I. Contexte institutionnel et objectifs
Dans le cadre d'une convention de coopération avec le service du Patrimoine de la Région des Pays de la Loire, le Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais a programmé pour la période 2020-2023 une opération d'inventaire sur le négoce des vins en vignoble nantais.
L'étude du négoce des vins sur le territoire du Syndicat de Pays du Vignoble Nantais contribue à la connaissance du patrimoine vitivinicole du territoire en mettant en perspective, d'une part, les vestiges paysagers, architecturaux et mobiliers qui témoignent du commerce des vins par les négociants et, d'autre part, les objets patrimoniaux conservés au Musée du Vignoble Nantais au titre de la collection "Musée de France", la documentation disponible sur le patrimoine lié à cette thématique. L'étude sera enrichie par les données recueillies lors des opérations d'inventaire menées précédemment sur le territoire (Canton de Clisson, Saint-Fiacre-sur-Maine, Villages à communs).
Pour le Syndicat de Pays du Vignoble Nantais, cette étude thématique est l'occasion d'analyser un pan de l'histoire du vignoble encore méconnu bien que constitutif de l'identité économique viticole du territoire. Les résultats de l'étude permettront le renouvellement de présentation d'une partie du parcours permanent du Musée du Vignoble Nantais et concourront à la création du CIAP (Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine), outil de médiation avec les habitants dans le cadre du label "Pays d'art et d'histoire".
L'objectif est de produire une synthèse sur le territoire. L'enquête principale portant sur la connaissance de l'activité de négoce des vins (acteurs, missions, économie, règlementation, publicité…) et la traduction de cette activité dans l'organisation du territoire et ses architectures.
La finalité de l'opération est de compléter, d'enrichir et de mettre en perspective les informations recueillies autour des thèmes croisés de la fabrication, du stockage, de la commercialisation et du transport des vins sur le territoire. Elle vise à renouveler la lecture de l'espace urbain, périurbain et rural à travers un élément majeur de son identité, l'activité de vente du vin par les négociants. Elle contribuera à nourrir la réflexion autour du patrimoine vitivinicole à l'échelle de la Région.
II. Descriptif de l'opération
1. Délimitation de l'aire d'étude
Les limites géographiques fixées pour l'étude sont celles du Syndicat Mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais. Situé au sud-est de la Loire-Atlantique, en 2e et 3e couronnes périurbaines de l'agglomération nantaise, bordé par la Loire, la Vendée et le Maine-et-Loire, le Pays du Vignoble Nantais mesure administrativement 626 km². Il regroupe 2 intercommunalités, Clisson Sèvre & Maine Agglo (Aigrefeuille-sur-Maine, Boussay, Château-Thébaud, Clisson, Gétigné, Gorges, Haute-Goulaine, La Haye-Fouassière, La Planche, Maisdon-sur-Sèvre, Monnières, Saint-Fiacre-sur-Maine, Saint-Hilaire-de-Clisson, Saint-Lumine-de-Clisson, Remouillé, Vieillevigne), la communauté de communes Sèvre et Loire (La Boissière-du-Doré, La Chapelle-Heulin, Divatte-sur-Loire, La Regrippière, La Remaudière, Le Landreau, Le Loroux-Bottereau, Le Pallet, Mouzillon, Saint-Julien-de-Concelles, Vallet) et 2 communes de l'agglomération Nantaise, Vertou et Basse-Goulaine.
Si les communes situées au nord et au sud de de l'aire d'étude se sont respectivement spécialisées au XXe s dans la culture maraichère et l'agriculture-élevage, au XIXe s la vigne est plantée sur l'ensemble du territoire d'étude.
Puisque le sujet d'étude implique des échanges de marchandises entre territoires et que les négociants du vignoble ont entretenu des relations étroites avec Rezé, Nantes et les vignobles alentour (Ancenis, Anjou, Vendée), l'étude pourra porter un regard complémentaire sur ces territoires par le biais de l'architecture, des archives, ou des sources orales identifiées et jugées comme pertinentes au cours de l'opération.
Plus précisément, concernant la ville de Nantes : bien qu'elle ait dominé le commerce des vins jusqu'au début du XXe siècle, elle ne fera pas l'objet d'un repérage spécifique : sa superficie et le calendrier de l'étude ne le permettent pas. De plus, d'autres études et notamment celle de Raphaël Schirmer (Muscadet, Histoire et géographie du vignoble nantais) démontrent que Nantes ne porte quasiment plus de traces architecturales de ce passé de ville du vin.
1.1. Configuration géographique du territoire, situation et site
Une diversité de paysages marque le territoire : la Sèvre, le marais de Goulaine, le plateau viticole, la vallée maraîchère au nord et le plateau bocager au sud.
Le paysage viticole
Le paysage viticole a fortement évolué au cours de l'histoire, du fait notamment des enjeux commerciaux mis en œuvre (approvisionnement par les voies de communication routières et fluviales jusqu'au XIXe siècle, puis via les réseaux ferroviaire et routier), du fait également d'événements historiques propres au territoire (aménagement et exploitation par les hollandais au XVIIe siècle, destruction et replantation après la guerre de Vendée et la crise du phylloxéra au XIXe siècle, mise en place des critères sélectifs en AOC à partir de 1936, commercialisation à l'export dans les années 1940). Cette évolution historique qui implique des périodes d'extension et de resserrement des espaces plantés en vigne (passage des coteaux aux plateaux par exemple pour un volume de production augmenté dans la 2e moitié du XXe s), s'accompagne des profondes mutations techniques du XXe siècle qui poussent progressivement à une modification des modes de plantation, et donc des paysages qui en résultent, afin que les terres puissent être exploitées et entretenues par la mécanisation grandissante des techniques.
Aujourd'hui les fines variations du paysage viticole correspondent à une alternance de plantation de la vigne faiblement étagée en coteaux et d'une densité importante de pieds plantés sur les plateaux et vallons en raison de leur irrigation abondante par le réseau hydrographique du territoire. La Loire forme une frontière séparant le vignoble de l'aire urbaine de Nantes ; seules les villes de Vertou et Basse-Goulaine, faisant également partie de Nantes métropole, se distinguent par leur développement urbain. Le Vignoble Nantais, comme les autres territoires viticoles de France, est densément peuplé en raison du fait que le travail de la vigne a nécessité pendant des siècles un besoin en main-d'œuvre très important. Ceci implique un paysage très humanisé et construit. Cette caractéristique est d'ailleurs accentuée aujourd'hui du fait de la proximité avec la métropole nantaise, en alternant des bourgs et hameaux le long d'un réseau de routes secondaires lui-même très dense.
La vallée de la Sèvre
La vallée de la Sèvre Nantaise traverse le territoire, de sa source à sa confluence avec la Loire, de Boussay à la ville de Vertou, avec plusieurs affluents dont les principaux sont la Maine, la Moine et la Sanguèze. On trouve des quais pittoresques bordés de veilles maisons dans le vieux bourg de Vertou, les villages du Chêne et de Portillon. La "séquence navigable" de la Sèvre qui s'étend du Pé de Sèvre (Le Pallet) à Vertou constitue quant à elle un axe de communication ancien propice à l'implantation d'habitats et utiles au transport des hommes et marchandises : la chaux, le sel, le vin. Les parties non cultivées en vignoble sont occupées par des taillis où dominent les chênes. On y trouve également des bois de châtaigniers exploités jusqu'au XXe siècle pour la réalisation des piquets de vignes et des cerclages des barriques. De nombreux hameaux sont présents à proximité de la rivière, avec, parfois la présence de quais pour un accès direct à la Sèvre (Gué Joubert à Maisdon-sur-Sèvre, Pé de Sèvre au Pallet, Le Port à La Haye-Fouassière…). La dernière séquence "clissonnaise" n'est plus navigable. Il s'agit d'une zone de transition entre la vigne et le bocage d'un point de vue de l'aménagement agricole.
1.2. Limites chronologiques de l'étude : XIXe-XXIe siècles
L'étude du négoce des vins en vignoble nantais sera considérée selon 3 grandes périodes :
· XIXe siècle : un vignoble en mutation
Au XIXe siècle, la production des eaux-de-vie est telle qu'elle diminue de moitié par rapport à ce qu'elle était sous l'Ancien Régime. Les raisons qui incombent à cette évolution sont principalement la destruction des vignes après les Guerres de Vendée, le blocus continental qui se tient de 1806 à 1814 et qui interdit l'exportation des marchandises depuis le port de Nantes, et l'affaiblissement des transactions réalisées dans le cadre du commerce triangulaire. Dans ce contexte, le négoce nantais basé sur l’activité du port se réduit très fortement, jusqu'à se détourner de l'activité de vente des vins locaux à la fin du siècle.
La fabrication et commercialisation des eaux-de-vie se réduisent au profit d'une production de vins (majoritairement gros-plant) de faible qualité.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle l’oïdium (1852) s'abat sur le vignoble. Conséquence directe de cette maladie, une chute de la production de vin dont résulte une augmentation de son prix qui sera multiplié par quatre. C'est ensuite au tour du mildiou (1883) et du phylloxera (1884) d'apparaître en France et dans le vignoble nantais. Le phylloxera entraîne ainsi avec lui la destruction du Vignoble Nantais au même titre que d'autres vignobles français. De la même façon qu'au début de ce siècle, les baux à complant protègent le vignoble en impulsant sa reconstitution après la crise phylloxerique.
Accompagné par les progrès scientifiques (introduction de nouveaux cépages, replantation en ligne, révolution technologique entraînant la mécanisation des activités, mise au point de traitements contre les maladies…), le vignoble nantais est replanté rapidement et connaît alors une extension importante.
La mutation est profonde : les hommes se forment aux nouvelles pratiques viticoles (écoles de greffage, création de comices, organisation de concours) et s'organisent avec la création de syndicats comme le Syndicat des agriculteurs de Loire-Inférieure mais aussi la Chambre syndicale du commerce en gros des vins, vinaigres, bières et spiritueux de Loire-Inférieure dont les bulletins (qui paraissent à partir de 1890 environ) permettent de mieux connaître l'activité de viticulture et commercialisation des vins.
Suite à la crise du phylloxera, le vignoble est également en proie à une crise sociale étroitement liée à l'histoire de sa replantation : s'affrontent en effet la grande propriété et les complanteurs sur les questions de droit à replanter la vigne après qu'elle ait été décimée par le phylloxera (puisque le bail à complant fait du colon le propriétaire jusqu'à la mort de la plante).
Le vin est vendu par des "marchands de vin" souvent tonneliers également. Les marchands de vins occupent les bourgs mais aussi les hameaux positionnés stratégiquement en bord de Sèvre (Port Domino au Pallet, Le Port à la Haie-Fouassière…). De rares vestiges témoignent de la construction d'une architecture spécifique à l'activité de vente du vin : il s'agit d'habitat qui reprennent les caractéristiques de la "maison vigneronne", habitat à 2 niveaux : cave au rez-de-chaussée et habitation à l'étage accessible par un escalier extérieur( Gué-Joubert, Maisdon-sur-Sèvre ; Montifault, Le Pallet). L'acheminement des vins jusqu'à Nantes est assuré principalement par le réseau routier en raison du fait de la destruction d'une écluse à la Chaussée des Moines à Vertou. Elle sera réparée au milieu du siècle, permettant la reprise de l'activité des ports fluviaux aménagés au XVIe siècle, jusqu'au développement des lignes de chemin de fer qui permettent au vin de mieux circuler et à de moindres coûts et qui dans le même temps font cesser définitivement (dans les années 1870) les activités commerciales qui ont court dans ces petits ports le long de la Sèvre.
Tout au long du XIXe siècle, le vin vendu s'écoule localement auprès d'une classe ouvrière nouvelle qui travaille dans les industries qui se créent à Nantes et dans sa région, mais aussi les vinaigreries nantaises et orléanaises. En dehors de cette consommation locale, la commercialisation est déstructurée, les vins ne s'exportent pas. Selon l'auteur Raphaël Schirmer, si le vignoble nantais ne peut continuer son ascension qualitative c'est surtout parce que "Nantes se détourne de ses vins et de ses alcools". Les grands négociants nantais que sont les Stapleton, Montaudouin ou Clarke ne s'investissent plus et ne donneront pas naissance à de grandes maisons de négoce ou des châteaux viticoles renommés (contrairement aux régions de Cognac ou Bordeaux) qui seraient capables de porter le commerce sur les marchés extérieurs.
· XXe siècle : l’enracinement du négoce au cœur du vignoble
Les sources bibliographiques fondent les raisons d'une mainmise du négoce sur la commercialisation des vins du vignoble au XXe siècle : elles tiennent à l'histoire sociale du vignoble et la répartition des terres viticoles par le biais des baux à complant qui font que les vignes se partagent entre près de 40 000 micro-propriétaires (contre environ 5000 producteurs recensés en 2000). Ces propriétaires pratiquent une polyculture complétée par une culture de la vigne obéissant aux règles du bail à complant ; ce contexte a pour effet d'entretenir la culture dans une grande précarité et soumise à une lenteur en termes de progrès technique. Selon Raphaël Schirmer cela "précipite le vignoble dans le giron du négoce". L'auteur Raphael Schirmer poursuit son analyse imputant la cessation du commerce des vins par les négociants nantais en lien direct avec la crise des années 1930. C'est selon lui en ce tout début du XXe siècle que s'opère un déplacement des entreprises (en tout cas celles affiliées au Syndicat de commerce en gros des vins) de Nantes en direction du vignoble. Il décrit cette évolution, fondatrice de la période d'étude, comme celle d'un passage d'un commerce nantais à un "commerce d'extraction rurale".
Un négoce puissant, à visée locale (années 1890-1950)
L'action de ces négociants installés dans le vignoble réoriente la portée du commerce. Il se cantonne à une action d'envergure locale : fournir les cafés du vignoble et de la région nantaise qui se multiplient à cette époque en réponse à l'essor de la consommation d'alcool par la classe ouvrière. La commercialisation pratiquée est dite "à l'anche", c'est-à-dire que le vin est vendu avant vinification au négociant qui se charge ainsi ensuite d'assembler et vinifier les vins. Ce type de vente a pour incidence qu'il n'existe alors pas dans le vignoble de culture de mise en bouteilles. Seuls les vins considérés comme très qualitatifs sont embouteillés ; le vin commun est vendu en vrac, coupé, assemblé.
Il s'agit pourtant d'une période charnière pour le vignoble : en 1936, naît la première AOC, Muscadet Sèvre et Maine. Cette naissance (accompagnée également de la création de concours viticoles) témoigne alors d'une opposition de deux conceptions du vignoble. Celle du négoce, partisans d'une production à gros rendements (et de vins qui peuvent être coupés) et celles de vignerons spécialisés partisans d'asseoir la viticulture sur de nouvelles bases liées à la qualité en s'appuyant sur cette AOC. Mais la recherche de la qualité est difficile à porter par les quelques vignerons face à l'immense majorité de petits propriétaires. Le négoce est un acteur puissant. C'est à cette période que sont créées les grandes entreprises de négoce qui marqueront l'histoire du vignoble : Donatien Bahuaud, Barré Frères, Sautejeau, Jarry, Beauquin, Drouet, Sauvion, Guilbaud…
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le vignoble nantais est exploité pour fournir en vin le Nord de la France, au-delà de la ligne de démarcation, durant le temps de l'occupation allemande (1940-1942). Cette période de l'Histoire du vignoble, encore récente, et particulièrement épineuse, ne saurait être approchée qu'avec une extrême délicatesse.
