Dossier d’œuvre architecture IA49010724 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau
Manoir de Mestré, Fontevraud-l'Abbaye
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Commune Fontevraud-l'Abbaye
  • Lieu-dit Mestré
  • Cadastre 1813 C1 4 à 6 ; 2011 C 1, 4 à 7, 674, 676 à 679
  • Dénominations
    manoir
  • Appellations
    manoir de Mestré
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, communs, ensemble agricole, pigeonnier, petit parc, enclos, chapelle

Le domaine de Mestré conserve d'importants éléments médiévaux et du début du XVIe siècle. Manoir dépendant des seigneurs de Montreuil-Bellay puis de l'abbaye de Fontevraud, il atteste de la constitution des biens de l'abbaye. Occupé un temps par la colonie agricole de jeunes détenus de la Maison centrale de détention de Fontevraud, il témoigne des liens qui existèrent entre le territoire communal et la prison.

Sa structure et ses bâtiments traduisent la structure d'un manoir devenu métairie, puis l'évolution qui, après sa saisie comme bien national et sa vente à des particuliers, en fait un ensemble qui associe maison de maître et exploitation agricole.

Le logis manorial et la grange du XVIe siècle sont à noter.

La plus ancienne mention du toponyme de Mestré retrouvée à ce jour date de 1106, lorsque Pierre II, évêque de Poitiers, confirme la donation faite quelque temps plus tôt à Robert d'Arbrissel et à sa communauté par Gautier de Montsoreau d'un bois qui s'étend jusqu'à l'orme de Mestré ("usque ad ulmum de Maistre"). Plus tard, une donation-vente de Berlai de Montreuil (vers 1109-1125) évoque le domaine de Mestré ("curia de Maistreio") lorsqu'il concède à l'abbaye tous les biens fonciers agricoles qu'il y possède. Le seigneur de Montreuil-Bellay nomme Mestré en même temps que le Clos-Bellay (sans doute le Grand-Clos) et plus généralement Fontevraud et lorsqu'il exclut de sa donation les édifices qu'il y tient ("exeptis solummodo casamentis"), il n'est pas possible de savoir s'ils sont érigés à Mestré ou ailleurs sur le territoire fontevriste. Une incertitude pèse donc sur la possibilité qu'il ait pu y avoir, dès le premier quart du XIIe siècle, des bâtiments à Mestré.

La présence d'un moulin à Mestré est mentionnée en 1207 sans, là encore, que soit indiqué si d'autres bâtiments se trouvent au voisinage.

La première attestation explicite d'un "herbergement de Mestré" date de 1267, lorsqu'il est tenu par Jehan de Piremil, chevalier, et sa femme Agnès. En 1281, un texte précise que le seigneur de Montreuil-Bellay détient à Mestré le droit de justice haute, moyenne et basse. En 1287, le fief de Mestré est vendu par Pierre Dorée, bourgeois de Saumur qui le tient à foi et hommage du seigneur de Montreuil-Bellay, à Huguet Buet, valet, pour 1250 livres. En cette fin du XIIIe siècle, il est donc attesté clairement que Mestré est un fief avec siège manorial et, dans les décennies suivantes, l'abbaye de Fontevraud l'acquiert des seigneurs de Montreuil-Bellay. Tout en l'administrant, l'abbaye baille le domaine à un métayer.

Attribut féodal, on note la mention en 1468 d'une garenne, dont le nom est encore perceptible dans la toponymie locale au sud-ouest du manoir (sous le nom de Varannes-de-Mestré). Deux fours banaux dépendent aussi du fief de Mestré : l'un sur place et l'autre au Petit-Puits à 1 km au sud. Outre le domaine en faire-valoir direct du manoir exploité dès le XIIIe siècle par des métayers ou des fermiers, la seigneurie de Mestré possédait aussi des biens fonciers qui étaient dispersés, principalement dans le secteur nord de la paroisse de Fontevraud (la Desgrière, les Roches, le Petit-Puits, les Granges-Asnières, Le Coteau, la Socraie, la Loge, Monquartier), mais aussi plus au sud (l'Ânerie, la Saulaie), voire dans d'autres paroisses (Turquant, Montsoreau, Varennes). Les revenus de cette censive, versés par les tenanciers, étaient perçus par le fermier qui, sous le contrôle de l'abbaye, rendait aussi la justice de Mestré.

