissait d'une architecture Renaissance : c'est le seul exemple de galerie du XVIe siècle édifiée en surplomb de la Mayenne connu en dehors de la célèbre galerie dite "château-neuf" du château de Laval.

Le cadastre napoléonien de 1811 révèle effectivement la présence d'un long et étroit bâtiment rectangulaire, placé parallèlement à la rivière, à l'emplacement exact de la terrasse devant le château actuel. Sa taille indique à l'évidence une réalisation de prestige ; sa longueur semble avoir été identique à celle de Laval construite dans les années 1540. Malheureusement, il n'existe aucune représentation en élévation ni aucune description connue. L'absence d'iconographie est d'ailleurs étonnante, pour un édifice remarquable, ou à défaut pittoresque, encore debout au XIXe siècle : les matrices cadastrales signalent sa démolition en 1860. L'étude de ce bâtiment, qui pourrait présenter un intérêt de premier plan pour l'histoire architecturale de la vallée de la Mayenne et au-delà, ne peut être poussée plus avant.

Bréon à la fin de l'Ancien Régime

A la suite de Louis Le Clerc, Emery Le Clerc (mort à Angers en 1715) est seigneur et chevalier de Daon et de Bréon, mais les documents conservés précisent que c'est son frère, Pierre Le Clerc, dit l'abbé des Aulnais, prieur commendataire de Cossé-le-Vivien, qui y réside par intermittence. Conseiller du roi, il habite également à Paris, cloître Notre-Dame. A l'occasion de l'une de ses absences, son cabinet du château de Bréon fait l'objet d'une infraction et d'un vol rapporté par les archives. Les cambrioleurs "ont rompu son bureau et volé dans ledit bureau plusieurs espèces d'or et d'argent tant vielles que nouvelles", tandis qu'un complice distrayait le personnel du château. Pierre Le Clerc laisse pour héritiers en 1739 Louis-Auguste-Pierre Le Clerc, grand sénéchal d'Anjou, et Madeleine Le Clerc. Cette dernière épouse Pierre de Laurens, le château de Bréon demeurant ensuite dans cette famille jusqu'à la Révolution.

En 1769, le censif et le projet d'aveu de la châtellenie de Bréon livrent un état complet du domaine. Jean-Charles de Laurens, seigneur de Daon, Bréon, Tremblay et autres lieux, y déclare : "premièrement mon chastau, cous, issues et domaines de Brion Subert en ma paroisse de Daon, pavillons, en l'un desquels est ma chapelle, écuiries, terasses, vallons, cours, pastis, fossés et jardins, le tout contenant environ deux septrées joignant vers midy la rivière de Mayne, vers septentrion mes bois, jardins et terres de Brion, vers orient les issues et deppendances d'une de mes métairies de Brion cy après déclarée, et vers occident autres issues et jardins d'une autre métairie et mon bois de haute futaie qui seront aussy cy-après confrontés". L'aveu énumère les métairies du Haut et du Bas-Bréon qui jouxtent le château, diverses pièces de terres et de bois dont "la pièce du corps de garde au bas de laquelle il y a une maison qui servoit autrefois à loger les employés de gabelle", jardins, vergers, pâtures, moulins de Formusson, pêcheries, trois étangs (celui de Villeneuve, celui du Milieu et le grand étang). La description du château est succincte, mais le document mentionne les "galeries" de Brion vis-à-vis de la seigneurie des Vaux, située de l'autre côté de la Mayenne.

