Deux sites chaufourniers existaient à Châteauneuf-sur-Sarthe : le site de la Motte et le site dit des Fours à chaux. À la fin du XVIIIe siècle, la Motte appartient à René Urbain Lemotheux, chirurgien, qui l'a acquis comme bien national le 9 nivôse an III. En 1828, il en fait don à ses enfants dont René Michel Lemotheux, docteur médecin, qui habite la région de Bordeaux. En 1834, ce dernier obtient l'autorisation de construire deux four à chaux sur la parcelle 824 de sa propriété de la Motte. Les four sont alimentés par le marbre de Solesmes et par du charbon de terre de Sablé (mine de Maupertuis) acheminés par la Sarthe puis par un canal arrivant au pied des four. En 1839, René Michel Lemotheux passe un contrat avec le sieur Gasnier et sa femme pour faire « avec leurs charrettes et attelages tous les transports de pierre et de charbon de terre nécessaires pour la consommation et l'entretien ». En 1841, le maire de Châteauneuf indique que « la fumée qui sort des deux four à chaux chauffés au charbon de terre est très gênante pour les habitants de Châteauneuf par les vents de sud et sud-ouest. D'un autre côté, ces four sont d'un très grand avantage pour le pays. Seulement ils ont été construits trop près des habitations ». En 1848, un troisième four est néanmoins construit et équipé d'un couvercle surmonté d'une haute cheminée en tôle. Les carnets de patente mentionnent en 1854 les trois four à chaux en bonne voie d'exploitation dont la valeur vénale est d'environ 30 00 francs. L'activité se prolonge visiblement jusqu'aux alentours des années 1870. Un contrat d'assurance y mentionne « un pont en bois partant du sommet du fourneau de la Motte d'une longueur d'environ 30 mètres à l'extrémité duquel est une machine à vapeur et une grue destinée à faire monter le calcaire des bâtiments de décharge au niveau du fourneau ». En 1864, René Trottier, ancien propriétaire de l'hôtel la Boule d'Or, obtient l'autorisation d'édifier des four à chaux en aval sur la rive droite de la Sarthe. En 1866, il fait construire la maison de maître y attenant. La même année l'exploitation nécessite 24 ouvriers au 1er trimestre et 42 au deuxième. Le site s'agrandit en 1868, 5 four sont alors opérationnels. Mis en vente, ils sont achetés par Pierre Léon Fabre Riaunègre, marié à Laëtitia Lemotheux, fille de René Michel Lemotheux, décédé en 1862. Celui-ci installe en 1873 une grue à vapeur pour le déchargement de la pierre qui arrive par bateaux. En 1907, l'exploitation ne compte plus qu'un four en activité et les four sont vendus à M. Gastine. Ils consistent alors en 5 four dont un seul est en activité, une machine à vapeur, trois wagonnets sur le four avec 250 mètres de rail permettant de monter les matières première jusqu'au gueulard.