Dossier d’œuvre architecture IA72059125 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maison de maître, puis gendarmerie, 55 rue Émile-Zola
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Perche sarthois
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Saint-Calais
  • Commune Bessé-sur-Braye
  • Adresse 55 rue Émile-Zola
  • Cadastre 1829 E 16-17  ; 2020 AB 74
  • Dénominations
    maison, gendarmerie
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, portail, mur de clôture, dépendance

La maison figure sur le plan cadastral napoléonien de 1829, mais ne semble pas présente sur des plans (toutefois très imprécis) de la route projetée de La Ferté-Bernard à Tours des années 1780. La toiture à égout retroussé et les lucarnes en bois à arc segmentaire mouluré invitent à une datation de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. Lors de la levée du cadastre, les bâtiments appartenaient à un certain Hector Dehargne, ancien fabricant de toiles et premier conseiller municipal, qui pourrait bien en être le commanditaire. Un corps de bâtiment perpendiculaire à la rue Paul Prévault, reconstruit ou totalement remanié, pourrait avoir abrité des communs, des ateliers et/ou des logements pour les ouvriers. C'est dans le sillage d'Élie Savatier, à l'origine de l'importante filature de Bessé-sur-Braye créée vers 1736, que les Dehargne comme de nombreux autres fabricants avaient lancé leur activité, sans connaître le même succès ni la même longévité.

Bien que Bessé-sur-Braye ait été le chef-lieu d'un éphémère canton (1790-1801), la commune n'est dotée d'une caserne de gendarmerie qu'en 1857, pourtant demandée avec insistance par la municipalité dès 1847. Dans les années 1840-1850, l'industrie textile besséenne connaît une crise liée à l'augmentation du coût des matières premières et aux difficultés d'écoulement des productions. Les industriels cherchant à rogner sur les salaires des ouvriers, ceux-ci quittent la commune ou se mettent en grève. D'importants mouvements sociaux sont ainsi signalés de 1845 à 1869. Prenant peur face à un climat tendu voire hostile, les industriels réclament alors à l'administration l'installation d'une brigade de gendarmes à pied sur place, appuyés dans leur requête par le sous-préfet de Saint-Calais. Celui-ci, tout comme le commissaire de police et les brigades de gendarmerie voisines, doit alors faire d'incessants voyages à Bessé pour tenter d'y maintenir le calme et l'ordre.

Par un acte notarié du 6 septembre 1857, quinze habitants de Bessé, parmi lesquels le maire Victor Jacquet-Tuffière, et plusieurs industriels et notables, se constituent en société civile ayant pour objet de fournir un logement à la future brigade. Sollicité en urgence, l'architecte d'arrondissement Eugène Landron dresse le projet d'appropriation de la maison retenue à cet effet en octobre 1857. Celle-ci comprend un vaste vestibule central avec escalier, séparant de grandes pièces devant être transformées en cinq logements avec pièce à cheminée, cabinet et débarras, ainsi qu'un bureau pour le brigadier. Un bûcher, une buanderie, une pièce de sûreté sont prévus dans les communs, des sanitaires doivent être construits dans la cour. Les travaux sont réalisés immédiatement et achevés avant le 16 décembre, date à laquelle est passé le bail entre la société civile et le département. La brigade est constituée au 24 décembre et prend aussitôt possession de ses nouveaux locaux. La façade de la maison, avec ses fenêtres à linteaux droits et sa corniche, a vraisemblablement été remaniée à l'occasion des travaux d'appropriation ou peu après.

Au milieu du XXe siècle, la gendarmerie était en devenue trop petite et en très mauvais état, non susceptible d'un réaménagement ou d'un agrandissement. Le plan d'aménagement et de reconstruction du bourg de Bessé-sur-Braye, dressé à partir de 1946 suite aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale, prévoyait donc la construction d'une nouvelle caserne à la sortie nord du bourg. En 1955, la municipalité de Bessé désirant conserver sa gendarmerie menacée de fermeture, commande à l'architecte Joseph Leroux-Hugon un projet de gendarmerie à construire sur une portion du lotissement de la rue Auguste-Hubert (face au cimetière). Celui-ci comprend un immeuble à deux étages sur rez-de-chaussée surélevé, avec un toit à un pan, ainsi que cinq pavillons individuels "de type logements économiques et familiaux", qui ne seront finalement pas réalisés. La section de Bessé-sur-Braye est en effet rattachée à la brigade de Saint-Calais vers 1965, et la vieille gendarmerie redevient une simple maison. Un bâtiment est construit à l'arrière pour accueillir la fabrique de lustres Delcroix, pour laquelle la maison sert de lieu d'exposition. Cette industrie ferme ses portes en 1989.

Rénovée dans les années 2000, la maison conserve sa façade principale intacte (ainsi qu'une partie de ses dispositions intérieures. En revanche, la façade postérieure est remaniée et un appentis correspondant à un logement de gendarme et une partie des communs ont disparu. Les lions qui ornaient les piliers du portail auraient été déplacés au 19 rue du 11-Novembre, où demeurait M. Delcroix.

Orienté à l'est, le bâtiment présente une façade en pierre de taille à cinq travées surmontée d'une corniche moulurée. La porte présente une agrafe sculptée représentant un médaillon sur un cuir découpé. La toiture à longs pans et à croupes, avec égout retroussé, est ajourée de trois lucarnes en bois, à linteau en arc segmentaire à droite et à gauche, à linteau droit au centre (plus récente mais de datation indéterminée). Au milieu du mur de clôture surmonté d'une grille, un portail à piliers en briques donne accès à la cour.

L'intérieur a conservé en partie ses dispositions de l'époque de la gendarmerie : un grand hall donne sur un imposant escalier suspendu en bois. De part et d'autres se reconnaissent les anciens logements des gendarmes, avec chacun une grande pièce à vivre et une pièce plus petite sur l'arrière. Les cheminées ont été remaniées mais l'une conserve un décor de pilastres.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours en charpente
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement en forme d'objet, cuir découpé, médaillon
    • ornement architectural, agrafe
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 10 M 73. 1857-1907 : grèves ouvrières à Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 N 64. 1874-1893 : baux de la gendarmerie de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 N 79. 1857-1866 : création de la gendarmerie de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 O 35/8. 1926-1937 : baux de la gendarmerie de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1015 W 10. 1945-1961 : plan d'aménagement et de reconstruction de Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1954-1956 : projet de construction de gendarmerie à Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1807 à nos jours : délibérations du conseil municipal de Bessé-sur-Braye.

Documents figurés

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Bessé-sur-Braye. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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