Dossier d’œuvre architecture IA49010725 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau
Moulin à eau de Mestré, actuellement maison, Fontevraud-l'Abbaye
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Hydrographies la Fontaine-d'Evrault
  • Commune Fontevraud-l'Abbaye
  • Lieu-dit Mestré
  • Cadastre 1813 C1 11, 12 ; 2011 C 21
  • Dénominations
    moulin
  • Précision dénomination
    moulin à eau
  • Appellations
    moulin de Mestré
  • Destinations
    maison

Ce moulin est le plus anciennement attesté de Fontevraud-l'Abbaye. Concédé en fief au sein du domaine de Mestré puis affermé, ce moulin releva de l'abbaye de la fin du XIIIe siècle jusqu'à la Révolution. Occupé par la colonie agricole de jeunes détenus de Fontevraud au XIXe siècle, où lui fut conférée son allure actuelle, il témoigne aussi de ce que la prison, après la disparition de l'abbaye, entretint aussi des liens étroits avec le territoire fontevriste.

La présence d'un moulin à Mestré est attesté dès 1207 où un acte relatif à un contentieux sur des dîmes mentionne les sources de l'étang de Mestré et la chaussée du moulin ("fontibus stanni de Maistre et [...] chaucheia molendini de Maistre"). Il est possible que ce moulin ait été édifié dès le XIIe siècle. Cet édifice est associé au manoir de Mestré, fief passé du seigneur de Montreuil-Bellay à l'abbaye de Fontevraud en 1287.

Des documents comptables mentionnent que le moulin est réparé à diverses reprises au cours du Moyen Âge, en 1395-1396 (charpente) et entre 1409 et 1416 (murs et toit).

Il est reconstruit en 1517 (puis affermé en 1519) et à nouveau en 1542 (affermé en 1545) et d'autres réparations surviennent dont on conserve les mentions, comme vers 1585 (charpente) ou 1613 (pignon). En 1545, le seigneur de Chavigny porte plainte contre le meunier de Mestré, qu'il accuse de détourner les eaux de son moulin de la Maumenière, situé quelques centaines de mètres en aval.

À partir du XVIIIe siècle, on peut suivre aisément les meuniers qui s'y succèdent, au fil de baux dont on conserve les textes ou les mentions (en 1700, 1706, 1715, 1722, 1727, 1736, 1738, 1744, 1766, 1772, 1778, 1785, 1789). De même, les descriptions établies lors de procès-verbaux de visite permettent pour ce même siècle de mieux connaître la structure du moulin qui, actionné par deux roues, est alors à la fois mouturier et fromentier.

Un registre de compte livre la mention que "ce moulin a été incendié presque entièrement la nuit du 24 au 25 aoust 1766". S'il semble que la structure en soit conservée, le moulin connaît alors d'importantes réparations et le fermier se voit accorder un an de remise de bail par l'abbaye.

Possession de l'abbaye, le moulin est saisi comme bien national lors de la Révolution française et vendu le 7 mars 1791. Trois associés en font alors l'acquisition pour 9.100 livres et ces propriétaires l'afferment à nouveau.

En 1842, l'administration carcérale de la Maison centrale de détention de Fontevraud décide de prendre à bail le domaine constitué à l'issue de la vente nationale de l'ancien manoir de Mestré, afin de disposer d'une surface agricole et de bâtiments pour y établir une colonie pénitentiaire. Il s'agit de mettre les enfants détenus à l'écart des prisonniers adultes dans le but de faciliter leur réinsertion sociale par l'apprentissage des travaux agricoles, sensés amender l'individu et les préparer à un métier de manouvrier.

Les 65 hectares ainsi loués offrent les terres nécessaires à cette expérimentation souhaitée par la direction de la Maison centrale, dans la foulée des principes déjà établis à Mettray, en Indre-et-Loire. Faute de place, tous les enfants incarcérés à Fontevraud ne purent toutefois être accueillis au sein de la colonie pénitentiaire de jeunes détenus de Mestré et on ne compte qu'une soixantaine de colons sur les près de 300 enfants et adolescents emprisonnés. Autour du moulin, les travaux des jeunes détenus contribuèrent au désempierrement du site et à la constitution de deux grands bassins quadrangulaires destinés à recueillir les eaux de drainage des sols environnants. Un premier bail couvre les années 1842-1856, puis est prolongé jusqu'en 1870. Dès 1856, pour accroître la colonie pénitentiaire et accueillir davantage d'enfants, l'État fait l'acquisition d'un ensemble de 400 hectares, qui relevaient de l'ancienne forêt es abbesses et s'étendent sur des terres et bois de Fontevraud-l'Abbaye et de communes voisines. En 1860, cette colonie agricole est détachée de Fontevraud pour devenir la colonie pénitentiaire de Roiffé.

