Le territoire communal

Situé sur une ancienne île de Loire, à une dizaine de kilomètres au sud d'Angers, le territoire de Saint-Jean-de-la-Croix présente une superficie relativement modeste d'1,83 km², fruit de son détachement tardif de la paroisse de Sainte-Gemmes-sur-Loire au début du XVIIIe siècle. La terre faisait partie de la Vallée-de-Fosses (les Jubeaux) où se situait, avant le Xe siècle, une importante villa dépendant du fisc des comtes d'Anjou.

Jusqu'au XVIe siècle, ce baillage s'étendait sur la paroisse de Denée, à l'est, et sur celle de Sainte-Gemmes, à l'ouest. En 1704, Jean Gaudin, prêtre habitué de l'église paroissiale de Sainte-Gemmes, fit construire une chapelle au village de "la Croix du Port-Thibault de Fosse en Vallée" (le Vieux-Bourg). Celle-ci, bientôt transformée en église, sera à l'origine de la création de la paroisse de Saint-Jean-de-la-Croix et du développement du bourg.

Le territoire communal, entièrement compris dans la plaine submersible, présente un habitat caractéristique de la vallée. Construites en moellons de schiste, les maisons et les fermes ne réservent le tuffeau qu'aux parties hautes situées au-dessus des plus hautes eaux de la Loire et du Louet, ainsi qu'aux encadrements des baies et aux chaînes d'angle (Villeneuve, L'Aireau). L'habitat s'est développé principalement le long de la route départementale 132 qui longe la Loire depuis le Vieux-Port-Thibault jusqu'aux Ponts-de-Cé et traverse le bourg actuel. Cette route constituait l'ancienne levée de Loire construite en 1695 et restaurée en 1783 par l'administration des Ponts-et-Chaussées. L'exhaussement de la levée, au XVIIIe siècle, est lisible sur certains bâtiments dont le niveau de sol se situe en dessous du niveau de la chaussée.

La pêche, la marine de Loire et la culture d'un lin et d'un chanvre renommés, que rappelle la chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Chanvre, constituaient les principales activités commerciales jusqu'à la fin du XIXe siècle. Signalé sur la carte de Cassini en 1763, le moulin de la Sauterelle, est l'un des rares bâtiments à vocation artisanal encore conservé. Aujourd'hui, la commune, dépourvue d'industrie, est à vocation uniquement agricole.

La chapelle Notre-Dame-du-Chanvre.

Le centre-bourg

Le cadastre de 1812 figure l'emplacement de l'ancienne église paroissiale en bas de l'actuelle rue du Chanvre, au sud du cimetière. Largement remaniée à la fin du XVIIIe siècle, puis détruite dans le courant du XIXe siècle, elle consistait, d'après Célestin Port, en un bâtiment à nef unique de 24 m de long, couvert d'une fausse-voûte en plein cintre, enduite de torchis. Mais bien avant la construction de l'église en 1704, le village était déjà en grande partie constitué comme en témoigne la présence de maisons du XVIIe siècle (16, 18, 20 chemin du Chanvre).

Le Vieux-Bourg s'est organisé au nord d'un immense "commun", à l'ouest de l'église. Il est formé de plusieurs rangées d'habitations associées à un parcellaire en forme de lanières. De part et d'autre d'une maison primitive sont venus se greffer plusieurs logis dans le courant des siècles suivants. Ces rangées s'orientent dans leur très grande majorité avec une façade au sud, parallèlement au chemin du Chanvre et perpendiculairement au chemin des Galiotes. Deux fermes, le 10 chemin du Chanvre et le 6 chemin de la Galiote, présentent une typologie similaire et pourraient avoir été bâties par le même maître d'œuvre.

Rangée d'habitations, chemin du Chanvre.

À la suite de la reconstruction des bâtiments publics – d'abord l'église paroissiale, en 1860-1861, sur les plans des architectes Dellêtres et Coutailloux, puis la mairie-école, en 1877, sur ceux d'Auguste Beignet – le centre-bourg s'est déplacé plus au nord. Entre ces deux bâtiments se dresse un monument commémoratif dédié à Léon Legault (1864-1921), industriel du Nord, bienfaiteur de Saint-Jean-de-la-Croix dont il était originaire. Construit sur les fonds subsistants du legs Legault, le "cercle" et jeu de boules qui porte son nom, rue de la Galiote, datent de 1936.

Vue de l'église paroissiale et et de la mairie.

La villégiature à Saint-Jean-de-la-Croix

Située sur la rive gauche de la Loire, la commune de Saint-Jean-de-la-Croix est essentiellement composée de prairies et de terres agricoles, la plupart en zone inondable. Elle n'a, de fait, que faiblement été touchée par le phénomène de la villégiature qui a plutôt concerné la rive opposée et le village de Port-Thibault (Sainte-Gemmes-sur-Loire). L'une des rares maisons construite par un angevin, repérée dans les matrices cadastrales (7 chemin du Chanvre), a été bâtie dans le bourg et ne possède pas de caractéristiques particulières.