Le château semble échapper à la saisie et à la vente pendant la Révolution. En juillet 1799, la succession de Jean-Baptiste-Charles de Laurens est partagée entre ses trois héritiers. Louis-Auguste de Laurens obtient "la maison principalle de Brion, bâtiments, cours, rues, issues, jardin et dépendances", les métairies de la Cour-de-Brion, du Haut-Brion et de la Basse-Cour-de-Brion, ainsi que le petit et le grand étang. Les bois, métairies et le moulin constituent les deux autres lots. La propriété passe ensuite en 1811 à sa nièce Elisabeth de Maury d'Ayroux, épouse de François Prévost de Bonnezeaux, résidant au château de Briocé à Saint-Lambert-des-Levées près de Saumur. Le moulin de Formusson est vendu en 1812 à un certain Michel-Jacques Maurice, marchand. En 1850, Elisabeth de Maury d'Ayroux fait donation "du vieux château" et de son domaine, affermés aux époux Laumonier, à son fils Alexandre de Sarcé. L'année suivante, celui-ci donne Bréon à sa fille Théophanie de Sarcé, épouse de Gustave de Jourdan, résidant au Mans. Devenu simple ferme et passant de mains en mains, le château se dégrade.

Le renouveau impulsé par la famille Godivier

En 1858, Anaïs Talvat (1805-1884), héritière d'une famille lavalloise enrichie dans le commerce de toiles, épouse de Dominique II Godivier de la Rainière (1795-1872), propriétaire à Château-Gontier, obtient la terre de Bréon par échange avec les époux Beunèche de la Corbière : il s'agit d'en doter son fils Dominique III Godivier, juge au tribunal d'Angers (?), à l'occasion de son mariage avec Marie-Rosalie-Désirée Renault, contre une rente viagère. Le contrat de mariage comprend ainsi "le vieux château et ses dépendances et les deux métairies de la Cour et de la Basse-Cour". La même année, Dominique III acquiert également les bois et futaie de Bréon de M. Beunèche. En 1876, il achètera la métairie du Haut-Bréon à la veuve Gustave de Jourdan.

Le nouveau propriétaire fait aussitôt démolir l'ancienne galerie et construire une nouvelle demeure sur une parcelle vierge située à proximité. La construction est portée au registre des matrices cadastrales en 1863. Le logis, alors modeste, est conçu comme un petit pavillon de chasse. Il est ensuite agrandi de deux ailes symétriques et d'une galerie devant la façade antérieure, selon les plans fournis par l'architecte Urbain Joyau entre 1868 et 1871. Le couronnement de la travée centrale de la façade postérieure est également remanié et porte la date 1871 qui signale l'achèvement du gros-œuvre. Cette seconde campagne est portée au registre des matrices cadastrales en 1877. La décoration intérieure est également pensée par l'architecte, dont une partie des plans subsiste, datés de 1873 ; les décors du château de Bréon sont encore aujourd'hui intégralement préservés et soigneusement entretenus.

En 1899, l'instituteur de Daon écrit dans sa monographie communale au sujet du château : "Il est de style Renaissance mais l'existence d'un promenoir à la façade principale lui donne l'aspect d'un palais grec. Ce péristyle formé de plusieurs colonnes formant galerie agrémente beaucoup le château de Bréon qui comme ensemble forme une construction très élégante. Le parc, les bois et les propriétés qui en dépendent forment une admirable propriété de plus de 300 hectares entourée d'une grille de fer et bornée par la rivière de la Mayenne et celle du Béron". En 1891, M. Godivier obtient l'autorisation d'établir un ponton pour servir de débarcadère au bateau à vapeur naviguant sur la Mayenne, moyennant redevance. Bréon était également dévolu à la chasse, avec une importante meute de chasse à courre. Cette activité est rappelée par les tentures d'un salon, exécutées d'après les scènes de genre chères à Eugène-Louis Pirodon, peintre, graveur et lithographe français du XIXe siècle.

