Dossier collectif IA53004288 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Architecture religieuse de l'ancien canton de Lassay-les-Châteaux
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    église, chapelle, établissement conventuel
  • Aires d'études
    Ancien canton de Lassay-les-Châteaux

La multiplicité des paroisses du territoire étudié pendant l'Ancien Régime et jusqu'au XIXe siècle a fait parvenir jusqu'à nous un patrimoine catholique abondant et varié. De fait, on dénombre dans l'ancien canton de Lassay-les-Châteaux plus d'une dizaine d'églises autrefois paroissiales, deux couvent-monastères et une vingtaine de chapelles ou oratoires encore en élévation. A l'instar des régions de l'Ouest de la France, le territoire connaît un important renouveau religieux dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui a marqué l'architecture. Certains cultes locaux gagnent de la vigueur : en plus de celui de saint Fraimbault, évangélisateur du Maine, qui est vénéré de longue date, celui de la petite émigrée, martyre vendéenne ayant fui sa contrée natale et exécutée par les révolutionnaires lasséens, ainsi que celui de la Vierge de Pontmain, apparue à des enfants dans cette localité en 1871 prennent de l'importance. Cela se traduit par des pratiques de pèlerinage et par la commande d'objets.

1. Les ordres réguliers

Depuis le milieu du Moyen-Âge au moins, date à laquelle fleurissent les premières sources écrites concernant le territoire de Lassay, l'encadrement religieux de la population semble avoir été important, en particulier celui des ordres réguliers. Quatre églises sont confiées à l'abbaye de Beaulieu, située au Mans, qui en a fait des prieurés-cures de l'ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin : celle du Housseau (dont la donation est confirmée au XIIe siècle), celle de Brétignolles, celle de Sainte-Marie-du-Bois et celle de Courberie (dont le prieuré est dit dépendre de cette abbaye en 1469). Selon la carte de Jaillot (1706), toutes ont conservé ce statut jusqu'au XVIIIe siècle. L'église de la Baroche-Gondouin dépendait également d'un prieuré d'hommes. A la demande des habitants, l'accompagnement se renforce au XVIIe avec l'installation à Lassay d'une communauté de bénédictines, sœurs enseignantes. La Révolution signe leur départ. Peu de temps après, vers 1840, des sœurs du tiers ordre de saint François s'installent à proximité du village de Saint-Fraimbault, où elles oeuvrent encore en 2020.

2. Les églises paroissiales

Le nombre important de lieux de culte est également dû à la dimension réduite des anciennes paroisses.

2.1 Chronologie

Parmi les 12 églises que comprend l'ancien canton de Lassay, seules 5 comportent des éléments architecturaux antérieurs au XIXe siècle, à la datation plus ou moins identifiable : Saint-Martin de Thuboeuf et Saint-Fraimbault de Saint-Fraimbault comportent des maçonneries et/ou encadrements romans ou gothiques, Saint-Médard de Courberie, Saint-Aubin de Melleray et Notre-Dame de l'Assomption de Brétignolles possèdent des éléments remontant au moins à l'époque moderne. Parmi ces édifices à l'architecture ancienne, il faut également compter la chapelle Notre-Dame-des-Rochers, qui fait office d'église paroissiale jusqu'au milieu du XIXe siècle, bien que fondée comme chapelle seigneuriale. Celle-ci comporte des maçonneries et une baie d'époque pré-romane.

Toutes les églises, à l'exception de celle de Rennes-en-Grenouilles, ont connu des ajouts, de profonds remaniements ou une reconstruction complète au XIXe siècle. La première vague de chantiers, entre 1840 et 1855, ne concerne que des ajouts ou des agrandissements : construction d'un clocher-porche à l'église du Housseau dans la première moitié du XIXe siècle (aujourd'hui disparue), construction du chœur et du transept de l'église de Saint-Fraimbault en 1844, ajout d'une clocher à l'église de Niort-la-Fontaine en 1847, ajout d'un clocher-porche à l'église de Thuboeuf vers 1850, ajout d'un clocher-porche à l'église de Brétignolles en 1851, ajout d'un transept et agrandissement du chœur de l'église de Melleray en 1854. Entre 1855 et 1900, 7 de ces 12 églises sont construites ou reconstruites : celle de Lassay entre 1857-1863, seule édification ex nihilo, celle de Courberie en 1861-1862, celle de la Baroche-Gondouin en 1868-1869, celle de Sainte-Marie-du-Bois entre 1868 et 1871, celle de Saint-Julien-du-Terroux entre 1879 et 1881, celle de Niort-la-Fontaine entre 1884 et 1894 et celle du Housseau en 1900.