Quand la colonie s'installe à Mestré, en 1842, le moulin de Mestré faisait déjà l'objet d'un bail courant jusqu'en 1848 : il n'est donc rattaché à la colonie qu'à partir de cette date. Lorsqu'elle le récupère, l'administration pénitentiaire le baille à nouveau au meunier jusqu'en 1854, ne se réservant l'usage que des grandes étables formant la partie est de l'édifice. En 1854, le bail échu, un accord survient entre le propriétaire de Mestré et l'administration préfectorale, car celle-ci « désire transformer le moulin à eau de Mestré en une usine montée à l'anglaise pour la mouture des blés nécessaires à la consommation de la maison de détention ». Le moulin est ainsi reconstruit en 1857, considérablement agrandi et doté d'un nouveau mécanisme de meunerie.

En 1870, le bail de Mestré n'est pas renouvelé par l'administration carcérale et les propriétaires récupèrent leur domaine ; le moulin modernisé est affermé à un nouveau meunier. Il fut en activité jusqu'en 1926 (date de cessation retenue par l'administration fiscale), puis devint une habitation.

La longue aile des grandes étables, à l'est, fut détruite dans le second quart du XXe siècle et un petit flanquement, à l'ouest, fut construit au début du XXIe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1er quart 16e siècle
    • Principale : 2e quart 16e siècle
    • Principale : 3e quart 18e siècle
    • Principale : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1517, daté par travaux historiques
    • 1542, daté par source
    • 1766, daté par source
    • 1857, daté par source
  • Auteur(s)

Le moulin dans la première moitié du XVIIIe siècle

Un inventaire après décès de 1707, un procès-verbal de visite du moulin, dressé en 1728, ainsi que le plan de la minute de l'Atlas Trudaine de 1747 permettent de restituer l'état du moulin dans la première moitié du XVIIIe siècle.

Le moulin est alors constitué d'un corps de bâtiment en rez-de-chaussée, de plan allongé, perpendiculaire au cours d'eau et parallèle à la route qui, du grand chemin de Montsoreau à Fontevraud mène au domaine de Mestré. Le moulin est séparé de cette voie par une chaussée pavée qui longe tout le bâtiment. La salle du mécanisme est au centre du moulin et sépare les dépendances de l'habitation du meunier ; elle accueille les deux roues et les meules d'un moulin « fromentier » (pour le froment finement broyé) et d'un moulin « mouturier » (pour les céréales plus grossières). Le moulin surplombe le cours d'eau et la travée du bâtiment qui accueille les roues forme un pont par dessus l'Arceau.

La partie habitée est constituée de deux chambres, dont l'une correspond à une extension qui doit dater du début du XVIIIe siècle. De l'autre côté, les dépendances se composent de deux étables, l'une à chevaux et mules, l'autre à vaches, d'un four, d'un cellier avec pressoir et d'une grange. Le tout est couvert d'un grenier. Le moulin comprend aussi un vaste domaine foncier où, en 1728, on dénombre 1230 arbres (peupliers noirs, saules, chênes, ormes, poiriers, pommiers, pruniers et autres arbres de haute futaie ou fruitiers).

En amont du moulin, le ruisseau qui l'alimente est canalisé et le fond en est pavé de moellons de « grisons » ou « perrons » (conglomérats silicifiés), liés au mortier.

Le moulin de nos jours

Le moulin de Mestré, reconstruit au milieu du XIXe siècle par l'administration carcérale pour abriter la colonie pénitentiaire, est un très sobre un bâtiment à rez-de-chaussée, étage carré et comble à surcroît, en moyen appareil de tuffeau, sur solin de pierre dure. La plastique murale, identique pour les quatre faces du bâtiment, se résume à un léger ressaut encadrant la façade, formant chaîne d'angle et bandeau d'entablement portant la corniche. Un bandeau d'appui, à l'étage carré, file également sur toute l'élévation.

Le toit, à longs pans et croupes, est couvert d'ardoises. L'édifice compte cinq travées en façade principale, au nord, et autant en façade postérieure. À l'origine et jusque dans les années 1980, chaque travée était amortie d'une lucarne, mais seules les travées latérales et centrales conservent aujourd'hui la leur, couverte d'une croupe. La façade orientale est dotée d'une porte surhaussée qui donne dans la salle où se trouvait la roue du moulin. La façade ouest est aveugle et une extension en rez-de-chaussée, couverte d'un toit à longs pans, est venue la flanquer au début du XXIe siècle.