Le manoir jusqu'à la fin du XVIIIe siècle

Tel qu'il se présente de nos jours, le manoir de Mestré pourrait conserver des éléments du XIIIe siècle ou du XIVe siècle (plancher à poutres parallèles aux gouttereaux sur file de poteaux ; claveaux d'une baie arquée et, semble-t-il, vestiges d'une cheminée sur gouttereau).

Des documents comptables permettent de mieux connaître l'organisation du manoir à la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle où il est constitué d'un logis ("hôtel") et de dépendances agricoles. Le logis comprend alors des salles basses, dont celle à cheminée où mangent les moissonneurs ("la basse salle ou les mestiviers menguent") et deux salles hautes. La hiérarchie des espaces n'est pas précisée, mais est mentionnée "la petite chambre ou le mestoier couche" et on sait, par ailleurs, qu'une chambre est consacrée à "l'oste de Metré et de Beaurepère", qui visite le domaine pour le compte de l'abbesse. Outre le moulin situé en contrebas du site, les dépendances situées autour du logis sont constituées d'un puits, d'une cour avec aire à battre, d'une grange, d'un pressoir, d'un pigeonnier et de lieux de stockage pour les récoltes et le vin.

Les crises des XIVe et XVe siècles atteignent Mestré, puisque l'on y signale en 1395-1396 que des travaux aux champs n'ont pas pu être faits "pour faulte de gens au temps de la mortalité" et qu'en 1423-1424 des dépenses sont faites pour réparer des dégradations dues au passage d'une bande armée ("pour adouber les huys de l'oustel que les giens d'armes avoient quassez").

À la fin du XVe ou au début du XVIe siècle, le manoir connaît des transformations : les baies sont remaniées en deux temps, d'abord en façade principale, au sud, et plus tard en façade postérieure, au nord.

C'est sans doute au début du XVIe siècle qu'est construite la grange qui fait face au logis, sous l'abbatiat de René de Bourbon dont, semble-t-il, les armoiries étaient figurées sur le pignon (ces armes furent restituées récemment sur les traces de bûchage de celles qui y figuraient à l'origine).

Il semble que ce soit à partir du XVIe siècle que les baux de Mestré dissocient un domaine constitué autour du manoir et un autre autour du moulin.

Le logis manorial ne connaît que quelques modifications jusqu'à la fin de l'ancien régime (percement d'une baie, édification de contreforts).

Un inventaire après décès d'un fermier de Mestré, dressé en 1723, en donne la description à cette date. Le rez-de-chaussée comporte alors deux salles, l'une à cheminée sert de cuisine et de chambre, l'autre plus petite est une simple chambre. À l'étage-carré, la salle à cheminée qui surplombe la cuisine sert de chambre et peut-être aussi de salle de travail ou de réception, dotée de meubles de valeur, la seconde salle est une petite chambre. Un grenier coiffe le tout. À côté du logis, un atelier abrite un pressoir et, sans doute aussi à proximité, se trouvent le logement du palefrenier et une petite écurie (1 cheval). Outre la grange, d'autres dépendances servent de remise, et des étables accueillent des bovins (12), porcins (7) et ovins (87).

Le domaine de Mestré depuis la Révolution française

Lors de la Révolution française, le manoir est saisi au titre des biens nationaux comme bien relevant du clergé régulier ; c'est sans doute au cours des événements révolutionnaires que les armoiries qui figuraient sur la grange furent bûchées. Le domaine comprenant l'ancien manoir et un important ensemble foncier est acquis pour 52.600 livres lors d'enchères publiques, le 7 mars 1791, par un habitant de Turquant devenu receveur des douanes à Brest.

Le plan cadastral napoléonien de 1813 montre que l'habitation principale est encadrée de deux ailes de dépendances, sur le même axe, qui occupent tout le bord nord de la cour du manoir, la grange lui fait face au sud et une autre aile barre la cour à l'ouest ; l'organisation ne paraît en cela pas avoir été modifiée depuis le XVIIIe siècle.