La "course aux volumes" (années 1950-1980)
A cette période le vignoble est pris dans une logique productiviste rendue possible par l’introduction des traitements chimiques et de la mécanisation des travaux viticoles. Les rendements atteignent 80 hectolitres par hectare. La question du stockage devient alors une problématique majeure pour la viticulture et le négoce ; les techniques de stockage du vin en sont profondément modifiées. Les techniques de vinification gagnent en précision et s'accompagnent d'une modernisation des chais (acquisition de pressoirs pneumatiques, échangeurs thermiques pour régulation des températures du vin cuve…)
Jusqu'à la création du CIVOPN (comité interprofessionnel des vins du pays nantais) en 1953, le vin est vendu au prix fixé par le négoce et les excédents de production sont revendus comme "vin blanc de table" parfois sous des marques de fabrique déposées par les négociants. Le vin s'écoule à Nantes, en Bretagne, mais également à Paris dès les années 1960. Le commerce à l'export reprend également dans les années 1980 en conquérant le Nord de l'Europe et particulièrement le Royaume-Uni. Les négociants du vignoble se coordonnent pour organiser le marché et créent en 1968 le Groupement des Négociants du Vignoble Nantais. Ils réinvestissent l'imaginaire autour de l'identité viticole avec une approche régionaliste ; ils proposent ainsi la création de la "Bouteille nantaise" dont le lancement est fêté sur fond de folklore local.
Le temps des conflits (années 1980-1990)
Dès les années 1960, des tensions naissent entre les deux branches de l'interprofession. Les années 1980 sont marquées par de nombreux conflits entre vignerons et négociants concernant le prix du vin mais aussi concernant plusieurs affaires de fraude (en matière de vinification notamment). Pour compenser les pertes d'argent dues à l'effondrement des cours des vins, les vignerons augmentent leurs rendements. Cette augmentation des rendements se heurte aux organisations professionnelles qui posent la question de la dilution qualitative du vin et d'une limite à apposer aux AOC. Les tensions augmentent et de violents conflits opposent les viticulteurs aux établissements de négoce (17 juillet 1980 : 600 viticulteurs manifestent devant les Etablissements Martin-Jarry, 8 février 1984 : 500 viticulteurs manifestent devant les Etablissements Sautejeau ; dans la nuit du 2 au 3 juin 1993 : 10 000 pieds de vigne sont arrachés, coupés, détériorés au préjudice de Jean Beauquin). Le vin de qualité standard est vendu par le négoce, à de faibles prix, à la grande distribution qui fait son entrée sur le marché.
Les deux conceptions du vignoble continuent de s'opposer, entre rendement et recherche qualitative.
· XXIe siècle : La fusion des entreprises de négoce
En 2010, la production reste majoritairement écoulée par le biais du négoce (80 % des volumes) ; en 2020, il s'agit de 55% de la production pour l'AOC Muscadet. L'intégration du négoce dans la viticulture nantaise se fait à plusieurs niveaux : depuis le contrat pluriannuel entre un vigneron ou un groupement de vigneron et un négociant ou une chaine de distribution auquel il fournit du vin, jusqu'à la fourniture du raisin à des vendangeoirs. Dans ce cas le viticulteur n'élabore plus de vin, il vend sa récolte à un industriel qui se charge de fabriquer de gros volumes de vin selon ses propres critères (qualité, rentabilité…). Sauf pour les Muscadet sur lie AOC dont l'embouteillage se fait obligatoirement sur le lieu de production. Le rôle du négociant est ici limité à celui de vendeur de vin.
Les conflits entre les vignerons et le négoce continuent d'exister. Les vignerons manifestent notamment en 2010 pour réclamer, sans succès, une augmentation du prix du muscadet.
Pour faire face à la concurrence sur le marché mondial, les entreprises de négoce du territoire fusionnent et/ou sont rachetées par de grandes entreprises nationales (Ackerman, Castel…). Certaines entreprises de négoce réorientent leur activité vers la viticulture, qu'il s'agisse de grandes ou de modestes maisons (Domaine de Chasseloir à Saint-Fiacre-sur-Maine de Chéreau-Carré ou Marcel Baron à La Lande au Pallet). On distingue alors deux profils de sites d'activité : les sites industriels composés de silos, chais monumentaux et quais de chargement, et les "châteaux" dont l'architecture ancienne est réservée à un usage administratif.
1.3. Les formes du bâti
L'étude portera sur les bâtiments ayant appartenu aux négociants : ceux-ci sont principalement liés à la période du XXe siècle, période à laquelle les négociants créent leurs entreprises et prospèrent. Il concerne pour une large part des bâtiments créés ex nihilo et dédiés à l'activité professionnelle : chais de vinification, entrepôts de stockage, quais de chargement, bâtiments dédiés à la gestion administrative de l'entreprise. L'habitat du négociant, lorsqu'il permet de compléter l'analyse de l'activité professionnelle sera également étudié.
L'intérêt se dirigera également sur les vestiges architecturaux implantés à proximité directe de la Sèvre et les aménagements qui permettent son exploitation comme canal de transport des vins pour leur commercialisation du XVIe au XIXe siècle (demeures-magasins, entrepôts…). Les plus anciens témoignages remontent probablement au XIXe siècle, dernière époque du commerce fluvial avant d'être supplanté par l'utilisation du réseau ferroviaire. De la même façon, le rôle crucial tenu par la mise en service des lignes de chemin de fer sera étudié via les architectures encore existantes (gares, halles de fret) et via les documents d'archives (notamment documentation de la ligne Vallet-Le Pallet qui a disparu).
