Dossier collectif IA44005622 | Réalisé par
Orillard Marion (Contributeur)
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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  • enquête thématique régionale, Villages à communs
Fours communs
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    four à pain
  • Aires d'études
    Pays du vignoble nantais

Préambule : En Pays du Vignoble nantais, les « villages à communs » sont des hameaux ou écarts dont les habitants possèdent en commun et de manière indivise un ou plusieurs biens fonciers, souvent sous forme d'une aire non bâtie en cœur de hameau. L'essentiel du patrimoine bâti qui constitue ces écarts relève de caractéristiques architecturales qui font l'objet de cette présentation.

1 - Corpus

Le cadastre napoléonien

Les registres des états de sections du cadastre napoléonien des 30 communes du Pays du Vignoble Nantais (réalisé entre 1808 et 1830) attestent de la présence de 250 fours communs aux habitants répartis sur 238 écarts et 21 communes (aucun four commun n'est recensé pour les communes de Basse-Goulaine, Haute-Goulaine, la Chapelle-Basse-Mer, la Regrippière, Clisson, Aigrefeuille-sur-Maine, Remouillé, La Planche, la Haye-Fouassière).

A cette période, on relève quasi-systématiquement un seul édifice par écart sauf dans 12 écarts : à la Foullandière à Gétigné (2 fours), la Giraudière à Gorges (2 fours), le Pé Cardou au Loroux-Bottereau (2 fours), la Barillère à Mouzillon (2 fours), la Grange à Mouzillon (2 fours), la Mare merlet au Pallet (2 fours), le Breuil à la Planche (2 fours), la Bourchinière à Saint-Fiacre-sur-Maine (2 fours), Bonne fontaine (2 fours),les Chaboissières (3 fours), la Porchetière (2 fours), les Roseaux (1 four à tuiles, 1 four à pain) à Vallet.

Les fours communs aux habitants des Chaboissières (Vallet)Les fours communs aux habitants des Chaboissières (Vallet)Plusieurs fours communs aux habitants d'un même écartPlusieurs fours communs aux habitants d'un même écart

L'identification à quinze reprises dans les états de section de fours communs comme « four banal » tisse un lien entre le système féodal et les pratiques communautaires.

Les villages concernés par cette appellation : la Goulbaudière (Landreau) ; Montefaud, Brétigné, la Mare Merlet, la Noue, Chante-pie, Bois joly (Le Pallet) ; Baliard, l’Alouette, les Croix, le Gast, la Grenaudière, la Pépière, la Bretonnière, le Patis (Maisdon-sur-Sèvre) ; le Breuil, la Nonnaire (la Planche).

Les fours à pain identifiés comme "commun aux habitants du village" par les arpenteurs du XIXe siècle, ont peut-être été anciennement une installation financée et entretenue par le seigneur du fief auquel se rattachait le hameau. L'abolition de ce privilège et dans le même temps le déclassement du bien, aurait ainsi transformé l'obligation d'usage collectif en un droit de propriété collective sur les dits fours. L'usage et la gestion physique revenant ainsi à la collectivité des habitants du même lieu-dit.

Données cadastrales de 2014

D'après les matrices du cadastre actuel (informations extraites du SIG 2014 du SCoT du Pays du Vignoble Nantais), il existe sur le territoire du Pays du Vignoble Nantais 32 fours communs, c'est-à-dire étant une propriété collective et indivise privée de l'ensemble des habitants d'un même écart.

Il s'agit de : la Chaussée (Aigrefeuille-sur-Maine) ; Ruffole (Boussay) ; l’Aurière, la Bernardière, la Morsonnière et la Grande Barboire (La Chapelle-Heulin) ; la Paudière, les Guisseaux, le Liveau, Angreviers (Gorges) ; la Grange, le Landais (Le Landreau) ; la Brosse, la Carterie, la Guitière, la Thébaudière, le Bas Perron (Le Loroux-Bottereau) ; Brétigné, la Noue, Bois Joly, le Perray (Le Pallet) ; les Tuileries (La Remaudière) ; la Métairie, le Douet (Saint-Fiacre-sur-Maine) ; la Palaire (Saint-Hilaire-de-Clisson) ; la Grossière, la Pouzinière (Saint-Lumine-de-Clisson) ; la Baronnière ; les Laures (Vallet) ; la Courante, le Rousselet et la Verrie (Vertou).

Four commun aux habitants de la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), vue intérieure du fournil, B03-575, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), vue intérieure du fournil, B03-575, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), B03-575, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), B03-575, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), B03-575, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), B03-575, cadastre 2018.

Deux fours n'ont pu être étudiés car leur accès n'a pas été permis (la Chaussée à Aigrefeuille-sur-Maine, la Palaire à Saint-Hilaire-de-Clisson).

16 de ces 32 fours actuellement communs ne sont identifiés comme propriété collective qu'à partir des années 1950 lors d'une rénovation du cadastre. Ces édicules sont implantés sur d'anciennes métairies déclassées en hameaux. Quatorze de ces fours sont le fruit de constructions postérieures à la levée du cadastre napoléonien (la Grande Barboire, la Bernardière, l'Aurière à la Chapelle-Heulin ; le Liveau à Gorges ; le Perray au Pallet ; la Palaire à Saint-Hilaire-de-Clisson ; la Chaussée à Aigrefeuille-sur-Maine ; le Landais au Landreau ; la Brosse, la Carterie, la Guitière, la Thébaudière, le Bas Perron au Loroux-Bottereau ; la Verrie à Vertou). Deux fours sont en revanche identifiés lors de la première levée du cadastre mais comme propriété privée individuelle (Angreviers à Gorges, la Courante à Vertou). Ces fours autrefois à usage des métayers sont probablement devenus biens communs aux habitants lors du démembrement de l'exploitation plusieurs propriétés privées.

D'autres fours, recensés en tant que communs dans les registres du cadastre napoléonien, sont parfois encore conservés comme biens privés ou publics (propriété de la commune) Certains d'entre eux ont été l'objet d'une attention plus particulière dans le cadre de cette étude car ils étaient édifiés dans l'un des 96 villages repérés pour un traitement plus analytique (la Bretonnière à Maisdon-sur-Sèvre, la Trélitière à Aigrefeuille-sur-Maine).Four anciennement commun aux habitants de la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), BY-68, cadastre 2018.Four anciennement commun aux habitants de la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), BY-68, cadastre 2018.Four anciennement commun aux habitants de la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), vue intérieure du fournil, BY-68, cadastre 2018.Four anciennement commun aux habitants de la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), vue intérieure du fournil, BY-68, cadastre 2018.

2 - Implantation

Le caractère communautaire du four explique son implantation au centre de l'écart sur l'espace commun qui connaît des usages collectifs ou en bordure du chemin desservant le centre de l'écart. Le four cohabite dès lors avec d'autres éléments communs : le puits ou la mare du lieu-dit.

L'étude des plans cadastraux napoléoniens n'indique aucune tendance générale dans l'implantation du four par rapport au bâti du lieu-dit. Il est soit implanté en bout d'une rangée de bâtiments soit de façon isolée, probablement pour des raisons de sécurité liées aux risques d'incendies.Fours communs implantés au centre d'un écartFours communs implantés au centre d'un écartFours communs implantés en mitoyenneté avec des bâtiments d'habitation et de dépendanceFours communs implantés en mitoyenneté avec des bâtiments d'habitation et de dépendanceFours communs implantés en bout d'une rangée de bâtimentsFours communs implantés en bout d'une rangée de bâtiments

3 - Typologie

Deux types d'édifices ont été repérés :

1- les fours de plan centré, construits suivant un plan semi-circulaire et couverts par une toiture de tuiles creuses (dont l'orientation varie d'un four à l'autre)

Four commun aux habitants de la Paudière (Gorges), E02-416, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Paudière (Gorges), E02-416, cadastre 2018.