Vers 1820, l'ensemble connaît d'importantes transformations : l'aile de communs à l'ouest est remplacée par une grande aile d'habitation d'un sobre néoclassicisme face à laquelle sont érigées, sans doute peu après et en deux temps, de nouvelles dépendances agricoles en L. La partie occidentale de la cour est désormais entièrement bordée de bâtiments et l'accès principal depuis la route, à l'ouest, se fait par un portail qui relie les nouveaux bâtiments.

En 1842, l'État prend à bail le domaine pour y installer une colonie pénitentiaire agricole de jeunes détenus de la Maison centrale de Fontevraud, inspirée des principes initiés dès 1839 à Mettray (Indre-et-Loire). Il s'agit de mettre les enfants incarcérés à l'écart des prisonniers adultes dans le but de faciliter leur réinsertion sociale par l'apprentissage des travaux agricoles, sensés amender l'individu et les préparer à un métier de manouvrier.

Le logis médiéval connaît des transformations (installation d'un escalier intérieur en charpente, nouveau cloisonnement des salles) et les jeunes colons travaillent à l'exploitation des plus de 65 hectares de terres et de bois du domaine de Mestré. Faute de place, tous les jeunes détenus à Fontevraud ne purent toutefois être accueillis au sein de la colonie pénitentiaire de Mestré et on n'en compte qu'une soixantaine sur les près de 300 enfants et adolescents alors emprisonnés. Le bail, passé de 1842 à 1856 est renouvelé jusqu'en 1870, puis la colonie agricole, distraite de Fontevraud en 1860 pour former la colonie agricole de Roiffé (Vienne), est transférée définitivement à Chanteloup et dans les fermes de la forêt de Fontevraud, moins à l'étroit sur un domaine de 400 hectares acquis par l'État.

En 1868, alors que la propriété est divisée entre deux héritiers, l'un d'eux fait ériger une extension à l'ouest du site pour former un pavillon qui prolonge l'habitation au-delà de l'ancien enclos. Au sud de ce pavillon, s'alignent dans les mêmes années plusieurs corps de bâtiment, une habitation et des dépendances, l'ensemble formant comme une nouvelle cour au sud-ouest. À la fin du XIXe siècle, l'ensemble des bâtiments, ainsi que le moulin de Mestré, sont de nouveau réunis aux mains d'un seul propriétaire. La cour sud-ouest vit l'édification de bâtiments agricoles supplémentaires, liés à un élevage bovin, vers 1960 puis au début des années 2000.

En 1974, le site voit naître une activité de savonnerie artisanale, dont les locaux sont agrandis au début du XXIe siècle (sur l'emprise d'une étable édifiée au XIXe siècle à l'est du logis et détruite à la fin des années 1950).

Le domaine accueille aujourd'hui diverses activités : un hébergement avec chambres d'hôtes, la savonnerie artisanale et sa boutique (au sein des espaces de l'enclos manorial), tout en conservant des bâtiments d'exploitation agricole (autour de la seconde cour, au sud-ouest).

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle , (incertitude)
    • Principale : 14e siècle , (incertitude)
    • Principale : limite 15e siècle 16e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Secondaire : limite 15e siècle 16e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : 20e siècle
  • Auteur(s)

Mestré est édifié en frange nord de la commune de Fontevraud-l'Abbaye, à proximité de la limite qui séparait les diocèses d'Angers, de Poitiers et de Tours. Le site domine le cours de l'Arceau et l'un des axes routiers qui menait de la Loire au Haut-Poitou.

Le manoir : logis et dépendances

Plus ancien édifice du domaine, le manoir médiéval occupe la partie nord de la cour orientale. C'est un bâtiment de plan allongé, d'environ 15x9 mètres, qui se compose d'un rez-de-chaussée, d'un étage-carré et d'un comble couvert d'un toit d'ardoises à longs pans et à coyaux.

