Dossier d’œuvre architecture IA53004416 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de maître dite château, la Monnerie
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Mayenne Ouest
  • Commune Saint-Germain-d'Anxure
  • Lieu-dit la Monnerie
  • Cadastre 1835 C2 519  ; 2021 C 517
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance, chapelle, cour, parc, jardin potager, puits

Une maison de campagne de la fin de l’Ancien Régime

Aucun document d’archives concernant les origines de la Monnerie, ou Moinerie, n’a été découvert. On ne trouve pas davantage de mention d’une seigneurie attachée au lieu. Le domaine était assis sur plusieurs seigneuries, à savoir la Feuillée et Fontaine-Ichard pour l’essentiel, Poillé, les Ruaux et le duché de Mayenne pour le reste. Une porte de l’ancienne étable, à fort chanfrein, est peut-être un vestige isolé de la période médiévale ou du début de l’époque moderne.

Le logis à trois travées orienté vers l’ouest, partie la plus ancienne de l’habitation actuelle, date sans doute du XVIIe siècle. Le plan semble encore hésiter entre le gros pavillon ramassé et la demeure rectangulaire ; le linteau de la cheminée de la pièce principale du rez-de-chaussée, remis en place lors d’une restauration à la fin du XXe siècle, porte des armoiries bûchées, peut-être à la Révolution. La distribution verticale de ce logis reste une énigme : il n’en reste aucune trace à l’intérieur et sur le plan cadastral du début du XIXe siècle ne figure aucune tour d’escalier. Le léger décalage des travées vers la gauche de la façade suggère néanmoins l'hypothèse qu'une tour aurait pu prendre place dans l'angle droit, auquel cas elle aurait été supprimée avant la levée du plan. Quant au corps de dépendances donnant sur la cour, il pourrait dater de la même période.

Le commanditaire de cette maison de campagne n’est pas connu, mais il s’agit selon toute vraisemblance de la famille Dumans (ou du Mans), grande dynastie de notables lavallois, propriétaire de la Monnerie avant 1780. Michel-René-François Dumans (1741-après 1805), époux de Louise de la Chapelle, est chevalier et seigneur du Bourg-l’Evêque, de Saint-Martin de Simplé et autres lieux. Figure littéraire et politique lavalloise, élu député aux Etats Généraux en 1789, il vend la Monnerie en 1780, probablement pour financer la construction d’une demeure plus prestigieuse et moderne, le château du Fouilloux à Saint-Germain-le-Fouilloux, achevé vers 1785.

Ainsi, la Monnerie échoit à Philippe-François-Nicolas Thomas du Taillis, officier du duc d'Orléans. Les Thomas du Taillis sont la branche du Maine d’une famille normande avec plusieurs ramifications dans l’ouest. La vente inclut la "maison à maître", la métairie et la closerie de la Monnerie, mais aussi les autres fermes attachées au domaine, à savoir la Savardière, Maubusson, la Tufelière, une maison à Boulissard et un petit étang. Il subsiste aujourd’hui dans certaines cheminées des taques avec les armoiries parlantes de la famille Thomas du Taillis : "d'azur à la bande d'argent, cantonnée de six chênes arrachés d'or et posés en orle". On ignore si l'aile principale du logis, orientée vers la vallée de la Mayenne et datable du XVIIIe siècle, était déjà construite à cette date ou si elle le fut suite à l'acquisition. La chapelle pourrait avoir été élevée (ou a minima restaurée) en 1817 si l’on en croit la date inscrite dans une ardoise déposée lors de travaux. 

 

La "castellisation" au XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, le cadastre mentionne comme propriétaires de la Monnerie Joseph-Alexis Leziart de Keriolet (futur maire de Saint-Germain-d’Anxure) puis Pierre Foucault de Laubinière, par leurs mariages respectifs avec Renée-Désirée et Désirée-Louise Thomas du Taillis. Le plan cadastral distingue les bâtiments de la "retenue", partie réservée au maître, avec le logis en L ainsi que des dépendances autour d’une cour de plan rectangulaire, peut-être close, l’ensemble nommé à l’état de section "maison de maître et autres bâtiments" ; l’ancien chemin qui desservait l’ensemble, toujours visible aujourd’hui, longeait les bâtiments à l’est. On reconnait la chapelle au nord, le jardin dit "du puits" attenant et à l’ouest l’ancien potager approximativement carré avec son fruitier et un autre édicule disparu. Une "cour verte" et une charmille sont signalées devant la façade principale de la maison de maître. Au sud-ouest, d’autres bâtiments dont il ne reste aucune trace aujourd’hui étaient ceux de la métairie. Au nord, le petit étang et la ferme de la Savardière.

Pierre Foucault de Laubinière est héritier d'une importante famille bourgeoise lavalloise et fils de Charles Foucault de Laubinière, maître de forges à Chailland. Il décède en 1860, aussi on ne sait trop si c'est lui ou son gendre, Henri-Joseph du Bois de Maquillé, qui fait élever autour de cette date du petit pavillon d’angle à l’ouest du corps de logis principal et de la chapelle adossée avec son clocher carré et sa sacristie ; la façade sud du logis est également agrémentée de lucarnes. L’ensemble est d’un style néogothique discret ; il subsiste aujourd’hui de la chapelle la porte du rez-de-chaussée et celle de la tribune (murées) qui permettaient d'y accéder puis l'intérieur. L’ancienne chapelle était devait quant à elle être transformée en buanderie. Les matrices cadastrales ont enregistré la démolition des bâtiments de la métairie voisine dès 1865 ; elle sera reconstruite au sud pour dégager les abords de la demeure et agrandir le parc. La route d’accès à la Monnerie est également redessinée et écartée vers l’est.

Henri-Joseph du Bois de Maquillé (1811-1901), officier de marine natif d’Angers et ardent légitimiste, résidait principalement au château de Marcillé, commune du Plessis-Macé en Maine-et-Loire. De toute évidence, il ne fréquenta pas beaucoup la Monnerie, pas plus que son fils René après lui. Ceux-ci firent semble-t-il de la demeure un relais de chasse. Néanmoins, de nouveaux travaux d'agrandissement sont lancés, afin d'achever de donner à la Monnerie l'un silhouette d'un château. Cette seconde campagne, vers 1890, consiste en l’adjonction d’un imposant pavillon à deux travées à l’extrémité est du corps de logis principal, avec des hauteurs sous plafond plus importantes, deux pièces en profondeur et une tour d’escalier circulaire dans l’angle sur la cour intérieure. Le parti néogothique est abandonné pour des chaînages harpés saillants et des lucarnes à frontons triangulaires. La nouvelle construction est enregistrée aux matrices cadastrales en 1889. Selon la monographie communale de l’instituteur Marcadé en 1899, les travaux auraient été confiés à l’architecte Garnier, très certainement le lavallois Louis Garnier. En revanche, la demeure n’est pas reconstruite dans son intégralité comme l’avance l’abbé Angot. A la fin du XIXe siècle, de simple et sobre maison de maître, la Monnerie est devenue un imposant château hérissé de tours et de pavillons.

La dernière fille de René du Bois de Maquillé, Geneviève, épouse à Angers en 1919 Pierre Mayaud et reçoit la demeure de la Monnerie en héritage. En 1980, la famille Mayaud décide de redonner à la demeure son aspect initial de maison de maître. Le gros pavillon, peu assorti au reste des constructions et semble-t-il mal bâti, est entièrement démoli pour ne laisser qu’une porte au pignon du corps de logis principal, transformée en fenêtre. La chapelle néogothique est également abattue à l’exception de son clocher qui perd sa petite flèche ; seul le petit pavillon est conservé comme témoignage des travaux du XIXe siècle. L’ancienne chapelle est alors restaurée et reprend sa fonction initiale. Quelques dépendances sont également détruites pour ouvrir la cour sur les jardins, notamment un logement pour le personnel, un chenil et un poulailler.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, limite 18e siècle 19e siècle, 3e quart 19e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1817, porte la date
  • Auteur(s)

Ancienne maison de maître tournée vers la vallée de la Mayenne, "castellisée" au cours du XIXe siècle, la Monnerie a été amputée de la plupart de ses extensions par la restauration de 1980, dont seules les photographies anciennes conservent aujourd'hui le souvenir.

Le corps de logis, construit en moellons enduits avec des encadrements de baies en granit taillé, se compose de deux bâtiments principaux disposés en L. La façade principale, vers la vallée au sud, et la façade plus étroite vers le jardin à l'ouest, comptent chacune trois travées d'ouvertures et une porte centrale à imposte. Chacun des bâtiments possède une couverte à longs pans et à croupes. L'aile ouest possède une petite lucarne centrale en bois, l'aile sud trois lucarnes en pierre. Un pavillon carré à une travée est placé dans l'angle sud-ouest ; de style néogothique, il présente des fenêtres à traverses et une lucarne à croisée en pierre. Les façades postérieures présentent des baies disposées sans ordre dont une autre porte à imposte.

L'intérieur de l'aile sud s'organise autour d'un large vestibule central où prend place l'escalier en charpente. Celui-ci monte du rez-de-chaussée au comble et présente des volées suspendues tournant autour d'un jour central ; le garde-corps est orné de balustres. Il sépare, au rez-de-chaussée, le salon de la salle à manger et, à l'étage, l'espace des chambres. Une porte ménagée dans l'épaisseur du mur permet de gagner l'aile ouest, avec cuisines au rez-de-chaussée et chambres à l'étage. Le pavillon abrite quant à lui une bibliothèque surmontée d'une chambre. A l'étage subsiste l'encadrement de la porte qui donnait sur la chapelle, avec son décor de colonnettes gothiques. La petite tour carrée qui lui fait face est l'ancien clocher. La chambre à l'extrémité de l'aile ouest, au grossier manteau en granite, présente un étonnant décor de papier peint figurant une promenade en barque sur une pièce d'eau au milieu d'un décor architecturé assez naïf. Longtemps recouvert, il a conservé toute la fraîcheur de ses couleurs.

La cour garnie d'un puits à margelle circulaire est bordée au nord par un corps de dépendances en L, comprenant écurie, sellerie et anciennes étables remaniées en garages. La façade sud se singularise par une large porte en arc segmentaire et six trous à pigeons irrégulièrement disposés. Un peu plus au nord se trouve la chapelle, petit édifice rectangulaire coiffé d'un clocher récent. Le petit vaisseau, éclairé par deux fenêtres rectangulaires, est couvert d'une voûte lambrissée.

Le jardin en terrasse, cantonné de murets et bordé de vieux tilleuls, est disposé à l'ouest des bâtiments ; on y remarque un cadran solaire et un petit pavillon servant de fruitier. Au nord se trouve l'étang. L'environnement, traité en parc à l'anglaise, est agrémenté d'un petit bois et de bosquets d'arbres (cèdres du Liban, sapins douglas notamment).

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Typologies
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
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Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 40/7. Vente de la terre de la Monnerie en Saint-Germain-d'Anxure à Philippe Thomas du Taillis, 6 octobre 1780.

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 312 J 134. Pièces relatives à l’acquisition du domaine de la Monnerie à Saint-Germain-d'Anxure par Philippe Thomas du Taillis.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 505 J 17. Archives du château de Champfleury à Arquenay ; registre de recettes et dépenses du domaine de la Monnerie, à Saint-Germain-d’Anxure, 1840-1852.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 505 J 57. Archives du château de Champfleury à Arquenay ; successions de la famille Thomas du Taillis, 1834-1851.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 381, 382, 695, 1622. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Saint-Germain-d'Anxure, XIXe-XXe siècles.

  • Archives privées. Notice historique sur la Monnerie à Saint-Germain-d'Anxure.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien de Saint-Germain-d'Anxure, non daté (Archives départementales de la Mayenne, 3 P 2810).

  • Photographies anciennes du château de la Monnerie à Saint-Germain-d'Anxure, XXe siècle. (Archives privées).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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