  • Murs
    • calcaire
    • moyen appareil
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    1 étage carré, comble à surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
  • Énergies
    • énergie hydraulique
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Maine-et-Loire. 5 E 37 / 17. Notaires. Procès-verbal de visite du moulin de Mestré (27 mars 1791).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 37 / 20. Notaires. Plusieurs actes : procès-verbal de visite du moulin de Mestré (27 mars 1791) ; bail du moulin de Mestré (2 Germinal an VIII, 23 mars 1800) ; procès-verbal de visite du moulin de Mestré (3 Germinal an VIII, 24 mars 1800).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 6. Notaires. Inventaire après-décès de Marie Mesleau, femme du meunier du moulin de Mestré (10 juin 1707).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 10. Notaires. Procès-verbal de visite du moulin de Mestré (21 juin 1728).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 30. Notaires. Bail de Mestré (20 juillet 1785).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 31. Notaires. Bail du moulin de Mestré à Picard (27 décembre 1789).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 176. Notaires. Bail du moulin de Mestré (7 juin 1700).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 188. Notaires. Plusieurs actes : compte-fait du moulin de Mestré (13 septembre 1727) ; bail du moulin de Mestré (31 décembre 1736) ; renonciation au bail du moulin de Mestré (26 mars 1738) ; bail du moulin de Mestré (26 mars 1738).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 190. Notaires. Bail du moulin de Mestré (17 novembre 1744).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 215. Notaires. Bail du moulin de Mestré (5 décembre 1772).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 216. Notaires. Bail du moulin de Mestré (1er décembre 1778).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 217. Notaires. Plusieurs actes : état des réparations faites au moulin de Mestré par l'abbaye vers 1766-1767 (25 mars 1782) ; reconnaissance et état des lieux du moulin de Mestré (26 mars 1782) ; marché de curage des fossés du moulin de Mestré (28 avril 1782) ; décharge de réparations faites aux bâtiments et fossés du moulin de Mestré (19 juin 1782).

    AD Maine-et-Loire. 1 Fi 34. Fonds iconographique. Plan géométrique de la ferme de Mestré sur laquelle la colonie agricole de Fontevraud est établie (sans date, milieu du XIXe siècle).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 156. Abbaye de Fontevraud. LARDIER, Jean (dom). Volume quatre-iesme de l'inventaire des titres du thrésor de Font-Evraud, fait du temps de très religieuse princesse madame Jeanne Baptiste de Bourbon, L. de France, abbesse, chef & générale de l'abbaye & ordre de Font-Evraud, commençant depuis la fenestre 27 iusqu'à la 32, estant grande prieure madame Jeanne Caloüin, soeur Claude le Roux du Boulay trésoriere & soeur Françoise Bernabé dépositaire. Faict par le P. F. Jean Lardier religieux dudit ordre (1650).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 160. Abbaye de Fontevraud. LARDIER, Jean (dom). Thrésor de l'ordre de Font-Evraud disposé en 3 volumes. Volume 1. Contenant l'inventaire des registres et extraits de conseil des abbesses pour les affaires qui regardent l'abbesse & le temporel de ladite abbaye par ordre alphabétique du temps de M. Jeanne Baptiste de Bourbon, XXXII. Abbesse, chef & générale dudit ordre, manuscrit, Fontevraud, 1649.

    AD Maine-et-Loire. 101 H 203. Abbaye de Fontevraud. Mémoire sur des travaux au moulin de Mestré et autres bâtiments de l'abbaye (3 septembre 1590).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 385. Abbaye de Fontevraud. Comptes des rentes et des fermes (1766-1790).

    AD Maine-et-Loire. 181 H 1. Abbaye de Fontevraud. Domaine de Mestré : réglement par l'archévêque de Tours d'un contentieux entre l'abbaye de Fontevraud et Jean Maumoine sur des dîmes à Montsoreau et Fontevraud (1207) ; vente de terres relevant de Mestré aux abbesses de Fontevraud (juin 1284).

    AD Maine-et-Loire. 181 H 10. Abbaye de Fontevraud. Domaine de Mestré : comptes (1392-1493) AD Maine-et-Loire. 1 Q 213. Biens nationaux. District de Saumur, procès-verbaux d'estimation des biens mobiliers de 1ère origine : commune de Fontevraud (27 novembre 1790).

    AD Maine-et-Loire.1 Q 491. Biens nationaux. Estimation et vente du Moulin de Mestré, 12e état (7 mars 1791).

    AD Maine-et-Loire. 12 Q 282. Biens nationaux. Moulin de Mestré vendu nationalement en mars 1791.

    AD Maine-et-Loire. 1 Y 164. Administration pénitentiaire. Préfecture. Maison centrale de détention de Fontevraud, colonies agricoles annexées à la maison centrale : Mestré (1842-1856).

Bibliographie

  • PORT, Célestin. Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, 3 volumes, Paris-Angers, 1874-1878. Article Mestré, vol. 2 (1876).

    p. 668
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers