Dossier d’œuvre architecture IA49001095 | Réalisé par
Letellier-d'Espinose Dominique (Contributeur)
Letellier-d'Espinose Dominique

Letellier-d'Espinose Dominique ou Letellier Dominique, chercheur auprès de la Ville d'Angers.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Biguet Olivier (Contributeur)
Biguet Olivier

Chercheur auprès de la Ville d'Angers jusqu'en avril 2024.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Angers intra-muros
Hôtel, dit maison canoniale Sainte-Croix, 3 à 7 rue Saint-Aignan
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville d'Angers
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Angers intra-muros - Angers Centre
  • Commune Angers
  • Lieu-dit quartier Centre-ville
  • Adresse 3 à 7 rue Saint-Aignan
  • Cadastre 1840 J 313-314  ; 1980 DH 493  ; 1999 DH 493
  • Dénominations
    hôtel
  • Genre
    de chanoines
  • Vocables
    Sainte-Croix
  • Appellations
    maison canoniale Sainte-Croix
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, chapelle

Historique détaillé

Confondue jusqu'à une date récente avec l'église paroissiale Saint-Aignan (qui était plus loin dans la rue, à l'actuel n° 16), cette demeure est désormais identifiée comme la maison canoniale Sainte-Croix, attesté en 1422 dans un compte de la grande bourse du chapitre cathédral. Un censif de 1415 fait savoir qu'elle est alors habitée par le doyen de la cathédrale.

La partie centrale de la demeure (n° 5), composée d'un corps principal et d'une aile en retour avec pignon sur rue, date de la 2e moitié du 12e siècle : des vestiges importants de cinq baies sur le pignon sur rue, dont une porte, et de trois autres baies, dont également une porte, sur les deux faces donnant sur l'ancienne cour antérieure en constituent les éléments les plus notables ; un chapiteau provenant vraisemblablement de la baie géminée du corps principal, la mieux conservée, a été donné au musée des Beaux-Arts en 1868. Des colonnes engagées cantonnant les angles de l'édifice sont encore visibles sur les élévations sur la rue et sur la cour postérieure. L'élévation postérieure ne conserve quasiment rien de significatif, sinon quelques pierres indiquant l'existence d'une fenêtre en plein-cintre mais d'une taille et d'une apparence plus modestes que côté rue. L'escalier n'existe plus ; néanmoins la présence d'une porte au second niveau de l'aile sur rue permet de positionner un escalier extérieur dans la cour antérieure, à l'angle du corps principal.

Un corps de logis en front de rue (au n° 7), à droite de la partie 12e siècle, pourrait dater du 14e siècle ou du 15e siècle, d'après deux restes d'ouverture sur la partie droite de l'élévation antérieure. L'édifice principal est remanié à la fin du 15e siècle comme l'indiquent la grande fenêtre du premier étage de l'aile sur rue (qui condamne les grandes baies géminées romanes) et la charpente de cette même aile. Des travaux importants ont lieu dans la 2e moitié du 16e siècle : une tour d'escalier hors-oeuvre est érigée à l'angle des deux constructions, sur la cour postérieure, et de grandes fenêtres sont percées au premier étage du corps de logis droit. Des amortissements de lucarnes sont faits ou refaits au 17e siècle sur ces fenêtres côté rue et un portail est réalisé sur cette élévation. A gauche de la demeure romane, au n° 3, un portail menant à une cour latérale de communs date du 17e ou 18e siècle.

La cour antérieure de la demeure romane est lotie au début du 19e siècle, puis celle des communs, après 1840. L'édifice est acquis en 1869 par les petites soeurs de Saint-François d'Assise (Tertiaires gardes-malades) qui transforment toute la distribution intérieure et aménagent une chapelle (dédiée à l'Immaculée Conception) dans tout le corps principal du 12e siècle ; des baies néo-romanes sont percées en conséquence sur l'élévation postérieure (vitraux étudiés dans la base Palissy) et une extension adjacente à l'escalier en vis du 16e siècle est créée pour l'aménagement d'une tribune. Un troisième logis à usage de chambres, en bordure sud de la cour postérieure, est construit en 1870. Une peinture datée de 1925 montrant saint François assistant un malade décore le fronton du portail au n° 7, aujourd'hui déjà passablement altérée.