Les matrices signalent, en 1895, l'incendie des bâtiments de la Cour et de la Basse-Cour, encore debout à cette époque, qui sont ensuite rasés pour dégager la terrasse. Une clé de voûte armoriée supposée dater du XVe siècle est trouvée lors de la démolition du "vieux manoir". Le blason qu'elle figure, au pal denché et aux deux aigles, réputé être celui d'une hypothétique famille de Bréon, sera incorporé par les Godivier-Talvat à leurs propres armoiries comme le précise une note des archives familiales. Bien que le trait de sa courte description semble forcé vers le pittoresque, l'historien André Joubert parait avoir vu le manoir avant sa démolition lorsqu'il en décrit succinctement les ruines : "les anciennes portes et fenêtres étaient en ogive". En 1923, Albert Godivier obtient l'autorisation d'établir une prise d'eau dans la Mayenne destinée aux usages domestiques. Deux réservoirs sont alors aménagés de part et d'autre du portail du château. 

Le château de Bréon est établi sur un promontoire dominant la Mayenne, au creux d'une ample boucle de la rivière : il bénéficie d'une vue remarquable sur la vallée et la rive droite, sur laquelle le regard porte depuis le château de Magnanne, à l'ouest, jusqu'au bourg de Daon, au sud.

 

Le logis et son décor

La demeure est construite perpendiculairement à la rivière et orientée au sud-est et au nord-ouest. Sa silhouette est sans équivalent dans la vallée de la Mayenne : elle comprend un corps central en rez-de-chaussée et comble à surcroît, flanqué de deux ailes en retour à étage carré et étage en surcroît. Les bâtiments sont réunis par une galerie d'inspiration italienne (ouverte à l'origine) supportant une terrasse. Hormis le soubassement au décor de briques plaqué, les maçonneries sont en moellons enduits, mais les angles, les encadrements des ouvertures et les décors sculptés sont en tufeau taillé. Les toitures sont à longs pans et croupes brisés, couvertes d'ardoises. Les épis de faîtage en zinc sont en forme de pot à feu ; celui qui couronne le pavillon central est coiffé d'une girouette en étendard. Les souches de cheminées qui garnissent les toitures sont en brique et pierre. L'élévation est parfaitement symétrique mais bien différente côté portail et côté terrasse.

Du côté du portail, au nord-ouest, le corps central est en légère saillie sur les deux ailes. La travée centrale, qui concentre l'essentiel du décor, forme un léger avant-corps aux angles à bossages et couronné par un clocheton couvert d'un petit dôme. Les ouvertures du rez-de-chaussée, en arc segmentaire, possèdent des chambranles à crossettes moulurés et des frontons triangulaires. Accessible par un petit perron, la porte est surmontée des initiales GR, pour Godivier et Renault (ou Godivier de la Rainière), inscrites sur un cuir découpé orné de deux rameaux de laurier. La corniche, supportée par quelques consoles, est interrompue par trois lucarnes passantes. Les deux lucarnes latérales sont coiffées de frontons cintrés. La lucarne centrale, divisée par un meneau, possède un décor d'ailerons chantournés et sculptés de volutes, de rameaux de chêne et de palmettes ; le couronnement porte un cartouche avec la date 1871.

Du côté de la terrasse, au sud-est, le corps central présente également un léger avant-corps coiffé d'un toit en pavillon. Les deux lucarnes latérales reprennent le dessin de celles de la façade nord-ouest. La lucarne centrale, également très développée, présente une agrafe en pointe de diamant et un fronton à volutes couronné d'un grand vase, où s'inscrit un médaillon aux armoiries de la famille Godivier : "d'or au pal denché d'argent, adextré de trois lions de sable posés deux et un, à une fasce d'hermine brochante, sénestré d'une aigle de sable, becquée et onglée de gueules". Les enroulements, les consoles à feuillages, les rubans et les guirlandes de fruits qui complètent le décor sont d'une grande finesse. Contre le rez-de-chaussée s'appuie la galerie supportée par six colonnes baguées aux fûts légèrement renflés. Le dessin des garde-corps est ajouré de motifs géométriques.

