Dossier d’œuvre objet IM44008707 | Réalisé par
  • recensement des peintures murales, monuments aux morts de la guerre 1914-1918
Monument aux morts, église paroissiale de la Trinité de Clisson
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de la Loire - Clisson
  • Commune Clisson
  • Adresse place de la Trinité
  • Emplacement dans l'édifice le monument aux morts est appuyé contre le mur occidental du bas-côté sud de l'église et la Garenne-Valentin

Le monument aux morts édifié en 1927 contre la façade de l'église de la Trinité est celui de la ville de Clisson en hommage à ses soldats tués au cours de la Grande Guerre. La paroisse de la Trinité avait inauguré son monument dans l'église le 1er février 1920. Le choix de l'emplacement du monument fut longuement débattu car il devait être cantonnal. Lors de la séance du conseil municipal du 4 avril 1921, les uns proposèrent la place de l'église Notre-Dame au cœur de la vieille ville, centre du canton, les autres la place du Grenouillet, enfin les conseillers tombèrent d'accord sur la place de la Trinité, la mieux placée en bordure de la route de Nantes à Poitiers. La "loggia" ou "petit temple" noms donnés dans la presse de l'époque, placée contre l'église pour abriter le monument constitue un enjeu hautement symbolique. D'ailleurs le député Henri de La Ferronnays dira dans son discours lors de l'inauguration : "En passant devant ce monument, enfants de Clisson, vous vous souviendrez de l'héroïsme de vos Pères. De même que ce monument qui s'appuie sur cette église, la France a puisé sa force dans sa foi. Elle est pétrie de quinze siècles de Christianisme et ses destinées sont immortelles". Ce monument fut construit par l'architecte du diocèse, le nantais René Ménard (1876-1958), et décoré de fresques par un jeune artiste clissonnais, Georges Lusseau (1897-1989). Il y a représenté une victoire, sous la forme d'un ange, protégeant de ses ailes deux soldats. Seule image visible de la place de l'église. La scène est encadrée de deux groupes, l'un représente l'attente à droite et l'autre la famille et la paix retrouvée, à gauche. Le monument fut élevé tardivement car le projet prévoyait initialement d'en faire un mémorial cantonal. Faute de moyens financiers, l'idée fut abandonnée. Cependant une somme importante, 10.000 francs avait déjà été réunie par le comité du monument aux morts pour la Patrie de Clisson. Son président, le docteur Boutin, demanda alors le 3 octobre 1924, au maire de Clisson une subvention municipale du double de cette somme pour engager la construction du monument. Cela ne suffit, les travaux se révélèrent plus compliqués que prévu du fait de l'instabilité du terrain. Il fallut donc à nouveau que le comité sollicita la mairie, après l'achèvement des travaux, en décembre 1927. Celle-ci alloua alors une dernière somme de 3000 francs pour que le comité puisse achever de payer la construction à l'architecte. Le comité dût en outre régler les honoraires de René Ménard, soit 2500 francs, somme qui n'était pas encore payée au début de l'année 1935. Malgré toutes ces difficultés financières, le monument fut inauguré dès le dimanche 3 juillet 1927 lors d'une cérémonie solennelle qui réunit de nombreuses personnalités : député, préfet, sénateur, conseiller général, président de l'Union nationale des combattants, représentants des anciens combattants de la Belgique et de la Pologne. La journée débuta sous un ciel gris à 9h30 avec la cérémonie religieuse à l'église Notre-Dame. A 10h30, un cortège se forma pour rejoindre la place de la Trinité où une tribune avait été dressée. Les deux fanfares clissonnaises des "Enfants du Connétable" et de "la Donatienne" marchent en tête, "puis viennent les enfants des écoles, les bras chargés de fleurs, les pompiers en grande tenue, casques étincelants, les drapeaux des sociétés d'anciens combattants, puis les autorités déjà citées suivies de la foule" (L'écho de la Loire). "Des drapeaux encadrent le monument. Les chanteurs sont à droite, les enfants des écoles à gauche, les autorités au pied. Puis en face, les diverses sociétés. La place est à peine suffisante pour contenir la foule. 11 heures. M. le Préfet de Loire-Inférieure arrive, entouré par la municipalité clissonnaise. Le magnifique portique et les décorations intérieures apparaissent dans toute leur beauté. Ce qui attire surtout les regards, ce sont les peintures. M. Georges Lusseau, l'artiste clissonnais, a mis dans l'exécution de son œuvre tout son cœur, toute son âme, toutes les ressources de son grand talent. Les personnages semblent vivre ; un héroïque poilu paraît combattre avec une énergie farouche, tandis que son infortuné camarade se relève dans un suprême effort avant de mourir. La Victoire, aux ailes déployées, protège et bénit ces héros. C'est un chef-d'œuvre ! . Le clergé de la Trinité bénit le Monument" (Le populaire). Une vingtaine d'orateurs se succédèrent sur l'estrade. Le docteur Boutin, président de l'Union Nationale des Combattants de Clisson, remit le monument à la ville au nom du groupement qu'il représentait. Abel Gautret, le maire, après les remerciements d'usage, procéda à l'appel des noms des morts, des cent dix Clissonnais tués pendant la Grande Guerre. Un déjeuner de près de 200 couverts réunit ensuite les officiels et les membres des sociétés patriotiques de la ville et de la région. L'après-midi se termina dans la cour du château où fut donnée à 16h une conférence-concert par Hubert Aubert, directeur de l'Union nationale des Combattants de Paris, sur l'esprit des combattants de la Grande Guerre. Cette journée du 3 juillet fut donc entièrement consacrée aux morts de la Grande Guerre, près de dix ans après la fin du conflit. Le monument ne porte pas les noms des morts, ils sont gravés sur une plaque de marbre posée dans le vestibule de la mairie depuis le mois de novembre 1921. Elle coûta 2500 francs et son plan fut également établi par l'architecte René Ménard qui est aussi l'auteur du monument paroissial de Notre-Dame élevé à la demande de la mairie, comme celui de l'église de la Trinité œuvre du sculpteur nantais Joseph Vallet.

