L'ensemble bâti de la Poterie est avant tout une exploitation agricole organisée autour d'une maison de maître : si les communs existent déjà en 1830, lors de la rédaction des états de section du cadastre napoléonien, la maison actuelle est de 1893 (date portée). Les états de section donnent l'ensemble entouré de terres, et non de vignes. La famille Braud, à qui appartient le domaine, se lance cependant dans cette activité : ce sont ces vignes dont héritera Michel Libeau père (né en 1876) lors de son mariage avec Rosalie Braud en 1903.

Par ce mariage le domaine de la Poterie entre dans la famille Libeau. Michel Libeau père menait ainsi une activité viticole (à la Poterie donc, mais aussi au Pallet, lieu-dit la Burellerie) et s'adonnait à la polyculture ainsi qu'à la chasse : il inaugure en parallèle une activité de négoce, sans chercher à beaucoup la développer. Le siège de ce négoce est à Carquefou, où il possède quelques foudres : il fait des livraisons à Nantes, avec une charrette puis une voiture de marque Unic à partir de 1920. Il fait construire des cuves souterraines sur le site de Carquefou, par des maçons italiens : le site de la Poterie n'aurait alors servi qu'à stocker des vins en surplus, ou ceux de ses vignes. L'activité semble alors modeste.

C'est Michel Libeau fils (né en 1904) qui lui donne davantage d'ampleur, en abandonnant la polyculture mais en conservant les vignes maternelles. Il souhaitait être mécanicien mais entre finalement à l'école de Beaune, où il étudie durant quatre mois. Il se lance avec son frère sous le nom de "Libeau Frères", avant de prendre seul la tête de l'entreprise. Il vend alors avant tout son vin en barrique et ce jusqu'en 1955, lorsqu'il investit dans une machine à embouteiller et dans une laveuse.

En 1943 sont achevées et inaugurées les six cuves aériennes de la Poterie. Ces cuves auraient été utiles pour stocker ses vins de négoces en surplus, mais auraient aussi pu servir à stocker les vins issus de son activité viticole : cette dernière possibilité étant la plus probable, étant donné les réglementations concernant la séparation des vins de négoce et des vins de propriété. Michel Libeau vendait en effet des vins de toutes origines au titre de son négoce, mais vendait aussi des vins"de récoltant", étiquetés à son nom.

Le négoce Libeau expédiait des vins locaux à Bordeaux, où ils auraient été utilisés pour abaisser le degré alcoolique de productions bordelaises. Il récupérait également des citernes de vins d'Algérie, pour, au contraire, augmenter le degré alcoolique de ses propres assemblages. Il livrait particulièrement la région nantaise et surtout l'entreprise de construction navale Dubigeon, en barriques, mais il effectuait aussi des livraisons en bouteilles à des cafés de Chateaubriand et Saint-Nazaire. Les livraisons étaient réalisées dans un premier temps avec une camionnette Saurer, puis avec un camion-citerne ainsi qu'un camion Berliet (pour livrer les casiers de bouteilles). Jusqu'à cinq employés travaillèrent pour la société de Michel Libeau. Celui-ci décède brutalement en 1961 : une de ses filles reprend l'affaire durant 3 ans et demi, avant que l'activité ne cesse définitivement. Le site de la Poterie n'accueille dès lors plus de vin.