Les deux ailes qui encadrent le corps central sont identiques, avec trois travées sur les grands côtés, une seule sur les petits côtés. L'aile sud-ouest présente deux fenêtres factices au revers des cheminées, pour maintenir la symétrie. L'ornementation est beaucoup plus sobre, avec des bandeaux de niveau et d'appui, des frontons triangulaires ou de simples larmiers aux fenêtres de l'étage, une corniche à modillons, des œils-de-bœuf et des lucarnes à ailerons et frontons cintrés. Celles du côté nord-est sont flanqués de simulacres de conduits de cheminée (un seul a véritablement cette fonction). Les garde-corps des fenêtres de l'étage reprennent le motif des balustrades de la galerie.

Le décor intérieur est remarquablement conservé. Le corridor central est occupé par un monumental escalier en pierre s'enroulant autour d'un jour central. Le garde-corps, dont le motif rappelle à nouveau celui des balustrades extérieures, prend naissance sur un pilier à cannelures torses coiffé d'un bulbe fleuri. De part et d'autre prennent place les petits salons. La salle à manger au nord-est, au décor qu'on pourrait juger plutôt masculin, est garnie de tentures de scènes de chasse réalisées d'après les œuvres de Eugène-Louis Pirodon. Son pendant plus féminin, le petit salon sud-ouest, possède un plafond orné d'élégantes moulures en plâtre de style rocaille et peint de rinceaux, de guirlandes de fleurs et d'instruments de musique suspendus à des rubans. L'importance de l'ornementation et la taille des cheminées contrastent avec les dimensions réduites des pièces. L'aile nord-est abrite la cuisine, l'aile sud-ouest un grand salon de réception donnant sur la Mayenne et garni de boiseries ; la cheminée, frappée des armoiries Godivier comme celles des autres salons, est ornée du buste d'un membre illustre de la famille, le général Mauppert.

 

Les communs et les abords

Les communs sont disposés sur le côté nord de la cour du château. Le bâtiment principal, aux ouvertures cintrées, accueille les écuries, la remise et la sellerie, dont le mobilier est toujours en place. L'ancien chenil y est accolé. Un petit bâtiment, qui servait anciennement de salle de bains (aménagements disparus), voisine avec un puits couvert d'un toit conique.

L'accès à la propriété se fait par une longue allée rectiligne bordée de chênes de 800 mètres de long, depuis la route de Daon au bac de Ménil, tracée pour arriver au château sans traverser la ferme. Une seconde allée de plus d'un kilomètre, dans la perspective de la demeure dont elle magnifie l'entrée, rejoint la ferme de Préval pour aller se perdre dans un champ. La grille est précédée de deux citernes stockant l'eau pompée dans la Mayenne : ce curieux aménagement pourrait être l'évocation d'une douve protégeant le château. Passé le portail, une allée circulaire dessine un vaste rond-point devant le château.

Les bâtiments sont inscrits dans un enclos approximativement rectangulaire ceint de murs, d'environ 75 mètres sur 200, à contre-courant des vastes parcs agricoles ouverts du XIXe siècle. Le mur nord sépare la demeure et ses communs de l'exploitation agricole. Le côté sud devant le château est dégagé en une vaste terrasse surplombant la Mayenne, qui reprend le plan au sol de l'ancienne galerie du vieux château. A proprement parler, on ne trouve donc pas à Bréon de grand parc à l'anglaise, ce qui constitue une autre originalité du site par rapport aux autres châteaux du XIXe siècle de la vallée de la Mayenne. Le domaine, de plus de 200 hectares, s'étend de Formusson jusqu'à la Porte face à Ménil, et comprend bois et terres agricoles. Les îlots formés par l'ancienne chaussée du moulin de Formusson sont également inclus dans la propriété

  • Murs
    • schiste moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés croupe brisée
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier intérieur : escalier en vis avec jour en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
    • ferronnerie
  • Représentations
    • ornement en forme d'objet, pot à feu, drapeau, vase, guirlande, ruban, instrument de musique
    • ornement architectural, colonne, fronton, agrafe
    • ornement géométrique, volute, palmette, rinceau
    • ornement végétal, laurier, chêne, feuille, fruit, fleur
    • armoiries, monogramme
    • ornement figuré, tête d'homme, tête de femme
  • Précision représentations

    Epis de faîtage en forme de pot à feu et d'étendard.

