Cet îlot de maisons présente une harmonie de volume et de traitement de façade sur la nouvelle route de Loire.
Ces bâtiments disposent d'un étage ; ils sont élevées en moyen appareil de tuffeau, sur solin de calcaire dur, et dotés d'un toit à longs pans couvert d'ardoises.
Les deux premières maisons, à l'ouest, sont presque jumelles (la maison du n°8 est un peu plus large) et chacune présente une façade à trois travées ordonnancées, dont l'axialité est soulignée par le traitement de la porte d'entrée. La structure de ces deux demeures correspond aux modèles classiques de distribution des espaces, avec pièces de vie et de réception, espaces semi-publics, au rez-de-chaussée et chambres, espaces intimes, à l'étage, toutes desservies par un palier central dont l'escalier occupe le fond. Ces maisons disposent chacune d'une arrière-cour qui donne sur la Basse-rue : le choix de tourner le dos à cette ancienne rue pour s'ouvrir, au nord, sur la nouvelle route et le fleuve est ainsi clairement affirmé.
L'extension, à l'est, ne reprend pas ces mêmes partis de composition et dispose d'une structure double en un seul module, dont la largeur totale est du même ordre que celle de chacune des deux maisons précédentes. Ce module abrite ici deux logements plus réduits et plus modestes ; en façade principale, la symétrie est respectée, mais sans logique de travées et les portes sont rejetées sur les côtés. Des pierres d'attente, dans le prolongement de cette extension, montrent que le commanditaire envisageait une nouvelle extension, sans doute pour lotir la dernière parcelle de l'îlot, demeurée vide et devenue jardin.
Au-delà de ces dissemblances, ces maisons offrent une grande uniformité qui tient au décor de façade. Les baies de l'étage sont toutes en arc segmentaire, avec chambranle mouluré dont le cintre est ponctué de trois petits fleurons ; l'appui repose sur de minces modillons à ressauts. Au rez-de-chaussée, les baies sont moins hautes et un peu moins ornées : l'appui ne dispose d'aucun support et les trois fleurons ont laissé place à un seul, plus gros, que porte une agrafe.
Les deux demeures plus prestigieuses, à l'ouest, se distinguent par le décor de leur travée axiale. Les claveaux de l'arc segmentaire qui couvre la porte sont ornés de rinceaux et l'agrafe est rehaussée d'un décor héraldique fantaisiste. La porte est coiffée d'une corniche à denticules sur modillons. Au-dessus, le plein de travée est orné d'un réseau de losanges. Enfin, la fenêtre axiale se distingue de ses voisines par les crossettes de son chambranle.
Les baies du rez-de-chaussée de l'extension, toutes remaniées, ne présente plus rien d'un décor qui devait en partie correspondre aux façades voisines : les encadrements sont des plus simples et une poutre, qui formait le linteau de la vitrine de la poste, barre ce pan de façade.
En lieu et place de pilastres, les chaînes et jambes qui encadrent les deux premières maison et l'ensemble de l'extension sont soulignées par d'étroites bandes moulurées dont la saillie est répercutée jusqu'au niveau de la corniche. Les pans de la façade ainsi délimités ne sont pas rigoureusement de même largeur, mais, dans l'ensemble, le rythme produit paraît régulier. Un large bandeau de niveau, souligné de fasces, conforte l'unité des façades que renforce plus nettement encore la corniche architravée qui règne sur l'ensemble. Cet entablement s'impose d'ailleurs au regard par ses très nombreux modillons à volutes qui fractionnent l'alignement des denticules.
Dans ce troisième quart du XIXe siècle, l'ensemble du décor de cette façade s'éloigne ainsi du courant néoclassique, en vogue jusqu'alors, pour devenir plus éclectique.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.