Il est construit en moyen appareil de tuffeau et comprend aussi des reprises de maçonneries, dont certaines en moellons. Il fut épaulé par des contreforts absents à l'origine qui, parfois, couvrent en partie des encadrement de baies. Les dix fenêtres et quatre portes qui ajourent aujourd'hui ce bâtiment, sont toutes issues de remaniements. La trace d'une fenêtre originelle est perceptible à l'étage-carré de la façade postérieure, au nord : il s'agit de quelques pierres d'encadrement et de claveaux d'un arc dont on ne peut restituer le profil. Au sud, une petite baie quadrangulaire à large chanfrein, relève peut-être là aussi d'un état ancien (voire premier) du bâtiment.

Au rez-de-chaussée, ce logis devait disposer d'une cheminée sur le gouttereau nord, dont la suppression vraisemblablement à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle s'est traduite par une reprise de maçonnerie épaulée d'un contrefort et le percement d'une porte. Il ne devait y avoir là qu'une longue salle basse, dont le plafond conserve sa structure, à succession de poutres longitudinales sur file de poteaux et aisseliers, parallèles aux gouttereaux. Lors de travaux récents, le pavement originel du rez-de-chaussée, formé de dalles parallélépipédiques de calcaire, a été supprimé. Il est possible que la salle haute fut sous charpente (comble non vu).

Les baies des gouttereaux nord et sud, résultent pour l'essentiel d'un remaniement survenu sans doute entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle. Au sud, les quatre baies de l'étage-carré sont des demi-croisées encadrées de baguettes entrecroisées à bases prismatiques et surmontées d'un larmier à angles curvilignes supportés par des culots sculptés. Deux de ces baies ont été restaurées courant XXe siècle et les culots sont restés à l'état de blocs bruts. L'une des deux autres (la deuxième en partant de la gauche) conserve les siens : à droite, un ange (dégradé par incision : on lui a ajouté des seins et repris les traits du visage) et à gauche un chien. La dernière baie (à droite), dont une partie de l'encadrement est recouverte par un contrefort ajouté ultérieurement, ne conserve qu'un culot sculpté figurant un ange portant un écu. Au rez-de-chaussée, la porte de droite semble une reprise du XVIIIe ou du XIXe siècle, les deux demi-croisées de gauche furent très restaurées au XXe siècle et la porte centrale paraît même être un pastiche. Ces trois dernières baies sont encadrées d'un corps de moulures à doucine et cavet formant une accolade au niveau de la plate-bande qui les couvre. En façade postérieure, au sud, les quatre baies de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle sont aussi encadrées de corps de moulures à doucine et cavet. Il s'agit d'une demi-croisée, au rez-de-chaussée, dont l'allège d'une a été détruite pour former une porte à imposte, et de trois croisées, l'une également au rez-de-chaussée et les deux autres à l'étage-carré. Les larmiers de ces trois dernières baies sont adoucis par une moulure curviligne formant écoinçon et ils reposent sur des culots sculptés dont seuls ceux de l'étage-carré sont conservés : un aigle (à gauche) et une figure grotesque (à droite) pour la baie est et un feuillage (à gauche) et un petit mammifère (rongeur ? à droite) pour la baie ouest.

Ni la distribution originelle du bâtiment, ni celle qui correspond aux remaniements du XVe ou du XVIe siècle ne sont perceptibles. L'accès à l'étage-carré se fait par un escalier droit extérieur en maçonnerie, couvert d'un auvent, qui flanque le pignon est du logis.

Une ancienne petite aile de communs du logis, greffée au nord-est, présente deux petites niches accolées qui semblent un remontage de linteaux de deux baies médiévales en remploi dont l'un est orné d'un trilobe.

Face au logis, la grange du début du XVIe siècle est un grand bâtiment quadrangulaire de 17 mètres de large par 18 mètres de long, en trois vaisseaux séparés par des poteaux portant la charpente. Le toit à longs pans avec brisis couvrant les collatéraux est couvert d'ardoises. L'édifice est construit en moellons de tuffeau, avec moyen appareil pour l'encadrement de la porte et pour l'élévation orientale de la façade principale. La porte charretière, couverte d'un arc segmentaire souligné d'un corps de moulures, est surmontée d'un bloc où figuraient vraisemblablement les armoiries de Renée de Bourbon (bûchées, elles furent restituées récemment), lui-même coiffé d'une coquille. Au-dessus, le pignon est doté d'un pigeonnier à trois rangées de 9 boulins amorties d'un vingt-huitième et d'une petite niche à chanfrein et congés. En partie est, le pignon nord fut ultérieurement (XIXe siècle) percé d'une fenêtre et d'une porte pour disposer d'un petit espace pris sur le volume de la grange.

La charpente a été partiellement reprise, mais conserve sa structure à pannes sous chevrons porteurs, portées par le faux-entrait. La grange a été construite sur une légère déclivité en partie excavée et dans le pignon postérieur, au sud, une porte de plain-pied donne accès à mi-hauteur de l'élévation intérieure.

Près de la grange au nord-est, un petit édifice en moellons, dont la période de construction est difficile à estimer (fin du Moyen Âge ou époque moderne), fait aujourd'hui office de chapelle, mais la documentation ancienne ne la mentionne jamais. La petite aile qui flanque ce bâtiment, à l'est, fut érigée dans la première moitié du XIXe siècle.

Les extensions du XIXe siècle : habitat et dépendances

Prolongement occidental du manoir, la longue aile d'habitation édifiée vers 1820 compte cinq travées, dont trois à l'est semblent former ce qui dut être le nouveau logis principal, la maison de maître, et deux travées à l'ouest, sans doute destinées au logement du fermier. La séparation entre ces deux habitations se fait par un refend souligné en façade par un ressaut traité comme une jambe à bossage en table. L'ensemble est unifié par un même volume, avec rez-de-chaussée, étage-carré et étage de comble à surcroît, couvert d'un toit d'ardoises à longs pans et croupes et qui adopte un même parti ornemental, très sobre, en moyen appareil de tuffeau sur solin de calcaire dur de Champigny. La façade est animée horizontalement par un bandeau de niveau et coiffée d'une frise nue en léger ressaut sur laquelle règne une corniche à modillons, principal élément néoclassique de l'édifice. Les angles du bâtiments sont soulignés de chaînes là aussi en ressaut et à joints refendus formant bossage en table. Ce même traitement est adopté pour les jambes qui encadrent étroitement la travée centrale de la partie est. Chaque travée est amortie d'une lucarne à fronton-pignon dont les corniches sont aussi à modillons. Les baies sont simplement soulignées d'un fin chambranle à fasce, mais celles du logement du fermier sont frappées d'une agrafe. Il est à noter que la façade nord, qui donne sur un petit parc arboré, fait l'objet d'un traitement absolument identique à la façade sud, sur cour, à l'exception de l'inversion de la porte et de la fenêtre du rez-de-chaussée du logement du fermier. La notion de façade principale est ainsi gommée au profit d'une uniformité architecturale entre des espaces qui relèvent davantage de la sphère publique et active, sur la cour de l'exploitation agricole, et ceux, plus intimes, qui sont tournés vers une vie plus oisive, côté parc.

Le bâtiment qui vient prolonger cette aile vers 1868, au-delà de la limite de l'enclos manorial, est un peu plus haut que l'aile précédente et en légère saillie en façade postérieure, au nord. Il se compose d'un rez-de-chaussée, d'un étage-carré et d'un comble à surcroît couvert d'un toit en pavillon brisé. Il compte deux travées de baies au nord et autant au sud. Son ornementation est relativement plus importante, avec dessus de fenêtre en table, baies ornées d'agrafes ou encore corniche à modillons à volutes.

