Dossier d’œuvre architecture IA85002146 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Place Charles-De-Gaulle
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Vix
  • Lieu-dit Bourg
  • Adresse place Charles-De-Gaulle
  • Cadastre 1836 C 641 à 644, 650 à 656  ; 2019 AI

La place Charles-De-Gaulle constituait jusqu'à la fin du XIXe siècle et la création de place du 8-Mai-1945, le principal centre économique et institutionnel de la commune. S'étendant au sud de l'église (l'ancienne église étant alors plus en retrait, au nord, que l'actuelle), la place est toutefois longtemps restée bien moins dégagée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Le plan cadastral de 1836 montre ainsi que toute la partie ouest de la place actuelle, y compris le square du 11 Novembre 1918, était occupée par le cimetière. Une construction, divisée en deux habitations et une dépendance, était alors enclavée dans cette partie ouest de la place, au bord de la rue principale. Elle a abrité la mairie jusqu'en 1895. D'autres habitations étaient regroupées au centre de la place actuelle, sur un emplacement triangulaire, devant l'église qu'elles masquaient alors. Des jardins se trouvaient là où s'étend le parking à l'est de l'église.

Le cimetière sur la place jusqu'en 1840

Le cimetière existait déjà au début du Moyen Âge : des sarcophages en pierre, de forme trapézoïdale, et des ossements auraient été retrouvés lors de différents travaux au XXe siècle, sur la place même et dans la grande rue qui la tangente. Le cimetière est mentionné en 1617 lors d'une visite du prieur de Leton (Montommé) à Vix. Il est alors "bien fermé", avec "une croix ozannière de pierre de taille". En 1702, lors d'une visite pastorale, l'évêque de La Rochelle observe que le cimetière est "entouré de murailles" mais qu'il manque une barrière à la porte "afin que les bestiaux n'y puissent entrer". Une partie du cimetière est réservée aux protestants : en 1729, un acte notarié parle du "cimetière des huguenots", proche de l'actuelle maison de retraite. Une autre partie du cimetière est réservée aux étrangers à la paroisse : en 1741, un enfant inconnu, trouvé mort à la Chaignée, est enterré là. En 1787, la "tonsure" de l'herbe qui pousse dans le cimetière est affermée à un certain Phelippeau. En 1828, un plan du bourg montre le cimetière qui occupe une grande partie de la place. Clos de murs, avec plusieurs entrées, il comprend toujours une croix de cimetière.

Dans les années 1830, la présence du cimetière au cœur du bourg pose de plus en plus question. En 1835, sur fond de rivalités personnelles et politiques, le maire André Prouzeau est accusé de malversations au cours de la vente d'une centaine de pierres tombales extraites lors de travaux de terrassements. Plus généralement, les plaintes se multiplient contre la présence du cimetière. En avril 1838, une enquête pointe du doigt son "aspect triste au milieu du bourg" et le fait "qu'il exhale des odeurs nuisibles à la santé des habitants". Le 1er janvier 1840, le cimetière est alors transféré au Clouzy (actuels ateliers municipaux). En 1845, l'ancien cimetière de la place de l'église est désaffecté et incorporé à la place.

Un contentieux sur la partie est de la place

A la même époque, un contentieux oppose la municipalité aux riverains de la partie est de la place, là où le plan cadastral de 1836 situe des jardins (actuel parking à l'est de l'église). Tout provient de ce que, en 1794, lors de la vente par l'Etat, comme bien national, de l'ancienne seigneurie de Vix et de ses dépendances, dont l'ancienne métairie seigneuriale (actuel presbytère), il est précisé que la vente ne comprend pas "l'aire de la métairie et les quaireux où l'on fait les paillers, que la commune de Vix a demandé pour faire le champ de foire".

Or, cette réserve n'est pas respectée par l'acheteur de la seigneurie, Luc-René Denfer du Clouzy, puis ses successeurs, dont André Piet-Roquépine. Lorsque celui-ci vend l'ancienne métairie à Pierre Delaunay et Pierre Guérin le 28 avril 1811, le maire de Vix proteste contre le fait que cette vente comprend le jardin au sud de la propriété, soit l'emplacement de l'ancienne aire à battre de la métairie, réservé en 1794 pour le champ de foire. Le jardin est finalement retiré de la transaction.

Pourtant, un an plus tard, le 18 avril 1812, les héritiers Piet-Roquépine vendent le même jardin à Jean Rousseau et Pierre Jarrion, passant outre l'opposition de la municipalité. L'affaire s'estompe jusqu'en 1828, date à laquelle la commune décide de réaménager le champ de foire. Le plan des lieux mentionnant le cimetière, cité ci-dessus, est établi à cette occasion. Le contentieux est porté devant le préfet. Finalement, le 9 juillet 1833, une ordonnance royale déclare le jardin contesté propriété de l'Etat qui l'accorde alors en concession à la commune le 31 décembre suivant. En 1835 encore, la commune n'est toujours pas entrée en jouissance du jardin et n'a toujours pas payé à l'Etat le prix de la concession. En 1889, le jardin est compris dans le legs effectué par la propriétaire de l'ancienne métairie, Françoise Prunier veuve Pageaud, au curé de Vix.

La disparition des bâtiments (maisons, école, mairie) qui encombraient la place au XIXe siècle

Quant aux bâtiments qui encombrent le centre de la place, devant l'église, sur le plan cadastral de 1836, ils finissent par disparaître au cours du XIXe siècle, là encore pour agrandir le champ de foire ou faciliter son accès. En 1850, la commune déménage toutefois sa mairie, qui se trouvait avec l'école de garçons au 9 rue Georges-Clemenceau, pour l'établir dans le bâtiment situé dans la partie sud-ouest de la place de l'église, le long de la grande rue. L'école de garçons déménage à son tour quelques années plus tard, cette fois dans un emplacement triangulaire occupé par des bâtisses et des jardins, sur le côté est de la place. Le 28 novembre 1857 a lieu la vente aux enchères, après faillite, des biens de Pierre Arrignon époux Chabiron, marchand. La municipalité en profite pour acheter sa maison, située devant l'église. Le magasin de commerce qui occupe le rez-de-chaussée pourra être transformé en salle de classe, et l'instituteur pourra être logé à l'étage. On décide même d'y transférer aussi la mairie, trop à l'étroit. Le 26 août 1858, les travaux d'aménagement de la nouvelle mairie-école sont adjugés à Mathurin Rousseau, maçon. En novembre, un petit terrain jouxtant l'école est acheté pour agrandir l'espace de récréation.

Très rapidement pourtant, la mairie-école est jugée insuffisante, surtout lorsqu'en octobre 1862, une école privée de garçons, tenue par Pierre Pageaud époux Prunier en sa maison près de l'église (actuel presbytère), ferme ses portes, reportant 100 élèves supplémentaires sur l'école communale, laquelle en compte déjà 200. La construction d'une nouvelle école de garçons s'impose. C'est chose faite en 1866. L'école quitte la place et déménage dans ses locaux actuels, place du 8-Mai-1945. En 1869, la municipalité confie à l'architecte Victor Clair le projet de reconstruction de l'église et de la mairie, projet arrêté par la guerre de 1870 et les querelles politico-religieuses. En 1876, la mairie revient dans le bâtiment sur le côté ouest se la place.

L'ancienne mairie-école et les autres bâtiments de l'emplacement triangulaire devant l'église sont alors démolis, dégageant le côté est de la place pour les besoins des foires et marchés (ces emplacements ne seront toutefois acquis par la commune de Vix qu'en 1969 et 1971). Une bascule publique est créée là dès 1874. En 1876, le conseil municipal réclame la création de caniveaux car l'eau et les détritus s'accumulent, provoquant de mauvaises odeurs ; les enfants ont les pieds mouillés et tombent malade, l'humidité ainsi créée étant aggravée par la proximité des marais. En 1895 enfin, la municipalité délaisse ses locaux de la partie ouest de la place de l'église pour s'établir dans l'ancienne demeure léguée par Armand Prouzeau, là où elle se trouve encore aujourd'hui. L'ancienne mairie est démolie, permettant l'agrandissement vers l'ouest de la place de l'église et du marché et le dégagement complet de son accès.

Les cartes postales du début du XXe siècle montrent alors une place enfin dégagée, accueillant le marché et les sorties de messe. Déjà nombreux avant le dégagement de la place, les commerces et ateliers d'artisans se multiplient encore à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, notamment sur le côté est de la place où le marché couvert est construit en 1890. Les cartes postales vers 1900 indiquent la présence d'une fontaine dans l'angle ouest de la place, abritée sous un édicule en brique. En 1921, cette partie ouest de la place est de nouveau investie pour y placer le monument aux morts, là où s'élevait autrefois des habitations ; il sera déplacé à son emplacement actuel en 1968, libérant de nouveau l'espace. Au nord-est de la place, là où se trouvaient au XIXe siècle des jardins, une bascule publique est établie au début du XXe siècle. En 1974, la partie nord-est de la place est réduite pour accueillir la nouvelle église, en avant de l'ancienne, démolie. La bascule publique et un transformateur électrique qui se trouvait là également sont supprimés en 1990.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, 19e siècle, 20e siècle

La place Charles-De-Gaulle se situe au centre du bourg, entre l'église et la rue principale. Elle est délimitée au sud par cette rue, au nord-est par l'église, au nord par le square où se trouve le monument aux morts, à l'ouest et au sud-est par des habitations et commerces. Sa partie ouest est occupée par un parking, comme à l'est. Entre les deux, deux voies de circulation encadrent l'église et son parvis.

  • Couvrements
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée, 3 E 63/47. 1787, 23 septembre : adjudication pour cinq ans à Jean Phelippeau dit Bellet, par André Guillon, fabriqueur de la paroisse de Vix, "de la tonsure de l'herbe qui s'accroît dans le cimetière, coupée dail sans y conduire bestiaux ou brebis".

  • Archives départementales de la Vendée, 4 G 2, folio 63. 1617, 31 mai : visite de la paroisse de Vix par Jehan Collart, prieur de Lethon.

  • Archives départementales de la Vendée, 205 G 5. 1729, 11 septembre : arrentement par le curé de Vix à Pierre Guérin d'une maison et d'un jardin tenant "à la rue appelée Poucefeneil" et au cimetière des huguenots.

  • Archives départementales de la Vendée, 1 O 812. 1833-1897 : édifices religieux et publics de Vix (église, presbytère, mairie, cimetière, écoles), aménagements et travaux.

  • Archives départementales de la Vendée, 1 O 814. 1828-1928 : gestion et contentieux autour des biens communaux de Vix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 3392 à 3401, 3725 (complétés par les registres conservés en mairie). 1837-1971 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Vix.

  • Archives départementales de la Vendée, 1 Q 613. 1794, 5 mars (15 ventôse an 2) : procès-verbal de vente comme bien national de la maison seigneuriale de Vix.

  • Archives diocésaines de La Rochelle-Saintes, La Rochelle, II 3527. 1702 : visite pastorale de la paroisse de Vix par l'évêque de La Rochelle.

  • Archives municipales de Vix. Registres des délibérations du conseil municipal.

  • Archives municipales, Vix. 1 N 2 à 10. 1803-1990 : actes notariés concernant des biens communaux à Vix.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Vix, 1836. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 303).

Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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