    Encadrements d'ouvertures à crossettes et frontons triangulaires ou cintrés. Lucarnes à décors d'ailerons à volutes, agrafe en pointe de diamant. Rameaux de laurier et de chêne, palmettes, vase, rubans, guirlandes de fruits, armoiries et monogramme ornant la travée centrale.

    Galerie supportée par six colonnes baguées aux fûts légèrement renflés.

    Escalier à garde-corps ajouré de motifs géométriques, cannelures torses et bulbe fleuri.

    Salons ornés de cheminées sculptées (figures engainées, buste, armoiries, monogramme...), de moulures en plâtre, de tentures de scènes de chasse et d'un plafond peint de rinceaux, de guirlandes de fleurs et d’instruments de musique suspendus à des rubans.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; E 3408. Aveu de la châtellenie de Daon et du château de Bréon-Subert, 1526.

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 2 E 2063. Cahiers d'aveux rendus à la famille de Montalais propriétaire de la châtellenie de Daon, 1565-1587.

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 5 E 120/69. Donation entre vifs par M. de Sarcé à ses enfants, incluant la terre de Bréon à Daon, 1er juillet 1891.

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 3390. Prieuré de Cossé-le-Vivien ; pièces relatives à Pierre Le Clerc, propriétaire du château de Bréon à Daon.

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 2753. Enquête sur l’infraction et le vol commis au château de Bréon à Daon, 1727.

  • Archives départementales de la Mayenne ; H 173. Titres du prieuré Saint-Blaise de Bréon à Daon, 1499-1769.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 109 J 21. Vente de la seigneurie de Bréon-Subert à Daon par Françoise de Montalais à Louis Le Clerc, partage de la succession de Laurent et bail du moulin de Formusson, 1667-1809.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 109 J 22. Minute d’aveu au roi de la seigneurie de Bréon-Subert à Daon, censif et projets de censif du clos de Daon, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/23-5. Monographie communale de Daon, par l'instituteur Th. Martin, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 145-146, 564, 1481. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Daon, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 304. Vente du prieuré Saint-Blaise de Bréon à Daon comme bien national, 5 novembre 1792.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 222 Q 149. Donation par Elisabeth de Maury d’Ayroux à son fils Alexandre de Sarcé du domaine de Bréon à Daon, 23 mars 1850.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 222 Q 201. Vente des bois de Bréon à Daon par Jean-Baptiste Beunaiche de la Corbière à Dominique Godivier, 17 avril 1858.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 222 Q 205. Contrat de mariage entre Dominique Godivier et Marie-Rosalie-Désirée Renault, contenant donation par Anaïs Talvat de la Renière du domaine de Bréon à Daon, 20 août 1858.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 222 Q 413. Achat de la métairie du Haut-Bréon à Daon par Dominique Godivier, 2 mars 1876.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 S 510. Autorisation d’établissement d’un ponton sur la Mayenne puis d’une prise d’eau dans la rivière, au château de Bréon à Daon, 1891-1924.

  • Archives privées. Censif de la châtellenie de Daon et de Bréon-Subert et papiers de la famille Godivier, 1769, XIXe siècle.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

  • JOUBERT, André. Recherches historiques sur Daon et ses environs. Château-Gontier : Leclerc, 1879.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Daon, 1811. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2684).

  • Plan d’établissement d’un ponton sur la Mayenne au château de Bréon à Daon, 1891. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 S 510).

  • Plans d'agrandissement du château de Bréon à Daon par Urbain Joyau, 1868-1873. (Archives privées).

Annexes

  • Extraits du projet d'aveu de la châtellenie de Daon et de Bréon au roi, 1769 (AD Mayenne ; 109 J 22)
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers
Parties constituantes