Les dépendances agricoles en L qui font face à la première aile d'habitation sont construites entre 1820 et 1842, en deux temps. Après aplanissement de la parcelle par excavation est tout d'abord érigée l'aile sud, long bâtiment avec haut étage de soubassement et étage-attique (percé de deux baies au sud et accessible par trois portes de plain-pied en façade postérieure) sur lequel règne un comble couvert d'un toit d'ardoises à longs pans et pignons découverts. Ce comble est ajouré de deux lucarnes (à croupe) au nord et de deux autres (plus frustes et à fronton-pignon découvert) au sud. La façade est ornée d'un simple bandeau de niveau et couronnée d'une corniche. L'édifice, à usage de stockage et de remise, est bâti en moyen appareil de tuffeau sur haut solin de calcaire dur de Champigny en façade sur cour et en moellons de tuffeau pour la façade sud et les pignons. Le pignon oriental présente des pierres d'attente qui témoignent de ce qu'il fut sans doute envisagé un temps de détruire la grange du XVIe siècle pour étendre cette première aile. C'est en fait une aile en retour d'équerre à l'ouest qui fut choisie comme extension de ces dépendances, moins haute et dont le toit, d'ardoises à longs pans et pignon couvert, est raccordé à celui de l'aile sud par une noue. Ce bâtiment, sans doute une étable à l'origine, est entièrement en moyen appareil de tuffeau sur solin de calcaire dur de Champigny et l'ornementation se limite à la corniche. Un petit pigeonnier est édifié dans l'angle formé par les deux ailes. Transformés récemment, ces bâtiments sont désormais destinés à l'activité d'hébergement de Mestré.

Un portail à porte charretière et porte piétonne ferme ce qui correspondait à la première cour de Mestré.

Au-delà de cet enclos, des communs et dépendances furent érigés à partir du dernier tiers du XIXe siècle, à l'ouest, le long de la route : une aile de logements (avec rez-de-chaussée, étage-carré et combles) et une aile à usage d'étable, toutes deux en moellons de tuffeau enduits avec toit d'ardoises à longs pans et pignons découverts. Une autre aile de dépendances proche de cette dernière fut, dans les mêmes années, construite au sud de ce qui forme une seconde cour.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit brisé en pavillon
    • appentis
    • croupe
    • noue
    • pignon couvert
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier intérieur : escalier tournant en charpente
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ange
    • aigle
    • ornement animal
    • chien
    • coquille
    • grotesque
    • feuille
    • armoiries
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Image non communicable

Documents d'archives

  • AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 9. Notaires. Inventaire des biens de Marie Cesnet, veuve de Denis Boutault, fermière de Mestré (29 décembre 1722 - 21 janvier 1723).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 27. Notaires. Bail de Mestré (10 juin 1776).

    AD Maine-et-Loire. 1 Fi 34. Fonds iconographique. Plan géométrique de la ferme de Mestré sur laquelle la colonie agricole de Fontevraud est établie (sans date, milieu du XIXe siècle).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 70. Abbaye de Fontevraud. Pièce 12, extrait du cartulaire de Fontevraud (1109-1125, copie du XVe siècle).

    AD Maine-et-Loire. 181 H 1. Abbaye de Fontevraud. Domaine de Mestré, pièces diverses : règlement par l'archevêque de Tours d'un contentieux entre l'abbaye de Fontevraud et Jean Maumoine sur des dîmes à Montsoreau et Fontevraud (1207) ; bail à ferme de l'hébergement de Mestré (1267) ; vente du fief de Mestré (1287).

    AD Maine-et-Loire. 181 H 10. Abbaye de Fontevraud. Domaine de Mestré : comptes (1392-1493).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 213. Biens nationaux. District de Saumur, procès-verbaux d'estimation des biens mobiliers de 1ère origine : commune de Fontevraud (27 novembre 1790).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 491. Biens nationaux. Estimation et vente de Mestré (7 mars 1791).

    AD Maine-et-Loire. 4 Q 13485. Domaines, enregistrement, hypothèques. Registre de conservation des hypothèques, article n°90 (f°197), vente de Mestré (1819).

Bibliographie

  • BIENVENU, Jean-Marc, FAVREAU, Robert, PON, Georges. Grand cartulaire de Fontevraud.... Poitiers : Société des antiquaires de l'Ouest, 2000-2005, 2 vol.

    t. 2, p. 902-903
  • MIGNE, Jean-Paul. Patrologiae cursus completus seu bibliotheca universalis, integra uniformis, commoda, oeconomica... Patrologiae latinae tomus CLXII... [Patrologie latine, volume 162]. Paris, 1889, col. 1091-1092.

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers