Dossier d’œuvre architecture IA49009611 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Manoir de Chaumont, Montsoreau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Commune Montsoreau
  • Lieu-dit Chaumont
  • Cadastre 1813 B2 816 à 821  ; 2011 B 596, 599 à 603, 1048
  • Dénominations
    manoir
  • Appellations
    manoir de Chaumont
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin d'agrément, abri troglodytique, logement, carrière souterraine

L'ancien manoir de Chaumont, de longue date déclassé en métairie, est notable par son implantation et par les divers aménagements du site qui l'accompagnent. Si d'importants remaniements survinrent dans le troisième quart du XIXe siècle et affectèrent le volume du bâtiment, sa distribution et son aspect d'ensemble, le logis conserve un certain nombre d'éléments de ses états antérieurs, notamment du XVIIe siècle. La carrière d'extraction de tuffeau que l'on observe au sud du site est à noter.

Chaumont est un ancien manoir, siège d'un fief tenu par l'abbaye de Seuilly (Indre-et-Loire). Cette abbaye, située à une dizaine de kilomètres, a été fondée en 1095 par Guillaume de Montsoreau qui la dota d'importants biens fonciers. Les archives anciennes de l'abbaye ont pour la plupart disparu, mais l'on trouve mention du toponyme de Chaumont dans un document de 1284 et ce domaine est l'objet de plusieurs déclarations aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Le logis de Chaumont surplombe la vallée de l'Arceau et domine la route Loire-Montsoreau-Fontevraud-Loudun, ainsi que l'embranchement oriental qui mène à Candes-Saint-Martin et à la vallée de la Vienne. Un peu plus au sud, en contrebas du site se trouve le carrefour des trois diocèses de Tours, Angers et Poitiers. C'est donc un emplacement qui pourrait être d'intérêt stratégique situé à immédiate proximité du manoir fontevriste de Mestré, toutefois, il ne semble y avoir eu aucune tension majeure entre ces seigneuries voisines et leurs suzerains dans le temps où l'on voit coexister ces domaines.

Ce fief tenu de l'abbaye de Seuilly fut donc avant tout le siège d'une exploitation agricole qui s'étendait sur les paroisses de Montsoreau et de Candes-Saint-Martin. La propriété utile en fut temporairement détenue, au moins au début du XVIIe siècle, par l'abbaye de Fontevraud via le domaine de Mestré. Il est probable qu'au XVIe siècle déjà, Chaumont ait été déclassé en métairie, même si les droits féodaux s'y maintiennent. À Montsoreau, le dessin parcellaire que livre le cadastre de 1813 permet de distinguer, tout autour des bâtiments de l'ancien manoir, un ensemble foncier qui présente une forte cohérence et correspond très certainement à l'emprise de l'ancien domaine, d'une dizaine d'hectares. L'atlas de Trudaine de 1747 indique qu'au XVIIIe siècle, les cultures, à Chaumont, privilégient les terres et bois et que la vigne en est absente. Ce plan peut toutefois être pris avec une certaine prudence en ce qui concerne les cultures et il semble que des textes mentionnent ici des vignes dès l'Ancien Régime ; au début du XIXe siècle le cadastre montre, d'ailleurs, que la viticulture occupe alors la moitié de la superficie de cet ancien domaine.

On ne repère sur le site actuel aucun vestige médiéval et les bâtiments qui s'y élèvent ne paraissent pas antérieurs à la fin du XVIe ou au XVIIe siècle. Les reprises de maçonnerie témoignent de ce que les bâtiments ont été plusieurs fois transformés. Le plan de 1747 figure Chaumont comme un bâtiment en L, élevé en fond d'une cour fermée d'un portail, l'ensemble étant contenu dans un clos plus grand comprenant vigne et verger. Il dut être remanié dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et un bâtiment supplémentaire fut aussi édifié au nord-ouest du logis avant 1813. Au XIXe siècle, la propriété passe entre plusieurs mains, et notamment à Casimir Bruneau, dont le gendre, Jean Bucaille, conseiller général de Maine-et-Loire, entreprend vers 1856 d'importants travaux de restauration des bâtiments, alors très largement transformés, y compris intérieurement. Depuis, les intérieurs ont encore connus d'importants réaménagements, notamment dans l'Entre-deux-guerres et dans le troisième quart du XXe siècle, où de nouvelles constructions furent également érigées au sud-est du logis.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle , (incertitude)
    • Principale : 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Situé à l'extrémité sud de la commune, très à l'écart du village de Montsoreau, en bordure du plateau où s'étendait son domaine foncier en grande partie viticole, l'ancien manoir de Chaumont domine les paysages qui l'environnent au sud et à l'ouest. Close de murs, la propriété présente une topographie contrastée, avec plusieurs niveaux de cours et de jardins en terrasse confortés par des murs de soutènement et à l'articulation desquels sont érigés un corps de logis et des dépendances distinctes, sous forme de bâtiments ou d'abris troglodytiques. Associé à cet ensemble, le domaine présente aussi, plus au sud, un ancien site d'extraction de tuffeau.