L'étude portera aussi une attention particulière aux "châteaux" dont l'acquisition par les grandes maisons de négoce au XXe siècle illustre la volonté de promouvoir une image viticole ancienne, qualitative et prestigieuse. (Sautejeau puis Castel à l'Hyvernière à la Chapelle-Heulin ; Chéreau-Carré à Chasseloir à Saint-Fiacre-sur-Maine ; Sauvion puis Lacheteau au Cléray à Vallet ; Beauquin puis Castel à La Botinière à Vallet…).
Une approche monographique pour certaines entreprises de négoce présentant un intérêt particulier pourra amener à intégrer l'étude de l'ensemble des édifices qui "gravitent" autour de cette activité : habitats sériels d'employés, imprimeries, verreries, entreprises de transport… Dans ce cadre un regard sera porté sur les architectures industrielles datant des XXe et XXIe siècles des entreprises toujours en activité.
1.4. Le patrimoine mobilier
La spécificité thématique de l'opération nécessite l'étude (et opportunément la collecte) d'un nombre important d'objets patrimoniaux qui sont (ou pourront être) conservés au Musée du Vignoble Nantais, au titre de la collection Musée de France. Marchands de vin – tonnelier, négociants aux profils variés (vendeur en vrac, mettant en bouteilles, vinificateurs) impliquent l'usage de matériel aux usages pluriels : balance permettant la fabrication des fûts et le contrôle du poids de volume de vin contenu lors de la vente, ébulliomètres permettant le suivi de la vinification et l'analyse de vins divers pour assemblages, machine à boucher ou chaîne de mise en bouteilles, fer permettant de marquer les fûts ou casiers des initiales du négociant… Toute une pluralité d'items datant majoritairement du XXe siècle et qui fournissent des éléments d'information complémentaires.
2. Les enjeux scientifiques
2.1 Intérêt scientifique de l'opération
Les relations complexes nouées entre les vignerons et le négoce animent, par leur actualité encore (en 2010, 80% de la vente de la production viticole est assurée par les maisons de négoce, en 2020 55% de la vente est assurée par le négoce), de nombreuses discussions au sein de la population locale. Pourtant cet aspect de l'histoire viticole n'a été que peu étudié et jamais par le biais de son patrimoine architectural et mobilier. La présentation muséographique du Musée du Vignoble Nantais en est un exemple criant : à la fin d'un parcours qui détaille l'ensemble des opérations nécessaires à la fabrication du vin, celui-ci n'intègre que quelques objets faisant allusion à l'histoire du transport et de la commercialisation. Le discours s'arrête ainsi au vin fait, et non vendu pour être dégusté… Il semble que les conflits qui ont opposés et opposent encore parfois le négoce à la population vigneronne ont découragé le fait d'étudier cette histoire, la considérer, la collecter.
La localisation et le nombre de négociants, la nature de leur activité professionnelle, les architectures répondant à leurs besoins pour assurer leur activité restent inconnus. Ce sont ces axes qui devraient être retenus pour l'étude.
Il s'agit de répondre aux enjeux révélant l'intérêt scientifique de l'étude :
Etudier, connaître et valoriser un patrimoine fragile
Les acteurs et témoins de l'activité de négoce au XXe siècle sont vieillissants. L'étude d'inventaire sur ce sujet et qui doit puiser ses sources dans les archives privées doit être menée rapidement. Cette étude constituerait une documentation scientifique sur laquelle fonder une démarche de valorisation d'un patrimoine fondamental de l'histoire viticole et qui manque de visibilité sur le territoire.
Comprendre l'histoire viticole au travers de différents patrimoines
L'étude du négoce permet l'analyse et la valorisation de plusieurs sources patrimoniales : les archives (publiques statistiques et légales liées à la commercialisation ; privées d'entreprises), le matériel viticole et les objets promotionnels utilisés par les négociants (issus de collections privées, de la collection du Musée du Vignoble Nantais) et le patrimoine culturel immatériel y étant associé (collecte de la mémoire orale, identification des usages et savoir-faire), le paysage (identification des évolutions paysagères, compréhension de l'encépagement actuel du territoire) et les architectures qui le jalonnent.
Enrichir la connaissance de l'histoire vitivinicole
L'étude permet de renforcer les ressources documentaires et patrimoniales qui pourront être mises à disposition des chercheurs et de la population locale via la collecte d'objets patrimoniaux pour le Musée du Vignoble Nantais, de documentation et d'archives qui pourront être conservées au centre de documentation du service Patrimoine ou versées aux Archives départementales. Ces données viendront nourrir la réalisation du Centre de l'Interprétation de l'architecture et du patrimoine du Pays d'art et d'histoire Vignoble Nantais.