2.2 Maîtres d'œuvres

La documentation abondante concernant les chantiers du XIXe siècle permet une connaissance précise des architectes ayant œuvré aux églises étudiées. Un nom domine : il s'agit de celui de François Godin, architecte établi à Lassay, né vers 1810 et mort en 1877, ayant suivi la plupart des chantiers publics du canton (et au-delà) avant sa mort. Sur ce territoire, l'intégralité des agrandissements et reconstructions d'églises réalisés entre 1847 et son décès lui est due (clocher de Brétignolles et de Niort, églises de Lassay, Courberie, Sainte-Marie-du-Bois, La Baroche-Gondouin), à l'exception de l'agrandissement de l'église de Melleray, effectué par Pierre-Aimé Renous, alors architecte départemental. La disparition de François Godin, maître incontesté de la scène architecturale lasséenne, permet le retour d'une plus grande variété de maîtres d'œuvre : Pierre-Jean Dromer de Javron pour l'église de Saint-Julien-du-Terroux, Eugène-Joseph Hawke, alors architecte départemental pour l'église de Niort et Jules Tessier de Mayenne pour l'église du Housseau en 1900.

2.3 Caractéristiques architecturales

Trop peu d'éléments anciens subsistent pour établir les caractéristiques architecturales des églises de l'ancien canton de Lassay avant la Révolution. En revanche, quel que soit le maître d'œuvre, les travaux effectués au XIXe siècle sur ces églises rurales vont tous dans le sens d'un agrandissement, d'une monumentalisation et d'une rationalisation, sous l'apparence d'un retour au passé national plus ou moins marqué.

2.3.1 Plan, orientation et urbanisme

Toutes les églises reconstruites ou ayant connu d'importantes modifications durant ce siècle ont été désorientées afin qu'elles occupent un emplacement leur donnant plus de visibilité au sein des bourgs. La construction de Saint-Fraimbault de Lassay est sans doute le cas le plus marquant dans la mesure où celle-ci s'accompagne du percement d'une artère enjambant le ruisseau du Lassay et offrant un accès et une perspective privilégiés depuis le cœur de la ville jusqu'à l'édifice. Cette désorientation est également prégnante dans le cas des églises de la Baroche-Gondouin, de Melleray-la-Vallée et de Niort-la-Fontaine.

Une importance monumentale est accordée au clocher, et ce dès la première moitié du XIXe siècle. Même les églises qui ne sont pas entièrement reconstruites sont dotées d'une tour clocher en façade. C'est le cas à Thuboeuf, à Brétignolles, à Niort-la-Fontaine, où les travaux de la fin du siècle ne font pas disparaître la tour construite en 1847, et au Housseau, où elle est revanche détruite en même temps que le reste de l'édifice. Les nouveaux plans intègrent directement cet élément monumental à la façade, comme on le voit à Lassay, Courberie, Sainte-Marie-du-Bois et Saint-Julien-du-Terroux, à l'instar des églises de style néogothique rationaliste, édifiées à la même époque en maints endroits et dont Saint-Nicolas de Nantes, construite par Jean-Baptiste Lassus, constitue le chef de fil. Ainsi, sur les 12 églises que compte l'ancien canton de Lassay, 10 comportent une tour-clocher construite au XIXe siècle. Dans 7 de ces cas, celle-ci se trouve actuellement en façade ; dans un cas (Niort-la-Fontaine), celle-ci se trouvait à cet emplacement mais s'est retrouvée contre un bas-côté, suite à la reconstruction ultérieure de l'édifice. Le soin apporté par l'architecte Godin à sa toiture en dôme, élément singulier qui domine la campagne environnante, a sans doute plaidé pour sa conservation. Les maîtres d'œuvres et maîtres d'ouvrage du XIXe siècle, par ce parti architectural et par leurs choix urbanistiques, offrent aux édifices religieux une visibilité renouvelée et donnent ainsi largement à voir la foi réaffirmée de toute une communauté.

Les travaux effectués tendent également à uniformiser le plan des églises vers une forme en croix latine. Des transepts saillants, accueillant des chapelles secondaires, sont ajoutés aux églises de Notre-Dame de l'Assomption de Brétignolles-le-Moulin, de Saint-Fraimbault de Saint-Fraimbault et de Saint-Aubin de Melleray-la-Vallée. Dans les deux derniers cas, ces ajouts s'accompagnent de la reconstruction du chœur. Les églises entièrement construites au XIXe siècle intègrent cet élément à leur plan. Seul le transept de l'église de Thuboeuf est antérieur à cette période et seul le plan de l'église de Rennes-en-Grenouilles n'a pas été régularisé et conserve des caractéristiques romanes : chœur à chevet plat plus réduit que la nef, à vaisseau unique et sans transept.