Le monument aux morts est composé d'un bâtiment en appenti sur les parois duquel sont peintes plusieurs scènes. Le bâtiment de plan rectangulaire est construit en pierre calcaire avec des cordons de brique évoquant l'architecture italienne pour s'intégrer à l'environnement. Il est percé d'une seule ouverture en plein cintre sur la façade principale. L'arc est orné d'oves et de dards et la clé d'un écu aux armes de la ville. L'arc repose sur deux colonnes à fût lisse. Les chapiteaux sont sculptés de feuilles de chêne et de croix de guerre. La peinture est une fresque exécutée sur un enduit de chaux très chargé en sable à gros grains. Les limites de l'enduit suivent l'iconographie. Chaque paroi renferme des personnages représentés en pied au-dessus du soubassement en pierre. Une bordure décorée d'un rameau de laurier encadre les trois images. La palette colorée est dominée par le vert, le bleu et le brun.

  • Catégories
    peinture murale, sculpture, maçonnerie
  • Matériaux
    • enduit, support fresque
    • pierre, taillé
    • brique
  • Précision dimensions

    h = 120 ; la = 160. Il s'agit des dimensions approximatives du soldat situé à droite de l'ange. Les parois latérales font 180 cm de large.

  • Iconographies
    • scène, homme, femme, nourrisson famille
    • scène, debout, ange, soldat victoire
    • scène, homme famille
    • ornement à forme végétale: chêne
    • ordre et décoration français: croix de guerre
  • Précision représentations

    Au centre, une victoire aux ailes déployées protège deux soldats agenouillés à ses pieds. Elle a les traits d'un ange nimbé, drapé dans une tunique blanche et la tête encadrée d'une couronne faisant également office de nimbe. Le soldat de gauche, une grenade à la main, regarde le spectateur, avec intensité et détermination. Il porte une vareuse bleue, une musette au côté et un casque sur la tête. Celui de droite est dans la même position, mais son corps est affaissé, il est mortellement blessé, sa tête nue tombe sur son épaule droite. Deux branches de laurier les séparent de la victoire dont le corps se détache sur le bleu du ciel. Cette limite forme deux blocs dans lesquels s'inscrivent les deux soldats. Un paysage aride s'étend derrières les deux soldats, mais les croix des tombes ne sont représentées que du côté des soldats décédés. Des pommiers et des figuiers séparent le tableau central de ceux des parois latérales qui forment en quelque sorte les volets d'un triptyque. Les personnages sont d'ailleurs tous tournés vers le centre. Sur le côté droit, un jeune garçon est suivi d'un vieillard et d'une femme, ils représentent vraisemblablement le frère, le père et la mère qui attendent le retour du soldat. A gauche, un couple est représenté avec un nourrisson dans les bras, symbole de la famille et de la paix retrouvée. Tous ces personnages sont présentés devant des architectures évoquant celles de la ville de Clisson.

  • Inscriptions & marques
    • dédicace, peint, sur l'œuvre, français
    • graffiti
  • Précision inscriptions

    La dédicace peinte sous la scène principale est : "AUX ENFANTS DE CLISSON TOMBES POUR LA FRANCE". Des graffitis, inscriptions et marques sont gravés dans l'enduit, dans la partie inférieure des peintures. Ils sont plus nombreux sur la paroi latérale, côté gauche.

  • État de conservation
    • bon état
    • mauvais état
    • repeint (incertitude)
  • Précision état de conservation

    La peinture est en bon état de conservation, à l'exception de deux zones lacunaire situées à l'angle, côté gauche et contre la façade (fig.17). Repeint à une date indéterminée.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre immeuble, 1997/03/18
  • Référence MH

Ce monument commémoratif communal a été sélectionné car il s'agit d'un édicule construit contre la façade d'une église.

Documents d'archives

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E dépôt 23, 1 M 4. Monument aux morts, correspondances, 1924-1935 ; subventions, 1927.

  • Archives municipales de Clisson. Registre des délibérations du conseil municipal, n° 1, 1912-1930, monuments aux morts.

    p. 201-202, 213-214, 277-278, 391-392

Périodiques

  • Inauguration du Monument aux Morts de la ville de Clisson. Le populaire, n° 15.859, lundi 4 juillet 1927.

  • Un émouvante manifestation patriotique. Clisson rend un magnifique hommage à ses morts glorieux. L'écho de la Loire, n° 3.103, lundi 4 juillet 1927.

  • L'inauguration du Monument aux Morts. La voix du poilu, n° 8, août 1927.

  • Cérémonie du souvenir. L'inauguration du Monument aux Morts. Ouest Eclair, 4 juillet 1927.

    p. 5
  • LE SEVELLEC, Yves Pilven. Une étude des monuments aux morts de la Loire-Atlantique. Deuxième partie Les Monuments aux morts de la guerre 1914-1918. Visions contemporaines, Revue d'histoire. n° 4, mars 1990, p. 6-131.

    p. 75, 81

Documents figurés

  • L'écho de la Loire, n° 3.106. Jeudi 7 juillet 1927 : Reproduction d'un photographie en noir et blanc de "l'inauguration du monument aux morts de Clisson. M. le chanoine F. ROULLIER, curé de la Trinité, bénit le monument", devant une foule nombreuse au premier rang desquels figurent les anciens combattants avec leurs drapeaux.

Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général