2.2. Les problématiques scientifiques
Comme exposé dans ce cahier des clauses scientifiques et techniques, la thématique du négoce des vins s'inscrit dans l'histoire viticole du territoire. Elle entretient un lien intrinsèque avec l'histoire sociale, économique, paysagère et technique du vignoble. Si l'étude se doit de prendre en compte ce contexte global, certaines problématiques sont à privilégier :
· Identification de la figure du négociant
Il semble que la profession de négociant prenne ses sources dans le métier de tonnelier. Les premiers recensements de ces acteurs réalisés dans les archives du XVIIIe-XIXe siècles (compte-rendu de rédaction de cahiers de doléances, recensements de population) permettent de relever la mention régulière de "tonnelier marchand de vin". Cette activité de commerce fut donc, en tout cas jusqu'au début du XXe siècle, adossée à une autre activité. Il parait également que la nature de leur activité professionnelle fut diverse : certains négociants procédant à l'achat de vin au détail et le revendant à des débits de boissons, d'autres achetant le vin en vrac et procédant ainsi à des assemblages avant la revente, d'autres encore n'achetant que des moûts pour les assembler et vinifier avant la revente en vrac ou en bouteilles. Cette diversité mérite d'être documentée et analysée afin d'identifier les divers profils de négociants et si possible comprendre au travers notamment de données statistiques et archivistiques qui pourraient être cartographiées (recensement, localisation, nature du vin vendu, quantité de vin vendu, nombre et typologie de bâtiments utilisés pour l'activité…) le rôle joué par différents négociants dans la commercialisation en gros des vins.
Sera adossée à cette problématique celle de la réglementation du négoce (quel rôle joue-t-elle dans le développement, l'évolution de cette activité ?) au travers de l'étude de documents d'archives (contrats de vente, législation de la vente du vin : taxes, répression des fraudes, mentions obligatoires sur les étiquettes…)
· Identifier les liens entre le négoce et l'organisation architecturale et paysagère
Il est certain que l'installation des entreprises de négoce a été guidée, au cours des périodes successives, par la densité viticole du territoire alentour mais également la proximité avec les axes de communication permettant la circulation facilitée des marchandises. Et à l'inverse, le négoce a parfois joué un rôle important dans les structurations paysagères (densification viticole puis arrachage des vignes au XXe siècle). A-t-il été un facteur déterminant dans la mise en service de certaines lignes ferroviaires (Le Pallet-Vallet de 1912 à 1959) ? La création d'entreprises de transport, conditionnement du vin sur le territoire ? Il conviendra donc d'analyser le réseau d'activité et d'échanges du négoce avec ses divers interlocuteurs (vigneron producteurs, clientèle, prestataires de conditionnement du vin – verreries, imprimeries – et transporteurs) au travers des architectures et aménagements des sites en lien avec le réseau routier, fluvial et ferroviaire.
L'impact sera également étudié sous le prisme des édifices construits ou réaménagés afin de loger les employés de ces maisons de négoce.
Le négoce comme élément de construction identitaire du vignoble
L'analyse de l'imagerie utilisée par le négoce, qu'il s'agisse de l'identité graphique ou du vocabulaire développés dans la création de marque de fabrique, d'étiquettes de bouteille, conditionnements spécifiques, objets promotionnels, documents de communication, et parfois dans le décor en façade de leurs entreprises, participent à la construction identitaire. L'acquisition de "châteaux" visant à véhiculer une image prestigieuse, ancienne et qualitative de l'activité également. Ils seront repérés et analysés (en comparaison avec le positionnement des organisations viticoles, des viticulteurs indépendants) afin de comprendre la part du négoce dans la construction de l'image des vins du pays nantais et du muscadet plus spécifiquement, à l'échelle nationale, voire internationale.
3. Les modes d'approche et leur application
Pour répondre aux problématiques scientifiques de l'étude, une méthodologie spécifique doit être mise en œuvre.
Un travail de recensement des négociants actifs sur le territoire aux XIXe et XXe siècles doit nécessairement être établi en amont de la réalisation du repérage architectural.
Ce recensement sera réalisé en collaboration avec l'association FORUM. Débuté en octobre 2020, il est réalisé à partir de sources diverses : les recensements de population de 1936, une liste des marchands de vin en Loire-Inférieure parue en le 13 septembre 1943 dans le journal L'Ouest-Eclair, les listes de négociants établies par la Préfecture de Loire-Atlantique entre 1942-1947, les marques de fabrique déposées entre 1868 et 1965, la liste des membres affiliés à la Chambre Syndicale de commerce des vins en gros (1905). Ces informations sont précisées par l'identification d'archives privées (liste des membres du Groupement des négociants du vignoble nantais), l'étude des collections du Musée du Vignoble Nantais. L'ensemble des données recueillies pour le recensement sont consignées et analysées via un tableau de recensement réalisé par le chercheur. Les négociants y sont référencés par période (de 1700 à aujourd'hui) et par commune ; les différents types de dénominations ("marchands de vin", "négociant au détail", "négociant en gros"…) sont précisés.
A partir des éléments de localisation identifiés (qui sont actuellement parfois très parcellaires), un groupe de travail avec des érudits locaux et anciens professionnels ayant participé à l'activité en lien avec le négoce des vins (négociant, courtier, représentant commercial, débitant de boisson…) sera mis en place afin de réaliser un pré-repérage sur le terrain en compagnie du chercheur. Cet accompagnement est nécessaire à la bonne identification des bâtiments.
Une fois l'arpentage accompli, il est proposé qu'un carottage puisse être réalisé en fonction de critères de sélection établis par le chercheur. Par exemple : une forte densité de négociants installés dans un quartier ou un hameau, une dynastie de négociants repérée et dont l'activité s'illustre par des vestiges architecturaux en lien étroit avec l'organisation paysagère,… L'approche monographique pour l'étude des entreprises de négoce qui ont marqué durablement l'histoire viticole du territoire est souhaitée.