2.3.2 Styles néo-médiéval

Comme il était d'usage au XIXe siècle dans le domaine de la construction religieuse, les architectes ayant œuvré dans l'ancien canton de Lassay puisent leurs sources dans un Moyen Âge dont l'étude et l'imaginaire étaient alors en plein essor. Si la plupart des églises adoptent un plan en croix latine et des dispositions similaires, les partis décoratifs se distinguent en deux groupes majeurs : ceux dont le décor fait référence à la période gothique et ceux dont le décor fait référence à la période romane. Dans le premier cas, qui concerne les églises de Saint-Julien-du-Terroux, le Housseau et Niort-la-Fontaine, toutes reconstruites au cours du dernier quart du XIXe siècle, les baies sont en arc brisé, les voûtes ogivales et les chapiteaux ornés d'un sobre décor de feuilles d'acanthe. Dans le second cas, les baies sont en plein cintre, de même que les arcs doubleaux qui forment le couvrement de l'édifice. Le chœur et les bras du transept des églises de Melleray et de Saint-Fraimbault font référence à cette époque, de même que toutes les églises dont le plan a été dressé par l'architecte François Godin de Lassay (celles de Lassay, Sainte-Marie du Bois, Courberie et la Baroche-Gondouin). Les ornements sculptés de celles de Lassay et de Sainte-Marie-du-Bois foisonnent de détails dits archéologiques : triforium aveugle, chapiteaux à décors d'entrelacs, de figures monstrueuses et de végétaux. La production de cet architecte est facilement reconnaissable, en particulier ses tours clochers (Niort, Courberie, La Baroche-Gondouin, Brétignolles-le-moulin, Sainte-Marie-du-Bois, et sans doute Thuboeuf) : tous leurs niveaux sont délimités par un bandeau peu épais, leurs abat-sons sont constitués de deux baies géminées et elles sont chaînées de granit gris (à l'exception de Courberie, construction la plus économique), à l'instar des murs des nefs et des nombreuses constructions civiles de Godin. Ces remarques peuvent être étendues aux églises construites par Godin en dehors du canton de Lassay (voir église Sainte-Anne de Charchigné).

Malgré un désir d'agrandissement et d'embellissement important à partir des années 1840 de la part des paroissiens, le maitre d'œuvre choisi, Godin, n'a pas créé une œuvre très originale ni très variée, appliquant les mêmes partis décoratifs d'une église à l'autre, à la limite de la standardisation. Doit-on le choix des paroisses et fabriques de faire appel à cet architecte local à des raisons économiques ou à une forme de facilité ?

3. Les chapelles et oratoires

3.1 Les chapelles seigneuriales

Parmi les chapelles recensées, quatre sont directement liées à un domaine seigneurial : Notre-Dame des Rochers de Lassay, mentionnée dès le XIIe siècle, en lien avec le castrum de Lassay, la chapelle du château de Chantepie, la chapelle de ces mêmes seigneurs, située dans le cimetière de Thuboeuf, et la chapelle de la Guette. On y célébrait le culte de manière privée pour ces familles, à l'exception de Notre-Dame du Rocher qui, avant la construction de l'église Saint-Fraimbault de Lassay, accueillait une partie de la communauté catholique de la ville, faute d'autre lieu de culte dans les murs de Lassay. D'autres chapelles castrales aujourd'hui disparues mais mentionnées par les textes sont à signaler : celle du Bois-Froult et celle du Bois-Thibault. Toutes sont des constructions antérieures à la Révolution, à l'exception de la chapelle de la Guette, qui est la réédification d'un édifice existant antérieurement.

3.2 Autres chapelles et oratoires

Toutes les fondations chapelaines de l'ancien canton de Lassay ne sont pas documentées. Le cas de la chapelle Saint-Joseph (La Mansonnière, Lassay-les-Châteaux) est néanmoins notable : fondée par un clerc au milieu du XVIIe siècle, ce sont également des clercs qui l'ont faite restaurée en 1871. Si la plupart des chapelles et oratoires sont étroitement liés à une famille, d'autres, comme la chapelle de Bure (Niort-la-Fontaine) ou celle du Bas-Mézeray (Brétignolles-le-Moulin), faisaient office de lieu de culte secondaire pour des communautés villageoises nombreuses. Certains de ces édifices constituaient le but de processions, documentées en nombre au XIXe siècle, comme la chapelle Notre-Dame de la Croisette (Longchamps, Melleray-la-Vallée) ou l'oratoire du Chêne-Rond (Sainte-Marie-du-Bois). Deux chapelles ex-voto ont été repérées : celle de la Foucaudière (Saint-Julien-du-Terroux), construite par la famille Paucton, et celle de Chiot (Thuboeuf). La multiplicité des chapelles et oratoires, ainsi que la diversité des cultes et des usages qui y sont associés, sont le reflet d'une piété locale forte et foisonnante.