2- les fournils, où le four est précédé par un petit bâtiment en rez-de-chaussée, couvert

- en appentis (dont l'orientation varie d'un four à l'autre)

Four commun aux habitants de la Grossière (Saint-Lumine-de-Clisson), ZW-50, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Grossière (Saint-Lumine-de-Clisson), ZW-50, cadastre 2018. Four commun au village de Brétigné (Le Pallet), AM01-177, cadastre 2018.Four commun au village de Brétigné (Le Pallet), AM01-177, cadastre 2018.

- par une toiture à deux pans

Four commun au village de la Grande Barboire (Chapelle-Heulin), AX01-89, cadastre 2018.Four commun au village de la Grande Barboire (Chapelle-Heulin), AX01-89, cadastre 2018.

Fours : les Guisseaux, la Paudière (Gorges) ; les Laures (Vallet), le Perray (Le Pallet), l'Aurière (La Chapelle-Heulin), la Grange (Le Landreau), la Carterie et la Thébaudière (Le Loroux-Bottereau), le Rousselet (Vertou).

Fournils avec appentis : la Morsonnière et la Bernardière (La Chapelle-Heulin), Brétigné, Bois Joly et la Noue (le Pallet), la Grossière (Saint-Lumine-de-Clisson), la Baronnière (Vallet), Angreviers (Gorges), le Bas Perron (Le Loroux-Bottereau), la Courante et la Verrie (Vertou).

Fournils avec une toiture à deux pans : la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), la Trélitière (Aigrefeuille-sur-Maine), la Métairie (Saint-Fiacre-sur-Maine), la Grande Barboire (La Chapelle-Heulin).

Certains édifices, ruinés ou inaccessibles, n'ont pu être identifiés : le Douet (Saint-Fiacre-sur-Maine), le Landais (Le Landreau), la Pouzinière (Saint-Lumine-de-Clisson), la Brosse (Le Loroux-Bottereau), la Guitière (Le Loroux-Bottereau), la Chaussée (Aigrefeuille-sur-Maine), la Palaire (Saint-Hilaire-de-Clisson), les Tuileries (La Remaudière).

Mise en œuvre

Les fours et fournils se composent d'épaisses parois en moellons de schiste montés à la terre et parfois recouvertes a posteriori d'un enduit. La sole se compose généralement de carreaux de terre cuite. La voûte du four est appareillée en briques minces avec une mise en œuvre concentrique ou en amande. La gueule du four est systématiquement couverte d'un linteau en granit ; cette pierre est parfois délardée en arc segmentaire. La façade des fours est parfois dotée de deux niches servant à accueillir des lampes. Les fournils sont dotés de cheminées dont le conduit et la souche sont en minces briques. La couverture est en tuiles creuses.

Four commun au village de Brétigné (Le Pallet), AM 01-177, cadastre 2018.Four commun au village de Brétigné (Le Pallet), AM 01-177, cadastre 2018. Four commun au village de la Grande Barboire (Chapelle-Heulin), AX01-89, cadastre 2018.Four commun au village de la Grande Barboire (Chapelle-Heulin), AX01-89, cadastre 2018. Voûte en amande du four commun au village de la Grande Barboire (Chapelle-Heulin), AX01-89, cadastre 2018.Voûte en amande du four commun au village de la Grande Barboire (Chapelle-Heulin), AX01-89, cadastre 2018. Four anciennement commun aux habitants de la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), vue intérieure du fournil, BY-68, cadastre 2018.Four anciennement commun aux habitants de la Bretonnière (Maisdon-sur-Sèvre), vue intérieure du fournil, BY-68, cadastre 2018. Four commun aux habitants de la Grossière (Saint-Lumine-de-Clisson), vue intérieure du fournil, ZW-50, cadastre 2018.Four commun aux habitants de la Grossière (Saint-Lumine-de-Clisson), vue intérieure du fournil, ZW-50, cadastre 2018.

Seul un four à tuiles commun est répertorié dans le cadastre napoléonien, au lieu-dit les Roseaux à Vallet. Son architecture ne correspond pas à celles des autres fours communs. Il est aujourd'hui partiellement ruiné et appartient à un propriétaire privé.

