Origine
Une première mention de ce quartier est visible sur la Carte de Cassini sous la toponymie de "Bois Maurice". Il semble qu'à l'origine, Roche-Maurice soit un village de pêcheurs établi à l'extrémité sud du Sillon de Bretagne, sur un promontoire rocheux qui s'avance dans la Loire et bordé à l'est et à l'ouest par des prés ou des marais. En 1833, sur le cadastre napoléonien, on dénombre vingt-cinq maisons ainsi que quatre bâtiments, trois cours (associées à des maisons) et de nombreux jardins. Le quartier se développe alors sur trois îlots et est desservi par deux chemins venant du nord, l'un de Saint-Martin et l'autre du bourg de Saint-Herblain. Les parcelles sont essentiellement de forme allongée, perpendiculaire à la Loire. Les constructions, lorsqu'il y en a, se situent en alignement le long de la voie. Elles sont principalement concentrées le long de la Loire et au bord du chemin menant à Saint-Martin. En dehors de ce village, s'étendent de grandes parcelles (Le grand Blanchard, Les Hiorts...) et le manoir du Vignau (Bois du Vignaux) au nord. Sur le plan de 1850 comme sur le plan d'état major de 1866, Roche-Maurice est nettement figurée comme une avancée dans la Loire avec de part et d'autre des zones inondables. Le tracé de la ligne de chemin de fer reliant Nantes à Saint-Nazaire en 1856 va profiter de ces grandes plaines (assèchement des prairies) évitant le Sillon de Bretagne et des dénivellations trop importantes. Le chemin de fer va ainsi passer en limite nord du village avec un passage à niveau au nord-est (vers le bourg de Chantenay), d'où une première mise à l'écart du village de Roche-Maurice et la création d'un quatrième îlot à l'ouest due à la division d'une parcelle par le tracé. Aujourd'hui, il scinde le village de Roche-Maurice en deux. Néanmoins, cette ligne participe au développement de la rive de la Loire dans la seconde moitié du XIXe siècle et notamment de Chantenay. Le village de Roche-Maurice se densifie alors le long des voies. En dehors du hameau, les terrains conservent leur caractère rural.
Aménagement du bord de Loire
Sur différentes cartes de 1902 à 1905, la représentation d'un octroi à l'est du village permet de déduire que le "chemin de grande communication n° 107" (ancienne route de Basse-Indre à Nantes, le long de la Loire) constituait une voie importante. Le quartier de Roche-Maurice se situait du côté extérieur de la "frontière" définie par l'octroi, d'où le développement des constructions principalement vers l'ouest avec la présence de nombreux commerces (restaurants, hôtel, tabacs, épicerie, pompe à essence...).
L'aménagement du quai et de l'estacade au sud-est de Roche-Maurice vient régulariser le bord de Loire et notamment de l'embarcadère et de la cale déjà présents. Cette construction se déroule entre 1908 et 1911 et emploie le procédé en béton armé "Hennebique". Elle est constituée de pieux en béton sur trame rectangulaire contreventée supportant une plate-forme en ciment armé et une voie de desserte du chemin de fer. La cale et le quai en terre-plein avec mur de quai taluté maçonné en pierre semblent avoir été construits dans la même période. La route de Roche-Maurice, le long de la Loire, a été relevée suite aux inondations de 1910.
Une voie de desserte centrale "les Hiorts" est aménagée au nord de la ligne de chemin de fer permettant une division parcellaire et de nouvelles constructions.
La cité Blanchard
Au cours de la Première Guerre mondiale, un ensemble de baraquements "camp de prisonniers de guerre de Roche-Maurice" est édifié sur la commune de Saint-Herblain pour les prisonniers allemands employés dans les usines de Chantenay et de Roche-Maurice. Il se composait de hangars métalliques, de bâtiments en parpaings ou en bois couverts en ardoises et d'auto-constructions en bois préfabriqués. En 1921 le camp est reconverti en cité ouvrière, la "cité Blanchard". Certains baraquements sont détruits, d'autres sommairement aménagés, sans confort. Cette cité réalisée par l'Office Public "Habitat Bon Marché" perdure jusqu'en 1984, date de sa destruction.
Développement industriel du XXe siècle
Après la Première Guerre mondiale, le quartier de Roche-Maurice est décrit comme "tourné vers la Loire où l'on pêchait à la senne, à l'épervier, aux balances, des civelles, des lamproies, des aloses et du saumon". L'activité de pêche (pécheurs au filet) y est encore importante bien que l'essentiel des habitants soit des ouvriers des usines de Chantenay (usine Amieux, usine Kulhmann, usine à gaz...). A partir de 1934, l'usine à gaz s'installe à l'ouest du quartier de Roche-Maurice, sur la commune de Saint-Herblain. Elle produira du gaz, dans son unique gazomètre, à partir de la distillation de la houille jusqu'en 1958. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les constructions se densifient principalement au nord de la voie de chemin de fer avec l'arrivée d'entreprises (chais, hangars, bureaux...). Le tracé du périphérique et de ces voies de dessertes (échangeur) au nord du quartier et la construction du pont de Cheviré en 1990 à l'ouest vont fortement impacter le quartier tant au niveau visuel (surplomb du pont) que d'un point de vue urbain : fermeture du passage à niveau et de la rue Durance, agrandissement du pont sur le chemin de fer et élargissement / surélévation de la rue Philippe Lebon. Le quartier est ainsi enclavé, mis à l'écart du reste de l'agglomération avec des implantations de constructions industrielles à l'est sur des parcelles auparavant rurales. Le terrain situé à l'entrée du quartier en contrebas du pont est proposé pour y installer un deuxième camp d'accueil des gens du voyage. Mais les habitants s'y opposent et, en 1991, est décidé la création d'un square. Les habitants ont dénommé ce jardin "Square Toussaint-Louverture" et son inauguration a été effectuée le 5 décembre 1992 en présence de personnalités africaines et antillaises. Le choix de ce nom s'explique par le désir d'associer à ce jardin un nom évoquant à la fois les voyages Outre-Atlantique et un défenseur des droits de l'homme (esclave affranchi et chef de révolte contre les planteurs blancs).
Photographe.