Joseph Paris, né à Chantenay en 1844, crée, en 1869, un atelier de serrurerie rue de la Juiverie, à Nantes : forges, grilles, portes, charpentes légères. Onze ans plus tard, il s'installe rue Fouré et il se spécialise dans la construction métallique, aidé de son fils aîné avec qui il s'associe bientôt sous la raison sociale de Jh. Paris et Fils. Vers 1900, l'entreprise déménage boulevard Vincent-Gâche et emploie 200 ouvriers. Son carnet de commandes est large : chantiers navals de la région, ouvrages d'art ferroviaires en France et dans les colonies. C'est en 1911 que l'entreprise s'installe sur un terrain de 5 000 m² situé à Chantenay, route de Roche-Maurice (actuel boulevard du Général-Koenig), pour un effectif de 500 ouvriers. L'activité se réduit pendant la guerre. En 1920, Jh. Paris et Fils devient une Société Anonyme et participe à l'effort de reconstruction en créant des ateliers de mécanique. La société produit elle-même les appareils de levage et de manutention destinés à sa production. En 1923, elle obtient une autorisation de construire boulevard Victor-Hugo (actuelle Île de Nantes) pour ses Ateliers de Constructions de l'Ouest (1 grande halle couverte en sheds ; 1 bâtiment de vestiaires et bureaux). L'entreprise emploie jusqu'à 1000 personnes ; les femmes sont souvent employées comme pontonnières (ou pontières) et à la comptabilité. Dans les années 1950 et 1960, les Établissements Joseph Paris réalisent pour le compte de la société belge SA Travaux métalliques de Boom (division Titan), deux grues encore en place à la Prairie au Duc, à Nantes : la grue jaune en 1959 commande passée par les Ateliers et Chantiers de Nantes (construction navale) et la grue grise en 1966, commande passée par la Chambre de Commerce et d´Industrie de Nantes. Cette dernière est classée Monument Historique en 2005 à titre d'objet mobilier. Pendant et à la suite de la direction de Jacques Paris (1972-1974), dernier directeur de l'entreprise représentant la famille Paris, la société emploie 740 personnes. Malgré les crises engendrant de nombreux licenciements marquant cette décennie (les effectifs de 534 personnes passant à 437 en 1977), le savoir-faire de la société est toujours, après 150 ans d'histoire nantaise, reconnu à travers le monde. Joseph Paris est, depuis le début des années 1990, une société du groupe Fayat, avec des productions d'appareils de levage, d'équipements offshore, d'ouvrages d'art, de constructions métalliques et travaux d'eau. Les réalisations récentes de la passerelle Victor Schoelcher, montée sur vérins et enjambant la Loire à Nantes, et les structures métalliques du Musée du quai Branly à Paris en témoignent.
Activité et organisation des métiers au sein de l'entreprise :
L'activité de construction métallique concerne à la fois l'étude et la réalisation des projets. À Nantes, l'entreprise a, par exemple, procédé à la reconstruction du pont de Pirmil, démoli par les Allemands en 1944, réalisé la structure de la salle omnisports de l'île Beaulieu (années 1970), celle du centre de tri postal de Nantes ou encore fabriqué des charpentes pour la Tour Bretagne. Elle honore de très nombreuses commandes de pylônes de radiotélévision et de téléphonie. En mécanique, son activité concerne des portiques et ponts roulants, notamment pour les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, dont des ponts roulants dits UNIBOX (procédé développé par Paris), des engins de levage (dont la grue-marteau, grue roulante de 5/13 tonnes, des Anciens Chantiers Dubigeon, construite en 1943), des ponts (pont de Recouvrance à Brest), des écluses et barrages, des slipways. Elle effectue aussi des travaux de rénovation et de maintenance de matériels et de structures. En 2012, le bureau d'études est composé d'ingénieurs et de techniciens ; il emploie également des responsables d'affaires, en tout une quarantaine de personnes. L'effectif de production atteint 80 ouvriers spécialisés en constructions métalliques et mécaniques. Dans les ateliers de 30 000 m2 disposant d'un embranchement ferroviaire, la capacité de manutention est de 80 tonnes, les possibilités de fraisage-alésage vont jusqu'à 8 mètres de long, celles de tournage jusqu'à 4,5 mètres. Une équipe de 25 personnes est dédiée aux interventions sur site (montage et maintenance), elle comprend 5 électrotechniciens de chantier. Le travail est réalisé en horaire dit "normal", occasionnellement en 2 ou 3/8.
Politique sociale de l'entreprise :
La Mutualité, une revue bimestrielle destinée au personnel de Joseph Paris, éditée dans les années 1970, présente les commandes importantes et aborde des questions sociales à travers des outils mis en place, tels que la Mutuelle, caisse d'entraide créée en 1939, le Comité d'entreprise offrant des avantages au personnel et aux retraités, des associations sportives (tennis, football), une bibliothèque, des sorties pour les retraités de l'entreprise, un fonds social. Cette revue existe aujourd'hui sous le nom de Pariscoop.
Chercheure.