L'accès ancien à Chaumont se faisait depuis le nord, à partir du plateau viticole. Toutefois, à la suite des travaux de transformation que Jean Bucaille fait réaliser dans le troisième quart du XIXe siècle, l'organisation des accès aux diverses composantes du domaine traduit une répartition hiérarchisée des espaces. L'accès principal se fait dès lors depuis la route de Montsoreau à Fontevraud-l'Abbaye, en contrebas du site, par une voie tracée face au carrefour dont un embranchement mène au domaine de Mestré (alors aussi aux mains des Bruneau-Bucaille). La nouvelle voie serpente à flanc de coteau et monte jusqu'à un premier portail qui ouvre sur une grande cour quadrangulaire que domine le logis. Cette cour distribue, au nord, un chemin qui mène à des dépendances et rejoint aussi plus au nord un ancien accès au plateau viticole ; depuis la cour, parallèle mais un peu plus à l'est, une autre voie commandée par un portail permet d'accéder au jardin haut et à l'entrée principale du logis ; à l'est de la cour un mur, percé d'un autre portail, isole la petite cour qui dessert d'une part les soubassements des deux corps du logis et d'autre part des bâtiments et abris troglodytiques à usage de dépendances, notamment viticoles ; au sud-est de la cour, un dernier portail commande l'accès à un autre ensemble de dépendances et de logements. Il est à noter que sur les hauteurs, à l'ouest du logis, le domaine est aussi fermé d'un mur de clôture percé d'un plus petit portail qui ouvre sur le vignoble.

Construit à l'articulation du haut du coteau et du bord du plateau, le logis est de plan complexe, avec un corps principal au sud-ouest et un plus petit corps dans l'angle nord-est. Il est édifié en moellons et en moyen appareil de tuffeau, avec toits d'ardoises à longs pans et pignons découverts. Cet ensemble se compose d'un étage de soubassement, d'un rez-de-chaussée surélevé et d'un comble à surcroît habitable et d'un grenier. La liaison entre ces deux éléments se fait par une travée couverte en appentis qui accueille un escalier en charpente qui permet la distribution verticale, du rez-de-chaussée surélevé au grenier de chacun des corps, et ouvre sur des couloirs ou vestibules qui assurent la distribution horizontale des pièces de chaque étage. Il n'y a pas de communication intérieure avec les soubassements : l'accès se fait au moyen d'un escalier extérieur tournant en maçonnerie qui mène de la petite cour sud-est sur laquelle ouvrent de plain-pied les deux soubassements vers une porte qui ouvre dans la grande salle de réception du rez-de-chaussée surélevé du corps sud-ouest.

Le soubassement du corps sud-ouest forme un grand espace à usage de stockage ; outre sa porte à deux vantaux, il prenait aussi le jour, à l'origine, par de petites baies étroites. Celles-ci furent obturées ou ne donnent plus, depuis les transformations du XIXe siècle, que sur de petits flanquements voûtés en plein-cintre d'axe perpendiculaire aux murs, qui s'alignent au-devant du gouttereau sud et du pignon ouest pour porter une terrasse à balustrade à laquelle on accède de plain-pied depuis les salles du rez-de-chaussée surélevé.

Le soubassement du corps nord-est est un aménagement semi-troglodytique couvert d'une voûte en anse-de-panier en moyen appareil de tuffeau : il s'agit d'une salle à cheminée (probablement du XVIIe, voire de la fin du XVIe siècle) dotée d'une fenêtre et d'une porte ouvrant sur la courette sud-est, dont l'usage était soit une cuisine, soit un logement de domestiques.

Le rez-de-chaussée surélevé est aujourd'hui organisé autour de deux pièces de réception, l'une, plus petite, dans le corps nord-est, l'autre, plus vaste, dans le corps sud-ouest, réunies par un petit vestibule d'où monte l'escalier, et qui distribuent des communs ou des pièces là encore semi-publiques qui ouvrent sur la terrasse (salon et salle à manger). Toutes ces salles voient cohabiter des éléments de décor des plus variés : cheminées du XVIIIe, XIXe et XXe siècle, lambris du XVIIIe (remplois) ou du XIXe siècle (en place), carrelage de la fin des années 1930 à figures zodiacales (correspondant aux membres de la famille des propriétaires).

Le comble à surcroît accueille des chambres qui, pour plusieurs d'entre elles, ont conservé leur structure à alcôve et cabinets du XIXe siècle. Dans le corps sud-ouest, on discerne également à cet étage des éléments de poutraison qui témoignent d'un état antérieur, vraisemblablement du XVIIe siècle et, par ailleurs, le grenier présente une charpente moisée du XIXe siècle.

D'une manière générale, les élévations sont très marquées par les ornements réalisés vers 1856 : corniches des gouttereaux, vases Médicis amortissant les crossettes des pignons découverts, encadrement de plusieurs des baies avec chambranle à ressaut et couvrement (parfois en arc segmentaire) à clef passante. Très visible depuis la vallée qu'il surplombe, le pignon ouest bénéficie d'un traitement original où se mêlent la plupart de ces éléments d'un vocabulaire classique et des réminiscences néogothiques : la partie haute est en effet dotée d'une baie géminée en plein-cintre, couverte d'un larmier à culots.

Le corps nord-est est affecté par les transformations du XIXe siècle, mais il présente des façades dont les maçonneries attestent d'états plus anciens : on note ainsi que l'élévation permet de distinguer la succession de plusieurs couvertures, dont l'une pourrait correspondre à un bâtiment plus bas et peut-être dépourvu d'un accès de plain-pied au plateau, suivi d'une autre, plus haute et en appentis, avant la construction de l'état actuel. Le gouttereau sud de ce corps présente des baies couvertes d'une plate-bande délardée en arc segmentaire et le haut du pignon ; le grenier actuel, lui, présente dans le pignon oriental une baie à arrière-voussure de Marseille. Les travaux des XIXe et XXe modifièrent encore ce corps de bâtiment, dans son aspect extérieur (par exemple la corniche et la lucarne qui sont identiques à celles du corps sud-ouest) et surtout dans ses aménagements intérieurs, mais cette partie de l'édifice témoigne donc d'autres transformations qui se succèdent entre la fin du XVIe et celle du XVIIIe siècle.

Ce domaine compte plusieurs autres bâtiments à usage de logements, dont certains sont érigés sans doute dès la fin du XVIIIe siècle, mais qui furent très retouchés au cours des XIXe et XXe siècle.

Les abris troglodytiques sont tous attestés au début du XIXe siècle et doivent être plus anciens encore (XVIIe ou XVIIIe siècles ?). Il s'agit de dépendances qui réutilisent des cavités d'extraction de tuffeau ; l'exploitation semble ici n'avoir été que ponctuelle et les galeries sont assez basses et peu profondes. L'une est particulièrement notable en ce qu'elle présente un aménagement lié à la vinification : une jetée de pressoir est pratiquée en surface, dans le clos de vigne qui borde le domaine à l'est sur le plateau et la vendange qui y est déversée est ainsi menée par un conduit directement dans l'abri troglodytique, à proximité de la maie du pressoir. On discerne les traces d'un modèle plus ancien, de type casse-cou, mais le pressoir à vis métallique et à cage qui s'y trouve encore aujourd'hui, actionnée par une roue et doté d'une grande partie de son mécanisme, date du XIXe siècle ; après pressage, le jus s'écoulait depuis la maie dans une enchère maçonnée.

Au sud de la propriété, un site qui semble de longue date abandonné comprend des abris troglodytiques et un important site d'extraction de tuffeau. Cette carrière est exploitée en trois à cinq tranches superposées, soit en une chambre d'une hauteur de plus d'une dizaine de mètres de haut, aménagée autour d'un puissant pilier tourné et d'où partent, à différents niveaux, des galeries latérales d'extraction. La présence de carrières à Chaumont est attestée depuis au moins le début du XVIe siècle (notamment pour la construction du cloître de Fontevraud), mais la carrière est vaste et compte de nombreuses entrées : ce site est donc difficile à dater et, même s'il n'est pas mentionné sur le cadastre napoléonien de 1813, il pourrait remonter à l'Ancien Régime.

  • Murs
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant en charpente
    • escalier hors-œuvre : escalier en équerre en maçonnerie
  • Jardins
    bocage de jardin, pelouse
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Indre-et-Loire. H 581. Abbaye de Seuilly. Diverses pièces, dont certaines relatives à Chaumont : déclarations, aveux (1284-1716).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 156. Abbaye de Fontevraud. LARDIER, Jean (dom). Volume quatre-iesme de l'inventaire des titres du thresor de Font-Euraud, etc., manuscrit, Fontevraud (1650). Voir f°10v.

    AD Maine-et-Loire. 3 P 5 / 228 / 1 à 8. Cadastre de Montsoreau. Etat des sections et matrices cadastrales de Montsoreau (1813-1936).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 940. Biens nationaux. District de Saumur , inventaire des biens mobiliers de 2ème origine : Fontevraud (sic pour Montsoreau), biens de M. Font-Dumarais à Chaumont (An II-An III).

    AD Maine-et-Loire. 4 Q 13532. Domaines, enregistrement, hypothèques. Transcription n°33 : acquisition par Casimir Bruneau du domaine de Chaumont (1830).

Bibliographie

  • RAIMBAULT, Louis. Notice historique sur le château et la commune de Montsoreau. Répertoire archéologique de l'Anjou, année 1865, Angers, 1865.

    p. 304 à 314
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers