Cette ferme s'élevait sur les terres défrichées des franges septentrionales de la forêt de Fontevraud. Elle fut construite près d'une intersection, au bord de la route de l'Arrée, longue allée rectiligne de près de 4,5 kilomètres qui était l'un des principaux chemins d'exploitation du massif forestier, tracé par l'administration d'État dans les années qui suivirent la Révolution française, lorsque la forêt de l'abbaye fut saisie comme bien national et qu'elle fut organisée en coupes rationalisées.
La ferme fut construite selon des partis géométriques et topographiques très affirmés. Au sein d'un domaine de près de 50 hectares, le corps principal était édifié dans l'angle le plus aigu d'un quadrilatère de labours de 25 hectares qu'il englobait ainsi totalement dans son champ de vision. Ce bâtiment était strictement aligné sur un axe est-ouest, présentant sa façade principale au nord, sur cour, vers le carrefour des voies, et sa façade postérieure au sud, face aux terres qu'il commandait.
L'édifice que Denis Jouanne fit construire, dans un style néoclassique, était élégamment ordonnancé et formé d'un corps central encadré de deux ailes flanquées d'un pavillon à leur extrémité. Ces éléments étaient de hauteurs différentes, mais comprenaient un rez-de-chaussée, un étage-carré et un comble à surcroît. Une grande cave formait le sous-sol du bâtiment. Les toits, d'ardoises, étaient à longs pans et les pavillons se distinguaient par l'emploi de croupes. L'ensemble était en moyen appareil de tuffeau. Le bâtiment mesurait 44 mètres de long par 11 mètres de large (13 mètres pour le corps central).
Dans cette composition, l'élément central se distinguait par son volume ample et saillant en façades antérieure et postérieure. Couronnés d'un fronton triangulaire à base interrompue, ses pignons étaient de part et d'autre dotés d'une monumentale porte couverte en plein-cintre, surmontée d'un oculus.
La grande sobriété du moyen appareil de tuffeau était animée par le jeu des volumes du bâtiments, par le dessin des corniches, des bandeaux d'appui et de niveau ou encore par les élégantes petites baies semi-circulaires à chambranle à fasces qui ajouraient l'étage d'attique des ailes, éléments de décor chers à l'architecture néo-classique alors en vogue. Les façades latérales des pavillons, aveugles (à l'exception d'une fenêtre à l'étage-carré du pavillon ouest), étaient là encore animées par les bandeaux de niveau et par les renfoncements qui correspondaient à de fausses fenêtres.
L'unité de l'ensemble était souligné par un bandeau qui régnait sur toute l'élévation, formant bandeau d'appui des baies de l'étage-carré des ailes et pavillons et rompant la muralité du corps central qu'il parcourait au niveau des sommiers de l'arc couvrant la grande porte ; cette ligne se poursuivait d'ailleurs sur les huisseries de celle-ci, pour séparer les vantaux du tympan.
Dans l'organisation générale de ce bâtiment, la composition d'ensemble ne correspondait en rien à la hiérarchie des espaces, où le fonctionnel l'emportait. En effet, le corps central abritait la grange avec une fosse à effluents et un passage couvert, alors que l'habitat était relégué dans l'aile occidentale, l'aile orientale abritant des étables et des espaces de stockages agricoles.
L'aile habité, à l'ouest donc, était accessible par une seule porte en façade antérieure, mais par trois portes en façade postérieure, ouvertes en direction des parcelles cultivées. Au rez-de-chaussée, le vestibule donnait sur plusieurs pièces qui elles-mêmes en commandaient d'autres ; il accueillait par ailleurs un escalier tournant à jour qui donnait accès à l'étage carré, puis au comble. À l'étage, par contre, un couloir central permettait d'accéder indépendamment à chaque pièce ; une porte divisait ce couloir à l'articulation entre l'aile et le pavillon. Cette distribution permettait visiblement de différencier certains espaces : il semble que le pavillon ouest ait abrité les espaces les plus nobles (davantage de salles à cheminée, larges fenêtres, plus grande hauteur de plafond à l'étage), sans doute destinés au propriétaire. L'habitat du fermier, voire de ses employés de ferme, pourrait avoir pris place dans certaines des salles du rez-de-chaussée et peut-être aussi à l'étage d'attique dans les petites pièces de l'aile à fenêtres semi-circulaires.
Cette ferme était ainsi conçue comme un bâtiment de grande qualité architecturale et rationnalisé qui accueillait l'ensemble des espaces, habitat, abri du bétail et lieux de stockage.
Au nord, au-devant de la ferme, se trouvait un petit édifice sur cour en rez-de-chaussée de plan allongé, à toit d'ardoises à longs pans, qui comprenait à l'ouest un fournil (la « boulangerie » mentionnée en 1848) et à l'est quatre petits espaces destinés à abriter des animaux (chevaux, porcs ou autres ?) ; en 1979, ce bâtiment servait de bergerie.
À l'est de la cour, une petite maison en rez-de-chaussée de plan massé, à toit d'ardoises à longs pans, comptait deux pièces dont une à cheminée avec four et disposait d'une petite étable en partie postérieure ; elle semble avoir été édifiée pour accueillir un ménage supplémentaire de fermiers ou de manouvriers agricoles.
Ces deux petits bâtiments, vraisemblablement absents de la construction d'origine, furent tôt édifiés, puisqu'ils étaient déjà attestés en 1848.
Au sud-est de la cour se trouvait également un puits.
Conservateur du patrimoine, chercheur à l'Inventaire général, conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Mayenne.