Conservation

Neuf fours communs ont fait l'objet de restauration par l'association locale constituée par les habitants du lieu-dit pour l'animation locale et en l'occurrence pour la sauvegarde de ce patrimoine bâti (fours de la Grande Barboire et l'Aurière à la Chapelle-Heulin ; de la Thébaudière au Loroux-Bottereau ; d'Angreviers à Gorges ; de La Baronnière et des Laures à Vallet ; de La Grossière à Saint-Lumine-de-Clisson ; de la Métairie à Saint-Fiacre-sur-Maine ; de la Noue et de Brétigné au Pallet). Ces mobilisations sont généralement soutenues financièrement par la commune de rattachement des lieux-dits, et amènent parfois à la cession de la propriété du four à la collectivité (tel est le cas pour le four de la Grande Barboire restauré à l'initiative des habitants du hameau et finalement cédé à la commune de la Chapelle-Heulin en contrepartie du financement de sa restauration en septembre 2015).

Certains fours anciennement communs, depuis propriétés de la commune, on fait l'objet de restauration ; c'est notamment le cas pour les fours de la Bretonnière à Maisdon-sur-Sèvre et de la Recivière à Mouzillon.

Les autres fours n'ont pas fait l'objet d'un traitement de conservation ou restauration (fours de la Brosse, la Carterie et le Bas Perron au Loroux-Bottereau ; la Verrie et la Courante à Vertou ; le Perray au Pallet ; le Liveau, la Paudière et les Guisseaux à Gorges) et sont en partie ruinés (fours de la Guitière au Loroux-Bottereau ; le Landais au Landreau ; la Bernardière et la Morsonnière à la Chapelle-Heulin ; la Pouzinière à Saint-Lumine-de-Clisson ; le Douet à Saint-Fiacre-sur-Maine ; Bois Joly au Pallet ; Ruffole à Boussay).

Huit parcelles herbeuses recensées comme biens communs dans le cadastre actuel correspondent à l'ancienne emprise foncière de fours communs. Ces fours sont complètement démolis aujourd'hui. (Le Coudray, La Rigolerie et le Pertunier au Loroux-Bottereau ; Verger à La Planche ; La Hautière à Saint-Fiacre-sur-Maine ; le Fresne à Saint-Lumine-de-Clisson ; La Haute Bourdelière, les Sauvionnières à Vallet).

4 - Usages

Les sources orales permettant d'identifier les modalités de l'usage collectif du four sont infimes.

Il semble que les fours communs étaient généralement utilisés pour cuire le pain et parfois des fruits. Le four commun était allumé une fois toutes les semaines (ou deux semaines). Une personne référente dans l'écart connaissait le fonctionnement technique du four et supervisait la famille, chargée à tour de rôle, de procéder au ramassage du bois pour l'allumage et à la cuisson.

L'usage collectif semble avoir généralement disparu dès le XXe siècle avec l'essor des moyens de transport qui facilitaient le recours aux boutiques d'artisan-boulangerie.

Pour seulement cinq d'entre eux, un usage ponctuel et festif a été identifié (fours de la Chaussée à Aigrefeuille-sur-Maine ; Brétigné au Pallet ; la Grande Barboire à la Chapelle-Heulin ; la Métairie à Saint-Fiacre-sur-Maine ; la Grossière à Saint-Lumine-de-Clisson).

Généralement, le four est allumé une fois par an, lors de la fête annuelle de l'écart ou lors de rassemblements à l'initiative d'associations locales qui se chargent de la remise en route du four avec d'anciens boulangers. Les fours servent alors à faire cuire du pain, mais aussi des plats conviviaux (pizzas, paëllas, fruits).

Lorsqu'ils ne sont pas remis en route, les fours sont utilisés comme local de stockage d'appoint par les habitants ou une personne privée. C'est le cas pour neuf d'entre eux (à Ruffole à Boussay ; La Brosse, la Thébaudière et le Bas Perron au Loroux-Bottereau ; Brétigné et La Noue au Pallet ; La Palaire à Saint-Hilaire-de-Clisson ; la Baronnerie à Vallet ; la Verrie à Vertou).

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Syndicat Mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais
Orillard Marion
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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