Dossier d’œuvre architecture IA44005635 | Réalisé par
Orillard Marion (Contributeur)
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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  • enquête thématique régionale, Villages à communs
Ecart dit Pé de Sèvre
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du vignoble nantais
  • Commune Le Pallet
  • Lieu-dit Pé de Sèvre
  • Cadastre 1811 A
  • Dénominations
    écart

Présentation générale

Le Pé de Sèvre est un "village à communs" dont la structure est de type 2, c’est-à-dire que son bâti s’organise en bordure et en îlots sur un espace à usage collectif. Le nombre important de bâtiments qui composent l'écart en fait un exemple atypique de "village à communs" imposant.

L’architecture, organisée au sein d’une trame foncière préservée, témoigne de la spécialisation au XIXe siècle de l’activité agricole dans la filière viticole. Les communs illustrent les enjeux historiques et actuels liés à la gestion de terres incultes en périphérie de l’espace de vie.

Paysage général

En 1812

La répartition actuelle de la culture des sols témoigne d’une certaine évolution en comparaison de l’organisation lisible sur le plan napoléonien. En 1812, le parcellaire très morcelé s’organise ainsi : les prés sont installés en bordure de la Sèvre, les pâtures occupent les zones pentues annexes aux prés. Il n’y a quasiment aucun jardin aux abords des habitations, mais plutôt des terres labourables. Les vignes sont plantées sur les coteaux qui s’exposent plein sud. Au nord, le reste de la culture des parcelles est à dominante céréalière (cultures de proximités et de haut de plateau) ; les zones boisées sont quasi inexistantes.

En 2015

Le paysage actuel rend compte d’une disparition importante des terres labourables, remplacées quasi systématiquement par la vigne (sauf au nord, où quelques parcelles boisées les remplacent). Les zones de pâtures laissent place à des parcelles boisées. Le parcellaire, toujours très laniéré, rend compte du morcellement des propriétés foncières.

Activité économique

En 1812

Le positionnement du Pé de Sèvre sur la portion navigable du cours de la Sèvre en fait un lieu propice aux échanges commerciaux dès le XIe siècle, époque à laquelle est construite la chaussée des moines à Vertou, rendant la Sèvre navigable jusqu'au Pallet. Le vin produit localement est mis en fût et chargé dans les gabares (bateaux traditionnel destiné au transport de marchandise dont la caractéristique est d’être à fond plat, ce qui lui permet, avec un faible tirant d'eau, de porter un maximum de charge.)

Les 131 bâtiments recensés sur l’écart se répartissent en 62 propriétaires. Les informations du registre d’état de section du cadastre napoléonien concernant le lieu d’habitation et l’activité des propriétaires ne sont pas toujours identifiées : seuls 25 propriétaires sont recensés comme habitant au Pé de Sèvre, mais il est probable qu’il y en ait eu plus. Parmi ces 25 propriétaires, 5 sont tonneliers, 1 est maçon, 1 est charpentier ; les autres sont identifiés comme laboureurs. Les bâtiments sont tous référencés comme « maison » dans l’état de section, terme générique désignant tout aussi bien les habitations comme les dépendances. Les taux d'imposition sont les mêmes pour l'ensemble des bâtiments.

Trois types de propriétaires ont été repérés sur l’écart au XIXe siècle :

- les propriétaires fonciers qui possèdent des terres, vignes et pâtures organisées en larges parcelles homogènes et dont les bâtiments d’habitation et dépendances sont ordonnés autour d’une cour.

- les propriétaires fonciers qui possèdent un grand nombre de terres, pâtures, prés et vignes mais dont la répartition foncière est extrêmement morcelée et correspond à plus de 70 parcelles. Ils possèdent 5 à 7 bâtiments de volume modeste, implantés un peu partout sur l’écart.

- les propriétaires modestes (qu’ils soient tonnelier, laboureur ou maçon) qui possèdent 5 à 25 parcelles réparties entre terres, vignes, prés et pâtures. Ils possèdent un à 2 bâtiments de volume modeste. Ce sont les plus nombreux sur l’écart (48 propriétaires de ce type ont été repérés).

Les natures de culture se répartissent de façon homogène entre les différents types de propriétaires : ainsi, quasi tous les habitants possèdent au moins des terres labourables, des vignes, des prés et des pâtures. Cette répartition permet de penser que les habitants du Pé de Sèvre vivaient de polyculture-élevage et trouvait une source de revenus complémentaires dans la culture de la vigne et la vente du vin produit.

En 2015

L’activité viticole s’intensifie aux XIXe et XXe siècles, les dernières cultures céréalières sont remplacées par la vigne. Aujourd’hui, l’écart accueille encore quatre exploitations viticoles.

Trame et architecture de l'écart

Avant 1812

Il existe sur l’écart 7 bâtiments possédant des baies en granite à chanfrein (cadastre 2015, BM 437, 508, 579, 620, 621, 696, 812). Ce sont des bâtiments à deux pans, d’un volume imposant, à deux niveaux ; la taille des baies situées à l’étage indique que le deuxième niveau devait probablement servir comme espace de stockage de denrées.

L’un de ces bâtiments (cadastre 2015, BM 579) est aussi pourvu de baies en tuffeau, probablement percées ultérieurement, et d’une pierre gravée de la date 1824 : il s’agit de la date de reprise intégrale du bâtiment. Son remaniement correspond à une spécialisation du bâti en lien avec l’activité viticole qui se développe dans l'écart : l’espace de vie au rez-de-chaussée est transféré à l’étage et son accès se fait par un escalier extérieur accolé au pignon de la maison. Le rez-de-chaussée devient une pièce de stockage, probablement un chai. Plus d’une quinzaine de maisons dans l’écart sont remaniées selon ce modèle.

D’autres maisons sont pourvues de baies en tuffeau (cadastre 2015, BM 465, 713, 506, 779, 805, 733, 732, 579). Deux d’entre elles comportent une pierre gravée d’une date : 1741 (cadastre 2015, BM 506) et 1799 (cadastre 2015, BM 462). Il s’agit de bâtiments d’habitation à deux niveaux dont les murs sont en moellons de schiste et avec une toiture à deux pans en tuiles creuses.

Les bâtiments d’habitation généralement à deux niveaux, réalisés en moellons de schiste montés à la terre, présentent des architectures simples en façade : fenêtres à linteau de bois protégé par un larmier de dalles de schiste (cadastre 2015, BM 473), portes plein cintre ou à plate-bande en dalles de schiste. La toiture à deux pans est en tuiles creuses.

Au XIXe siècle

Les matrices des propriétés foncières indiquent au moins 25 nouvelles constructions et la transformation d’une dizaine de maisons en bâtiments ruraux entre 1834 et 1891. D’autres modifications de bâtiments ont dû avoir lieu, sans avoir été recensées. Deux maisons portent ainsi la date de remaniements : 1824 (cadastre 2015, BM 448), 1839 (cadastre 2015, BM 586) et 1909 (cadastre 2015, BM 459). Ces remaniements architecturaux, ainsi que les constructions réalisées au XIXe siècle, empruntent les motifs architecturaux du style rustique à l’italienne : utilisation de la brique pour les encadrements de portes et baies en arcs surbaissés, génoise au-dessous de la toiture en façade.

Au XXe siècle

Les quelques nouvelles constructions (situées surtout au nord de l’écart) et les remaniements se caractérisent par l’emploi d’enduits très colorés (rouge, vert, orangé). Les motifs repris sont ceux de l’architecture rustique à l’italienne avec l’emploi de tuiles mécaniques et de briques modernes. L’encadrement des portes et baies, ainsi que les chaînages d’angle en ciment imitent la pierre de taille.

La trame de l'écart

L’existence du Pé de Sèvre est attestée par la première levée du cadastre en 1812 mais cet écart est plus ancien.

Un bloc de tuffeau portant la date 1624 a été repéré dans l'écart (il est posé sur le rebord d’une fenêtre d’un bâtiment situé sur la parcelle BM 464, cadastre 2015) mais le bâtiment duquel il provient n’a pas été identifié.

L’écart connaît plusieurs transformations au XIXe siècle, avec plus de 25 nouvelles constructions et la modification des bâtiments qui correspondent à une spécialisation de l’activité agricole au sein de la filière viticole. Au XXe siècle, une dizaine de maisons sont construites au nord de l’écart.

Les communs

Les états de section du cadastre napoléonien (1812) recensent un bien commun aux habitants du Pé de Sèvre. Un four (A 1072) servant à la cuisson régulière du pain. Son implantation, au cœur de l’écart et au centre d,un grand espace vide souligne son caractère communautaire et évite les risques d’incendie liés à son usage régulier. L’espace sur lequel il est implanté, n’est pas qualifié comme commun par l’arpenteur mais correspond à l’ossature du village et a probablement fait l’objet d’usages collectifs (de type espace de stockage). Quatre pâtures sont également recensées (A 1785, 1794, 1816 et 1823) : elles appartiennent à la commune du Pallet et correspondent à des terres incultes situées en bordure de la Sèvre, au nord ouest de l’écart.

La matrice des propriétés non bâties de la commune du Pallet réalisée entre 1914 et 1965) recense en 1913 et 1963, le même four commun aux habitants. La matrice recense également un nouvel espace commun à partir de 1913 : il s’agit d’une des quatre pâtures initialement identifiée comme propriété à la commune (A 1794).

Les matrices du cadastre rénové (1967) recensent cinq friches (BM 379, 381, 387, BP 77 et 88) communes aux habitants du Pé de Sèvre. Il s’agit en fait des quatre pâtures initialement recensées comme appartenant à la Commune du Pallet, et une parcelle nouvellement commune au village (BM 379).

Le transfert d'un bien communal à une communauté d'habitants semblant peu probable, il est vraisemblable que les parcelles identifiées comme appartenant à la "Commune du Pallet" soient en fait des espaces communaux, c'est-à-dire des espaces appartenant à l'ensemble des habitants de la commune. Leur transfert de propriété relèverait donc plutôt d'une adéquation de la propriété privée avec l'échelle d'usage qui correspond à celle de la communauté d'habitants du Pé de Sèvre.

Le four n’apparaît plus dans la matrice, il est détruit avant cette date.

Depuis 1967, aucune modification des espaces communs n’a été repérée : le cadastre actuel recense les mêmes cinq communs (cadastre 2015, BP 77, 88, BM 379, 381, 387). Un calvaire est édifié à côté de l’ancien four commun ; sa date d’édification n’a pas été identifiée, mais sa facture et sa présence sur une photographie datée de 1936 laisse à penser qu'il a été construit au début du XXe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

Localisation générale

Le Pé de Sèvre se situe au sud ouest de la commune du Pallet, au cœur du Pays du Vignoble Nantais. Il est implanté sur des coteaux en bordure de la rive droite de la Sèvre (avec un dénivelé de 20 mètres entre le nord de l’écart et la rive), sur sa portion navigable depuis Nantes.

La Sèvre forme une frontière naturelle avec les communes de Maisdon-sur-Sèvre et Monnières au sud.

La structure villageoise et ses communs

Il existe actuellement cinq communs de village (2015, BP 77, 88, BM 379, 381, 387) situées en bordure de la Sèvre, excentrés du cœur villageois. Ils correspondent strictement aux communs et biens communaux recensés lors de la première levée du cadastre napoléonien. La pâture BP 77 fait partie d’un sentier de randonnée et un barbecue moderne en ciment et un cabestan y ont été installés. Cette surface herbeuse est surnommée « le camp scout » par les habitants du Pé de Sèvre, car il a été nettoyé par une équipe de scouts au début des années 1970. Elle est depuis entretenue annuellement par les habitants du Pé de Sèvre. Selon le témoignage des habitants, cette parcelle n’aurait pas été qu’une simple pâture ; ce serait aussi un ancien port où les gabares chargées d’acheminer les fûts de vin jusqu’à Port Domino pour sa commercialisation, accostaient au XIXe siècle.

La pâture BM 387 accueille les fondations anciennes d’un puits qui fut utilisé par les habitants de l’écart jusqu’en 1954, date d’installation de l’eau courante dans les maisons d’habitation. Cette parcelle n’est plus entretenue et est en friche.

Les parcelles BM 379, 381 et BP 88, ne font également l’objet d’aucun entretien. Utilisées comme réserve de bois par les habitants du Pé de Sèvre au XIXe siècle, elles sont aujourd’hui en friche.

Selon un témoignage oral, la parcelle A 1794 sur le cadastre de 1812 en propriété à la commune du Pallet, et dont les limites ne sont pas clairement dessinées sur le plan, était aussi utilisée comme pâture commune par les habitants du hameau au XIXe siècle.

La structure du Pé de Sèvre est caractéristique de celle des "villages à communs" : le bâti s’implante autour et sur un espace qui a fait l’objet d’usages collectifs au XXe siècle (zone de dépôt, espace de mise en bouteilles du vin, zone de retournement pour les engins agricoles) et qui, aujourd’hui, sert d’aire improvisée de stationnement des véhicules aux habitants. Cette disposition du bâti est peu impactée par l’évolution de l’urbanisme au XXe siècle : les bâtiments connaissent des remaniements mais il y a peu de nouvelles constructions.

  • Typologies

Documents d'archives

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 121 4-9 : Cadastre du Pallet : états des sections, 1824.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : 3 P 121 4-9
  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 121 10-13 : Cadastre du Pallet : matrice des propriétés foncières, 1824-1914.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : 3 P 121 10-13
  • AD Loire-Atlantique ; 3 P 121 14-15 : Cadastre du Pallet : matrice des propriétés bâties, 1882-1966.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : 3 P 121 14-15
  • AD Loire-Atlantique ; 3 P 121 16-21 : Cadastre du Pallet : matrice des propriétés non bâties, 1914-1966.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : 3 P 121 16-21
  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 121 22-29 : Cadastre du Pallet : matrice des propriétés bâties et non bâties, 1952-1979.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : 3 P 121 22-29
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Syndicat Mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais
Orillard Marion
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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