Dans le cadre de ces investigations, le recensement et arpentage sera approfondi et complété par la consultation des matrices du cadastre rénové et napoléonien ainsi que la mise en relation avec toutes les sources patrimoniales à disposition (objets patrimoniaux, archives, témoignages).
La collecte du patrimoine culturel immatériel (et notamment la collecte de mémoire orale), mené par des professionnels à la suite de l'opération permettrait d'enrichir l'étude et d'en permettre une valorisation pertinente.
III. Le contenu et le calendrier des différentes phases
1. État des connaissances, recherche documentaire et exploitation
La réflexion et la recherche d'informations ont pour finalité de réunir les éléments de connaissance préalable de l'aire et de la thématique d'étude, et d'en saisir l'intérêt et les enjeux afin de déterminer des problématiques pertinentes.
Dans un premier temps, la recherche documentaire préliminaire comprend les publications générales et spécialisées sur l'histoire du Vignoble Nantais aux XIXe, XXe et XXIe siècles, les ouvrages généraux et spécialisés sur l'activité viticole du territoire, ainsi que les revues savantes locales ou nationales.
L'étude pourra s'appuyer sur la documentation déjà réunie par le service Patrimoine du Syndicat (bibliographie, presse régionale professionnelle viticole, reproduction de documents iconographiques, bases de données de l'inventaire de la collection du Musée du Vignoble Nantais).
Deux sources archivistiques primordiales doivent être consultées :
- Le Bulletin mensuel de la Chambre syndicale du commerce en gros des vins, vinaigres, bières et spiritueux (1890-1942) (BnF pour les années 1890-1916 et 1937-1942)
- Le Bulletin du syndicat des agriculteurs de Loire-Inférieure (1886-1939) (années 1890-1895 consultables à la Médiathèque Jacques Demy ; autres années partielles consultables à la BnF).
Aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, les séries suivantes seront exploitées en priorité :
- Série ETP – Fonds de la Chambre de Commerce de Nantes, depuis 1790.
- Série 3 E – Etat civil.
- Série H dépôt – Archives des établissements hospitaliers et plus spécifiquement les registres de comptes des établissements de Nantes et Clisson.
- Série J – Archives d'origine privée.
- Série M – Administration générale et économie et plus spécifiquement la série 6 M (Population, affaires économiques et statistiques), 8 M (Commerce) et 10 M (Chambres syndicale et syndicats).
- Série 4 P – Contributions indirectes.
- Série 7 P – Cadastre.
- Série S – Travaux publics et transport.
- Série 6 U – Tribunaux de commerce et plus spécifiquement celui de Nantes.
- Série W – Archives contemporaines.
- Série Fi – Documents figurés (fonds Heurtier).
- Presse locale (Le Phare de la Loire, L'Ouest-Eclair, La Bretagne à Paris, Ouest-France).
- Hôpital (registre de comptes).
Aux Archives municipales des communes de l'aire d'étude :
- Série F – Population, économie sociale, statistiques.
- Série G – Contributions. Administrations financières.
- Série O – Travaux publics. Voirie. Moyens de transport. Régime des eaux.
- Série W – Archives contemporaines.
- Série S – Divers.
Au Centre d'Histoire du Travail :
- Fonds de la CFDT : commerce de vins en gros. Correspondances comprises entre les années 1940 – années 1980.
- Entrepôts vinicoles de l'Ouest (EVO- Luneau). Correspondance, notes, 1951-1986. - Entreprise Gendron. Correspondance, divers, 1982-1985. - Section vins. Marcel Sautejeau (muscadet). Correspondance, 1977-1987. - Société Baud et fils. Correspondance, 1947-1958. - Byrrh. Correspondance, 1947. - Entreprise Bahuaud (La Chapelle-Heulin). Correspondance, 1952-1959. - Entreprise Aillery (Ancenis). Correspondance, 1957. - Établissements Marcel Sautejeau. Correspondance, 1977-1987.
- Fonds de la FDSEA : Série E (actions et luttes), Série A (organisations professionnelles et foires aux vins, comices) avec notamment,
- E 80 : Action Vallet contre négociants en vin le 30 janvier 1975 (photographies).
- La revue "Le Paysan Nantais" (1945 – en cours)
La thématique de l'étude impose que soient identifiées et dépouillées des archives privées (ancien négociant ou famille d'ancien négociant, maisons de négoce devenues des filiales de grands groupes, sociétés de transport, entreprises d'emballage, imprimeries…). L'identification de collections particulières est également souhaitée.
Ces sources seront complétées en cours d'étude par des recherches d'information appropriées.
2. Enquête de terrain, production et traitement des données
Une grille de repérage sous Excel sera exploitée selon les caractères pertinents que les premiers arpentages de terrain auront permis de retenir pour le bâti (situation, structure, typologie, etc.), et que le repérage systématique permettra de compléter et d’affiner. Les éléments étudiés, sélectionnés selon ces critères (édifices ou ensembles majeurs), seront cartographiés sur Qgis comme les éléments repérés qui contribuent de même à élaborer et consolider des typologies.
3. Restitution, diffusion, valorisation des résultats
Les données recueillies sont publiées sous la forme de dossiers électroniques avec le logiciel de saisie Gertrude, et consultables sur le site Internet du service du Patrimoine de la Région des Pays de la Loire (www.patrimoine.paysdelaloire.fr).
