Dossier d’œuvre architecture IA53004375 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Chapelle Notre-Dame-de-Toutes-Aides, la Vallée
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Lassay-les-Châteaux
  • Commune La Haie-Traversaine
  • Lieu-dit la Vallée
  • Cadastre 1829 FU 328  ; 2021 ZK 45
  • Précisions anciennement commune de Oisseau
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Notre-Dame-de-Toutes-Aides
  • Parties constituantes non étudiées
    sacristie

La vallée Boutedée, creusée par un modeste affluent de la Mayenne, relevait initialement, comme tout le territoire actuel de La Haie Traversaine, de la paroisse d'Oisseau. Dans leurs écrits, Charles Trouillard et le chanoine Guillet supposaient que le nom "Boutedée" serait dérivé de la pierre "boutée" en terre visible à proximité de la Mayenne. Les origines de ce mégalithe demeurent inconnues, mais la légende l'a surnommé la Chaire au Diable (ou Roche du Diable). La tradition rapporte en effet que le Diable, tentant de corrompre saint Fraimbault, aurait fait tomber ici le rocher qu'il transportait, sur l'injonction du saint. Celui-ci se serait brisé et la pointe fichée en terre. Par la suite, le lieu aurait été dédié à la Vierge, comme le rappelle l'inscription latine Dicata Mariae rupes portée sur le roc, et une statue y aurait été placée.

La construction de la chapelle "dite des Fauconnières ou de la Vallée Boutedée" (Davelu) est rapportée par un testament du 15 août 1631, conservé aux archives départementales de la Sarthe. Son fondateur, Jean Fauconnier, né à Mayenne, docteur à la Sorbonne et curé de Vern-en-Anjou, avait racheté la vallée ayant appartenu à ses parents et fait édifier en 1630 le premier sanctuaire, placé sous le vocable de Notre-Dame-de-Toutes-Aides ou de-Bon-Secours. Le seigneur des Vaux Ponts renonçait alors à ses droits sur la vallée, contre la célébration chaque année d'une messe pour le repos de son âme. Le modeste édifice primitif, coiffé d'un "pinacle" abritant une cloche, était pourvu d'une statuette de la Vierge et doté d'une rente annuelle de 72 livres pour assurer l'entretien du culte et d'un chapelain placé sous l'autorité du curé d'Oisseau. Celui-ci devait résider sur place pour assurer les offices et porter assistance aux malades et nécessiteux des environs. Albert Grosse-Duperon et l'abbé Angot font état, dans leurs travaux, d'un agrandissement de la chapelle en 1768 par le curé Appert, pour mieux accueillir les paroissiens les plus éloignés de l'église paroissiale d'Oisseau. Le bâtiment tel qu'il est figuré sur le plan cadastral napoléonien de 1829 correspond à l'emprise de la nef actuelle. Toutefois, aucun élément d'architecture ne peut plus être formellement daté, semble-t-il, du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

A la Révolution, la chapelle et son temporel, comprenant bâtiments d'habitation et d'exploitation, jardin, vergers, ainsi que divers champs et prés des environs, sont saisis comme biens nationaux et vendus aux époux Forêt-Girault. En 1843, Gabriel Trippier de Lozé, œuvrant sur l'incitation de l'évêque du Mans à la création d'une paroisse et d'une commune de La Haie-Traversaine indépendante d'Oisseau, rachète la chapelle seule à leurs héritiers. Les Trippier de Lozé sont à l'origine de la construction de l'église de La Haie, en 1846. Grâce à leurs efforts, la paroisse est créée en 1849, la commune en 1864, avec pour premier maire M. Trippier de Lozé. La chapelle de la Vallée est restaurée, si ce n'est reconstruite, en 1875-1876, par la famille de Lozé et le curé Michineau, grâce à des dons de particuliers. Un clocher et une sacristie sont alors ajoutés. L'architecte demeure inconnu à l'heure actuelle. Le décor sculpté aux armes des Trippier de Lozé et aux initiales du curé François Guet est réalisé (ou seulement parachevé) en 1892 comme l'indique la date portée sur un chapiteau.

La chapelle fait encore l'objet, au début du XXe siècle, de nombreux pèlerinages, notamment dans l'espoir de guérisons, dont témoignent de nombreux ex-voto apposés sur les murs. On avait également coutume de déposer des béquilles et bâtons, des couronnes d'oranger, des bouquets de mariée ou des rubans en remerciement. L'afflux de pèlerins depuis Mayenne et les environs justifiait l'existence d'une ferme-auberge à proximité, encore en activité au milieu du XXe siècle. Il n'en reste aujourd'hui qu'un bâtiment, mais l'ensemble est visible sur les photographies anciennes. Un grand pèlerinage tel que la chapelle n'en avait jamais connu fut organisé en 1949, décrétée année mariale par le pape Pie XII : 5 000 personnes formant une procession de plusieurs kilomètres à la suite de l'évêque Monseigneur Richaud s'y était rassemblés le dimanche 11 septembre. La dévotion à Notre-Dame-de-la-Vallée se perpétue jusque dans les années 1970. Dernier embellissement de la chapelle, les vitraux sont l'œuvre du père Bernard Chardon, originaire du nord-Mayenne.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle, 3e quart 18e siècle, 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1630, daté par source
    • 1768, daté par travaux historiques
    • 1875, daté par travaux historiques
    • 1892, porte la date

La chapelle, orientée, est bâtie à flanc de coteau, surplombant le vallon d'un modeste affluent de la Mayenne. Il s'agit d'un édifice rectangulaire à trois travées, épaulé de contreforts, couvert d'un toit à longs pans, prolongé d'une sacristie. Un petit clocher à toit à quatre pans surmonte le pignon est, tandis qu'une croix en pierre coiffe le pignon ouest. La façade occidentale est percée d'une grande porte surmontée d'un triplet et d'un oculus. Les baies cintrées à larmiers et le décor de dents-de-scie, de billettes et de perles ornant les baies et les rampants sont empruntés à l'architecture romane. Les façades latérales, ornées d'une corniche à modillons, sont percées de baies en plein cintre et, au sud, d'une porte à coussinets.

L'édifice est couvert d'une fausse voûte sur croisées d'ogives, retombant sur des piles engagées ornées d'armoiries (famille de Lozé, blason du Sacré-Cœur et initiales du curé François Guet) flanquées de colonnettes à chapiteaux sculptés de motifs végétaux, le tout couronné de tailloirs à dents-de-scie ou à billettes. Les murs en moellons sont enduits et ornés d'un décor de faux appareil à joints blancs sur fond beige. Ils sont en partie couverts d'ex-voto. Isolé par une grille en ferronnerie, le chœur accueille un autel en pierre surmonté d'une niche cintrée, ménageant un éclairage zénithal, où sont placés un Christ en croix et la statue de la Vierge à l'Enfant tenant une grappe de raisin. De part et d'autre, les statues initiales ont été remplacées par des statuettes, sans proportion avec les consoles disposées au-dessus des portes de la sacristie.

Les vitraux en composite (résine de synthèse et fibre de verre tissée et torsadée, teintée à l'aniline) représentent des scènes de la vie de la Vierge stylisées : Vierge à l'Enfant encadrée de deux anges adorateurs en façade, Annonciation, Visitation, Adoration des mages, Fuite en Égypte, Déploration.

  • Murs
    • schiste moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • fausse voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • État de conservation
    état moyen
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
  • Représentations
    • ornement géométrique, dent de scie, billette, perle
    • ornement végétal
    • scène chrétienne, vie de la Vierge
    • armoiries
  • Précision représentations

    Décors des baies de la façade occidentale et des piliers composé de dents-de-scie, de billettes, de perles, de motifs végétaux et d'armoiries.

    Vitraux représentant des scènes de la vie de la Vierge.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 15/464. Acte de vente de la chapelle Notre-Dame-de-Toutes-Aides de La Haie-Traversaine à Gabriel Trippier de Lozé, 27 et 30 avril 1843.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 277 J 3. Comptes de fabrique de la chapelle Notre-Dame-de-Toutes-Aides de La Haie-Traversaine, 1879-1892.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/19-3. Monographie communale de La Haie-Traversaine, par l'instituteur communal, 1899.

  • Archives départementales de la Sarthe ; G 31. Testament de Jean Fauconnier et fondation d'une chapelle au Grand-Oisseau (Mayenne), 1631.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • DAVELU, Pierre-François. Répertoire topographique et historique du Maine. [Ouvrage manuscrit]. 1766-1774

  • GROSSE-DUPERON, Albert. Excursion à la chapelle de la Vallée près de Mayenne. Mayenne : Poirier-Béalu, 1901.

  • GUILLET, V. chanoine. La chapelle Notre-Dame de la Vallée, ses origines, l’antique sanctuaire, la chapelle actuelle. Paris : Jouve et Cie, 1949.

  • SOCIETE D'ARCHEOLOGIE ET D'HISTOIRE DE LA MAYENNE. Découvrir un patrimoine de la Mayenne : les chapelles. 2010.

    p. 82-83

Périodiques

  • ASSOCIATION PATRIMOINE DU PAYS DE MAYENNE. "Notre-Dame de la Vallée", Les Cahiers du Pays de Mayenne, t. 1, 1993.

    p. 10
  • ASSOCIATION PATRIMOINE DU PAYS DE MAYENNE. "La Haie-Traversaine", Les Cahiers du Pays de Mayenne, t. 12, 1999.

    p. 20-25
  • TROUILLARD, Charles. "Étude sur Oisseau, Loré, la chapelle de Toutes Aides et la Haye-Traversaine". Bulletin de la Société d’Archéologie, Sciences, Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, 1865.

    p. 90-93

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Grand-Oisseau (commune de La Haie-Traversaine), 1829. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2706).

Annexes

  • Testament de Jean Fauconnier, fondateur de la chapelle Notre-Dame-de-Toutes-Aides de La Haie Traversaine, 15 août 1631, retranscrit par Charles Trouillard en 1865.
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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