La plupart des édifices qui nous sont parvenus ont été construits entre le début du XIXe siècle et les années 1860, alors que la population rurale était encore nombreuse. Trois sont néanmoins antérieures : la chapelle Saint-Joseph (La Mansonnière, Lassay-les-Châteaux), fondée en 1671 ; la chapelle de Bure (Niort-la-Fontaine), fondée en 1671 ; et l'oratoire du Chêne-Rond, portant la date de 1744. Les deux premières ont néanmoins été restaurées à la fun du XIXe siècle. La chapelle Saint-Mathieu de la Croix au Bal (Lassay-les-Châteaux) a quant à elle été reconstruite vers le milieu du XIXe siècle à l'emplacement d'un édifice plus ancien. Le Christ en croix sculpté et inséré dans la maçonnerie du chevet pourrait être un remploi de cette précédente chapelle.

Nom

Dédicace

Commune

Date de fondation

Chapelle de la Mansonnière

Saint-Joseph

Lassay-les-Châteaux

1651 ; 1871

Chapelle de Bure

Saint-François d'Assise

Lassay-les-Châteaux (Niort-la-Fontaine)

1671 ; 1890

Oratoire de la Haye

Lassay-les-Châteaux (La Baroche-Gondouin)

XVIIIe siècle ?

Oratoire du Chêne-Rond

Sainte-Marie-du-Bois

1744

Chapelle de Chiot

Notre-Dame du Mont-Carmel

Thuboeuf

XIXe siècle

Oratoire du Boulay

Notre-Dame de Pitié

Le Housseau-Brétignolles (Brétignolles)

1803

Chapelle du Bas-Mézeray

Notre-Dame des Victoires

Le Housseau-Brétignolles (Brétignolles)

1821

Chapelle de Longchamps

Notre-Dame des Croisettes

Lassay-les-Châteaux (Melleray)

1837

Chapelle du Bois-Hubert

Saint-Roch

Lassay-les-Châteaux

? ; 1842

Chapelle de la communauté

Notre-Dame des Sept Douleurs

Lassay-les-Châteaux

1843

Oratoire de la Lande

Notre-Dame de la Salette

Le Housseau-Brétignolles (Brétignolles)

1846

Oratoire de la Gaudinière

Lassay-les-Châteaux (Niort-la-Fontaine)

vers 1850

Chapelle de la Croix au Bal

Saint-Mathieu

Lassay-les-Châteaux

? ; vers 1850

Oratoire du bourg

Le Housseau-Brétignolles (Le Housseau)

1855

Chapelle de la Foucaudière

(ex-voto)

Saint-Julien-du-Terroux

1860

Chapelle de Crochet

Lassay-les-Châteaux (Niort-la-Fontaine ; bourg)

1871

Oratoire de la petite émigrée

Lassay-les-Châteaux

1890

Liste des chapelles et oratoire recensées dans l'ancien canton de Lassay-les-Châteaux

Les chapelles antérieures au milieu du XIXe siècle ainsi que les oratoires sont édifiés de manière frustre, sans ornement. Les chapelles reconstruites au cours de la seconde moitié du XIXe siècle (chapelle de la Mansonnière, chapelle de la Croix au Bal) sont davantage ornées. Les deux exemples précités sont réédifiés selon un style néogothique, avec une tour-clocher en façade.

Malgré l'attachement local pour ce type de patrimoine, celui-ci a connu une vague de destructions au moment du remembrement (chapelle du Bois-Thibault). En outre, le nombre important d'églises à charge pour une seule commune (2 pour Le Housseau-Brétignolles ; 6 pour Lassay-les-Châteaux) ne facilite pas leur entretien.

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 42. Chartrier de Lassay, remembrances, 1467-1482.

    Mention du prieuré de Courberie, dans la mouvance de l'abbaye de Beaulieu, 1469.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Documents figurés

  • Carte Jaillot. Dessin à l'encre, 1706. (Archives départementales de la Mayenne).

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2020
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Seure Marion
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