À l'horizon 2023, l'aboutissement de l'étude pourra donner matière à une publication. En cours d'étude, afin de favoriser son appropriation par les élus, les habitants et les acteurs locaux, des communications ponctuelles seront organisées par le service Patrimoine du Syndicat de Pays du Vignoble Nantais (publications régulières sur les réseaux sociaux, expositions, conférences, visites). L'inscription de la programmation du service au sein d'événements nationaux (Nuit Européenne des Musées, Journées Européennes du Patrimoine) seront l'occasion de valoriser l'avancée de la recherche. Au cours de l'étude, des éléments de l'étude pourront également être repris par le service Patrimoine du Syndicat de Pays du Vignoble Nantais dans le cadre d'opérations d'animation du patrimoine.
Pour le Syndicat de Pays du Vignoble Nantais, les résultats de l'opération alimenteront l'exposition permanente du Musée du Vignoble Nantais ainsi que le Pôle Vignoble du CIAP (Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine) du territoire.
Des contacts seront établis avec les acteurs locaux du patrimoine (association FORUM notamment), afin de pouvoir échanger des informations et des réflexions, faciliter l'accès aux sources et aux édifices, et solliciter des contributions.
Comme toute opération d'inventaire, l'étude du négoce des vins en vignoble nantais établit l'état des lieux d'un territoire qui peut alimenter un système d'information géographique (SIG), dans le cadre de l'aménagement et du développement durable du territoire, être utilisé comme outil de sensibilisation et de valorisation du patrimoine, ou inspirer des projets éducatifs et culturels.
Afin de compléter et d'enrichir l'étude de regards croisés sur le patrimoine immatériel, des témoignages pourront être recueillis dans le cadre de l'aire d'étude, sous une forme à définir.
4. Calendrier prévisionnel
Septembre 2020 – mars 2021. Préparation du cadre de l'étude
- Pré-repérage
- Mise en place d’une méthodologie répondant au caractère topo-thématique de l’étude
- Élaboration d’une grille de repérage
- Etat des lieux de la documentation disponible
- Sondages dans les archives (Archives Départementales 44 ; Archives municipales ; BnF ; INA)
- Repérage des cotes d’archives à dépouiller
- Dépouillement de la bibliographie disponible au Musée du Vignoble Nantais (revue régionale professionnelle, documentation de l'interprofession, études sur la commercialisation des vins du territoire, ouvrages sur le Vignoble Nantais)
- Établissement d'un corpus d'objets mobiliers au sein de la collection du Musée
- Rédaction de la convention de partenariat et du CCST
- Paramétrage de l'aire d'étude dans Gertrude
Janvier – décembre 2021. Repérage
- Repérage sur le terrain
- Recherches et exploitation documentaires
- Collecte de témoignages
- Identification des problématiques d’étude
- Campagnes photographiques
- Restitution d’étape ou médiation
Janvier 2022 – août 2023. Étude
- Enquête de terrain
- Recherches et exploitation documentaires
- Rédactions des dossiers normalisés
- Collecte de témoignages
- Campagnes photographiques
- Contrôle et correction des dossiers
- Restitutions d’étape ou médiation
IV. Moyens scientifiques et techniques
a. Personnel et compétences
Contrôle scientifique et technique (chef du pôle Inventaire du service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire) : suivi, évaluation et validation scientifiques, accompagnement et arbitrage technique.
Pilotage scientifique de l'opération (chercheur chargé de l'étude) : planification, coordination de l'équipe projet, information.
Recherche (chercheur chargé de l'étude) : état des connaissances et recherche documentaire ; enquête de terrain, production et traitement des données ; restitution, diffusion et valorisation des résultats.
Photographie (photographe Région) : numérisation, prises de vue, reproductions.
Dessin et infographie (dessinateur Région) : relevés d'architecture, mise en forme des ressources topographiques.
Cartographie (dessinateur Région) : sélection et définition des fonds de carte, restitution cartographique des données de l'opération.
Dossiers électroniques (administratrice de bases de données Région) : relecture, validation technique, publication des dossiers, reprise de données antérieures.
b. Moyens techniques
Documentation (Région et Syndicat) : mise à disposition des ressources documentaires du service du Patrimoine de la Région (centre de documentation, dossiers d’inventaire) et du Syndicat (Musée du Vignoble Nantais, Médiathèques, Archives municipales etc.).
Étude (Région) : mise à disposition des outils de recensement (application nomade pour smartphone ou tablette) et de saisie des dossiers d'inventaire (logiciel Gertrude).
V. Suivi et évaluation
Les deux partenaires assurent conjointement la programmation, la réalisation et le pilotage des différentes étapes de l’opération, au sein de deux comités de suivi :
• un comité scientifique, composé des responsables de l'opération et de personnalités qualifiées dans les domaines abordés par l'opération (histoire, histoire et patrimoine viticole, histoire de l'art et architecture, paysage), qui se réunira une à deux fois par an pour préciser et enrichir la démarche scientifique de l'opération ;
• un comité technique, composé des responsables de l'opération et de techniciens des deux collectivités (culture et patrimoine, urbanisme, tourisme) qui se réunira tous les trimestres pour assurer le suivi et l'encadrement de l'opération.
Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais