Dossier d’œuvre architecture IA49000889 | Réalisé par
Letellier-d'Espinose Dominique
Letellier-d'Espinose Dominique

Letellier-d'Espinose Dominique ou Letellier Dominique, chercheur auprès de la Ville d'Angers.

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Biguet Olivier
Biguet Olivier

Chercheur auprès de la Ville d'Angers jusqu'en avril 2024.

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  • inventaire topographique, Angers intra-muros
Hôtel dit maison de Cunault, puis maison canoniale Saint-Maurille
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Angers intra-muros - Angers Centre
  • Commune Angers
  • Lieu-dit quartier Centre-ville
  • Adresse 16, 18 rue Donadieu-de-Puycharic
  • Cadastre 1840 J 253-254  ; 1980 DH 570  ; 1999 DH 570
  • Dénominations
    hôtel
  • Genre
    de chanoines
  • Appellations
    maison de Cunault, puis maison canoniale Saint-Maurille
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, jardin, logement, remise, écurie

L'actuel fonds de la maison canoniale Saint-Maurille, l'un des plus vaste de la cité épiscopale, était initialement au Moyen Âge divisé en deux propriétés. Au nord, s'étendait la maison de ville du prieuré de Cunaud et au sud une maison canoniale, maison canoniale Saint-Maurille, dénomination attestée en 1422 dans le compte de la grande bourse du chapitre cathédral. Mais en 1415, d'après un censif du chapitre cathédral, qui donne un premier aperçu topographique des lieux, la maison de Cunaud, sise dans la Cité depuis le XIIIe siècle (attestée en 1284), était déjà à cette date détruite (« nunc est destructa »). Il n'en subsiste aujourd'hui que des sous-sols dont l'élément le plus remarquable est une porte en arc brisé qui pourrait dater justement du XIIIe siècle.

Une dendrochronologie effectuée en 2020 (entreprise Dendrotech, Rennes-Betton) sur la charpente du corps de communs dans la partie sud de la propriété a permis de dater celle-ci de 1328d. La qualité de cette charpente, avec ses entraits chanfreinés et ses poinçons octogonaux, exclut tout bâtiment de services au profit d'un édifice d'habitation : celui-ci ne peut dès lors que correspondre à la maison canoniale mentionnée dans le censif de 1415 et dénommée comme maison canoniale Saint-Maurille dans un compte de 1421.

La maison de Cunaud disparue, les deux propriétés furent réunies dans le courant du XVe siècle. La construction actuelle de la nouvelle maison canoniale Saint-Maurille, l'hôtel que nous connaissons aujourd'hui, date vraisemblablement des alentours de 1515 car une décharge de pension à la bourse des anniversaires (bourse constituée de revenus et de biens légués, le plus souvent des rentes annuelles, destinées à célébrer l'anniversaire d'un défunt) fut allouée au chanoine de l'époque. Cette décharge apparaît comme une compensation à des frais exceptionnels qui pourraient correspondre à la construction du nouveau logis. De cette époque sont à signaler la tour d'escalier hors-œuvre en vis et surtout une imposante cheminée de cuisine, bien conservée, dans un corps annexe au grand corps de logis. Au milieu du XVIe siècle, le chanoine Jean de Bréront, l'un des plus éminents dignitaires du chapitre cathédrale, l'embellit de galeries : en 1543, il passa un marché avec l'architecte Jean Delespine pour une grande galerie en équerre sur le jardin menant à un retrait (ou oratoire) ; une seconde galerie fut réalisée faisant office d'entrée, entre la rue et la cour antérieure. Elle n'est pas attestée par un marché mais l'attribution à Jean Delespine ne fait guère de doute, le marché l'évoquant marginalement (c'est probablement encore à ce dernier qu'il confiera la réalisation de sa sépulture à la cathédrale). A la fin du siècle, un dernier embellissement consista en l'édification au centre du jardin d'un puits au caractère monumental, qui porte la date 1591 et le nom de son auteur, Jean Boyvin.

Un écroulement de l'élévation du corps annexe du début du XVIe siècle à l'aplomb du rocher de la cité épiscopale, fragilisé par les extractions anciennes de schiste, en 1727, obligea le chanoine Boylesve à engager la somme considérable de plus de 4000 livres de travaux. Ce corps adjacent au grand corps de logis dut être largement réédifié, ce que signale du côté de l'aplomb du rocher, les fenêtres à arc segmentaires caractéristiques de l'époque Louis XV ; les couvertures furent également refaites, mais il subsiste le vestige d'un ancien pignon du début du XVIe siècle, témoin du bâtiment d'origine. C'est probablement à cette occasion que des réaménagements importants furent entrepris à la demeure, le portail monumental sur rue (dans le corps de la galerie sur rue Renaissance), des lucarnes sur la façade antérieure du grand corps de logis et la reconstruction du bâtiment de 1328 qui devait depuis longtemps avoir perdu son statut d'habitation pour devenir un corps de communs ; une petite partie de ce grand corps de bâtiment sert de chambres où sont encore conservées des cheminées qui attestent le XVIIIe siècle. Comme toutes les demeures ecclésiastiques de la Cité, elle fut vendue comme bien national à la Révolution et devint dès lors une propriété privée. Le XIXe siècle se signala comme une importante période de travaux. Peu avant 1840 la façade d'entrée de l'hôtel fut doublée d'une nouvelle élévation (observable au sol sur le premier plan cadastral de 1840). D'autres modernisations furent entreprises dans la seconde moitié du siècle. La partie principale de la galerie sur jardin (celle entre rue et jardin) fut fortement transformée : un avant-corps à pans coupés, créé pour l'aménagement d'un petit salon d'agrément à l'étage, masqua deux arcades médianes (toujours en place) derrière les nouvelles arcades et modifia l'ordonnancement des fenêtres à l'étage ; pour gagner plus de volume, la galerie fut surélevée, la couverture transformée en appentis, entraînant la suppression des frontons qui surmontaient les croisées. Intérieurement, trois salons, d'esprit néoclassique ou néo-XVIIe siècle, ce dernier avec des tapisseries de Bruxelles et d'Aubusson, datent du Second Empire. Les communs firent encore l'objet d'une reprise de façade et d'un prolongement en fond de cour d'entrée, après 1840 : un nouveau corps de communs relie les communs anciens au corps annexe au logis principal. Tout au long du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, la demeure est restée dans la même famille par alliance successives. Le baron Léon Leguay (auquel est redevable la suite des salons), qui occupa de hautes fonctions administratives et électives de 1848 à 1891, dont ceux de préfet puis de sénateur de Maine-et-Loire, maire par ailleurs de La Meignanne, et le général de division de cavalerie louis de la Celle, sous la IIIe République, en furent les plus notables représentants. La demeure a fait l'objet ces dernières décennies de restaurations successives par tranches.

Propriété située sur le rocher de la cité épiscopale formant une longue parcelle s'étirant entre la rue Donadieu-de-Puycharic et l'aplomb du rocher dominant la rivière de Maine, une des plus grandes parcelles de ce secteur de la ville, presque vingt-cinq mètres de largeur sur une cinquantaine de mètres de longueur. Hôtel entre cour et jardin constitué d'un grand corps de logis perpendiculaire à la rue, à droite dans la cour, prolongé d'un corps de cuisine dont la façade latérale est à l'aplomb du rocher. Une tour d'escalier en vis hors-œuvre flanque la façade qui est une seconde façade doublant la façade d'origine aujourd'hui masquée et devenue un mur intérieur en partie disparu. Un corps de passage formant galerie à l'étage ferme la cour d'entrée, invisible depuis la rue, dans lequel est percé un portail monumental. Un corps de communs borde la cour à gauche en entrant, faisant face au logis. Ce corps de communs était à l'origine un corps d'habitation (la première maison canoniale de 1328) long de 24 mètres, avec une grande salle et une petite chambre sous charpente, dont l'analyse de cette dernière (mortaises sous les entraits côté façade impliquant la présence d'aisseliers et donc d'un pan de bois) a permis de restituer une façade avec un étage en pan de bois qu'on imagine sur un rez-de-chaussée en moellon de schiste – la plus ancienne élévation en pan de bois attestée à Angers à défaut d'être encore en place. Toujours dans la cour d'entrée, en fond, un second corps de communs. Côté jardin, prolongeant un corps de cabinets adossé au grand logis, s'élève une grande galerie en équerre, une longue première partie entre la rue et le jardin, une plus petite partie en retour en fond du jardin qui mène à un « retrait » ou oratoire. Le corps de logis principal est à deux niveaux de sous-sol, un étage carré et étage en surcroît, le corps annexe à un étage carré, le comble étant perdu. Les communs et les galeries sont à deux niveaux. Les couvertures sont à longs pans et pignons découverts pour les corps de logis et communs, à toit polygonal pour la tour d'escalier en vis, avec une croupe pour le corps de cabinet, en pavillon pour le retrait, en appentis (modernisation du XIXe siècle) pour la première partie de la galerie sur jardin. Le gros-œuvre des logis et communs sont en moellon de schiste, à l'exception de la nouvelle façade antérieure du grand logis ainsi que la tour d'escalier en vis et les façades sur jardin du corps principal et du corps annexe comme le corps de cabinets, en tuffeau. La galerie sur rue est en tuffeau sur le premier niveau en moellon et présente un plafond à caissons sculptés couvrant le passage d'entrée. La galerie sur jardin est ouverte en rez-de-chaussée par des arcades en anse de panier portant un premier étage en tuffeau ; le retrait à son extrémité est en moellon de schiste pour le premier niveau, en tuffeau pour la pièce d'étage.

  • Murs
    • schiste
    • enduit partiel
    • moellon
    • moyen appareil
    • appareil mixte
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 étages de sous-sol, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvrements
    • voûte en berceau segmentaire
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • toit en pavillon
    • pignon découvert
    • pignon couvert
    • croupe
    • croupe polygonale
    • noue
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    hôtel à cour antérieure (type A)
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • pilastre
    • ordre dorique
    • ordre ionique
    • cartouche
    • tête d'ange
    • enfant
    • bucrane
    • rosace
    • palmette
    • volute
  • Précision représentations

    Le corps de passage formant galerie présente un monumental portail à pilastres doriques et un cartouche à volutes à la clé de la voussure. Les fenêtres du premier étage de cette même élévation sont cantonnées de pilastres ioniques. Le plafond du rez-de-chaussée de ce corps de passage est à caissons ornés de têtes d'ange, enfants, bucranes et rosaces (des caissons ont perdu leur décor). La galerie sur jardin est à arcades portées par des piliers à chapiteaux doriques. La cheminée du salon présente deux piédroits de manteau constitués de deux grandes volutes à palmette reposant sur des griffes de lion.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    galerie, portail, plafond, cheminée, puits
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1968/12/17
    classé MH partiellement, 1968/12/17
  • Précisions sur la protection

    Façades, toitures et plafond à caissons du bâtiment de l'aile d'entrée sur rue, puits dans le jardin (cad. 1980 DH 570) : classement par arrêté du 17 décembre 1968 ; portique sur jardin, jardin, pavillon nord et escalier en tourelle (cad. 1980 DH 570) : inscription par arrêté du 17 décembre 1968.

