Dossier d’œuvre architecture IA53004455 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Foisneau Nicolas (Contributeur)
Foisneau Nicolas

Chercheur à l'Inventaire général, au service puis direction du Patrimoine du Conseil départemental de la Mayenne, de 2001 à 2020.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de maître dite manoir, puis ferme
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Ménil
  • Lieu-dit la Guédonnière
  • Cadastre 1833 A1 86 87  ; 2022 A4 1438 1439
  • Dénominations
    maison, manoir
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    écurie, étable, remise, four à pain, puits, étang

Des origines mal documentées

 D'après les travaux de l'abbé Angot, la Guédonnière (ou Guesdonnière) ne serait le siège d'aucune seigneurie, et ne peut donc être désigné comme un manoir, même si la demeure en a les caractéristiques architecturales. Angot la considère comme une maison de maître. Néanmoins, les origines de cette demeure nous étant inconnues, il n'est pas interdit de penser qu'un fief ait existé avant de disparaître sans laisser de trace écrite. Il s'agissait, au XVIIe siècle, d'une métairie et d'une closerie appartenant à François de Pannard, sieur du Port, époux de Perrine de Quatrebarbes. La demeure est ensuite propriété de Mathurin de Pannard, mentionné en 1656 et 1676, puis de Laurent Leroy en 1681. Au début du XIXe siècle, la veuve Richard, marchande à Château-Gontier et propriétaire de la Guédonnière, scinde la ferme en deux exploitations agricoles, la closerie de la Haute Guédonnière à l'ouest (incluant la maison de maître), la métairie de la Basse Guédonnière à l'est, respectivement propriétés de Louis et Charles Richard. Il ne reste aujourd'hui rien de la Basse Guédonnière.

Un seul document d'archive contenant une description sommaire de la Guédonnière a été retrouvé : il s'agit d'une estimation de 1653. Les lieux sont alors composés "d'un grand corps de logis où il y a salle, cuisine, cave voûtée, escallier, chambres haultes et greniers exploités par le métaier ; d'un autre logis où antérieurement (?) demeuroient les métaiers ; de granges et étables, le tout couvert d'ardoize ; de quatre jardins, un petit clos de vigne ; de quatre prez qui se tiennent l'un l'autre, de trois portions de prez sur la rivière de Mayenne, de soixante et douze journaux de terre labourable ou environ suivant le raport du mestaier [...] et près d'une litre de chesnes du rivage au long de l'estang de la Guédonnière du costé de cette ville, autre rangée de chesnes le long dudit estang et autres prez et presses, il paroist avoir esté abattu sur lesdicts lieux nombre de gros chesnes et autres". La description confirme qu'avant d'être dévolu aux métayers, le logis principal était celui d'un notable ou d'un seigneur et le fermier résidait dans un logement annexe ; aucune date n'est donnée pour ce changement de statut mais il semble alors assez récent, en tout cas connu de mémoire d'homme.

Les corps ouest et sud et la tour d'escalier ont été construits en une seule campagne de travaux. Le corps nord-ouest, qui vient s'appuyer contre le corps ouest, a été édifié soit en même temps, soit peu de temps après. La tour hors-œuvre abritant l'escalier se rattache à la typologie des manoirs de la fin de la période médiévale et du XVIe siècle ; néanmoins, il s'agit d'un escalier tournant à retours, avec un mur-noyau et des repos intermédiaires (soit rampe-sur-rampe) et non en vis, qui conduit à dater la construction du logis de la 2e moitié du XVIe siècle, et peut-être plus précisément du 3e quart du XVIe siècle. Cette datation n'est pas démentie par la forme des cheminées, dont la pose est néanmoins postérieure à celle des planchers, comme l'atteste une légère disjonction entre la position des manteaux et la poutraison. Le petit passage à l'étage signalé par un mur oblique à l'angle du corps ouest et du corps nord-ouest et percé d'une ouverture de tir, correspond à une mise en défense légère peut-être pendant la période trouble des guerres de Religion, soit entre 1560 et 1600, peu après la construction du bâtiment. Une autre ouverture de tir est visible au-dessus de la porte ouest. 

 

Les transformations du XVIIe au XXe siècle

Le corps ouest a par la suite été abaissé. La hauteur primitive du mur gouttereau est encore visible sur une courte portion située à la jonction avec la tour d'escalier. Cet abaissement explique vraisemblablement le curieux couvrement en bâtière d'une fenêtre du premier étage. La tour d'escalier a elle-même été abaissée et la tourelle en encorbellement appuyée contre la partie supérieure, qui abritait un escalier en vis dont les deux premières marches sont encore visibles, s'est ainsi trouvée tronquée. Elle devait desservir une pièce aujourd'hui disparue qui occupait le sommet de la tour. La forme des charpentes laisse supposer que ces transformations ont été réalisées dans le courant du XVIIe siècle. Un parallèle peut être fait avec le déclassement de la propriété en fermes, probablement dans la 1ère moitié du XVIIe siècle. A une date inconnue, mais antérieure au XIXe siècle, un vestibule a été aménagé par division de la pièce principale du rez-de-chaussée.

