Dossier d’œuvre architecture IA53004360 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison dite château, Louiseval
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Archives départementales de la Mayenne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Gorron
  • Commune Ambrières-les-Vallées
  • Lieu-dit Louiseval
  • Cadastre 1836 B1 28  ; 2021 ZM 56
  • Précisions
  • Dénominations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, parc

L’emplacement de l’actuelle demeure de Louiseval est, sur le plan cadastral napoléonien de 1836, occupé par la métairie du Haut-Beauchêne, comprenant deux corps de bâtiments placés sur deux côtés d’une cour. Les matrices cadastrales signalent, en 1843 et en 1847, la démolition successive des deux bâtiments de la métairie par les époux Julien Michel et Louise Dugué, résidant à Mayenne. Julien Michel y est vérificateur de l'enregistrement puis conservateur aux hypothèques. En 1838, leur fille Louise Michel, héritière des domaines familiaux, épouse Félix-Jean Pollet, également fonctionnaire de l’enregistrement et des domaines puis maire de Cigné (1871-1894). Deux constructions de maisons sont ensuite données par les matrices cadastrales pour 1849 et 1853, au nom de Julien Michel puis de sa veuve : la première correspond vraisemblablement à la partie centrale de la demeure actuelle, d'inspiration néoclassique, l'autre pourrait être la maison du jardinier visible sur un plan du parc et aujourd'hui disparue (démolition signalée en 1880). La construction du pavillon du gardien, à l'entrée de la propriété, est inscrite au registre du cadastre en 1862. Le domaine prend ensuite le nom plus poétique de Louise-Val, puis Louiseval, en l’honneur de Louise Michel.

La demeure prend son aspect actuel dans le 4e quart du XIXe siècle : la toiture est rehaussée et deux pavillons latéraux sont construits, sur des plans signés par Anthony Leclerc, architecte à Mayenne, en 1878. Dans le registre des matrices cadastrales, les travaux, achevés en 1881 et déclarés imposables en 1884, sont portés au nom de Marie-Louis-Alfred Pollet, fils de Louise Michel et de Félix-Jean Pollet, chevalier de la Légion d’honneur, capitaine de cavalerie et maire de Cigné à la suite de son père (1895-1918). Si le respect du parti architectural initial garantit l'homogénéité de l'ensemble, quelques petites différences de traitement des ouvertures et des décors sont perceptibles en façade. Les lucarnes, dont la forme s’accorde peu avec la travée centrale néoclassique, sont ajoutées lors de la seconde campagne. A l'intérieur, la reprise de la charpente et la juxtaposition des maçonneries entre les différentes parties témoignent de cette seconde campagne de travaux. La distribution a également été bouleversée, avec probablement un repositionnement de l'escalier, un déplacement de la cuisine et la recomposition de certains espaces comme le vestibule.

Pour être complet, les matrices cadastrales signalent également l’achèvement de la ferme du domaine en 1879, devenue imposable en 1882. Dans la 1ère moitié du XXe siècle, selon les recensements et un témoignage oral, vivent à Louiseval, en plus des Pollet, huit personnes attachées à leur service, institutrice, bonne d'enfants, cocher, valet, femmes de chambre, cuisinière et jardinier, ainsi que les fermiers du domaine. La demeure reste par la suite dans la famille Pollet, avec Louis Pollet, à son tour maire de Cigné de 1919 à 1947, puis son fils Jean, propriétaire-exploitant agricole, également maire de Cigné de 1947 à 1972, puis maire délégué suite à la fusion des communes d’Ambrières et de Cigné, jusqu’en 1995. Jusqu'à la fin du XXe siècle, la vie au domaine est celle de riches bourgeois reprenant les codes de l'aristocratie : château et parc, personnel nombreux, métayage des fermes du domaine, pratique de la chasse au petit gibier dans les environs et de la chasse à courre dans les forêts d'Andaine et d'Écouves, rencontres mondaines avec les grandes familles des environs etc. Vendu et dépouillé de l'essentiel de son mobilier, le domaine est racheté puis restauré depuis 2010 par ses actuels propriétaires.

La demeure est implantée dans un site pittoresque, sur le rebord d'un à-pic rocheux dominant la rivière Mayenne, à l'est. La vue sur la vallée, probablement recherchée lors de la construction, est cependant aujourd'hui limitée par le développement de la végétation. Vers l'ouest se développe le parc, accessible par une allée sinueuse tracée à travers un bois depuis la route d'Ambrières, dont la sinuosité ménage l'intimité du lieu et l'effet de surprise à l'arrivée devant la maison.

La demeure bénéficie donc d’une double orientation est-ouest : la façade principale donne à l’ouest sur le parc, tandis que la façade opposée surplombe la Mayenne. Le corps central, à cinq travées, est flanqué de deux pavillons latéraux légèrement plus hauts et saillants. Le traitement du rez-de-chaussée, en granite pour les décors et les encadrements d’ouvertures, le distingue de l’étage où le calcaire est employé. La maçonnerie en moellons de granite est masquée par un enduit. Les façades sont parées d'un solin, d'un bandeau, d'une corniche et de chaînages d’angles harpés. Les baies de l’étage du corps central disposent d’encadrements, d’appuis et de larmiers moulurés ; celles de l’étage des pavillons, plus travaillées, possèdent des allèges en pierre de taille, des linteaux sculptés de guirlandes et des frontons triangulaires où sont inscrits des décors de feuillages. La travée centrale, précédée d’un perron, est mise en valeur côté parc par des ouvertures en plein cintre, avec agrafe à l’étage, et surtout le balcon à balustrade disposé sur des consoles à volutes. Les hauts combles sont éclairés par des lucarnes en arc segmentaire à agrafes, ornées de frontons cintrés ou triangulaires. Les imposantes souches de cheminées sont en brique et en pierre de taille, tandis que le faîtage des pavillons est surmonté d’épis en zinc. La crête faîtière du corps central et les amortissements des lucarnes, visibles sur les cartes postales anciennes, ont aujourd’hui disparu.

Le soubassement de la demeure accueille, de part et d'autre d'un couloir médian, les anciennes cuisines, des espaces de service et de stockage, dont une cave à cidre couverte d'une voûte en briques en anse de panier dans le pavillon sud. Les niveaux supérieurs sont doubles en profondeur. Au rez-de-chaussée, les pièces de vie se déploient depuis un grand vestibule au sol pavé en pierre avec cabochons d'ardoise : salons, salles à mangers, bureau, salle de billard et bibliothèque conservent en partie leurs boiseries, leurs sols en tomettes ou parquets, leurs cheminées en marbre et leurs plafonds à moulures en plâtre. L'étage accueille les chambres des maîtres, pourvues de cheminées en marbre, et la partie inférieure des combles les chambres du personnel de maison, avec cheminées en bois. Certaines chambres ont conservé des alcôves, dont une est encore pourvue de ses rideaux ; il subsiste également, dans le couloir de l'étage de combles, les restes d'un papier peint fleuri d'inspiration Art Nouveau.

La distribution verticale est assurée par deux escaliers en bois tournants. L'escalier principal, de forme ovale, n'est pas placé dans l'axe de symétrie du château mais entre le vestibule et le pavillon nord : suspendu, pourvu d'un garde-corps en ferronnerie, il s'appuie à l'étage sur des colonnes en fonte. L'escalier de service, placé dans une petite cage carrée montant du soubassement aux combles, se trouve dans le pavillon nord.

Les communs, construits sans souci de symétrie ou d'ornement, sont placés sur le côté nord du parc : ils incluent une remise, une écurie, une sellerie surmontée d'une chambre pour le cocher, une lingerie, une étable, des toits à porcs, et en retrait une boulangerie, un poulailler et des clapiers. L'écurie conserve ses box et ses râteliers, la sellerie ses boiseries. Les vestiges de deux chenils, pour les chiens de chasse à courre, sont également visibles à proximité. Un pavillon octogonal en briques situé dans le petit bois près de l'allée servait de lieu de repos et de collation au retour des chasses. Une maison de gardiens, dite "pavillon Sainte-Hélène", probablement en souvenir d'une gardienne, est postée à l'entrée de la propriété.

  • Murs
    • granite moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant en charpente
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement architectural, balustre, fronton
    • ornement en forme d'objet, guirlande
    • ornement végétal, feuillage
  • Précision représentations

    Fenêtres de l'étage des pavillons ornées de frontons à feuillages et de linteaux à guirlandes.

    Balcon pourvu de balustres en pierre.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/10-1. Monographie communale d'Ambrières-les-Vallées, par l'instituteur Froger, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 6, 7, 468, 1401, 1402. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune d'Ambrières, XIXe-XXe siècles.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • DURAND, Albert (abbé). Cigné au cours des âges, t. 1, la féodalité. Laval : R. Madiot, 1972.

    p. 213
  • DURAND, Albert (abbé). Cigné au cours des âges, t. 2, la vie profane. Laval : R. Madiot, 1977.

    p. 41-48

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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