  • Référence MH

Cette maison canoniale Saint-Maurille est l'une des plus considérables maisons canoniales de la cité épiscopale d'Angers. En bordure et à l'aplomb du rocher de la Cité, elle bénéficie d'un site privilégié par sa position dominante et sa vue exceptionnelle sur la rivière de Maine et la rive opposée : panorama qui agrémente le vaste jardin, dont profite en particulier la grande galerie-promenoir en équerre reliant le logis à un cabinet-oratoire (la seule de cette ampleur qui subsiste à Angers, hors celle du somptueux logis Barrault), et dont l'élévation primitive a pu être restituée grâce à un précieux marché de maçonnerie. Les galeries entre rue et cour d'entrée (avec son plafond à caissons sculptés) et sur jardin sont effectivement les ouvrages architecturaux les plus notables de la propriété, d'autant qu'elles ont pu être attribuées au grand architecte angevin de la Renaissance Jean Delespine. Un rare puits en forme d'édicule de la fin de la Renaissance renforce l'importance alors accordée au jardin et avec la longue galerie qui le borde participe du caractère si séduisant de cette demeure. A signaler encore une grande cheminée de cuisine gothique dans le corps attenant au grand logis. La propriété présente par ailleurs une profondeur historique remarquable, par son historique qui nous fait remonter jusqu'au XIIIe siècle et à l'implantation historiquement précieuse de la maison de ville du célèbre prieuré de Cunaud. Une dendrochronologie récente a renforcé la connaissance des témoins médiévaux de cette propriété : l'analyse et la datation de la charpente des communs actuels ont révélé que nous avions à l'origine une première maison canoniale, confortant l'analyse des archives anciennes qui signalaient effectivement sur ce fonds une maison canoniale en plus de la maison de Cunaud. La qualité de cette charpente, entraits chanfreinée, poinçons octogonaux, permet de restituer un logis avec à l'étage une vaste salle sous charpente (de quelque 18 m de longueur) ; de plus la présence sur la sous-face des entraits de mortaises certifie la présence d'aisseliers aujourd'hui disparus qui impliquaient la présence d'un pan de bois en façade : la datation remarquablement précoce de 1328d assure que nous avions là la plus ancienne élévation en pan de bois indubitablement attestée d'Angers. Information d'une grande valeur historique pour la connaissance de l'architecture en pan de bois et pour l'architecture civile médiévale.

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; G 404 (1415).

    p. 74
  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 5 E 1/13. Mémoire de construction d'une galerie sur jardin pour M. de Brémont, protonotaire apostolique, dans la cité (6 juillet 1543).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; G 407, n° 285 (v. 1789).

  • Archives municipales d'Angers ; II 13, n° 2122. Propriété du chapitre Saint-Maurice, principal locataire : Melle Boisleve (v. 1769).

  • BM Angers ; Ms. 732. Extraits des conclusions du chapitre Saint-Maurice, 1733.

Bibliographie

  • PEAN DE LA TUILLERIE, Julien. Description de la ville d'Angers..., Angers, 1778, révisé. C. Port 1869, réimpr. 1977.

    p. 116-117

Documents figurés

  • Plan de situation, détail du Nouveau plan de la ville d'Angers dit plan des Echevins. Dessin, par Louis Simon et gravé par Dheulland, G., 1736, éch. 1 : 2500 env. (Archives municipales d'Angers ; 11 Fi 1575).

  • Plan du rez-de-chaussée du logis, plan et élévation du puits, par Baldet, René (recenseur des MH), 1966, éch. 1 : 200. 355 x 550 mm. (SDAP Maine-et-Loire).

  • Logis et dépendances, plans du rez-de-chaussée et des étages, [v. 1990], éch. 1 : 125. 14 pl. 210 x 297 mm. (Collections privées de Coulange)

Date(s) d'enquête : 1986; Date(s) de rédaction : 1991
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville d'Angers
Letellier-d'Espinose Dominique
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Letellier-d'Espinose Dominique ou Letellier Dominique, chercheur auprès de la Ville d'Angers.

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Biguet Olivier
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Chercheur auprès de la Ville d'Angers jusqu'en avril 2024.

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