Un autre remaniement important peut être situé au milieu ou dans la 2e moitié du XIXe siècle. Comme le prouvent l'aspect actuel du pignon est du corps sud et le plan cadastral de 1833, la partie est du corps sud a alors été démolie et ce qui en subsistait a été abaissé : l'étage carré a été transformé en étage de comble, ce qui explique que la charpente actuelle rogne partiellement l'espace défini par la porte de liaison entre ce niveau et la tour d'escalier. La fenêtre située à l'étage du mur sud du corps sud peut être datée de cette campagne, de même que le remaniement de la charpente du corps ouest dont l'extrémité sud a été transformée en croupe. L'ensemble des dépendances agricoles a également été reconstruit dans la 2e moitié du XIXe siècle ou peu avant. Les abords ont également été modifiés, notamment avec la création de deux nouveaux étangs plus vastes que l'ancien, qui était peut-être le vestige d'une douve.

Les derniers remaniements sont intervenus dans le 3e quart du XXe siècle (reprise des ouvertures de la façade sud du logis), puis dans le 4e quart du XXe siècle à l'occasion d'une campagne de restauration. Le corps de bâtiment abritant l'actuelle cuisine et assurant la jonction entre ce qui reste du corps sud et l'ancienne petite étable a alors été ajouté. Une nouvelle fenêtre, copiée sur l'ancienne, a été percée sur le pignon du corps nord-ouest.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 16e siècle, 1ère moitié 17e siècle, 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle

Les bâtiments, orientés au sud, prennent place sur le versant d'un vallon où coule un petit ruisseau affluent de la Mayenne, dans laquelle il se jette à environ 400 mètres de là. Le logis est constitué de deux corps de bâtiments principaux (corps ouest et corps sud) disposés perpendiculairement l'un à l'autre et à l'angle desquels s'élève une tour d'escalier rectangulaire avec tourelle en encorbellement, dont la partie supérieure est tronquée. Le corps ouest est prolongé vers le nord par un dernier corps de bâtiment plus étroit (corps nord-ouest).

Tandis que les fenêtres de la façade sud ont été remaniées, celles de la façade ouest et de la tour d'escalier ont conservé leurs encadrements en pierre de taille de tufeau, moulurés en quart-de-rond et bande, se terminant en congé à la base des piédroits. Sur la tour d'escalier, où les encadrements de fenêtres ont été vraisemblablement fortement restaurés, les piédroits sont simplement dotés de chanfreins amortis en congés. La porte de la façade ouest est surmontée d'un arc légèrement surbaissé. Son encadrement est chanfreiné. Cette forme se retrouve en grande partie sur les portes intérieures assurant la jonction entre l'escalier et les corps ouest et sud. On remarque, au-dessus de la porte ouest, une ouverture de tir constituée d'un orifice circulaire surmonté d'une fente de visée. Une autre se trouve sur le mur oblique placé à l'étage à la jonction des corps ouest et nord-ouest.

Le rez-de-chaussée du corps ouest abrite la pièce principale du logis et un vestibule d'entrée qui dessert à la fois cette pièce, le rez-de-chaussée du corps nord-ouest et la volée de l'escalier conduisant au sous-sol. La cheminée qui prenait place contre le mur nord a disparu mais est attestée, à l'extérieur, par les pierres en débord qui assuraient la stabilité du manteau. On peut faire l'hypothèse, compte-tenu de sa position par rapport à la pièce principale, que cette pièce ait abrité à l'origine la cuisine. A l'étage, le corps ouest contient deux chambres qui étaient desservies séparément depuis le palier de l'escalier. Les cheminées situées au rez-de-chaussée du corps sud et du corps ouest sont adossées l'une à l'autre. Elles présentent, de même que la cheminée de la pièce nord du premier étage du corps ouest, des dispositions d'ensemble comparables : faux manteau soutenu par des consoles à profil en doucine reposant sur des piédroits sans chanfrein.

Dans la tour carrée, aujourd'hui couverte en bâtière, prend place un escalier rampe-sur-rampe, dont les paliers ouest desservent le corps ouest et les paliers est le corps sud. Les plafonds des paliers en dalles de schiste sont soutenus, au centre du plafond et à la jonction avec chacune des volées de marches, par des arcs légèrement surbaissés. Les charpentes de la tour d'escalier et du corps nord-ouest présentent le même type : à chevrons formant fermes, sans sous-faîtière. Celle du corps ouest est du type à pannes sous chevrons porteurs (dit aussi mixte). Sa particularité tient ici au fait que l'extrémité de chacun des segments des faux-entraits est positionnée sur le ressaut des poinçons et non contre lui : peut-être est-ce l'effet d'une reprise de la couverture, notamment l'abaissement du logis au cours du XVIIe siècle.

Les dépendances agricoles situées de part et d'autre du logis, comprennent une écurie et une étable avec greniers à l'étage, une remise, un four à pain ainsi qu'un puits couvert circulaire. Deux étangs sont aménagés sur le ruisseau à proximité des bâtiments. La propriété est accessible par une allée plantée d'arbres.

  • Murs
    • grès moellon
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit en bâtière
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
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Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 2300. Estimation de la métairie et closerie de la Guédonnière à Ménil, 1653.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 222 Q 268. Vente de la métairie de la Guédonnière en Ménil à Léon Lebannier de Château-Gontier, 1865.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien de Ménil, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2745).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Foisneau Nicolas
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