Dossier thématique IA49011118 | Réalisé par
Durandière Ronan (Contributeur)
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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  • enquête thématique départementale, Confluence Maine-Loire
Loisirs et sociabilité en bord de rives Maine-Loire
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  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Confluence Maine-Loire

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les rives de la Maine et de la Loire ont sans doute été caractérisées par des activités de loisirs plus ou moins spontanées, rythmées par les saisons et le calendrier religieux. Les bains dans l'eau fraîche du fleuve et les promenades en barque ont vraisemblablement toujours été plébiscités par ceux qui aimaient prendre du bon temps et se reposer d'une vie marquée par le labeur. Très réglementée sous l'Ancien Régime, la pêche devint une activité prisée de toute la population après la loi de 1829 qui accorda "à tout individu de pêcher à la ligne flottante tenue à la main dans les fleuves et rivières et canaux". Bien que plus strictement encadré sur la Loire, domaine de l'État, ce loisir devient encore plus populaire après la loi de 1901 sur les associations, qui fait se multiplier les sociétés de pêche dans le département.

Le chroniqueur angevin Bruneau de Tartifume évoque dès le XVIIe siècle le goût des Angevins pour le "nager". Pourvue de bains publics dès la fin du XVIIIe siècle, la ville d'Angers prit en 1805 des dispositions pour réglementer les bains de rivière, ne les autorisant qu'en certains secteurs de la Maine. En 1859, la municipalité de Bouchemaine n'autorise la baignade que sur la rive gauche de la rivière et sur la rive droite de la Loire. Recommandée pour ses vertus hygiéniques, la baignade se popularise, sur le modèle balnéaire, auprès des populations citadines tout au long du XIXe siècle ; l'apparition de la cabine en bois, puis en toile, marque la différence entre pratiques rustiques et mode nouvelle.

La tradition du "dimanche au bord de l'eau" culmine vers 1900. À Bouchemaine, le quai de la Noë et les plages de la Pointe sont ainsi particulièrement prisées des baigneurs. L'enjeu de ce loisir est clairement réaffirmé par le conseil municipal en 1893 lorsqu'il doit se prononcer sur le projet de tout-à-l'égout de l'hôpital de Sainte-Gemmes-sur-Loire, "considérant que les propriétaires ou promeneurs qui journellement se baignent dans la Loire à la Pointe, seraient privés désormais d'un service aussi agréable que salutaire et que l'altération des eaux de la Loire aurait comme conséquence d'enlever aux riverains un droit qui leur appartient et d'éloigner les étrangers que l'attrait du fleuve amène chaque dimanche".

L'aviron et la voile ont eu, à leurs débuts, un caractère plus élitiste. Avec l'arrivée d'une nouvelle population citadine, ces activités s'ouvrent peu à peu, à partir de la décennie 1890, aux classes moyennes. À Reculée, de nombreux voiliers sillonnent le bassin dès les années 1850 mais c'est finalement à la Pointe où depuis longtemps, d'après Célestin Port, une "joyeuse régate" agrémentait le dimanche de la Saint-Pierre aux Liens, qu'est fondée en 1853 la première société départementale des régates de Maine-et-Loire. En 1892 est créée l'Union nautique de Chantourteau, qui regroupe aviron et voile, et en 1898 voit le jour l'Union de la Voile et Vapeur d'Angers, présidée par Maurice de Farcy qui organise chaque année des régates. Féru de sport et de mécanique, Farcy est également président du Véloce-Club de France et de l'Aéro-Club de l'Anjou, dont de nombreuses épreuves ont pour cadre les bords du fleuve et de son affluent.

Très réputées au milieu du XIXe siècle, les courses hippiques d'Angers, dont les épreuves se déroulaient à Écouflant, furent transférées quelque temps sur les prairies inondables du parc d'Aloyau, en bordure de Maine. Dans la seconde moitié du siècle, la multiplication des sociétés hippiques entraîne celle des champs de courses dans le département. En 1889, Félix Fourmond, maire de la commune de Rochefort-sur-Loire, crée un hippodrome à la sortie du Grand-Pont, au lieu-dit le Marais. L'Anjou compte dès lors huit hippodromes, avec ceux d'Écouflant, Varrains, Verrie, Pouancé, Segré, Cholet et Beaupréau. Le jour de l'inauguration, le dimanche 21 juillet 1889, huit mille personnes s'y rassemblent pour voir des courses de trot monté et de steeple-chase ; une partie d'entre elles rejoindra ensuite Angers par un train affrété spécialement à la gare des Forges.

Avec l'arrivée de certains notables, la confluence est ainsi rapidement gagnée par les activités nouvelles. Propriétaire d'une maison de villégiature à Bouchemaine, le docteur Louis-Pierre Menière (1845-1927), éminent médecin, ancien professeur à l'École pratique de la faculté de Paris, s'adonne à toutes sortes de passions dont la photographie et le théâtre. En 1890, il est à l'origine de la fondation de la première saison théâtrale de Bouchemaine, qui a pour décor un chalet situé quai de la Noë. Jusqu'en 1914, il y monte de nombreuses pièces dans lesquelles il fait jouer ses amis et ses voisins. En 1901, Menière acquiert l'une des premières Renault de type A du département. En compagnie de Paul Hugé, membre fondateur des usines Renault, il fréquente régulièrement les bords de Maine à bord de son auto.

Pionniers de l'aviation en France, les frères Gasnier, René (1874-1913) et Pierre (1875-1970), sont deux autres figures marquantes de la commune. C'est dans un hangar installé au fond du parc de leur château du Fresne qu'ils fabriquent leurs premiers engins volants, dont les essais sont effectués en 1908 au-dessus de la Loire, en contre-bas du village de la Haie-Longue à Saint-Aubin-de-Luigné. En 1912, ils sont à l'initiative de l'organisation du premier grand prix d'aviation de l'Aéro-Club de France à Angers, remporté par Roland Garros.

La création du Touring-Club de France en 1890 et celle de l'Office national du Tourisme, en 1910, marquent les véritables débuts du tourisme au sens contemporain du terme. Partant du constat que les touristes étrangers et français visitent rarement l'Anjou, sinon pour une halte d'une demi-journée lorsqu'ils se rendent sur les côtes bretonnes, le premier syndicat d'initiative est créé à Angers en 1905. L'année suivante, le rassemblement de plusieurs syndicats constitués à Tours, à Blois et en Loire-Inférieure permet de donner naissance à une fédération des syndicats d'initiative de la Loire pour faire connaître toute la vallée jusqu'à son embouchure. En multipliant les actions de communication et de promotion – publication de plaquettes et de guides, pose de signalétique, organisation d'excursions, amélioration des routes, mise en place d'un réseau de bus –, le syndicat joue un rôle important dans la valorisation du territoire angevin. Il intervient aussi à plusieurs reprises pour la sauvegarde de monuments et de sites. Pourtant, malgré ces efforts, le territoire de la confluence s'ouvre peu au tourisme étranger. Né de la proximité de la ville, il reste intimement lié au développement de celle-ci et aux mutations sociétales de sa population.

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Durandière Ronan
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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