Dossier collectif IA72058802 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maisons et fermes du bourg de Sceaux-sur-Huisne
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Sceaux-sur-Huisne

Un habitat ancien plutôt rare

Bien que le bourg de Sceaux-sur-Huisne soit incontestablement d'origine médiévale, sur les fondations d'un établissement antique, peu d'éléments subsistent de l'habitat antérieur au XVIIIe siècle. Si l'on exclue l'ancien manoir de la Cour, dont l'essentiel de l'élévation date de la fin du Moyen Age, le presbytère et la grange du prieuré dont la charpente est en partie du XVIe siècle, les quelques autres vestiges de cette période se concentrent autour de l'intersection de la route départementale 323 et de la rue Saint-Éloi, qui constitue le noyau ancien de Sceaux. Le parcellaire est ici le plus dense et le plus étroit, ce qui confirme une origine médiévale. Une façade en pignon aigu à l'arrière du n°4, avenue du Général de Gaulle, pourrait remonter au XVIe siècle, de même que la maison n°13-15 rue Saint-Éloi, dont la toiture présente un gabarit similaire. Une baie chanfreinée au n°6 de la même rue pourrait remonter à la même période. Un linteau en accolade, visible au n°24-26, semble quant à lui être un remploi.

La relative rareté de ces témoignages est sans doute à imputer aux travaux de la route royale à la fin du XVIIIe siècle, qui durent modifier considérablement l'aspect du centre-bourg. Au tracé sinueux de l'ancien chemin médiéval, visible sur des plans de la fin du XVIIIe siècle, on a substitué une route large et rectiligne qui a sûrement amputé largement le bâti ancien de Sceaux. Dès lors, on ne peut guère se faire une image de l'aspect des maisons du bourg avant cette période. On peut toutefois supposer, à l'image de l'ancien presbytère au n° 16 avenue de Bretagne, que la plupart étaient en rez-de-chaussée, sur cave voûtée, coiffées d'une toiture pentue couverte en bardeau puis en tuile plate.

Un bourg transformé aux XVIIIe et XIXe siècles

La construction de la route royale, dans les années 1780, marque donc un tournant pour le bourg de Sceaux. Plusieurs maisons témoignent des constructions nouvelles qui vinrent border la nouvelle route dès la fin du XVIIIe siècle. C'est notamment le cas de celle dans laquelle se trouve aujourd'hui la mairie : sans doute construite pour un notaire, c'est la plus imposante et l'une des mieux conservées. Son aménagement et son décor intérieur sont encore en partie encore en place, avec son escalier rampe-sur-rampe à balustres, ses cheminées et ses boiseries rococo. D'autres maisons de la même époque sont bien visibles dans la traverse, en face au n° 7, au n° 23, au n° 27, et d'autres encore ont certainement été remaniées au gré des alignements. Toutes se caractérisent par leurs baies régulièrement disposées, à linteaux en arc segmentaire délardé. Un autre ensemble remarquable reconstruit au XVIIIe siècle, l'ancienne métairie de la Bourdaiserie, doit être signalé rue d'Huisne.

Le XIXe siècle poursuit l'œuvre amorcée à la fin du siècle précédent. Le développement économique de Sceaux s'accompagne d'un renouveau conséquent du bâti. Les dates portées sur les constructions sont rares, mais les matrices cadastrales en sont le reflet. La très grande majorité des maisons se trouvant en bordure de la voirie, celles-ci sont méthodiquement alignées pour garantir l'uniformité des routes. Beaucoup sont entièrement reconstruites. Il s'agit essentiellement d'un habitat modeste, maisons de petits commerçants et artisans, notamment tisserands. Toutefois, plusieurs maisons de maître sont construites pour des familles aisées au milieu de grands parcs, à l'emplacement du prieuré, à la Princetière et dans la rue de l'École.

L'habitat périphérique du XXe siècle

Si le XIXe siècle se caractérise plus à Sceaux par la reconstruction que par l'extension qui reste minime, le petit bourg se déploie bien plus à partir de la fin du XIXe siècle et pendant le XXe siècle. De nouvelles maisons sont construites le long des deux axes principaux, à leurs extrémités, notamment en direction du Mans, où l'on trouve quelques exemples de maisons caractéristiques des premières décennies du XXe siècle, à façades en pignon et demi-croupes. Les logements s'isolent de plus en plus les uns des autres, construits au milieu de parcelles plus grandes. Néanmoins, le bourg de Sceaux conserve un aspect rural jusqu'au milieu du XXe siècle, avec la permanence de fermes en son sein comme à la périphérie (ce fut par exemple le cas de l'ancien prieuré).

Il faut toutefois attendre les années 1970 pour voir un véritable déploiement de l'agglomération, d'abord vers l'ouest avec la construction de dix logements HLM standardisés (rue Jean-Moulin) et de zones pavillonnaires. L'extension se poursuit ensuite au sud-est du côté du Mans, autour de l'entreprise Bahier. Bourg dynamique et très bien situé sur l'axe entre Le Mans et La Ferté-Bernard, Sceaux poursuit actuellement son extension avec la construction toute récente d'un nouveau lotissement en direction de Saint-Maixent. La 2e moitié du XXe siècle voit également le remaniement de nombre de maisons anciennes pour satisfaire aux exigences du confort moderne : élargissement des baies, extensions, aménagement des combles, etc.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Il suffit d'un coup d'œil au plan du bourg de Sceaux-sur-Huisne pour voir que celui-ci s'est développé, jusqu'aux dernières décennies, uniquement sur deux axes principaux disposés perpendiculairement : l'ancienne route royale, aujourd'hui route départementale 323, et la rue Saint-Éloi (route du Luart). Village-carrefour comme de nombreux bourgs du Perche Sarthois, on note toutefois une importante particularité de Sceaux : la quasi-absence de maisons autour du pôle constitué par le prieuré et l'ancienne Cour seigneuriale, pourtant au centre du bourg. Comme cela a pu être constaté ailleurs, les prieurs et les seigneurs de Sceaux ont constitué entre leur résidence et les maisons villageoises une "zone-tampon", de vastes terrains où les constructions restent encore rares aujourd'hui.

Le bourg de Sceaux présente un habitat varié, mêlant maisons et anciennes fermes, allant du logement le plus simple (une ou deux pièces d'habitation) à la grande demeure bourgeoise (pièces nombreuses, étage, couloir et escalier central, communs et parc). La répartition spatiale des demeures est significative, avec une occupation plus dense en plein centre-bourg (parcellaire étroit, cours réduites, maisons mitoyennes et généralement à étage), moins contrainte le long des deux axes principaux (maisons en rez-de-chaussée, façades développées en longueur, dépendances à l'arrière), et très lâche en périphérie (maisons bourgeoises ou de type pavillonnaire, avec jardin, non mitoyennes).

Au regard de cette diversité, il n'est pas possible de dresser le portrait d'une "maison-type" à Sceaux. Quelques grandes caractéristiques peuvent toutefois êtres esquissées. L'habitat est construit en moellons de pierre, le pan-de-bois semble avoir totalement disparu, le bardage en bois subsiste sur quelques dépendances. Le grès comme le calcaire, systématiquement enduits, sont utilisés pour la maçonnerie. Le grès semble dominer mais le calcaire possède une place non négligeable, la proximité d'une carrière de calcaire à Roche explique ce phénomène. Il est notamment employé pour l'encadrement des baies et les rares décors, là où dans d'autres bourgs du Perche Sarthois on trouve la brique en abondance. Bien qu'une tuilerie-briquetterie ait existé tout près du bourg au XIXe siècle, ce matériau reste discret à Sceaux. A ce sujet, dans une délibération de 1875, le conseil municipal fait remarquer concernant la nouvelle école de garçons qu'il y aurait avantage à utiliser la pierre de taille locale dans le traitement des ouvertures et non uniquement la brique comme cela était prévu. Quant à la couverture, elle est principalement en tuile plate, bien que l'ardoise ait pris une place assez importante à partir du XIXe siècle. Le bardeau qui les a précédées, bien qu'attesté par les archives, a totalement disparu.

Le profil des maisons qui bordent la route départementale et la rue Saint-Éloi est sensiblement différent. La route départementale fait la part belle aux logis à étage et aux boutiques au rez-de-chaussée. On y trouve également les principaux ornements (bien que rares). On note également, en arrivant de la Ferté-Bernard, le traitement particulier de deux angles coupés placés en vis-à-vis (n°9 et 16 avenue du Général de Gaulle), matérialisant dans le bâti l'entrée nord du bourg. La rue Saint-Éloi est bien différente, avec ses petites maisons en rez-de-chaussée, entre lesquelles s'intercalent d'anciennes fermes de type longère ou autour d'une cour ouverte. Les nombreuses caves semi-enterrées et les escaliers extérieurs sont le témoignage des tisserands qui y travaillaient et ont façonné le visage de cette rue.

L'habitat de Sceaux est robuste et simple, généralement dépourvu de fioritures décoratives, bien que le calcaire local ait pu se prêter à la sculpture. On ne compte guère qu'un seul exemple avec une véritable recherche esthétique lors de la construction de la façade, c'est la maison au n°37 avenue de Bretagne, avec ses encadrements de baies ornés d'accolades, ses larmiers, ses bossages, ses consoles, son bandeau, sa corniche et sa lucarne à pilastres. Même les maisons bourgeoises que sont l'ancien prieuré, la Princetière ou la grande maison rue de l'École ne présentent pas de tels décors extérieurs. En revanche, au début du XXe siècle, quelques maisons se sont singularisées en adoptant des ornements spécifiques, tessons de céramique colorée au n°6 avenue de Bretagne, faux pan-de-bois néo-régionaliste au n°1. Les ferronneries sont également très rares : on regrettera la disparition d'un grand balcon au n°8 avenue du Général de Gaulle, uniquement visible sur des cartes postales du début du XXe siècle.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repéré 80
    • étudié 9

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; E-Dépôt. 1833-1926 : registres des délibérations du conseil municipal de Sceaux-sur-Huisne.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 338. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Sceaux-sur-Huisne.

Documents figurés

  • Archives privées de cartes postales et de photographies anciennes, Sceaux-sur-Huisne. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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