L'ancienne maison canoniale Sainte-Croix est depuis 1967 le foyer Saint-François, dépendant du lycée privé du Sacré-Coeur. Une étude archéologique de bâti suivie d'une restauration fut effectuée en 2002 sur les façades dégagées du 12e siècle. La propriété actuelle englobe également une autre demeure autrefois distincte, l'ancienne maison de la chapelle Saint-Blaise, au n° 1 de la rue Saint-Aignan.

Confondue encore au XIXe siècle avec l'église paroissiale Saint-Aignan (qui était plus loin dans la rue, à l'actuel n° 16), cette demeure est depuis la monographie de Louis de Farcy sur la cathédrale d'Angers (tome 4, 1926) identifiée comme la maison canoniale Sainte-Croix, attestée en 1422 dans un compte de la grande bourse du chapitre cathédral. Un censif de 1415 fait savoir qu'elle était alors occupée par le doyen de la cathédrale, Jean de la Tuile.

La partie centrale de la demeure (au n° 5) formant une équerre autour d'une cour antérieure lotie avec pignon sur rue date du 1er quart du XIIIe siècle, précisément 1313d d'après une dendrochronologie (entreprise Dendrotech, Rennes-Betton, 2022). Les charpentes des deux corps, sur lesquelles se sont faites les analyses, bien que différentes de conception, furent réalisées dans la même année. Le coffre mural est encore entièrement en place ainsi que plusieurs baies et portes, sur le pignon et sur les deux élévations donnant sur l'ancienne cour d'entrée, plus particulièrement à l'étage, mieux conservé. Les autres élévations, latérales et postérieure, sont largement perdues pour les ouvertures. L'escalier extérieur, qui était hors-œuvre sur la cour d'entrée n'existe plus mais on peut le positionner le long du corps sur rue, car la porte d'entrée, à l'étage, existe encore à l'état de vestiges.

Un corps de logis en front de rue (au n° 7), dans le prolongement à droite de l'aile sur rue du logis principal du début du XIIIe siècle, fut édifié dans le 2e quart du XIVe siècle, vers 1330-1333d selon l'analyse dendrochronologique des parties d'origine de la charpente, ultérieurement très reprise.

L'édifice principal fit l'objet d'une reprise de la façade à pignon sur rue à la fin du XVe siècle : une grande fenêtre fut implantée à l'étage, condamnant les deux baies romanes à ce niveau, désormais murées (une fenêtre d'époque indéterminée, du XIXe siècle dans son état actuel, eut la même conséquence au rez-de-chaussée, condamnant pareillement une porte et une fenêtre romanes ; le pignon fit aussi l'objet d'une réédification à une époque aussi indéterminée, où des vestiges de colonnes romanes sont remployés en piédroits d'une petite fenêtre).

Des travaux importants eurent lieu dans la 2e moitié du XVIe siècle. Une tour d'escalier en vis hors-œuvre est construite à l'angle des deux logis médiévaux sur la partie sud de la cour postérieure de la demeure. De grandes fenêtres (surmontées de frontons triangulaires côté rue) sont percées à l'étage sur les deux élévations, sur rue et sur cour, du corps de logis du XIVe siècle ; seules deux ouvertures (celle en rez-de-chaussée, à l'état de vestige, est aujourd'hui masquée) subsistent des baies médiévales de ce corps d'habitation. Un portail piétonnier à fronton cintré est percé au XVIIe siècle dans l'élévation sur rue. A gauche de la demeure romane, au n° 3, un portail menant à une cour latérale de communs date du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

La cour antérieure de la demeure romane fut lotie dans les premières décennies du XIXe siècle (déjà observable sur le plan cadastral de 1840), puis celle des communs, après cette date (ces communs disparaissent alors pour une nouvelle construction). La propriété fut acquise en 1869 par les Petites sœurs de Saint-François d'Assise (tertiaires gardes-malades) qui transforment radicalement toute la distribution intérieure, en aménageant plus particulièrement le grand corps en fond de cour de la demeure du début du XIIIe siècle en chapelle (dédiée à l'Immaculée Conception) ; une extension adjacente à l'escalier en vis du XVIe siècle est créée pour l'aménagement d'une tribune et quatre baies néo-romanes sont percées en conséquence sur les élévations postérieure et latérale sud. Toutes les ouvertures du rez-de-chaussée des constructions médiévales (hors la porte et la fenêtre du mur-pignon, murées, qui sont romanes) sont dans leur état actuel du XIXe siècle. Un troisième logis à usage de chambres, en bordure sud de la cour postérieure, est construit en 1870 en remplacement d'un bâti plus ancien, visible sur le plan cadastral de 1840, d'allure inconnue. La propriété des sœurs englobe également une ancienne maison de chapelain voisine, au n° 1 de la rue Saint-Aignan, faisant l'angle avec la rue Saint-Paul (la maison Saint-Blaise, au Moyen Age les écuries de la maison canoniale Saint-Martial). Auparavant, en 1868, le vendeur, Jean-Joseph Chevrollier, maître de pension (la pension Chevrollier établie à l'hôtel de la Godeline, rue Plantagenêt) avait offert aux musées d'Angers un chapiteau sculpté provenant d'une des colonnes qui flanquent les angles de la maison canoniale. Une peinture, portant la date 1925, montrant saint François assistant un malade, décore le fronton du portail au n° 7, aujourd'hui fortement altérée.

L'ancienne maison canoniale Sainte-Croix, était depuis 1967 le foyer Saint-François, dépendant du lycée privé du Sacré-Cœur. Une étude archéologique de bâti suivie d'une restauration fut effectuée en 2002 sur les façades dégagées du début du XIIIe siècle. Revendue, elle est aujourd'hui la propriété d'un particulier où de nouveaux travaux de rénovation sont en cours (années 2020) où sont réapparus de nouveaux vestiges.

  • Remplois
    • Parties déplacées à Commune : Angers
  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 13e siècle
    • Principale : 2e quart 14e siècle
    • Principale : 3e quart 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 16e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1913, datation par dendrochronologie

La demeure romane, partie centrale et principale de la maison canoniale Sainte-Croix, présente un plan en équerre, formé d'un corps principal en fonde cour, parallèle à la rue, et d'une aile en retour plus petite, se développant jusqu'à la rue où elle présente une élévation à pignon ; l'ensemble délimite(ait) une cour antérieure de plan irrégulier, aujourd'hui lotie (4,5 m à 9 m de profondeur par 11 m à 13 m de largeur). Les deux ailes sont à rez-de-chaussée et un étage carré, le bel étage était à l'origine sous charpente. Un comble, mais sans lucarne, a été établi dans l'aile à pignon sur rue. Avec la transformation en chapelle avec fausse-voûte en bois, le corps du fond n'a pas de comble. Un sous-sol existe sous le corps principal, mais il ne présente rien d'ancien. Présentant des ouvertures sur toutes ses faces, et avec des colonnes aux angles des deux corps, la construction romane était totalement dégagée et entourée d'espaces libres, rue ou cours. Les deux corps de logis sont de dimensions différentes : le corps en fond de cour mesure 16,50 m par 6,50/7 m, le corps à pignon sur rue 9,5 m par 5,50/6,50 m, pour une superficie totale dans œuvre dépassant les 100 m2, près de 45 m2 pour le corps sur rue, environ 60 m2 pour le grand corps en fond de cour.

Aujourd'hui, plus aucune délimitation intérieure n'existe, ni entre les deux corps, ni à l'intérieur du plus grand corps. D'après les ouvertures conservées ou restituables, le corps sur rue bénéficiait d'un éclairage plus abondant (quatre fenêtres encore visibles et on pourrait en restituer une cinquième, voire une sixième en raison de la longueur du mur de l'élévation latérale droite) et de l'accès à cet étage par une porte située au milieu de l'élévation donnant sur la cour antérieure. Au total, six ouvertures, deux sur chacun des côtés donnant sur les espaces libres. Le grand corps n'en présente que trois dont une de moindre largeur, au maximum sept restituables avec toutes les précautions d'usage, mais pour un gabarit plus important. En raison de la présence de la porte, de la proximité de la rue et de cet éclairage plus conséquent, on serait volontiers en présence à l'étage de la salle pour le corps donnant sur la rue. Le grand corps quant à lui pourrait se subdiviser en deux, qui comporterait deux pièces de quelque 7 m de long (deux chambres ?). A la jonction des deux corps, un pan de mur oblique pris dans l'épaisseur du mur suggère de restituer un passage en biais jouxtant la porte d'entrée du corps sur rue et permettant de rejoindre une pièce située dans la partie gauche du corps en fond de cour. Sur celui-ci, s'observe un arrachement de maçonnerie, saillant sur le mur, visible en partie haute du mur gouttereau : il appartiendrait certainement à cette articulation du passage entre les deux ailes (partie biaise suivi d'un couloir lui aussi partiellement pris sur l'épaisseur du mur gouttereau).

Huit baies (toutes murées) sont aujourd'hui identifiables à des degrés divers dont trois avec des modénatures permettant une restitution convenable. Sur le mur-pignon sur rue, quatre baies structurent les deux niveaux dans une composition remarquablement régulière, occupant toute la façade : une porte (on en discerne encore la pierre de seuil) et une fenêtre, surmontées à l'étage de deux fenêtres de même largeur que les ouvertures du rez-de-chaussée, mais de plus grande hauteur. Il en reste pour ces quatre baies le rouleau au nu du mur orné de vestiges de ruban plissé. On peut imaginer sans peine qu'elles étaient de même allure que les autres baies mieux conservées, décrites ci-après. Toutes les autres baies ne sont plus désormais qu'à l'étage, où se trouvaient les principales et plus luxueuses pièces à vivre. Sur ce même corps sur rue, sur l'élévation latérale donnant sur l'ancienne cour d'entrée, deux baies sont aussi bien observables : la première au plus près de la rue est une fenêtre et montre une structure géminée, avec deux baies qui étaient séparées par une colonnette (disparue), surmontées d'un oculus en carré sur pointe, le tout inscrit dans un tympan en retrait du nu du mur, ouvert par une voussure en plein cintre doublé d'un rouleau d'archivolte. Le décor de l'oculus est à dents de loup quand les arcs sont à rubans plissés (l'arc de la voussure plus précisément un ruban plissé affronté à des dents de loup). Intérieurement, seule la partie haute du jambage gauche et le départ de l'arc de l'arrière-voussure sont conservés, avec un ébrasement profond d'une cinquantaine de centimètres en retour d'équerre du parement. Les rouleaux de cette baie sont reliés à ceux de l'autre baie qui était la porte d'entrée du premier étage, en conséquence dépourvue de tympan, mais comportant deux rouleaux de voussure ; le rouleau supérieur est orné d'un ruban plissé et d'un cavet quand le rouleau inférieur s'arrondit simplement en quart de rond. L'encadrement de la porte de profil semi-cylindrique, dépourvu de base, laissait une largeur de passage d'environ 1,1 m. La dernière fenêtre, encore discernable mais davantage altérée, ne montre plus côté extérieur qu'un rouleau de voussure avec de très faibles vestiges de ruban plissé. Côté intérieur, un élément nouveau est apparu : la baie était encadrée par deux colonnettes surmontées de petits chapiteaux ; il en reste le côté gauche de l'embrasure (vestiges de la colonnette et de son chapiteau, doté d'un décor très simple en feuilles d'eau) et le départ de l'arrière-voussure. Vu son excentrement sur cette élévation latérale - elle est très près de l'angle sur rue - on supputerait volontiers qu'il y avait au moins une autre baie voire deux autres sur cette élévation latérale.

Le grand corps en fond de cour présente une seule baie sur son élévation antérieure donnant sur la cour d'entrée, mais de plus grande ampleur (3,4 m au rouleau d'archivolte). C'est la plus complète et la mieux conservée de la maison canoniale, presque entièrement dégagée. Elle présente la même structure géminée qu'observée sur la baie près de la porte d'entrée. La colonnette et son chapiteau qui séparait les deux baies géminées a pareillement disparu. La structure de la partie supérieure est identique, tympan percé d'un oculus en carré sur pointe, rouleau de voussure et rouleau d'archivolte que l'on voit ici se retournant sur les côtés. Le décor déjà observé auparavant s'y retrouve, avec en plus le décor des chanfreins des baies géminées ici conservé, orné pareillement de rubans plissés ; de plus, on observe le décor du rouleau de voussure se poursuivre jusqu'au bas de la baie. La partie basse de la baie est aussi en partie conservée : si la partie centrale, sous les baies géminées, à disparu lors d'une transformation en porte, les parties latérales sous les piédroits des baies géminées ont subsisté : un cordon orné de dents de loup courait ainsi au bas des baies géminées, formant la partie haute de l'allège ; celle-ci d'abord verticale se poursuivait ensuite par un glacis pour rattraper le nu du mur de façade. Le cordon disparu du haut de l'allège a en fait été récupéré et remployé en bouchage sous les cintres des baies géminées (il pourrait donc être remis lors d'une restauration). Sur le mur-pignon gauche du grand corps, s'observe encore les traces d'une autre baie, suggérée par un retour de parement qui donnerait la largeur de son embrasure ; positionnée à proximité de l'angle, elle appellerait une autre baie en symétrie, composition à deux fenêtres équivalentes à celle du mur-pignon sur rue. Sur l'élévation postérieure, subsiste un jambage et un départ d'arc ; sa courbure indique une baie de moindre importance qui ne pourrait être le vestige d'une fenêtre géminée. Positionnée sur la partie gauche de cette élévation arrière, elle appelle aussi un pendant identique pour la partie droite, qui permettrait ainsi d'éclairer sur cette façade chacune des pièces présumées. Le mur-pignon droit du grand corps ayant été totalement éventé pour la mise en place d'une tribune pour la chapelle du XIXe siècle, on ne peut plus rien en dire, l'équivalent de l'autre mur-pignon ?

La mise en œuvre de cette demeure est soignée, une partie des élévations est/était en moyen appareil de tuffeau ; le gros-œuvre en moellon de schiste apparaît plus particulièrement sur la façade postérieure, par ailleurs la moins ouverte de l'édifice, où seule l'imposante chaîne d'angle (qui abrite par ailleurs une niche dont on ne voit guère l'usage) est en tuffeau. Une particularité de cet édifice est de présenter, aux angles des deux corps de logis, des colonnes sommés de chapiteaux (quatre subsistent encore, au mur-pignon sur rue et au mur-pignon gauche du grand corps - celui de droite n'existe plus) ; ces chapiteaux ne sont plus qu'à l'état de trace, mais l'un d'entre eux a été enlevé de l'édifice et donné aux musées d'Angers, représentant sur deux faces (d'où le fait que ce soit un chapiteau d'angle et non de colonnette centrale de fenêtre géminée) trois têtes de chat. La présence de ces colonnes est une formule remarquable, courante pour des clochers d'église, mais rare pour des édifices civils (maison dite "Synagogue" à Rouen, palais épiscopal de Beauvais), spécifiant d'autant le caractère haut de gamme de cette demeure.

Les charpentes, bien que parfaitement contemporaines, montrent des formules différentes : la charpente du corps en fond de cour est une structure à chevrons porteurs dépourvue de contreventement longitudinal. Ses aisseliers et ses jambettes dessinent un intrados en plein cintre. L'assemblage à mi-bois avec un ergot inscrit cette charpente dans la continuité des charpentes angevines du XIIe siècle. En revanche, le corps en retour sur rue présente une charpente plus atypique, composée aussi de chevrons porteurs, mais s'organisant autour de fermes à poinçons de fond et sous-arbalétriers ; les fermes secondaires ne disposent ni d'aisseliers ni de jambettes. Surtout un faîtage renforcé de liens assure un contreventement longitudinal. Seule l'utilisation de l'assemblage à mi-bois inscrit cette charpente au sein du corpus de ces charpentes angevines du début du XIIIe siècle. Un fin et élégant poinçon octogonal surmonté de son chapiteau est à signaler.

Un sous-sol existe sous le grand corps mais il présente un aspect récent, sans intérêt particulier.

  • Murs
    • schiste
    • enduit partiel
    • enduit
    • moyen appareil
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
    • moellon
    • appareil mixte
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés, étage en surcroît
  • Couvrements
    • fausse voûte en berceau plein-cintre
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à longs pans brisés
    • toit en pavillon
    • appentis
    • noue
    • pignon couvert
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier dans-œuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente, suspendu
  • Typologies
    hôtel à cour antérieure (type A)
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
    • vitrail
  • Représentations
    • ruban
    • ornement géométrique
    • fronton
    • saint
  • Précision représentations

    Les baies en plein-cintre romanes présentent des motifs de ruban plissé et de dents de loup. Le portail sur rue du corps de logis droit est couronné d´un fronton curviligne. Son tympan est orné d'une scène peinte : saint François assistant un malade.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, baie
  • Protections
    inscrit MH, 1994/03/14
  • Précisions sur la protection

    Ancienne maison romane (cad. 1994 DH 493) : inscription par arrêté du 14 mars 1994.

  • Référence MH

La maison canoniale Sainte-Croix est la plus exceptionnelle demeure médiévale observée à Angers et probablement de toute la région, et à ce titre, inscrite au titre des Monuments historiques. C'est la mieux conservée, présentant encore tout son coffre mural ; et grâce à la présence des ouvertures, il est encore possible d'en restituer la distribution à défaut qu'elle soit encore en place : par l'existence encore de la porte d'entrée, l'importance des fenêtres et la proximité de la rue, le positionnement de la salle dans le corps au plus près de cette dernière semble le plus probable, les pièces dans le corps en fond de cour paraissant de fait être réservées pour des chambres avec une hiérarchie entre elles, celle présentant la grande baie en fond de cour étant naturellement privilégiée. L'importance de ces ouvertures, leur qualité encore appréciable, avec des traces tangibles de leur décor sculpté, la composition remarquable du mur-pignon sur rue avec ses quatre baies disposées d'une manière régulière occupant toute l'élévation, renforcent indéniablement l'intérêt de cette demeure. Les charpentes sont également d'origine et montrent aussi des dispositions remarquables. Par la dendrochronologie qui en a été faite, cette maison canoniale a pu de surcroît être datée de la façon la plus certaine qui soit, accentuant d'autant la valeur de cet édifice. Sa datation au début du XIIIe siècle s'avère un précieux jalon pour une maison romane, avancée historique remarquable confortée par la datation également par dendrochronologie d'un autre édifice roman, la salle dite de justice de Briolay au nord d'Angers, vers 1225-1235, accréditant ainsi que l'architecture romane peut donc se prolonger au-delà de la période habituellement considérée pour ce style en Anjou.

Documents d'archives

  • Archives départementales Maine-et-Loire ; G 1762, p. 429 ; G 1765, folios 11-15 ; H 4 folio 10 ; H 4 folio 392 ; 1 Q 363 ; 1 QS 519, folios 11-15.

  • Archives municipales d'Angers ; GG 154, année 1678, folio 7 v°. Décès du curé Clément Gault, mention à cette occasion de trois autels construits par ses soins dans le sanctuaire (2 mai 1678) ; 27 M 1, Devis estimatif des matériaux qui proviendront de la démolition des églises, (5 avril 1791).

Documents figurés

  • Plan au sol, détail du Plan de l'abbaye Saint-Aubin d'Angers, dit plan de Saint-Germain. Lavis, 1661, éch. 1 : 470. (Archives nationales ; N III Maine-et-Loire, 5/1).

  • Plan-masse, détail d'un plan sommaire de l'abbaye Saint-Aubin avant les reconstructions mauristes. Dessin à la plume et crayon rouge, [17e siècle]. (Archives nationales ; N III, Maine-et-Loire, 5/2).

  • Vue de situation depuis le sud-est, détail d'une vue cavalière de l'abbaye Saint-Aubin, 1680. In : GERMAIN, dom Michel. Monasticon Gallicanum. Collection de 168 planches de vues topographiques des monastères et la congrégation de saint-Maur. Reproduit par les soins de M. Peigné-Delacourt, Paris, 1882, Réimpression Bruxelles, 1967, pl. 141.

Date(s) d'enquête : 1979; Date(s) de rédaction : 1993
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville d'Angers
Letellier-d'Espinose Dominique
Letellier-d'Espinose Dominique

Letellier-d'Espinose Dominique ou Letellier Dominique, chercheur auprès de la Ville d'Angers.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Biguet Olivier
Biguet Olivier

Chercheur auprès de la Ville d'Angers jusqu'en avril 2024.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.