Dossier d’œuvre objet IM44008411 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Ensemble de 8 chapiteaux sur le pilier nord n° 5
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Guérande - Guérande
  • Commune Guérande
  • Adresse place Saint-Aubin
  • Emplacement dans l'édifice cinquième support en partant de l'ouest de la file de support nord de la nef centrale
  • Dénominations
    chapiteau
  • Titres
    • Ensemble de 8 chapiteaux sur le pilier nord n° 5
  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle

La file nord de supports de la nef centrale de la collégiale Saint-Aubin de Guérande présente une alternance de colonnes et de piliers. Le pilier qui nous intéresse est le cinquième support de la file nord en partant de l'ouest ; il présente huit scènes, alternativement sur les colonnes disposées selon les axes cardinaux, et sur les colonnettes dans les diagonales, à lire selon un sens de narration perturbé : on y trouve l'ultime épisode de la parabole du Mauvais riche et de Lazare, une scène de travaux agricoles, et six épisodes de la vie de saint Laurent.

Colonne nord, scène 5A : Mort du mauvais riche

Cette scène achève le cycle de la parabole du mauvais riche et de Lazare initiée sur la colonne précédente. À droite, le mauvais riche est assis dans son lit, la main gauche posée sur son visage en signe d'affliction. Il voit venir sa fin prochaine figurée sur la moitié gauche du tableau. Là, portant son baluchon déjà entrevu (scène 4C), il affronte un démon grimaçant à figure de macaque qui lui tire la barbe et l'entraîne avec lui. À gauche, sa femme agrippe le démon de sa main droite et le frappe avec le poing de sa main gauche. Sur le registre supérieur du porche de Saint-Pierre de Moissac, des monstres viennent chercher le « mauvais riche » couché sur son lit, sa femme agenouillée à ses côtés.

Colonnette sud-ouest, scène 5B : Travaux agricoles

Deux hommes pratiquent des activités agricoles hivernales. Celui de gauche brandit de ses deux mains un maillet ou une hachette qu'il s'apprête à abattre sur un arbuste que son compagnon tente de briser à l'aide de son genou gauche surélevé. Donnant sur le collatéral, le chapiteau haut, au-dessus du premier pilier de la file de supports sud de l'église de Merlévénez [Morbihan], comporte, au milieu de deux tableaux de travaux aux champs, une scène agricole exactement identique à celle-ci.

Colonnette nord-est, scène 5C : Diaconat de Laurent par le pape Sixte

Cette scène initie le cycle dédié à saint Laurent. Agenouillé, vêtu d'une cotte ou peut-être d'une dalmatique, Laurent soulève une coupe dont il maintient le contenu de sa main gauche. Assis sur un trône, le pape Sixte, vêtu d'une longue robe et muni d'un sceptre dont la pointe supérieure s'achève par une petite croix, consacre Laurent comme diacre par un geste de bénédiction. L'attribut du calice plein d'or synthétise l'histoire selon laquelle Sixte, emprisonné, confie à Laurent les richesses de l'Eglise en le chargeant de les distribuer. Ce dernier les donne aux pauvres et annonce à Sixte avant sa décapitation avoir réparti le trésor. Comme les romains lui ordonnent de leur offrir les richesses, Laurent leur présente des pauvres pour trésor éternel ; il subit ensuite le martyre.

Colonnette sud-est, scène 5D : Femme à la tresse, malade et tireur d'épine

Au centre, assise sur un banc, une femme avec une longue tresse torsadée est habillée d'une longue robe ceinturée à la taille avec de très longues manches. Elle confie à l'homme de gauche qui se tient la tête un objet non identifié. À droite, un homme assis tente de se retirer une imposante épine du pied gauche.

Le tireur d'épine ou spinario, thème hérité de l'antiquité, reste célèbre à l'époque romane. On le retrouve, par exemple, à Vézelay, à Merlévénez (Morbihan) ainsi que, au début du 12ème siècle, sur la seconde bible de Saint-Aubin d'Angers. Le sens priapique suggéré par ce personnage semble donner le fil pour comprendre la scène. Lorsque Laurent distribue les richesses de l'église, il se rend de nuit chez une veuve nommée Cyriaque. Il y lave les pieds de nombreux chrétiens cachés là puis guérit les maux de tête de la veuve en appliquant le linge avec lequel il vient d'essuyer les pieds des fidèles. Durant toute la nuit, il guérit également des boiteux, des aveugles etc. Dès lors, il semblerait que le tireur d'épine attende sa guérison, et que la femme, vraisemblablement Cyriaque, une fois soulagée, transmette son remède à son voisin dont le geste indique qu'il souffre également de la tête. L'objet confié avait-il la forme d'un linge ou d'un laurier, symbole de Laurent ? Il convient de signaler qu'un chapiteau de la file de supports sud de l'église de Merlévénez [Morbihan] affiche côté nef une femme avec une tresse portant deux objets dont l'un ressemblerait à un cor, et, donnant sur le collatéral, un spinario.

Colonnette nord-ouest, scène 5E : Laurent lave et essuie les pieds du prêtre Justin

Laurent, à droite, sourit. Presque agenouillé, il brandit un linge dont il montre de son index l'importance. À gauche, un homme assis sur un petit siège se jette vers l'arrière.

Ici, nul tirage de botte ou parchemin ou plan d'un monument à construire mais plutôt une cérémonie de lavement de pieds. Il s'agit d'un parallèle avec un épisode de la vie du Christ qui, en prélude à la Cène, lave les pieds des apôtres avant de prononcer le « mandatum », premier mot de l'antienne correspondante qui leur enjoint de s'aimer les uns les autres. Saint Pierre, confus, refuse de se laisser faire. Ici, Laurent, après l'épisode chez la veuve Cyriaque, descend dans la crypte de Népotien où il trouve 63 chrétiens. Parmi eux, Laurent reconnaît le prêtre Justin et veut lui baiser les pieds. Justin s'en défend mais Laurent, par ses pressantes instances, remporte ce combat d'humilité puis les lui lave et les esssuie, et fait la même chose à tous les autres hommes présents.

Colonne sud, scène 5F : Flagellation de saint Laurent

Le premier des supplices du martyre de Laurent est la flagellation. Deux bourreaux vêtus d'une cotte, chacun dans une position dynamique inversée par rapport à l'autre, tiennent d'une main un bras de Laurent. Les mains du saint sont représentées exagérément grandes. De leur autre bras, les bourreaux flagellent Laurent, torse nu, à l'aide de fouets garnis, d'après Jacques de Voragine, de balles de plomb.

Colonne est, scène 5G : Saint Laurent griffé au crochet de fer

Saint Laurent, allongé nu, est la proie de deux bourreaux. Celui de gauche emploie ses jambes, pieds et bras pour bien immobiliser les membres supérieurs de Laurent. Son collègue, tout en lui maintenant les deux jambes serrées l'une sur l'autre, lui écorche l'abdomen à l'aide d'un crochet de fer.

Colonne ouest, scène 5H : Martyre de saint Laurent allongé sur le gril (10 août)

Sur les côtés, deux bourreaux très dynamiques actionnent des soufflets pour alimenter le feu du gril sur lequel est allongé Laurent. Ce dernier, nu, dort en position fœtale, une main sur ses cuisses, l'autre sous sa tête. Cette représentation du martyre de saint Laurent avec la position du condamné, l'attitude dynamique des bourreaux munis d'imposants soufflets se retrouve en tous points dans la nef et sur le montant oriental du portail sud-est de l'église de Merlévénez [Morbihan].

  • Catégories
    sculpture
  • Matériaux
    • granite, taillé
  • Précision dimensions

    Dimensions non prises.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    liste de 1840 : classé au titre immeuble
  • Référence MH

Cette pile présente le cycle le plus complet, dédié à Laurent, ainsi que le discours le plus construit. En effet, outre le dernier épisode de la parabole du mauvais riche et de Lazare sur la colonne opposée à celle présentant la flagellation, ainsi que les travaux aux champs de l'autre côté de la colonne du diaconat de Laurent, nous rencontrons dans la diagonale nord-ouest sud-est le lavement des pieds par Laurent opposé à l'épisode de la femme, du malade et du tireur d'épines, ainsi que dans l'axe est-ouest, les griffes de fer appliquées à Laurent, en face de son martyre sur le gril. Notons encore que le culte de Laurent était représenté au faubourg Bizienne de Guérande où une chapelle et une croix lui étaient dédiées, alors que son effigie apparaîtrait encore sur la croix de Trescalan à Fourbihan.

Documents figurés

  • Développement d'un Chapiteau de Granit à St Aubin de Guérande. Signé : Stéphen Martin lith 1845 ; Lith : de Thierry Frères ; Gaucherel del. (TAYLOR, J., NODIER, Ch., DE CAILLEUX, A. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Paris, Firmin Didot frères impr., vol. 1, 1845, sans page).

    s.p.
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005
(c) Conseil général de Loire-Atlantique
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Articulation des dossiers